thriller

Publié le 29 Janvier 2023

LA CLE DE L'APOCALYPSE de James Rollins

Voilà du blockbuster littéraire qui pourrait même titiller la queue de Michael Bay si celui-ci daignait ouvrir un bouquin. Car James Rollins ne lésine pas sur l’action explosive durant près de 600 pages. Les aventures de la Sigma Force c’est du costaud, un mélange entre James Bond, Dan Brown, Clive Cussler et la Delta Force de Chuck Norris.

Au programme ? La fin du monde, l’apocalypse et tutti Chianti comme dirait Hannibal Lecter. Car nous ne sommes pas là pour rigoler : Saint Malachie l’a prédit, dans sa très douteuse prophétie des papes, Rome va bientôt être détruite. Extinction générale, le dernier qui meurt éteint les lampes en partant. Sur le terrain de la guerre totale nous avons d’un côté les gentils (l’agence américaine secrète de la Sigma Force venue donner une bonne branlée aux vilains) et de l’autre les méchants (La Guilde, une société tout aussi secrète mais pas cool) avec au milieu des sociétés agricoles bien intentionnées mais aux moyens légèrement radicaux. En gros on tue beaucoup de gens pour que ceux qui survivent n’aient plus de soucis d’alimentation. L'auteur ajoute à ce schéma le côté religieux et mystique devenu indispensable à tout gros thriller page turner digne de ce nom depuis le succès du Da Vinci Code. Donc manuscrit disparu depuis des années, eschatologie, prêtre louche sur les bords,…Nos héros, eux, partent à la chasse au trésor autour du monde : grottes inexplorées, pièges bien vicelards, cavernes cachées, armes super sophistiquées, etc. Le lecteur voyage, effectue un détour par l’abbaye de Clervaux puis part détruire une partie du Colisée. Finalement on se retrouve en Scandinavie, dans le « grenier de la planète », là où sont conservées des millions de graines pour relancer la vie en cas de catastrophe majeure. Et on case même Merlin et Avalon parce que c'est toujours sympa.

Bref, l’auteur reprend les recettes d’un Clive Cussler ou d’un Dan Brown en poussant davantage les curseurs de l’action pure. Mais les mécanismes restent d’une grande efficacité : exotisme, ésotérisme, une touche de romance, un mystère peu à peu dévoilé, de nombreux lieux visités, des anecdotes historiques habilement distillées et, surtout, beaucoup de poursuites, de fusillades et d’explosion. Ca avance vite, ça pétarade et le lecteur n’a jamais le temps de s’ennuyer devant ce déferlement de destructions massives. Si le roman n’évite pas les tics traditionnels de ce genre de « page turners » (en dépit des péripéties incessantes et des rebondissements nombreux l’intrigue demeure classique et linéaire, sans véritable surprise), le tout permet de passer un bon moment.

Du roman bien burné, qui sent la testostérone à cent mètres et donne envie de lire d’autres aventures de cette Sigma Force. Fun et sans prétention.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Action, #Aventures, #Thriller, #Technothriller, #James Rollins, #Sigma Force

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Publié le 24 Janvier 2023

GORE STORY de Gilles Bergal

Avec une idée de base entre LA PART DES TENEBRES et MISERY, Gilles Bergal livre un nouveau roman Gore après ceux publiés dans la mythique collection du Fleuve Noir (CAMPING SAUVAGE et l’excellent CAUCHEMAR A STATEN ISLAND) et les « retrouvés » disponibles à la Rivière Blanche (AMOK et LA NUIT DES HOMMES LOUPS).

Auteur de polar sous son nom de Gilbert Gallerne, l’auteur propose, chez Trash Editions, ce bon récit qui se lit très vite. L’intrigue est classiquement efficace, rondement menée et rythmée. Ramassée sur 150 pages, elle alterne avec bonheur suspense, humour et scènes sanglantes.

