roman de gare

Publié le 19 Août 2021

OSS 117: ARIZONA ZONE A de Jean Bruce

Ecrit en 1959 et réédité à plusieurs reprises, voici un roman original pour OSS 117, lequel quitte le temps d’une aventure, les terres de l’espionnage pour frayer avec la science-fiction. Le résultat n’est malheureusement pas très convaincant.

Hubert Bonnisseur de la Bath doit enquêter sur des événements étranges : des soucoupes volantes aperçues par plusieurs témoins apparemment dignes de foi dans un coin perdu de l’Arizona. Hubert rencontre par la suite un médecin, Howard T. Hanks. Ce-dernier a autopsié un extraterrestre et peut renseigner OSS 117 sur leur morphologie, semblable à celle des humains mais avec quelques différences permettant de les distinguer et les identifier. Hubert continue ses investigations sur les « Intrus » et découvre que l’alien décédé avait refusé de donner son sang lors d’une collecte organisée sur son lieu de travail. Il ne prenait pas, non plus, sa nourriture à la cantine. Voici donc un moyen de repérer les autres extraterrestres implantés aux USA. A force d’enquête, Hubert rencontre le chef des extraterrestres qui lui annonce une prochaine attaque de la Russie contre les Etats-Unis !

La suite ? Et bien la suite rappelle grandement les romans « à la Jimmy Guieu » (notamment les fameux E.B.E.), avec le plan improbable des aliens pour conduire à une guerre mondiale entre les Rouges et les USA. Pourquoi ? Pour posséder un monde dévasté mais encore colonisable évidemment. Tout cela n’est pas très crédible, ni très passionnant et cette tentative de plonger un héros de roman d’espionnage dans un univers science-fictionnel laisse dubitative. Quelques passages sympathique, un début plutôt réussi dans sa volonté de mystère (anticipant les « X Files » de quatre décennies) ne compensent pas une deuxième partie ratée. ARIZONA ZONE A possède néanmoins un côté nostalgique parfois appréciable. Mais le tout se montre plus daté que suranné et si les informations dispensées par l’auteur (qui s’est manifestement documentés sur le sujet) pouvaient intéresser les lecteurs du début des sixties, elles paraitront probablement lues et relues aujourd’hui.

Bruce livre toutefois l’une ou l’autre scène efficaces, voire étranges. Hubert ne se prive pas, par exemple, de tenter une expérience sexuelle avec une belle alien afin, bien sûr, de faire progresser la connaissance entre les peuples. Un roman déstabilisant, unique dans la série, qui marque au moins une tentative de Jean Bruce de renouveler les recettes établies. Même si le résultat ne fonctionne pas vraiment, on apprécie donc cet essai en rageant toutefois que ce mix improbable d’espionnage, de thriller conspirationniste et de science-fiction ne soit pas plus mémorable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #Roman de gare, #science-fiction, #OSS 117

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Publié le 26 Juillet 2021

POUR QUI RICANENT LES HYENES de David Rome (Joël Houssin)

Le Scum revient ! Toujours piloté par Joel Houssin, dissimulé sous le pseudo de David Rome, l’équipe de mercenaires d’élite corvéables et sacrifiables à l’envi, véritables ancêtres déjantés des Expendables, s’en va chasser du Nazi à Abidjan. Et le lecteur ne peut que se désoler du temps qui passe, nous privant des meilleurs méchants que la littérature populaire puisse utiliser : les savants fous ayant survécus à la fin du Reich et souhaitant tuer la majorité de la population mondiale en lâchant un super virus hautement (et sexuellement) transmissible. D’où une histoire abracadabrante de putes infectées prêtes à contaminer la moitié de la planète que les agents du Scum (dans le désordre des tarés sadiques, des tortionnaires nymphos et des baroudeurs assoiffés de sang) vont venir dézinguer. Parce que le scum ne fait pas dans le détail et tant pis pour les dommages collatéraux, « ils viennent démolir, ils viennent détruire ». Mitrailleuses et lance-flammes gagnent le droit de s’exprimer, discuter vient ensuite. Ou jamais. ;

