roman court (novella)

Publié le 23 Janvier 2020

CINEMA D'EVENTREUR de Richard Laymon

Publié chez Gore dans une version raccourcie (des 230 pages du texte originel n’en subsiste que 150 comme toujours) voici une histoire assez peu crédible sur un cinéma où sont projeté des courts métrages d’horreur très (trop) réalistes. Bien sûr, il s’agit de snuff movies et lorsque Brit reconnait une de ses amies dans un des programmes proposés, elle décide de mener l’enquête.

A première vue, CINEMA D’EVENTREUR semble prometteur, mélangeant le côté « entertainer » fou des films « Wizard of gore » ou « Incredible torture show » aux clichés du slasher sous la loupe des rumeurs de snuff movies ayant couru à la fin des années ’70 (notamment avec le piètre film « Snuff »). Malheureusement, si l’idée n’est pas mauvaise, son exécution s’avère franchement médiocre et le bouquin (peut-être une conséquence de l’édition tronquée…admettons) parait décousu et d’un intérêt limité. Même dans une édition de 150 pages bien aérées, il semble en outre longuet tant tout cela peine à susciter autre chose qu’un ennui poli. Même le gore pour lequel l’écrivain est réputé parait finalement timide et sans inspiration.

Pas la peine d’en rajouter ou d’en écrire davantage, Richard Laymon a complètement foiré son coup avec ce roman raté.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Horreur, #Roman court (novella), #Roman de gare

Repost0

Publié le 9 Janvier 2020

ACADIE de Dave Hutchinson

Dave Hutchinson, né en 1960, a déjà quatre recueils de nouvelles et plusieurs romans (dont la tétralogie « Fractured Europe ») sous le coude mais ACADIE, nommé au Locus, est son premier texte publié en français. Comme tous les titres de la collection « Une heure lumière » il s’agit d’un roman court (compter environ 80 minutes de lectures).

Depuis cinq siècles la légendaire et apparemment immortelle généticienne Isabel Potter a quitté la Terre et continue ses travaux sur une Colonie située dans un lointain système solaire. Mais les Terriens, rancuniers, continuent de traquer Potter et envoient des sondes explorer l’espace pour la retrouver. Or, une de ses sondes vient de pénétrer dans le système de la Colonie, ce qui nécessite l’intervention de John Wayne Farrady, dit Duke, président essentiellement honorifique.

Voici une novella fort bien ficelé qui embarque le lecteur dans un monde très convaincant, une sorte d’utopie futuriste hippie peuplée, notamment, de personnages de STAR TREK ou du SEIGNEUR DES ANNEAUX et ce par un mélange bien dosé de manipulations génétiques et de technologies. Bref, une ambiance quelque peu cyberpunk pour un planet / space opera qui ne néglige pas d’injecter une bonne dose de sense of wonder dans son univers hard-science.

Hutchinson déroule son intrigue à cent à l’heure et sans temps morts là où beaucoup d’auteurs auraient allongé la sauce sur un épais roman. Le lecteur doit donc s’accrocher pour assimiler tout cet univers fort bien construit et une narration habile avec des flashbacks bien amenés. Bref, c’est un court roman parfaitement réussi qui conduit à un twist vertigineux à la Philip K. Dick, cerise sur le gâteau d’une œuvre magistrale à découvrir toutes affaires cessantes.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 1 Janvier 2020

LE CHANT DU BARDE de Poul Anderson

Ce recueil paru au Belial en 2010 (puis réédité au Livre de Poche deux ans plus tard) rassemble neufs récits non inédits (mais souvent remaniés et retraduits) qui composent un véritable « best of » science-fictionnel de Poul Anderson, notamment inventeur de la célèbre Patrouille du temps. Des récits souvent primés, voire multiprimés et qui sont, pour la plupart, relativement longs pour des nouvelles jusqu’à atteindre ce que les Américains désignent comme des romans courts ou des novellas. Anderson fut d’ailleurs récompensé à sept reprises par un Hugo (six des titres récompensés sont inclus dans ce recueil) et trois fois par le Nebula, sans oublier un Locus. Lauréat de ce triplé parfait « La reine de l’air et des ténèbres » est évidement reprise ici et constitue peut-être le chef d’œuvre de son auteur.