Fabien, l’auteur de la saga à succès de Bloody Marie a décidé, au terme de dizaines d’aventures, de supprimer son héroïne envahissante. Pour quoi faire? Se consacrer au « grand roman » qui lui vaudra les honneurs de la critique et le plaisir des soirées cocktails / petits fours. Les fans de la tueuse sadique ne sont, de leur côté, guère heureux de cette décision. Bientôt l’entourage de Fabien se voit décimé par un cinglé. Ce-dernier s’amuse à reproduire, dans la réalité, les pires crimes de Bloody Marie. Fabien va-t-il craquer et ressusciter la meurtrière littéraire ? Ou découvrir l’identité de l’assassin avant qu'il n'en soit, lui-même, la victime ?

Amusant et saignant, GORE STORY retrouve le style des précédents bouquins horrifiques de l’auteur, loin de la surenchère vomitive (et souvent stérile) de nombre de ses confrères francophones de l'époque Gore.

Ici l’intrigue se tient parfaitement, à la manière d’une enquête policière effective avec ses suspects, ses victimes et ses rebondissements bien amenés. Le gore se pose sur le récit comme une couche supplémentaire de divertissement macabre et grand-guignolesque sans jamais sombrer dans le répugnant. La résolution se montre convaincante et les dernières lignes, teintées d’humour très noir, achèvent sur une note largement positive ce très plaisant roman populaire gore et fun. Une bonne pioche!

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Polar, #Roman de gare, #Thriller, #Trash Editions

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Publié le 5 Janvier 2023

LEGION de Brandon Sanderson

Spécialiste des romans très (mais alors très) longs, Sanderson propose parfois des novellas comme ce LEGION qui se centre sur Stephen Ledds. Un personnage profondément atypique et dérangé qui vit entouré d’une troupe d’hallucinations générées par ses personnalités multiples. Ces « avatars » sont dotés, comme Ledds, de capacités incroyables qui amène ce / ces héros (« nous sommes plusieurs ») à enquêter sur une invention révolutionnaire capable de photographier le passé. Dès lors, Ledds voisine avec ces différents « aspects » de lui-même, passant du calme savant au déjanté adepte du flingue. Chaque hallucination lui apporte son aide, ce qui lui sera bien utile au cours d'un récit mené tambour battant.


L’intrigue, elle, fonctionne comme un techno-thriller en vogue avec son invention mystérieuse, ses questionnements philosophico-historico—religieux (que faire de cette découverte permettant de prouver l’exactitude, ou non, des faits historiques?), ses méchants terroristes, son énigme à l’américaine (Jésus qui es-tu ?) et son rythme enlevé. Mais là où Dan Brown, Clive Cussler ou Steve Berry se répandent souvent sur 500 pages bien tassées, Sanderson se contente de 100 pages pour emballer son récit. Une contrainte à la fois agréable (le court roman se lit en moins de deux heures) et frustrante car l'idée de départ aurait permis davantage de développements. Même si l'auteur reviendra ultérieurement à son protagoniste "multiple", on en ressort un peu frustré.


Victime de sa concision, LEGION n'en reste pas moins une lecture divertissante, dans l’esprit d’un pilote de série télé rondement menée, entre polar, aventure, énigme et science-fiction. Une agréable récréation à déguster d'une traite.
 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Novella (roman court), #Polar, #Thriller, #science-fiction

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Publié le 16 Novembre 2022

LES SAINTES RELIQUES de Steve Berry

Et hop! Du thriller d'aventures historico-politico-ésotérique! Steve Berry est déjà une valeur sûre de la littérature de divertissement depuis une vingtaine d'années avec son personnage de Cotton Malone, sorte de croisement entre James Bond et Indiana Jones qui aurait beaucoup lu Dan Brown et Clive Cussler.

L'intérêt de ce nouveau bouquin? Il débute à Bruges et toute sa première partie prend place en Belgique. Car Malone, en visite pour acheter des livres anciens dans la Venise du Nord, décide d'aller observer le Saint Sang, une des plus précieuses reliques chrétiennes. Depuis le XIIème siècle, Bruges abrite en effet l'ampoule contenant le sang de Jésus, recueilli par Joseph d'Arimathie. Or, la relique est volée par des hommes armés et Malone apprend que d'autres vestiges sacrés ont subi dernièrement le même sort. Quel peut-être le lien entre les "sept armes christiques" et l'agitation politique en cours en Pologne qui vise à exercer un chantage à l'encontre de son président? Malone se retrouve entre différents agents secrets et entame une course contre la montre dont peut dépendre la sécurité mondiale.

