science-fiction

Publié le 15 Mai 2020

A TRAVERS TEMPS de Robert Charles Wilson

Moins porté sur la spéculation scientifique et la hard science que la plupart des romans de l’auteur, ce livre (qui anticipe quelque peu le 22/11/63 de King) se consacre à Tom Winter, ingénieux alcoolique se remettant d’une rupture sentimentale. Reconverti dans la vente de voiture dans une petite ville, Tom achète une maison abandonnée où se déroulerait, selon l’agent immobilier, des phénomènes étranges. Il constate en effet que, par exemple, la vaisselle sale est systématiquement nettoyée le lendemain matin. Fantômes ? Lutins ? Ou autre chose ? Après diverses investigations, Tom découvre un tunnel temporel dissimulé dans la maison capable de lui faire remonter le temps de pratiquement trois décennies. Désespéré par l’état du monde en 1989 (s’il connaissait la suite !), Tom se réfugie ainsi dans le milieu bohème du Village de 1962 et y rencontre Joyce, chanteuse hippie et militante du changement social en devenir.

A TRAVERS TEMPS se centre sur quelques personnages bien typés et, en particulier, ce Tom décidé à retrouver un peu de sérénité en se réfugiant dans une époque sans doute loin d’être parfaite mais rassurante. Moins de pollution, moins de violence, pas de sida,…bien sûr le spectre d’une guerre nucléaire planait sur l’époque mais Tom sait bien qu’elle n’arrivera pas. Autrement dit, l’assurance de 30 ans de paix et de tranquillité, 30 ans à « déjeuner en paix ». L’auteur s’intéresse aussi à un agent immobilier peu crédule mais cependant fasciné par les « phénomènes étranges », à une baba-cool se rêvant chanteuses protestataire et même à Billy, mystérieux combattant venu du futur dans une armure high-tech.

Sur un thème classique (déjà exploré, notamment, par Richard Matheson dans un roman superbement adapté au cinéma sous le titre « Quelque part dans le temps »), Wilson livre un récit très réussi, sans temps morts (une pagination parfaitement adéquate de 400 pages suffit à explorer de nombreuses pistes sans se perdre dans d’inutiles longueurs), avec un bel équilibre entre la partie science-fictionnelle, l’anticipation (nous avons quelques visions d’un avenir assez sombre mais crédible) et le relationnel via une poignée de personnages attachants.

Sans rivaliser avec le côté vertigineux des CHRONOLITHES ou de SPIN, voici un roman réussi et prenant qui se lit facilement et avec beaucoup de plaisir. Recommandé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Voyage dans le temps

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Publié le 12 Mai 2020

JUSQU'A LA QUATRIEME GENERATION d'Isaac Asimov

Troisième et dernier recueil francophones des nouvelles d’Asimov regroupées dans le pavé américain « Nightfall and other stories ». Les récits proposés vont de 1953 avec le petit conte fantastique humoristique « Les mouches » consacré à Belzébuth à 1967 avec « Ségrégationniste » jadis publié dans une revue médicale en vue de susciter la réflexion des médecins.

Les 9 nouvelles rassemblées ici sont pour la plupart courtes (le recueil ne fait que 196 pages) avec quelques exemples de très courts récits à chute comme « Introduisez la tête A dans le logement B » écrit en une demi-heure en guise de défi. « Le sorcier à la page » est une parodie des comédies musicales de Gilbert & Sullivan au sujet d’un philtre d’amour répandu dans le punch d’une soirée estudiantine. « La machine qui gagna la guerre » constitue un autre court récit à chute (ici bien trouvée et surprenante) consacrée au fameux super ordinateur Multivac. « Mon fils le physicien », moins convaincant, fonctionne de la même manière : un récit à chute amusant basé sur une astuce (le genre de nouvelles qu’Asimov livra à la pelle avec sa série policière des Veufs Noirs). « Jusqu’à la quatrième génération », rare exemple de récit influencé par le judaïsme, convainc moins.