David Rome défouraille toujours de manière aussi énergique, pas vraiment de temps à perdre, l’intrigue doit être bouclée en 185 pages et il faut y caser des tortures, de la violence, des scènes de sexe,…Bref, les éléments nécessaires à un bon roman de gare des eighties, sauf que Rome / Houssin pousse le curseurs dans le rouge comme il avait pu le faire avec son DOBERMANN. Le bonhomme ne se refuse rien et l’ensemble, outrancier à souhait, acquiert au final un second degré réjouissant et, pour les plus pervers, un humour des plus noirs. Politiquement incorrect jusqu’au bout des ongles, le livre vomit ses « salopes », « nègres », « putes », à la chaine et ne se soucie aucunement de correction, de langage châtier ou de style littéraire relevé. Bref, comme les précédents opus, POUR QUI RICANENT LES HYENES aligne les poings dans la gueule, les balles dans la tête et les bites dans le cul. Ames sensibles, bobos et social justice imbéciles s’abstenir.  

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Erotique, #Polar, #Roman court (novella), #Roman de gare, #Thriller

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Publié le 14 Juillet 2021

BRIGADE MONDAINE: LA BÊTE DU LUBERON de Michel Brice

La Brigade Mondaine. Une institution du roman de gare, débutée par Bernard Touchais et Gérard de Villiers en 1975. Elle se poursuivra jusqu’à la mort du genre, tué par les tablettes et autres conneries, près de quarante ans plus tard. Parmi les belles plumes dissimulées sous le pseudonyme collectif de Michel Brice : le philosophe réactionnaire Didier Goux, le journaliste sportif Jean-Philippe Chatrier, l’essayiste Philippe Muray, etc. 280 bouquins qui firent les belles heures des halls de gare avec leur titre explicite et leur couverture racoleuse. Beaucoup de déchets, forcément, dans ces intrigues abracadabrantes mêlant polar et érotisme, souvent violent et sadomaso. Mais, également, quelques bonnes pioches bis comme cette BETE DU LUBERON particulièrement déjantée.

Les héros sont toujours les mêmes clichés ambulants : le commissaire Boris Corentin, idéal du mâle alpha musclé au zob surdimensionné, sosie d’Alain Delon qui tombe toutes les filles entre 18 et 48 ans. Et son adjoint « Mémé » Brichot, bon père de famille pantouflard qui enquête mollement entre deux biberons et se désole de n’être pas en compagnie de ses enfants plutôt que sur la route du vice. L’originalité vient donc des méchants, souvent des aristocrates décadents qui organisent des partouzes ou zieutent des snuff. Cependant, ceux-ci s’avèrent, dans le cas présent, plus gratinés que de coutume. Nous avons ainsi un richard tenté par la politique qui adore assister à des spectacles zoophiles privés orchestré par un chatelain dans sa réserve naturelle. Mais il y a mieux : une scientifique façon Ilsa espère créer une « sous-race du sous-prolétariat » en fécondant des femmes par des…gorilles ! D’ailleurs, histoire d’entrainer le grand singe à remplir son…office, notre jeune femme s’offre régulièrement à l’animal en rut. Comme on dit…gare au gorille !

Le récit, débuté classiquement sur le modèle habituel des « Brigade Mondaine » (viol, chantage, suicide, etc.) bascule donc dans un n’importe quoi réjouissant. A la manière d’un film de science-fiction horrifique des années ’40 (style « The Ape Man ») revisité par un Ed Wood converti au porno sado-maso le roman délire pas mal et ne refuse rien. Mention spéciale également au tournage d’un film X par un cinéaste sur le retour qui investit la réserve pour tourner une orgie menée par des figurants maquillés façon hommes préhistoriques. Une vraie guerre du feu aux fesses.

Bref, LA BÊTE DU LUBERON c’est donc très con mais aussi très sexe, bien sadique et complètement déjanté. Avec la particularité appréciable de bénéficier d’un réel talent d’écriture, loin de la banalité d’une (trop) large portion des productions estampillées Gérard de Villiers. Ici, le lecteur sent l’application, comme si les auteurs voulaient soigner un maximum la forme pour compenser l’inanité du fond. Bien sûr, il faut se farder les habituelles manœuvres de séduction de l’irrésistible Boris Corentin, lesquels permettent des passages olés olés placés à intervalles réguliers mais dénués de la moindre originalité. L’enquête policière en elle-même se révèle aussi palpitante qu’un épisode de série télé allemande de fin d’après-midi. Beaucoup de bémols donc. Toutefois, le côté outrageux du récit et ce plan farfelu (remplacer les ouvriers par des hybrides hommes-singes engendrés par des esclaves sexuelles fécondées par des gorilles, carrément mon bon monsieur si c’est pas malheureux que fait la CGT ?) rend le tout distrayant.