Avec LES SAINTES RELIQUES (un titre légèrement trompeur car l'essentiel de l'intrigue tourne surtout autour des tensions grandissantes entre la Pologne, les Etats-Unis et la Russie), Steve Berry concocte un thriller page turner comme les Américains (et quelques Français) en possèdent le secret. Clive Cussler, Dan Brown, Giacometti / Ravenne, James Rollins, Raymond Khoury et quelques autres ont balisé les grandes lignes de ces aventures trépidantes et érudites. L'auteur nous emmène ainsi de Bruges à Cracovie, nous offre de plaisantes leçons d'histoire et mitonne des rebondissements à intervalles réguliers, dans une manière de procéder héritée du serial. Le héros se trouve ainsi régulièrement en mauvaise posture et les cliffhangers de fin de chapitre obligent à poursuivre la lecture. D'autan que le romancier use classiquement d'une narration alternée qui permet de varier les points de vue et entremêle adroitement les différentes sous-intrigues.

Le roman remet également en mémoire toute l’horreur du communisme, l’auteur rappelant la condition des Polonais soumis à l’abjecte peste rouge d’un régime gangréné par la corruption. Toutefois, Steve Berry solde les comptes en campant un président des Etats-Unis complètement stupide, belliqueux et riche, un Warner Fox antipathique à souhait. Toute ressemblance avec un personnage existant serait bien sûr volontaire.

Le style est simple, sans prétention, mais efficace et soignée, du travail propre qui ne cherche pas à épater le lecteur, simplement à le plonger dans l'action à la manière des romans de gare de jadis mais en plus travaillé. Ainsi, les dernières pages reviennent sur les évènements du livre et décortiquent la réalité de la fiction avec honnêteté.

Passons au négatif! La construction de l'ouvrage, un peu étrange, laisse parfois penser à deux intrigues différentes qui ne s'accordent pas tout à fait, comme si l'auteur avait voulu écrire un roman sur les reliques chrétiennes pour comprendre, à mi-parcours, qu'il ne possédait pas la matière nécessaire à tenir 500 pages. Ainsi, malgré le rythme, Berry semble parfois délayer quelque peu un récit qui aurait pu être raccourci d'une centaine de pages pour devenir encore plus tendu. Mais qu'importe ces bémols car le lecteur passe un bon moment et les chapitres courts (encore une caractéristique du genre) s'enchainent à vivre allure pour relancer la machine à chaque baisse de régime.

Un bon thriller politique, historique et (un peu) ésotérique avec toute la science d’un auteur de page-turner qui brocarde également, à mot couvert, à la fois la présidence américaine et la pourriture communiste. Ce qui ne fait jamais de mal à une époque où la bête immonde de l’extrême-gauche relève sa tête infâme.

 

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Publié le 27 Juin 2022

DIRTY WEEK END de Helen Zahavi

Travailleuse du sexe d’une vingtaine d’années, Bella est harcelée par un type, Tom, qui s’amuse à lui passer des appels téléphoniques obscènes avant de l’agresser dans un parc. Devant l’impuissance et l’indifférence de la police, Bella décide de réagir. Elle s’introduit dans l’appartement du harceleur et lui fracasse la tête à coups de marteau. L’acte, libérateur, la pousse à s’acheter une arme. Un week-end sauvage débute, scandé par les meurtres d’une poignée d’hommes qui croisent le chemin de la justicière.

Premier roman d’Helen Zahavi, DIRTY WEEK END fut violemment attaqué par la critique. Le Sunday Times suggéra même que l’autrice était folle. De son côté, Salma Rushdie n’apprécia guère ce livre « immoral ». Une députée britannique milita même pour son interdiction, ce qui lui valut son petit succès de scandale, aucun autre roman n’ayant, depuis, subi pareil sort. Le bouquin était « malsain », « dangereux » et surtout (horreur pour les fragiles !) « réactionnaire ». Bref, il n’était « pas bien ». Bizarrement, depuis, il est vu comme une métaphore féministe qui annonce metoo. Bref, il est devenu « bien ». On le reprend même comme lecture indispensable pour comprendre notre époque. Comme disait MC Claude, « les temps changent ».