Plus long et original, « Le briseur de grève » traite des tabous culturels et confronte ici un homme spécialisé, sur un astéroïde habité, dans le recyclage des excréments avec l’ostracisme du reste de la population. Enfin, « Les yeux ne servent pas qu’à voir » est une nouvelle mélancolique réussie bien qu’elle fut refusée par Playbloy.

Ce recueil dans la lignée des précédents (tous trois furent d’ailleurs réédités en un très épais volume intitulé QUAND LES TENEBRES VIENDRONT – L’INTEGRALE assortis d'intéressants commentaires de l'auteur.) montre la variété d’inspiration d’un Asimov allant du fantastique satirique à la science-fiction humoristique en passant par des thèmes plus sérieux. Du bon boulot.

 

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Publié le 11 Mai 2020

24 VUES DU MONT FUJI, PAR HOKUSAI de Roger Zelazny

Lauréat du Hugo 86 dans la catégorie « roman court », voici un étrange récit de Zelazny, long d’environ 130 pages et dont les premiers chapitres se révèlent aussi mystérieux que le titre.

Mari, une femme dont le mari, Kit, est récemment décédé (ou non ?) effectue un pèlerinage au pied du mont Fuji pour observer le mont de 24 manières différentes, en reprenant les estampes réalisées par Hokusai. Au fil de son voyage divers phénomènes étranges surviennent.

Avec l’écriture atmosphérique et poétique coutumière à l’auteur (comme pouvait l’illustrer son cycle des PRINCES D’AMBRE), cette novella se divise en 24 chapitres, tous assez courts évidemment, qui débutent souvent par une description géographique du lieu où se trouve l’héroïne. Le style de l’auteur concourt grandement à la réussite d’un récit longtemps nébuleux (durant la moitié de la pagination le lecteur ne comprend guère ce qui se passe) et se montre une des plus grandes qualités d’un roman qui se permet quelques clins d’oeils à Lovecraft avant d’opter pour le cyberpunk. Publié aux débuts de ce courant, 24 VUES DU MONT FUJI, PAR HOKUSAI nous invite ainsi à une plongée dans un univers technologique, câblé, où se nichent les prémices des idées transhumanistes cultivées à la même époque par William Gibson et ses épigones.

En résumé, une jolie histoire qui, une fois passée les premiers chapitres obscurs et déstabilisants, pour ne pas dire un peu difficiles d’accès, devient progressivement plus limpide et convaincante grâce à une écriture travaillée et effective. A découvrir.

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Publié le 4 Mai 2020

L'AMOUR VOUS CONNAISSEZ? d'Isaac Asimov

Voici le deuxième recueil des nouvelles d’Asimov paru en France au début des années ’70 et qui correspondait à une partie (un tiers) du gros recueil américain « Nightfall and other stories ».

Les deux premières, « Vide-C » et « En une juste cause… » traitent du thème classique de l’affrontement entre les Terriens et des extraterrestres belliqueux. Deux manières différentes d’approcher cette thématique traditionnelles et deux façons opposées d’imaginer la victoire des Terriens.

« Et si… » constitue une petite nouvelle humoristique sur le thème de l’amour, des mondes parallèles et des événements pouvant mener à un certain choix…ou à un autre. Thème encore une fois classique du changement infime qui modifie radicalement la vie d’un couple…ou pas ? Tout rentrera t’il en ordre à la fin ? Un récit amusant.

« Sally » anticipe les voitures autonomes et également la nouvelle de Stephen King qui conduira au film « Maximum Overdrive ». Une façon originale d’évoquer la fameuse révolte des robots (ou des machines) souvent abordée par la science-fiction. Une des meilleures réussites du recueil.

Autre récit concernant la « révolte des machines », « Personne ici sauf… » traite de la construction d’un ordinateur et de sa prise de puissance, contrariée par deux informaticiens.