L’anthologie débute avec « Sam Hall » dans lequel un employé modèle du système informatique d’un univers futuriste totalitaire introduit, presque par jeu, un bug dans la machine en créant de toutes pièces un révolutionnaire mystérieux nommé Sam Hall. Un nom puisé dans une vieille chanson populaire  anglaise. A force manipulations, Sam Hall acquiert une sorte de pseudo-existence : tous les crimes sont imputés à ce criminel insaisissable et les membres d’un réseau de résistance clandestin se l’approprient pour signer leurs méfaits. Quoique la technologie ait évolué, la nouvelle qui date de 1953 (et fait écho à la Guerre de Corée et au Maccarthysme) reste étonnamment moderne plus de soixante ans après sa rédaction et son sujet (manipulations gouvernementales, falsification de l’information, oubli numérique, etc.) demeure toujours d’actualité. Un classique de la dystopie.

Le court roman « Jupiter et les centaures », précédemment publié dans la collection « Etoile Double» aux côtés d’une novella de Sheckley  décrit la manière d’explorer Jupiter en utilisant des avatars (la référence à un « classique » récent de la SF cinématographique n’est point innocente tant les intrigues sont similaires).

« Long cours » valu à son auteur un de ses nombreux prix Hugo: un récit d’exploration maritime dans un monde dans lequel on se souvient encore, mais à peine, de la Terre, planète-mère. Le capitaine d’un navire découvre un astronef en partance menaçant, par sa seule existence, le futur de ce monde. Comment réagir ? De la SF intelligente et efficace.

Autre gros morceau, « Pas de trêve avec les rois », obtient lui aussi le Hugo : cette longue nouvelle (90 pages) précédemment publiée en français dans l’anthologie HISTOIRES DE GUERRES FUTURES raconte un affrontement entre deux camps, façon Guerre de Sécession, dont l’un bénéficie d’un appui extraterrestre.

Récit de vengeance très efficace tempéré par la découverte des rites étranges d’une planète étrangère (dont du cannibalisme rituel), l’excellent « le partage de la chair » n’a pas volé son prix Hugo et demeure un des meilleurs récits d’Anderson.

Mi sérieux, mi humoristique, en tout cas toujours sarcastique (pour ne pas dire grinçant), « Destins en chaîne » projette son héros, Bailey, dans une série de réalités alternatives dans lesquelles il se débat jusqu’à la mort. Dans l’un de ces univers parallèle, la simple expression artistique peut vous conduire en prison, dans un autre l’Etat a consacré les inadaptés de tous poils au point qu’ils peuvent revendiquer ce statut et vivre une existence oisive. Mais les simulateurs se multiplient, se prétendant eux aussi malades mentaux afin de bénéficier de l’Etat providence. Les homosexuels ayant déjà réussi à obtenir cette reconnaissance, les Noirs envisagent de s’associer aux Juifs souffrant de discrimination tandis que les prophètes de religion folklorique prêchent à tout va…et pas question d’y trouver à redire car ces religieux risqueraient, sinon, des dégâts psychiques irréparables. Une plongée pas toujours très politiquement correcte (et c’est tant mieux) dans une poignée de sociétés utopiques (ou dystopiques selon les sensibilités) qui se termine dans un monde post-apocalyptique d’apparence paradisiaque après l’anéantissement, par une épidémie, de 95% de l’Humanité. Un excellent texte peut-être encore davantage actuel aujourd’hui qu’à l’époque de sa rédaction.

Autre novella illustre, « La reine de l’air et des ténèbres » a récolté le plus prestigieux des triplets de la SF : Hugo, Nebula et Locus. Nous sommes sur Roland, une planète lointaine colonisée par l’Homme. Un seul détective y exerce, Eric Sherrinford, contacté par une mère afin de retrouver son enfant enlevé par ce qui pourrait être des représentants du Vieux Peuple. Mais Sherrinford refuse d’accorder foi à ces anciennes superstitions celtiques…Une œuvre très efficace, sorte de transposition science-fictionnelle des légendes jadis contées par Arthur Machen.

Plus court, « Le chant du barde » obtint également le Hugo et le Nebula, finissant à la troisième place du Locus. Inspiré par les nouveautés science-fictionnelles lancées par Harlan Ellison, Anderson décrit un monde sous la domination d’un ordinateur omniscient, SUM, lequel enregistre les vies de tous les Humains et leur promet la résurrection un jour prochain. Mais un harpiste se confronte à l’avatar humain de SUM, la Reine Noire et cesse de croire en ses promesses. Une nouvelle dans laquelle Anderson démontre son originalité tout en s’inspirant de nombreux mythes antérieurs et en truffant son texte de citations littéraires. Très réussi.