Bref, à l’époque, le roman était plutôt voué aux gémonies et condamné à brûler avec son autrice. D’ailleurs, la polémique ne se calma pas lorsque, deux ans plus tard, Zahavi signa le scénario de son adaptation cinématographique. En plus sous la caméra de Michael « Un justicier dans la ville » Winner, pas spécialement en odeur de sainteté chez la critique bien-pensante. Vous savez celle qui regarde ce genre de film la pince à linge sur le nez et se demande quel nouvel synonyme à facho elle va pouvoir placer dans son compte-rendu. Comme dit précédemment, depuis le roman a été adoubé par le féminisme contemporain radical (pléonasme). Le film, lui, a plus ou moins sombré dans l’oubli.

Dans son œuvre, Zahavi n’y va pas par quatre chemins : tous les mecs sont des ordures, pas l’un pour rattraper l’autre. People = shit ! Et la seule solution pour les pauvres femmes exploitées consiste à les abattre sans pitié. Bref, DIRTY WEEK END se montre extrême et violent mais, finalement, divertit comme un bon film d’auto justice ou un « rape and revenge ». Car, au-delà du style (phrases courtes, rythme nerveux, écriture hachée, redondances volontaires) que l’on pourrait qualifierait volontiers d’« élaboré dans son relâchement » (ou de relâcher dans sa recherche), le livre avance rapidement. En deux-cents et quelques pages pas le temps de s’ennuyer. Pas vraiment le temps pour un pamphlet non plus, ni de véritables introspections psychologiques. Tant mieux ! L’intrigue, basique et efficace, se suffit à elle-même. L’héroïne se confronte à la violence constante du mâle et y réagit par une violence encore supérieure. Du coup ça charcle. Glorification de la violence, de la loi du talion et de la justice expéditive renchérissent les critiques coincés. Bof ! Rien de bien neuf en réalité, juste l’équivalent littéraire de films comme « L’ange de la vengeance » ou « I spit on your grave », mètre / maitres étalons du rape and revenge cinématographique. Mais le tout s’avère bien emballé et efficace, rythmé, brutal, sanglant et nerveux.

Un roman en réalité nettement plus proche du « bis brutal » que du manifeste féministe socio-politique engagé qu’on nous en vend aujourd’hui. Et, en réalité, c’est bien mieux comme ça ! Le lecteur passe un bon moment et l’intrigue évolue de « Run ! Bitch run ! » à « Tue ! Salope tue ! ». Energique et fun.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Thriller

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Publié le 6 Avril 2022

NAUFRAGE EN ENFER de Guillaume Nicolleau

Après un intéressant mais partiellement inabouti premier roman, L’EMPLOYE DU DIABLE, Guillaume Nicolleau revient avec un second bouquin qui gomme la plupart des défauts de son jet précédent. L’intrigue, ramassée, se montre ainsi plus travaillée et efficace : en reportage la journaliste vedette Rachel et son jeune caméraman, Jake, s’échouent sur une île déserte. Heureusement, ils découvrent sur place des réserves de vivres et peuvent envisager sereinement de passer quelques semaines sur l’île en attendant l’arrivée des secours. Hélas, l’île est utilisée par une organisation secrète comme terrain de chasse à l’homme. Rachel et Jake vont donc se retrouver embarqués dans une course désespérée pour leur survie.

NAUFRAGE EN ENFER c’est du survival rondement mené, très plaisant et addictif. En un peu moins de 250 pages pas le temps de s’ennuyer ni de dévier de l’intrigue : le roman reste tendu, efficace et d’une lecture aisée, l’équivalent littéraire d’une série B d’antan. La plume, elle, est efficace : ni relâchée ni « trop écrite », elle convient parfaitement au bouquin. Malgré une certaine linéarité, l’auteur propose quelques surprises et autres retournements de situation, se permettant d’ailleurs un final inattendu, peut-être un peu trop brutalement amené pour pleinement convaincre mais suffisamment surprenant et mémorable pour emporter l’adhésion. Après une première partie façon « survival » pur et dur, la seconde prend les chemins de la chasse à l’homme, entre les exactions du Comte Zaroff et les massacres à la « Battle Royale ». La violence est bien dosée et le récit avance à bon rythme, le lecteur désirant savoir comment les héros vont se tirer (ou pas) de ce guêpier.