Dans le monde futuriste de « Quelle belle journée » (qui anticipe des romans d’Asimov comme FACE AUX FEUX DU SOLEIL), le monde s’est replié sur lui-même et les individus ne supportent plus l’idée de sortir à l’extérieur de leurs habitations ultra sécurisées. Les seuls déplacements tolérés se font au moyen de « portes », sorte de passages permettant la téléportation. Mais un jeune garçon, sans doute inadapté, commence à sortir se balader dans la nature…après tout c’est une belle journée.

Enfin, « L’amour vous connaissez » qui donne son titre au recueil a été écrit en réaction à une parodie de la science-fiction proposée par Playboy inspirée par un éphémère magasine des années ’40, Marvel Science Stories, qui publiait des nouvelles de SF « sexy » (selon les standards de l’époque). Playboy proposa, en 1960, un article sur le sujet intitulé « Girls of the Slime God », ce qui amena finalement Asimov a proposé sa propre satire. Belle réussite pour cette histoire de deux extraterrestres enlevant au hasard un homme et une femme pour les forcer à procréer avec des résultats inattendus.

Au final, une plaisante anthologie qui, en sept nouvelles et 250 pages, offre un bel aperçu du talent d’Asimov et montre qu’au-delà de son aspect sérieux, le bon docteur avait également un solide sens de l’humour.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Isaac Asimov, #Recueil de nouvelles, #science-fiction

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Publié le 28 Avril 2020

QUAND LES TENEBRES VIENDRONT d'Isaac Asimov

La longue nouvelle qui donne son titre à ce recueil, écrite en 1941, reste une des plus connues et célébrées de la science-fiction, souvent considérée comme la meilleure d’Asimov et même une des 2 ou 3 meilleures nouvelles de SF de tous les temps. Inutile donc de s’appesantir sur cette exceptionnelle réussite d’une très grande originalité thématique et qui se déploie jusqu’à sa chute vertigineuse. Ceux qui l’on déjà lu dans une des nombreuses publications l’ayant republiée la relirons avec plaisir, ceux qui ne la connaissent pas vont découvrir un joyau de la science-fiction.

« Les taches vertes », au sujet d’une race extra-terrestre parasitaire, s’avère plus classique mais reste une belle réussite, agréable et rythmée jusqu’à sa conclusion.

« Hôtesse » se montre également très originale avec cette rencontre entre deux terriens et un émissaire extraterrestre venu se renseigner sur les particularités de l’Humanité tandis que toutes les autres espèces intelligentes connues développent une « mort par inhibition » qui, lorsqu’elle se déclenche, les tue en une année. Mais la résistance des Humains au phénomène a une explication qui pourrait conduire à un conflit galactique.

Soucieux de traiter de l’énergie atomique dont on venait de mesurer le potentiel destructeur, « Y a-t-il un homme en incubation… » s’intéresse à la problématique de l’attaque et la défense, les deux devant fatalement s’équilibrer pour maintenir un équilibre guerrier acceptable…avec la découverte de la bombe atomique il importe donc de finaliser un champ de force atomique capable de s’en protéger.

Une courte nouvelle (« Taches vertes ») et trois novellas d’environ soixante pages forment donc un excellent recueil de 220 pages de haute qualité. Quatre textes qui datent des années 40 au début des années 5O et qui, globalement, non pas pris une ride. Bonne pioche pour les fans du Docteur Isaac !

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Publié le 21 Avril 2020

DEMAIN LES CHIENS de Clifford D. Simak

Grand classique de la SF, ce recueil « unifié » de nouvelles (ou de « contes ») brosse un tableau de l’avenir de l’Humanité jusqu’au départ de la quasi-totalité des Humains vers Jupiter où, transformés pour s’adapter aux conditions de vie apparemment impossibles, ils accèdent à une vie paradisiaque. Qui va donc hériter de la Terre si ce n’est les Chiens après une série de mutations ?