L’ensemble fonctionne donc plaisamment (d’autres titres de la collection reposent, malheureusement sur des intrigues routinières écrites au kilomètre) et se révèle une lecture étonnamment divertissante dans les limites de ses modestes prétentions.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Polar, #Roman de gare

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Publié le 6 Juillet 2021

JUSTICE A TOUS LES ETAGES de Phil Elmore

Sorti en 2007, voici le premier des 27 romans que Phil Elmore a écrit pour la saga de l’Exécuteur. Les prémices sont intéressantes et rappellent quelque peu l’excellent « Magnum Force », la seconde aventure de Dirty Harry. Ici, un mystérieux justicier commence à massacrer des trafiquants de drogue et autres suprémacistes. Mack Bolan n’y trouverait sans doute guère à redire si le « vigilant » ne se laissait aller à une véritable frénésie meurtrière, ne se souciant pas des innocents qui tombent sous ses balles. Deux intrigues se développent alors en parallèle, la première sur la traque du justicier, la seconde sur un gaz mortel en passe d’être libéré par des agents communistes chinois.

Le bouquin avance à bon rythme, l’auteur ne se perdant pas en description ni en approfondissement de la psychologie de ses personnages, préférant se concentrer sur l’action. Il aurait sans doute était pertinent de creuser les similitudes entre Bolan et le nouveau vigilant mais Phil Elmore ne s’y attarde pas vraiment. L’addition de la seconde ligne narrative avec les méchants agents chinois « activés » pour commettre des attentats n’a pas beaucoup d’intérêt. A vrai dire une « simple » opposition entre Bolan et le vigilant Gary Rook aurait surement été plus intéressante, la faible pagination ne permettant pas de se concentrer sur cet aspect du récit et Gary Rook apparaissant trop rapidement comme un cinglé adepte du carnage gratuit. L’ensemble demeure un honnête « Exécuteur » qui se lit sans déplaisir mais ne sort pas vraiment de la routine de la série.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Exécuteur, #Roman de gare

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Publié le 28 Juin 2021

TU EN VOMIRAS TES TRIPES de Serge Jacquemard

Serge Jacquermard (1928 – 2006) débute sa carrière au début des années ’70 et devient rapidement un pilier du Fleuve Noir. Il publie beaucoup dans les collections phares, la « Spéciale Police » et « Espionnage » avec des titres qui donnent immédiatement envie : SAFARI SANG ET SEXE, MARIAGES BLANCS ET GARCES JAUNES, ESPIONS SECTION SEXE, EN SOUVENIR D’UN BORDEL SS. En 1980, il lance sa propre saga, celle des « Flics de choc » (qui sera adapté au cinéma dans un petit polar gentiment crapuleux typique des années ’80 au niveau sexe et violence). Là aussi, les titres annoncent la couleur : LA MARQUISE DU SEXE, CINE PORNO, PUTES CONNECTION, SEXO MANIAQUE, etc. Il endosse également, en 1987, l’identité fluctuante de Paul Kenny pour poursuivre jusqu’à son terme (à la fin des années ’90) les aventures de l’agent secret Francis Coplan.