Un bon roman d’aventures et de suspense.

Merci à l’auteur pour l’envoi.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Thriller

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Publié le 14 Février 2022

FIRENZE ROSSA de David Didelot

Fanéditeur bien connu, David Didelot revient à la collection Karnage dont il avait signé le volume initial (sous le pseudo de Talion), SANCTIONS. Après ce premier méfait très « porno-gore », FIRENZE ROSSA rend, cette fois, hommage à deux des grandes passions de Didelot, le giallo et le Monstre de Florence. L’auteur met ainsi en scène, quoique de manière détournée, le plus célèbre des tueurs en série italiens. Actif pendant une vingtaine d’années, « il mostro » entame sa croisade meurtrière en 1968 en tuant un jeune couple (un crime que certains refusent néanmoins de lui imputer). Huit ans plus tard, il récidive, tuant un autre couple occupé à faire l’amour dans leur voiture. La fille est défigurée par 97 coups de couteau et une branche de vigne enfoncée dans son intimité. Après une longue éclipse, le monstre de Florence revient sur le devant de la scène en juin 1981 : six couples seront tués, de manière similaire, en quelques années. En septembre 1985, « il mostro » disparait. Son identité ne sera jamais révélée.

Le journaliste Mario Spezi (devenu, dans le roman, Mario Brezzi) rédige, en 1983, un livre non fictionnel qui relate cette affaire. Plusieurs films parleront également de l’enquête, de manière beaucoup plus libre : « Il mostro di Firenze », « The killer is still among us », « Hannibal » (adapté du roman de Thomas Harris), etc. Mario Spezi, associé à l’auteur de thriller Douglas Preston, revient sur l’affaire en 2008 avec LE MONSTRE DE FLORENCE. David Didelot, qui a déjà écrit un zine complet sur le sujet, s’en inspire cette fois, mêlant à ce « true crime » son amour du giallo, de l’érotisme et des bandes dessinées pour adultes italiennes (les fumetti). Pour l’amateur, c’est donc un festival de références aux actrices du « cinéma rose » (soft ou hard) comme Lili Carati, Laura Gemser et quelques autres, sans oublier les érotiques de Joe d’Amato, une poignée de giallo (avec même une référence au pire d’entre eux via un titre de journal) en particulier les plus crasseux (« Giallo a Venezia » ou « Play Motel »), la bande dessinée porno, etc.

L’auteur nous invite donc à suivre une enquête bien sanglante qui plonge dans les bas-fonds de Florence, au cœur de la fange, avec clubs libertins, viols sordides, urologie, partouzes, etc. Guère étonnant qu’une sorte d’ange de la vengeance vienne s’incruster dans le paysage pour nettoyer tout ça à coup de scalpels.

Moins extrême que SANCTIONS (mais, cependant, fort sanglant et cul, que l’on se rassure !), ce deuxième roman se montre plus maitrisé avec plusieurs intrigues en parallèles qui, forcément, se rejoignent lors d’un final satisfaisant. L’auteur n’hésite pas à plier la réalité à sa plume pour imaginer un monde où le monstre est démasqué, terminant son récit de manière classique et effective. Un bel hommage au giallo dont nous aurions tort de nous priver !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Gore, #Horreur, #Policier, #Thriller, #Splatterpunk

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Publié le 1 Février 2022

LES MECANOS DE VENUS de Joe Lansdale

Publiée en 1990, voici la première aventure de Hap Collins et Leonard Pine. Le premier est un blanc tranquille, ancien hippie ayant purgé quelques mois de prison pour avoir refusé d’aller au Vietnam. Le second est un Noir musclé, vétéran de cette même guerre et homo. Ils vivotent au Texas en acceptant des petits boulots mal payés. Mais lorsque débarque Trudy, l’ex-femme de Hap, la situation se complique. Sexy, manipulatrice, voulant ressusciter l’esprit des sixties, elle affirme connaitre la planque d’une grosse somme d’argent, cachée dans une voiture échouée au fond des marécages. En dépit des avertissements de Léonard, Hap, complètement mené par le bout de la queue, accepte de l’aider. Peu après, Trudy revient avec son nouveau mari et une petite bande de révolutionnaires d’opérettes qui croient encore aux conneries babacool, aux idéaux révolutionnaires et au triomphe du gauchisme. C’est dire si ça va mal dans leur tête. Bref, notre troupe de ringards se voit bien acheter des armes une fois le pognon planqué retrouvé. Eh oui, ils espèrent encore qu’arrive enfin le matin du grand soir ! Mais devant autant d’argent chacun tire la couverture à lui et les notions d’amitié n’ont pas plus d’importance que la parole donnée. Hap et Leonard auront bien du mal à sortir de ce guépier et à rester en vie.