Bien avant LA PLANETE DES SINGES, Simak envisageait lui aussi que l’Homme finirait par être supplanté comme espèce dominante. Mais, ici, le legs de la Terre aux canidés se fait doucement et au terme de plusieurs milliers d’années. L’auteur en profite pour livrer des réflexions philosophiques (au sens large) pas spécialement optimiste : « pour l’Homme la seule voie menait à l’arc et à la flèche ». Ou, autrement dit, au meurtre, à la guerre et à la bombe atomique. Mélancoliques, les contes proposés (on privilégiera l’édition Omnibus qui offre la version la plus complète en ajoutant un ultime neuvième conte, « Epilogue »), constituent une de ses fameuses « possibles Histoires du futur » prisée des auteurs de SF. Nous suivons également la trajectoire d’une famille, les Webster, qui jouera un rôle majeur dans l’évolution humaine au point que les Chiens finiront par nommer les Hommes des webster (sans majuscule). Simak lie d’ailleurs ces récits relativement indépendants par des commentaires retraçant les querelles d’experts canins qui se demandent si l’Homme a bel et bien existé ou si tout ça ne forme qu’un vaste mythe. Et que dire alors des Fourmis ?

Ecrit à partir de 1944 (pour la première nouvelle, « La cité »), ce recueil / roman reste très moderne et actuel dans ces thèmes. Si certaines avancées technologiques sont forcément battues en brèches, les questionnements de Simak ont, eux, gardés toute leur pertinence : l’Homme va-t-il laisser place à une autre espèce, la Terre berceau sera-t-elle abandonnée pour conquérir l’espace, une société sans guerre ni meurtre est-elle envisageable, que se passerait-il si on réduisant le nombre d’Hommes aux habitants d’un gros village ou si au contraire la surpopulation devenait ingérable…

Dans ce monde menés par les Chiens (qui guident les autres espèces comme les ours ou les loups sur le « bon » chemin) et « surveillé » par des robots (dont beaucoup sont retournés à la vie sauvage faute de maître à servir), l’Homme n’est plus qu’une légende dont les haut-faits sont devenus de simples contes racontés au coin du feu.

Un incontournable ! On peut d’ailleurs se demander combien de romans de SF actuels accuseront aussi bien les années après trois quart de siècle !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Recueil de nouvelles, #science-fiction

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Publié le 20 Avril 2020

LES JARDINS DE L'OMBRE JAUNE d'Henri Vernes

Et une nouvelle aventure opposant Bob Morane à l’éternel méchant Mr Ming. Suite directe de LA CITE DE L’OMBRE JAUNE, ce récit en reprend les principaux ingrédients : l’Ombre Jaune veut dominer le monde (ou au moins San Francisco) et remplace quelques individus par des robots pour assurer la réussite de son plan. Forcément, Bob et Bill se mettent sur sa route.

Rien de particulier à signaler sinon que Bob et Bill se dopent aux stimulants (!) avant d’aller combattre leur ennemi, une bonne idée puisqu’ils sont ensuite drogués par les hommes de l’Ombre Jaune mais que leurs petites pilules précédemment ingérées leur permet de se réveiller rapidement. Sinon le roman suit la lignée des précédents volumes de cette vaste saga (entamée avec LES GUERRIERS DE L’OMBRE JAUNE puis LA CITE DE L’OMBRE JAUNE) en jouant ouvertement la carte science-fictionnel. Mr Ming utilise encore une fois des robots humanoïdes qui prennent la place de certaines personnalités, des petites « olives » métalliques confèrent divers pouvoirs à leur porteur et l’Ombre Jaune tente de s’emparer de San Francisco en utilisant un champ de force et Chinatown dissimule une cité souterraine secrète. Bill est davantage relégué au rand de faire-valoir (on pourrait parfois le rapprocher d’un Capitaine Haddock vu son penchant pour la bouteille) tandis que Bob parait plus adulte et déterminé, le ton se voulant plus sérieux et moins destiné aux seuls adolescents.