Le recueil se termine par le court roman « Le jeu de Saturne », sorte de critique assez virulente des jeux de rôles et autres psychodrames auquel je n’ai personnellement pas accroché. Ce n’est pas grave, le reste était très bien.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 5 Décembre 2019

PAX AMERICANA de Roland C. Wagner

Les auteurs de SF avaient quand même parfois le nez creux… En 2005, le trop tôt disparu Roland C. Wagner imaginait déjà très bien les conséquences possibles du Réchauffement et de la disparition des ressources.

XXIème siècle…le pétrole n’est plus qu’un souvenir pour beaucoup. Les USA (rebaptisés Zu’ssa) se sont accaparé les derniers stocks afin d’alimenter leur armée chargée d’imposer la Pax Americana au reste du monde. Violemment privés de leurs réserves, l’Europe a dû se tourner, contrainte et forcée, vers les énergies renouvelables. Bien sûr, la transition a entrainé des changements drastiques : fini la voiture individuelle, bonjour l’ordinateur à pédales. Les USA, de leur côté, ont continué d’épuiser les dernières ressources à la manière d’un ogre insatiable. Aujourd’hui le pays fonce droit dans le mur au point que le Président des USA s’apprête à renouer les relations avec le Vieux Continent. Mais la rumeur d’un attentat à son encontre enfle…

Roland C. Wagner propose ici une anticipation crédible avec d’un côté une Europe retournée à l'avant pétrole et des USA qui épuisent le peu de ressources restantes en guerroyant à tout va. Ils gardent ainsi la maitrise des énergies fossiles au point de s’être illusionné : pensant ces dernières inépuisables voilà le grand pays rattrapé par la réalité.

Mi satire, mi politique fiction, cette anticipation parfois grave et parfois amusante n’oublie pas de raconter une histoire et évite les excès loufoques (mais rapidement lassant) de LA SAISON DE LA SORCIERE du même Wagner. L’écrivain brosse quelques jolis portraits, dont un président européen aussi gentleman qu’insatiable sexuellement. Le tout donne une novella bien ficelé qui n’oublie pas l’humour pour parler de choses sinistres car comme le disait Didier Super « On va tous crever, on va tous crever,
Y'a la fin du monde qui nous guette et nous on fait la fête!”.

Sympathique et finalement optimiste donc recommandé même si le bouquin aurait mérité quelques dizaines de pages supplémentaires pour développer un univers à peine effleuré.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Roman court (novella), #anticipation, #science-fiction, #Humour

Repost0

Publié le 26 Novembre 2019

AU PETIT POIL d'A.A. Fair (Erle Stanley Gardner)

Erle Stanley Gardner, célèbre créateur de l’avocat Perry Mason, a également signé, sous le pseudo de A.A. Fair, une série de romans consacrés aux détectives privés Bertha Cool et Donald Lam. De plaisants petits bouquins de gare (comme on disait avant) entre énigme classique, polar coup de poing et roman « pulp ».

Ici, Lam seul accepte une affaire confiée par Clayton Dawson dont la fille est accusée d’avoir participé à un accident avec délit de fuite. Dawson demande à Lam de retrouver la victime et de lui proposer un arrangement monétaire à l’amiable afin d’éviter d’éventuelles poursuites judiciaires à l’encontre de sa fille. Bertha, de son côté, insiste sur le caractère très risqué de cette opération : quasiment illégale elle pourrait coûter sa licence à Lam. Mais, têtu, ce dernier prend néanmoins l’affaire en main. Bien sûr, rien ne s’avère conforme à ce qu’il parait de prime abord et Lam met à jour un panier de crabes dont il aura bien du mal à se dépêtrer.

Vingt-septième épisode de la série, AU PETIT POIL multiplie les twists quasiment jusqu’à l’absurde au risque de perdre le lecteur (ce qui, peut-être, est le but de l’auteur) : Dawnson n’est pas celui qu’il prétend être, sa fille n’est pas sa fille, la victime de l’accident est une arnaqueuse professionnelle, etc. Bref, ça « bouge »…

L’intrigue, complexe et même confuse, sera néanmoins expliquée de manière globalement satisfaisante durant le dernier chapitre au cours duquel notre détective résout l’affaire. Le tout avance à un rythme haletant, dans la grande tradition du pulp, en ménageant un rebondissement quasiment à chaque chapitre pour ne pas perdre l’intérêt du lecteur. Fair / Gardner remplit son bouquin au maximum et les fausses pistes sont légion mais l’ensemble fonctionne plaisamment et se montre même un peu instructif sur les mécanismes typiquement ricains d’arrangement avec la justice pour éviter les procès.