Polar classique mais adroitement ficelé, emballé dans un esprit très « nouveau western », LES MECANOS DE VENUS, première de la quinzaine d’aventures de Hap et Leonard (qui connurent également trois saisons de série télé), se base surtout sur des dialogues précis, tour à tour drôles et grossiers, bien enlevés et pertinents. Une suite de répliques façon Tarantino dirait-on, tant l’amitié bourrue et virile entre les deux héros anime une intrigue certes conventionnelle mais fort plaisante. Les amitiés mises à mal par un gros paquet de pognon et une femme fatale, ça reste quand même l’ingrédient principal du polar. Mais lorsque le cuisinier est doué, comme c’est le cas ici, le plat se montre nourrissant et le lecteur en ressort satisfait.

Quelque part, Joe R. Lansdale affirme aussi la mort de l’utopie sixties et les efforts complètement vains de ranimer, vingt ans plus tard, cette pensée révolutionnaire gaucho bobo (beurk !) totalement à la ramasse à la charnière des années ’80 et ’90. Comme disait l’autre devant cette bande de branquignols en quête d’argent pour financer une révolution dans un quelconque pays pourri d’Amérique du Sud, « un bon hippie est un hippie mort ».

En résumé voici un roman rythmé, avec de l’action, des péripéties, des retournements de situation, des bagarres, des fusillades et des « punchlines » qui fusent dans la joie et la bonne humeur. Très distrayant ! On en redemande !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Humour, #Polar, #Thriller, #LGBT

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Publié le 16 Janvier 2022

THINGS HAVE GOTTEN WORSE SINCE THE LAST TIME WE SPOKE d'Eric LaRocca

Eric LaRocca est un auteur spécialisé dans l’extrême horreur et le porno avec une forte dominance gay. Ce récit est entièrement construit à partir de la correspondance entretenue en ligne par deux jeunes femmes, Zoe et Agnes, réunies suite à une banale vente sur Internet. Le prologue nous apprend pourtant que le Henley’s Edge Police Departement a collecté ces informations, certaines ayant été gommées pour ne pas interférer avec l’enquête. Cette introduction (fictionnelle) et le titre choisi annoncent immédiatement que la relation amicale puis amoureuse entre les deux demoiselles va prendre un tour tragique. Agnès désire vendre, pour environ 250 dollars, un éplucheur antique ayant appartenu à sa grand-mère et utilisé par le compositeur Charles Ives. Cette description attire Zoe qui se propose de l’offrir à son grand-père, un fan d’Ives. Après une série d’échanges innocents, la relation cordiale se transforme en amitié puis en attirance. Zoe suggère ainsi à Agnès d’assumer davantage sa féminité, par exemple en portant une robe rouge provocante au bureau. Rapidement, Agnès accepte les demandes de sa correspondance et « signe » un contrat instaurant entre elles une relation teintée de sadomasochisme. Sans jamais se voir, les deux femmes sont entrainées dans une spirale de perversions et Agnès devient la « chose » de Zoé. Jusqu’au final cradingue proche du David Cronenberg des débuts, au cours duquel Agnes s’intoxique volontairement pour porter un ténia qui la martyrise, substitut au bébé que Zoé ne peut lui donner.