TU EN VOMIRAS TES TRIPES est donc un des nombreux volumes des « Flics de choc » et on y retrouve une intrigue particulièrement invraisemblable et délirante. Donc bis et marrante. Parce que les polars de gare traditionnels et sans surprise c’est sympa deux minutes mais ensuite le lecteur en veut davantage. Et donc ici il se trouve confronté à deux intrigues qui, forcément, finiront par se rejoindre. Mais après beaucoup de circonvolutions improbables. D’un côté un truand à l’ancienne, du genre « ni arme ni haine ni violence », surnommé Maestro, cherche à monter un braquage dans une riche propriété. Mais pour cela il lui faut un expert en coffre-fort et le meilleur est pour le moment en prison. Qu’à cela ne tienne, il envisage de le faire évader. Or, son avocate, tombée amoureuse du voyou, a d’autres ambitions : le bonhomme ira au bout de sa peine et dans un an, libéré délivré, il deviendra un honnête homme. Ca c’est la première intrigue, classique mais déjà embrouillée. La seconde, elle, délire beaucoup plus : un mec complètement frappé sombre dans le sadisme le plus effréné. Il fréquente des prostituées qu’il flagelle joyeusement mais, peu à peu, ses sens s’émousse. Le bonhomme en veut plus. Il imagine donc d’infecter les belles de nuit avec le virus de la rage, bidouillé par ses soins pour devenir plus rapidement fatal. Les décès des putes passent inaperçus jusqu’au jour où le sadique tombe sur une riche héritière complètement maso qu’il infecte à son tour. Et voilà notre nymphette qui décède en bavant et en mordant. Comprenant la situation, la cousine de la défunte cherche à étouffer l’affaire, incinère le corps et lance son garde du corps sur les traces du détraqué pour résoudre le problème de manière expéditive.

En dépit d’un argot déjà difficilement compréhensible aujourd’hui, TU EN VOMIRAS TES TRIPES reste un polar rondement mené, bien ficelé en dépit du côté farfelu du récit. C’est rythmé, violent, saupoudré d’une petite touche sexy, parfois carrément saignant, et ça avance à plein gaz vers sa résolution où, de manière presque incroyable, les différents fils narratifs se rejoignent de manière satisfaisante. Alors bien sûr tout ça n’est pas de la grande littérature, on sent parfois un peu trop les ficelles de l’auteur qui se place surement en pilotage automatique pour toutes les scènes « d’enrobages » (les relations compliquées entre les différents flics par exemple) mais soigne suffisamment les passages chocs pour emporter l’adhésion. Trois heures de divertissement agréable qui donne envie d’en reprendre une louche et donc de lire l’un ou l’autre Flics de Choc supplémentaires.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Roman de gare

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Publié le 2 Juin 2021

CHASSE A LA PANTHERE de René Charvin

Eve Miller, alias la Panthère, reçoit la visite d’un type en fuite, Boris, qui a simulé sa mort et essaie d’empêcher un attentat à l’encontre d’hommes politiques. Une magouille autour du cuivre pourrait, en effet, entrainer de nombreux remous aux conséquences désastreuses. La Panthère croise la route du Triangle Rouge, une organisation qui regroupe ce que le monde possède de pire : des communistes. Les uns affiliés à Moscou, les autres à Cuba, les derniers à la Chine. Bref, un triangle du mal à anéantir à tout prix. Le bouquin s’oriente donc vers une course poursuite éperdue avec, comme le dit la couverture « des situations hors du commune, des bagarres épiques, des amours singulières (comprenez un intermède saphique plus ou moins imposé à notre féminin félin), etc. ».

Le tout nous permet de voyager, du Chili jusqu’à la cordillère des Andes. Notons toutefois que notre super espionne se fera capturer trois (trois !) fois au cours de cette aventure, qu’elle découvrira la cachette des méchants de manière très fortuite et qu’il faudra l’intervention providentielle de son disciple, le Léopard, pour la tirer d’un très mauvais pas. La Panthère n’est donc pas infaillible mais le roman se lit agréablement quoiqu’il s’agisse bien sûr de littérature de gare typique de son temps (la fin des sixties). Le lecteur a donc droit à une bonne dose d’exotisme, une pincée d’érotisme, une rasade de violence, quelques tortures saignantes, des rebondissements relativement attendus et une poignée de scènes d’action. Le tout en un peu plus de 200 pages conduites à vive allure.

René Charvin fut un de ces besogneux du roman populaire qui œuvra dans l’érotisme, le policier et l’espionnage, ainsi que la littérature religieuse nous apprend sa page wikipedia. Sa prose, surement kilométrique et alimentaire (la Panthère vécu des dizaines d’aventures, de même que sa « Belle » héroïne de bouquins sexy écrits à la pelle), n’en reste pas moins efficace et d’un niveau très correct dans le domaine de la gare. Le côté le plus intéressant reste sans doute le pragmatisme fataliste de notre Panthère, complètement désabusée par son boulot et qui tue sans état d’âme tout ceux (ou celles) qui pourraient entraver son enquête.