Le tout possède suffisamment d’action pour satisfaire les adeptes de la méthode « hard boiled » et une intrigue suffisamment tarabiscotée pour contenter les amateurs d’énigme. Si ce n’est pas « le meilleur des deux mondes », AU PETIT POIL reste un divertissement tout à fait correct pour une bonne soirée placée sous le signe du polar d’antan.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Policier, #Roman court (novella), #Roman de gare

Repost0

Publié le 7 Novembre 2019

LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L'INCONNUE de Howard Philip Lovecraft

Cette novella (également connue, lors de sa première publication française, sous le titre de « A la recherche de Kadath ») constitue le point culminant du « cycle des rêves », un ensemble de textes écrits par Lovecraft entre sa première période (celle des « histoires macabres » proches de Poe) et la fin de sa vie, époque à laquelle il s’intéresse au Mythe de Cthulhu. Ici, ce texte énumère les périples conduisant Randolph Carter jusqu’au légendaire Plateau de Leng, à la recherche de la merveilleuse cité de Kadath. On retrouve ce protagoniste dans trois autres nouvelles : « Le témoignage de Randolph Carter », « La clé d’argent » et, finalement, « A travers les portes de la clé d’argent » écrit en collaboration avec E. Hoffman Price en 1933. Ces quatre nouvelles furent rassemblées dans l’indispensable recueil, sans équivalent en langue anglaise, « Démons et merveilles » publié en France en 1955. Ces récits, maintes fois réédités et retraduits par la suite, demeurent la porte d’entrée idéale pour découvrir le versant onirique de Lovecraft ; une sorte de réécriture de « l’Odyssée » d’Homère à laquelle se mêlent les contes orientaux des « Milles et une nuit ».

Publiée de manière posthume par Arkham House en 1943 et longtemps négligée, LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L’INCONNUE constitue aujourd’hui un des récits les plus célébrés de l’auteur, réussissant à combiner une fantasy onirique et merveilleuse à un fantastique plus sombre et horrifique. Double littéraire de Lovecraft, Randolph Carter s’y enfonce dans les royaumes du rêve pour découvrir la légendaire Kadath. Mais Nyarlathotep, le Chaos rampant, multiplie les obstacles pour l’arrêter. Carter va ainsi croiser différentes peuplades, des êtres étranges comme des vampires ou les fameuses Maigres Bêtes de la nuit. La route est longue jusqu’à la ville merveilleuse, tout comme elle sera longue pour les Hobbits s’en allant au Mont du Destin, pour le Guerrier Eternel recherchant Tanelorn ou pour Roland désireux de trouver sa Tour Sombre. Bref, Lovecraft inaugure pratiquement la « dark fantasy à quête » dans ce court roman qui, au départ, peut sembler austère. Pas de dialogues, beaucoup de descriptions, voilà le programme de ce récit dans lequel le ressenti parait plus important que la narration proprement dite, parfois décousue. En effet, Lovecraft aura rarement été aussi hyperbolique dans l’utilisation des termes évocateurs. Dès les premières pages, l’écrivain nous convie « dans cet ultime abîme du plus grand désordre où les chimères et les blasphèmes sont le centre de toute infinité », là où « Azathoth se goinfre au milieu des battements sourds et insensés d’abominables tambours et des faibles lamentations monotones d’exécrables flutes ». L’écrivain multiplie les adjectifs : tout est « horrible », « monstrueux », « obscène », « blasphémateur », etc. Son style emphatique trouve ici son apogée, à la plus grande joie des laudateurs de l’écrivain et à la consternation de ses critiques. Quoiqu’il en soit, Lovecraft reprend des éléments de divers récits antérieurs : la ville d’Ulthar où les félidés sont sacrés, l’Anglais Kuranès régnant avec nostalgie sur la cité merveilleuse de Celephaïs, les divinités Nyarlatothep et Azathot, les Grands Anciens, les Manuscrits Pnakotiques et le Necronomicon, etc. Une véritable synthèse de ses thématiques revisitées durant une aventure épique, véritable Odyssée inspirée des grands auteurs mythologiques. Une réussite exceptionnelle, plus proche de la poésie en prose que d’un véritable roman. Parfois ardu mais doté d’une force d’évocation exceptionnelle LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L’INCONNUE multiplie les images fulgurantes.