Ramassé sur 102 pages, ce court roman se lit très vite, la forme « épistolaire » moderne en rend d’ailleurs la construction rythmée et addictive. Une plongée sans doute trop brève (l’acceptation du contrat par Agnès semble peu crédible après si peu de temps) mais indéniablement efficace dans les tourments de deux psychés sacrément perturbées. L’ensemble fonctionne bien, l’auteur parvenant à maintenir l’intérêt malgré une intrigue minimale et une fin attendue. Car si « tout a empiré depuis la dernière fois qu’on s’est parlé » la seule issue ne peut-être qu’une mort sanglante et brutale pour la principale protagoniste. Sans verser dans l’extrémisme de certains romans courts de « splatterpunk », le bouquin reste perturbant et malsain. Fragiles s’abstenir !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Roman court (novella), #Thriller, #LGBT, #Splatterpunk

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Publié le 24 Novembre 2021

UNE FILLE COMME LES AUTRES de Jack Ketchum

Dans la préface, Stephen King répète tout le bien qu’il pense de Jack Ketchum, chantre de l’horreur extrême et, à ses yeux, un des plus grands écrivains américains vivants (Ketchum décède en 2018). Il le rapproche également de Thomas Harris ou Jim Thompson. La spécialité de l’auteur consistait à s’inspirer d’un faits divers horrible pour accoucher d’une œuvre de fiction brutale. Il se fait ainsi connaitre avec le très gore SAISON DE MORT (ou MORTE SAISON), un des romans fondateurs du splatter punk. Mais UNE FILLE COMME LES AUTRES se montre beaucoup, beaucoup plus dérangeant, prenant place à côté du AMERICAN PSYCHO de Brett Easton Ellis ou du CORPS EXQUIS de Poppy Z. Brite parmi les bouquins les plus insoutenables de la littérature.

David, un garçon de 12 ans, rencontre un jour Meg, une jolie fille qui vient d’emménager chez sa tante Ruth en compagnie de sa sœur Susan encore handicapée suite à un grave accident de voiture. Ruth est une trentenaire charmante, un peu aigrie, un peu misandre mais finalement sympa, qui vit avec ses enfants, Donny, Willie et Woofer et offre des bières aux gamins du quartier. David aime bien Ruth et est copain avec ses fils. Peu à peu Meg devient le souffre-douleur de sa tante. David est témoin de la dégradation de leurs rapports mais ne fait rien et n’en parle à personne. Les adultes pensent sans doute que Ruth à la main lourde mais nul n’interdira jamais à un adulte de corriger un enfant n’est-ce pas ? Lorsque la situation commence à déraper, Ruth attache l’adolescente dans un petit abris anti-atomique. Avec ses fils et la complicité d’autres enfants du quartier elle va s’employer à humilier, torturer et violer Meg à longueurs de journées (et de pages puisque ces scènes occupent la moitié du roman).

Lauréat du Grand Master Award au prix Bram Stocker pour sa contribution exceptionnelle à l’horreur, Jack Ketchum n’utilise pas les conventions habituelles du genre. Un seul de ses livres recourt au surnaturel. Les autres parlent des vrais monstres, ceux qui sourient à leur voisin et qui ont l’air si gentils. Il s’inspire ici du meurtre de Sylvia Likens, tuée en octobre 1965. Un crime décrit comme « le plus sadique de l’histoire des Etats-Unis après une série de dégradations inimaginables ». Pour ceux qui estiment que Ketchum va trop loin (et il va certainement très loin) dans sa description des humiliations, violences sexuelles et autres tortures il précise dans la postface qu’il a « atténué la réalité ». La véritable histoire de Sylvia Likens fut relatée dans le film « An American Crime » avec Ellen Page dans le rôle. UNE FILLE COMME LES AUTRES fut également porté à l’écran en 2007.

Le roman de Ketchum constitue donc un gros coup de poing, un direct à l’estomac qui sans sombrer dans l’excès (et le grand guignol) n’occulte rien des tortures infligées à cette jeune fille pas comme les autres. Ce n’est pas une lecture facile ni agréable ni plaisante. Ce n’est pas un roman d’horreur gentillet avec des vampires, des loups garous ou des zombies. Ce n’est pas un bouquin qu’on referme en souriant en se disant « tout ça n’existe pas, c’était sympa mais là ça va ». C’est une plongée dans ce que l’Humanité est capable, une plongée dans l’ignoble et la dégueulasserie la plus éprouvante. Quasiment de la première à la dernière page il n’y aura ni répit ni espoir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Thriller, #Histoire vraie, #Splatterpunk

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