Pour sa 76ème aventure, Bob nous offre encore divertissement, aventure, action et science-fiction. Un cru plaisant quoique légèrement redondant si on a lu LES GUERRIERS DE L’OMBRE JAUNE et LA CITE DE L’OMBRE JAUNE peu avant.

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Publié le 13 Avril 2020

2061 - ODYSSEE III d'Arthur C. Clarke

Clarke semble inspiré par le passage de la comète de Halley qui était le grand événement astronomique du milieu des années ’80. Il se transporte donc près d’un siècle dans le futur pour une aventure spatiale qui rappelle le côté à la fois naïf et didactique de ses premiers romans dits de « la trilogie de l’espace ». Nous sommes donc en 2061 mais Heywood Floyd, maintenant centenaire, est toujours vivant. Un demi-siècle auparavant le Monolithe a transformé Jupiter en un second soleil, rebaptisé Lucifer. Les Hommes ont accès à tous les mondes à l’exception de la lune Europe, territoire décrété interdit par le Monolithe. Evidemment, un vaisseau finit par s’y poser à la suite d’un détournement…

Après une entrée en matière effectuant le lien avec les deux précédents tome, 2061 s’éloigne des aspects métaphysiques et de la recherche d’une Intelligence extra-terrestre pour se recentrer plus classiquement sur un récit d’aventures spatiales agréables mais au fil conducteur des plus ténus. Tout tourne autour d’une véritable montagne de diamants et de ses applications possibles, notamment pour la construction d’un ascenseur spatial. Si le récit s’avère agréable il se montre également un peu trop convenu pour susciter une véritable passion, nous sommes vraiment dans les histoires typiques d’explorations du système solaire saupoudrées de considérations scientifiques, bref une sorte de space opéra teinté de hard science (hard mais très abordable) fort proche des premiers bouquins de Clarke comme LES SABLES DE MARS ou ÎLES DE L’ESPACE.

Les derniers chapitres, repris quasiment sans modification de 2010 (Clarke assume cet auto plagiat dans la postface) font la jonction avec les deux précédentes « Odyssées de l’espace » et les deux ultimes pages nous projettent en 3001 pour un final qui annonce 3001 ODYSSEE FINALE via un cliffhanger réussi et intrigant.

En résumé, 2061 ODYSSEE III constitue un bouquin globalement plaisant, d’une lecture assez facile et agréable mais dont seul une trentaine de pages paraissent réellement connectées aux trois autres volumes de la tétralogie. Les deux cents et quelques pages restantes formant une histoire divertissante mais également un brin décevante.

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Publié le 8 Avril 2020

LE DEMON DU VENT de Brian Lumley

Quatrième volume de la vaste saga de Titus Crow écrite par Brian Lumley dans les années ’70 pour revisiter à sa manière les mythes de Lovecraft (avant que ceux-ci ne soient cuisinés à toutes les sauces). Depuis célébré pour sa grande série du NECROSCOPE, Lumley, alors relativement débutant, transformait le Mythe en récit de Fantasy et d’aventures, affaiblissant certes les concepts de Lovecraft mais sans négliger un réel potentiel divertissant. La première partie du roman montre ainsi nos héros échoués sur Borée et luttant contre les séides d’Ithaqua qui chevauchent des loups en compagnie de guerriers et de leurs ours dressés.

Si les puristes n’ont, à l’époque, gouté à cette saga que du bout des lèvres (voire en dissimulant mal leur dégoût), relire aujourd’hui ces romans s’avère franchement divertissant à l’heure où le Mythe se décline de toutes les manières possibles (jusqu’au Monopoly Cthulhu !).