Le final frappe d’ailleurs par son ton ironique : « Ces deux là nous doivent la vie » dit la Panthère tandis que son adjoint rétorque « il y en a tant d’autres qui nous doivent la mort, cela fait une moyenne ». Une lecture suffisamment plaisante pour donner envie d’accompagner notre Panthère dans d’autres récits.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #Roman de gare

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Publié le 18 Mai 2021

GRAND GUIGNOL 36 - 88 de Kurt Steiner

Kurt Steiner, alias André Ruellan…Un poids lourd de l’imaginaire francophone né en 1922 et décédé en 2016. Près d’un siècle au service du fantastique, de la science-fiction, de l’épouvante,…Une carrière débutée en 1953 au Fleuve Noir. Le bonhomme a également été scénariste, par exemple des « Chiens » de Jessua ou du « Seuil du vide » de Jean-François Davy…mais également du « Distrait » de Pierre Richard !

Il publie également un unique « Gore », un hommage au théâtre du Grand Guignol et aux années ’30 situé à Paris. L’intrigue rappelle vaguement « Wizard of Gore » d’Hershell Gordon Lewis, inventeur du gore cinématographique et héritier naturel du théâtre horrifique parisien. Bref, la boucle est bouclée avec ce Gorps, organisateur de pièces de théâtre sanglantes qui se terminent par d’authentiques mises à mort afin de contenter un public de cannibales. Du snuff avant la lettre qui inquiète Sophie, une jeune femme dont une amie à disparu après avoir été sélectionnée pour une tournée au Canada. Or elle n’a jamais embarqué sur le navire transatlantique. Son compagnon, Thierry, enquête tout en voyageant dans l’avenir, jusqu’en 1988…

GRAND GUIGNOL 36-88 constitue une curiosité qui aurait pu figurer dans les collections Angoisse ou Anticipation : Steiner bouscule les genres et les mélange avec un talent de vieux routier de l’imaginaire. La description historique des troubles années ’30 (avec l’accession au pouvoir de Franco et la montée d’Adolph) permet toutefois à l’auteur de réfléchir sur les vertus cathartiques du Grand Guignol, le théâtre permettant à tout un chacun d’évacuer ses pulsions violentes. Mais l’écrivain n’est pas complètement dupe et pointe le caractère répétitif et attendu des spectacles, l’alternance de pièces sanglantes et d’autres purement humoristiques à la façon du Vaudeville.

Quelque peu déstabilisant, le roman glisse peu à peu vers la science-fiction et les « mondes truqués », opérant un virage en forme de boucle temporelle guère explicable mais intéressante et adroitement négociée. Les scènes gore, de leur côté, sont rares et relativement timorées, manifestement elles n’intéressaient guère Steiner, ce qui change (agréablement) d’un Necrorian qui se vautrait dans la barbaque avec un BLOOD SEX utilisant déjà le principe de la mise en abime.

Intéressant par son contexte et sa localisation spatio-temporelle rarement usité dans le domaine du fantastique, ce GRAND GUIGNOL 36-88 constitue donc un bouquin atypique et globalement plaisant, à découvrir pour les curieux qui pensent que le gore francophone se limitait à la boucherie vomitive d’un Necrorian, au sadisme social d’un Corsélien ou à la dégueulasserie comico-porno d’un Vertueil.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Gore, #Horreur, #Roman de gare, #science-fiction

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Publié le 16 Mai 2021

L'ESPIONNE D'HITLER de Gunther Hötzendorf

La collection « Les Soudards » se voulait une déclinaison trash des romans de guerre publiés par Gerfaut et ce bouquin en constitue la démonstration évidente. Le récit s’intéresse à une certaine Eva, « nymphomane asservie à ses passions » comme le précise la couverture, bien décidée à devenir, au sein du 3ème Reich, l’équivalent des anciennes courtisanes. Autrement dit une femme qui possède le véritable pouvoir tout en laissant ses nombreux amants penser qu’ils en tiennent les rennes. Cependant, Eva va pousser le bouchon trop loin en voulant carrément impressionner Hitler : pour cela elle tourne un petit film porno amateur qu’elle expédie à Adolf. Alors qu’elle pense s’attirer ses faveurs le Furher entre en fureur. Et voilà Eva expédiée chez un médecin décidé à la guérir de son addiction sexuelle et, accessoirement, lui rendre sa virginité (au sens propre et au figuré) pour la transformer en espionne docile.