Considérés comme de simples « romans populaires » loin des horreurs cosmiques imaginés par Lovecraft, les bouquins de Lumley n’en sont pas moins efficaces et ont le mérite d’une réelle originalité. Bien sûr ils se rapprochent souvent davantage de John Carter ou Conan que de HPL lui-même. Qu’importe, c’est bien l’âge d’or de la « science fantasy » à l’ancienne que convoque ce DEMON DU VENT qui aurait très bien pu se voir publié par Weird Tales voici 80 ans ! Rien ne manque, en effet, à l’appel : la poignée de héros exilés sur un monde désolé et hostile, la femme déesse super sexy (fille d’Ithaqua mais ça ne se voit pas), les pierres magiques permettant de se protéger des forces du mal, les pouvoirs télépathiques, les armées ennemies accompagnées de loups et d’ours dressés, les pouvoirs divinatoires, le traitre qui en veut à notre valeureux héros terrien, les vaisseaux de guerre qui filent sur la neige, les combats nombreux et le rythme haletant. Car LE DEMON DU VENT ne perd pas de temps et ne traine jamais en route, à l’image des romans d’Edgar Rice Burroughs il boucle son récit en 220 pages hautement distrayantes et plaisantes. Alors bien sûr, le livre n’a pas l’ambition de L’ABOMINATION D’INNSMOUTH ou de L’APPEL DE CTHULHU mais, pris pour un pur plaisir de fantasy old school, il n’en reste pas moins fort recommandable et appréciable. Bon, allez, la suite !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Fantasy, #Horreur, #Lovecraft, #science-fiction

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Publié le 24 Mars 2020

LES ÎLES DE L'ESPACE d'Arthur C. Clarke

Datant du début des années ’50 (et publié une première fois au tout début de la collection « Anticipation » du Fleuve Noir), ce roman de jeunesse (et pour la jeunesse) de Clarke reste assez représentatif de son style, mélange de sense of wonder (tout est vu par les yeux d’un jeune homme ayant gagné, grâce à un concours, le droit de visiter une station spatiale) et de hard-science abordable, l’auteur ayant manifestement envie de partager son savoir scientifique (aujourd’hui en partie dépassé par les innovations récentes) au plus grand nombre sans devenir rébarbatif pour autant. On mesure l’influence énorme que ce genre de romans a pu avoir, par exemple, sur un Stephen Baxter puisqu’ici aussi ILES DE L’ESPACE se montre fort descriptif et plus intéressé par les faits et gestes quotidiens de ses personnages que par leur caractère ou leur pensée. Le bouquin aligne les péripéties mais sans que celles-ci ne versent dans l’excès spectaculaires, Clarke plaisante même sur l’impossibilité de rencontrer des pirates de l’espace (le coût des vaisseaux rendant sans intérêt la pratique de la piraterie) et nous n’aurons pas droit à de grandes catastrophes, plutôt aux nombreux aléas quotidiens que peuvent rencontrer des astronautes.

L’ensemble se lit donc plaisamment, la durée restreinte (environ 200 pages), ne permettant pas au lecteur de s’ennuyer. Il faudra évidemment passer outre les invraisemblances des prémices ou quelques scènes fort peu crédibles comme cette superproduction hollywoodienne tournée dans l’espace sous les yeux du héros.

Premier volume d’une informelle « trilogie de l’espace », LES ILES DE L’ESPACE fonctionne agréablement et élève quelque peu le « sense of wonder » dans ses dernières pages alors que le héros rencontre des colons établis sur Mars. Après le dur retour à la réalité (et à la terre), le roman se conclut par un vibrant ode à l’espace et à « aller bravement là où l’homme n’a jamais mis le pieds » comme dirait l’autre.

Pas un classique (on est loin des grandes réussites ultérieures de Clarke comme les ODYSSEES DE L’ESPACE ou RAMA) mais un « juvénile » satisfaisant qui se lit avec plaisir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Jeunesse, #anticipation, #science-fiction

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