Comme pour les naziexploitations cinématographiques, le roman reprend les thèmes classiques de l’érotisme et n’est véritablement choquant, pour les fragiles, que par son contexte. En effet, le récit de l’accession au pouvoir d’une jeune fille dévergondée et de sa chute constitue un lieu commun de l’érotisme, d’ailleurs traité à la manière d’un mélodrame épicé. Situé dans un autre contexte ou à une autre époque, le bouquin n’aura guère attiré l’attention (nous sommes dans le mélo polisson façon Marion, Caroline, Marie et même Angélique) mais, évidemment, la période nazie lui donne un côté sulfureux. Se voulant éducatif, l’auteur ponctue d’ailleurs l’intrigue de notes de bas de page historiques afin de resituer les personnages, les lieux, etc. Il précise les faits « authentiques » et accrédite la thèse des Etats-Unis ayant volontairement laissé se dérouler Pearl-Harbour pour mobiliser l’opinion. Laissons ces considérations aux historiens : vraie ou fausse l’idée n’est pas mauvaise et permet une seconde partie plus axée sur l’espionnage où le bouquin plonge, enfin, dans les intrigues guerrières. L’auteur utilise également l’allemand, ce qui permet d’enrichir son vocabulaire pour les prochaines vacances. Bon, le registre sexical, euh lexical, tourne surtout autour de « suce ma grosse bite salope », mais bon, ça peut toujours servir. L’indispensable passage choc intervient lorsque l’héroïne visite un camp de concentration : elle assiste au viol barbare d’une détenue par deux prisonniers juifs rendus fous par les privations. Puis elle les abat tandis qu’un dignitaire nazi la prend par derrière. Du pur « Ilsa ». Parmi les autres scènes complètement délirantes, citons celle où la belle espionne se venge d’un agent japonais en lui tirant dans les jambes, provoquant son basculement dans une déferlante de fourmis rouges (la fameuse Marabounta qui, parfois, gronde) qui le dévorent jusque l’os.

Pour les fragiles adeptes de la cancel culture, L’ESPIONNE D’HITLER provoquera surement poussée d’urticaire et envie d’un bain chaud aux huiles essentielles mais, pour les amateurs de roman de gare dégénéré, le tout reste divertissant et constitue l’équivalent littéraire d’un « Salon Kitty » de Tinto Brass (ou d’un « SS Girls » de Bruno Mattei). Enormément de passages pornos, pas mal de tortures sadiques, quelques scènes sanglantes et une intrigue certes ténues mais pas mal ficelées font de cette ESPIONNE D’HITLER une sympathique naziexploitation.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Roman de gare, #Guerre, #Soudards - Naziexploitation

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Publié le 10 Mai 2021

ACID COP de Zaroff

Deuxième livraison de la collection Karnage, héritée de Gore, après le très extrême SANCTIONS !, cet ACID COP adopte une voie moins rentre-dedans et davantage ludique. Les influences y sont assumées et même avouées dès l’introduction : les vigilantes, les rape and revenge, les films de flics impitoyables,…Entre les bouquins de gare dans le genre de l’EXECUTEUR et le cinéma qui tape fort (« Maniac cop », « The exterminator », « L’Inspecteur Harry », « Un justicier dans la ville », « Robocop » et une pincée de « Toxic Avenger »…) l’auteur adopte une construction façon polar dans sa première partie, dans laquelle un flic, Frank, sans pitié tente de retrouver une bourgeoise kidnappée par une bande de loubards qui se surnomment les Morlocks. Après être tombé dans une embuscade, notre Frank est massacré par les Morlocks et laissé pour mort le visage ravagé par l’acide. A la manière d’un Robocop qui aurait couché avec Maniac Cop, Frank survit et commence sa vengeance à la manière d’un Punisher déchaîné.

En 160 pages, Zaroff tire joyeusement dans le tas et défouraille sur le politiquement correct : ça saigne et ça explose, les scènes d’action étant entrecoupées de passages de cul à la manière des romans de gare d’antan façon SAS ou Brigade Mondaine. Mais ACID COP se sont aussi des punchlines qui fleurent bon les années 80.

Exemple :

« J’aime pas les pédés qui se prennent pour Rocky Balboa » déclare le héros

« Je te pisse à la raie Bruce Lee de mon cul » rétorque son indic’

Le roman ne donne donc pas dans l’humour fin et raffiné, plutôt dans la satire qui patauge dans la tripaille, le foutre et la pisse. Dès lors, ACID COP joue la carte de l’outrance et du délire très cinéma bis : lorsque le flic interroge une secrétaire cela se termine directement à l’horizontale et dans sa croisade purificatrice notre Acid Cop se soucie peu des dégâts collatéraux. Pour un pourri de dézingué deux innocents peuvent bien y passer. Tuez les tous, dieu reconnaitra les siens !

Le bouquin se montre donc divertissant à souhait avec toutes les scènes attendues du lecteur de littérature populaire : scènes érotico-pornos nombreuses, viols à la pelle, tortures et mutilations à profusion et carnage bien sanglant. On s’amuse beaucoup et en particuliers lors d’un dernier tiers qui passe à la vitesse supérieure au niveau massacre puisque notre émule de Paul Kersey s’arme d’un lance-flamme et d’une mitrailleuse lourde afin d’augmenter le body count.

Comme dans toute série B burnée qui se respecte, la fin laisse la porte ouverte à une suite. Nous ne dirions pas non !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Horreur, #Polar, #Roman de gare

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Publié le 4 Mai 2021

BLADE - L’EMERAUDE DE JOKKUN de Richard D. Nolane

Après les trente-sept romans originaux publiés par trois auteurs américains sous le pseudonyme collectif de Jeffrey Lord, la France, qui édite Blade depuis 1974 chez Gérard de Villiers, poursuit la série avec des écrivains maisons. Généralement ils ne sont pas mentionnés ou uniquement en tant que traducteur ou adaptateur. Le même principe déjà utilisé pour L’EXECUTEUR et d’autres séries de chez GDV.

Avec L’EMERAUDE DE JOKKUN, Richard D. Nolane nous propose une aventure bien plaisante, entre la science-fiction rétro à la Burroughs (période John Carter) et la fantasy. Toutes les conventions répondent donc présents : extra-terrestre conquérant assimilé à une entité démoniaque, grand méchant, joyau possédant des pouvoirs extraordinaires, etc. Les péripéties correspondent, elles-aussi, aux demandes des lecteurs de littérature populaire : capture par des méchants pirates, combats nombreux, trahisons, séduction d’une demoiselle,…La recette n’est pas neuve mais fonctionne joliment et permet trois bonnes heures de délassement, lesquelles valent bien celles offertes par une quelconque série B d’héroic-fantasy des années ’80 (au hasard « Ator l’invincible » ou « Deathstalker »). Une pincée de violence, une poignée de scènes érotiques (pas trop longues ce qui évite tout ennui), de l’action efficace et un rythme soutenu. Le lecteur apprécie le métier de l’auteur et la recette bien mitonnée. Nous suivons avec plaisir notre Richard Blade une fois de plus projeté dans une dimension parallèle par les services secrets anglais pour combattre la tyrannie. Blade est uniquement armé de sa bite et son couteau. Et le bonhomme use beaucoup des deux ! Alors évidemment on reste dans le classique, sans beaucoup d’innovations, et le roman se montre un peu trop linéaire pour emporter pleinement l’adhésion mais la sauce prend néanmoins, jusqu’au coup de théâtre final qui permet à l’intrépide et héroïque Richard Blade de triompher, tout seul, de l’entité maléfique. Dans l’ensemble, un bon moment et un chouette bouquin d’évasion qui donne envie de découvrir d’autres aventures de Mr Blade.

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