Le lecteur intéressé poursuivra son exploration des contrées du rêve avec quelques nouvelles très réussies comme « Les chats d’Ulthar », « Le témoignage de Randolph Carter » ou « La clé d’argent » qui nous conte les entreprises d’un Carter vieilli pour redécouvrir le chemin des univers oniriques. Les passionnés se procureront également le magnifique « Kadath, guide de la cité inconnue » dans lequel quatre nouvelles voisinent avec de nombreuses illustrations pour proposer une véritable cartographie de l’imaginaire lovecraftien. 

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 10 Octobre 2019

LES AIGLES DE VISHAN LOUR de Pierre Bottero

Ce court roman (davantage une longue nouvelle en réalité) a été publié une première fois en 2005 dans un numéro « spécial Heroic Fantasy » du magazine « Je bouquine ». Après la mort de l’auteur et afin que l’ensemble de son œuvre « fantasy » soit facilement accessible, le texte a été réimprimé chez Rageot. C’est intéressant pour les fans de Bottero, les inconditionnels diraient-on, car la majorité du public risque de trouver ce petit bouquin un peu cher : 12 euros pour environ 80 pages. Ces considérations pécuniaires mises à part, l’ouvrage s’avère plaisant mais quelque peu décevant.

On y découvre deux jeunes héros attachants (Plume et Esteblan, l’une est une voleuse / aventurière, l’autre un apprenti chevalier au cœur pur), un univers prometteur mais encore peu développé (nous ne sommes qu’aux prémices d’une aventure plus grandiose), un récit rapide et efficace…et puis voilà, le lecteur parvient déjà au terme de ce récit qui annonçait probablement une suite. Or, forcément, celle-ci ne verra jamais le jour, nous laissant légitiment frustrés.

Cependant, l’ensemble demeure plaisant. Nous sommes dans de la fantasy « young adults » classique avec de belles valeurs, des rebondissements, des créatures fabuleuses et la promesse d’aventures ultérieures d’une toute autre ampleur que nous ne pouvons qu’imaginer. Le style est alerte, précis, rythmé, très abordable et cette petite histoire remplit son contrat de divertissement. Le tout se lit en une petite heure et pourrait servir d’introduction à la Fantasy pour les plus jeunes à qui on peut la lire dès le plus jeune âge, ou presque (à partir de six – sept ans sans doute).

Bref, LES AIGLES DE VISHAN LOUR constitue moins une œuvre réellement aboutie qu’une passerelle pour explorer le monde plus vaste de la littérature de l’imaginaire. C’était sans doute le but de l’auteur en 2015 et c’est toujours le but quinze ans plus tard : initier les plus jeunes à la Fantasy de qualité.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Jeunesse, #Roman court (novella)

Repost0

Publié le 4 Septembre 2019

L’ŒUF DE DRAGON (90 ANS AVANT LE TRONE DE FER) de GEORGE R.R. MARTIN

 

Situé dans l’univers du TRONE DE FER mais 90 ans avant les événements contés dans les romans principaux (et la série) ce court roman suit les pas d’un Chevalier Errant, Dunk, escorté d’Aegon, dit l’œuf, jeune homme de sang royal. Dunk survit en effectuant divers tournois et le voici invité chez Jehan le Ménétrier afin de jouter pour célébrer les noces de Lord Beurpuits. Le gagnant du tournoi recevra un inestimable œuf de Dragon. Mais, durant les festivités, divers complots sont ourdis. Dunk et son écuyer vont s’y trouver mêlés.

Nous abordons ici le monde de Westeros (avec les Targaryen, les Stark, les Fer-Nés, le Nord, etc.) par la petite histoire, celle d’un vieux chevalier errant piégé malgré lui au coeur de diverses intrigues de cour. L’histoire est donc nettement moins spectaculaire mais n’en reste pas moins intéressante et on y retrouve les jeux d’alliances et autres manigances qui assureront le succès du TRONE DE FER. Comme dans cette saga, l’univers ici détaillé se veut réaliste, nous sommes clairement dans un Moyen-âge alternatif dans lequel la magie et les côtés fantastiques de l’Heroic Fantasy n’ont droit qu’à la portion congrue. Les joutes médiévales sont donc reconstituées avec précision et Martin s’attarde sur l’ambiance très « jeu du cirque » de ces combats codifiés.

Bref, une très agréable novella dans l’univers du TRONE DE FER qui pourrait même plaire à ceux qui, comme moi (ouch) n’accroche guère à l’œuvre maitresse dans son versant littéraire.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Historique, #Roman court (novella)

Repost0

Publié le 29 Août 2019

L'EMPIRE ELECTRIQUE de Victor Fleury

Cet épais (et très beau) volume rassemble six longues nouvelles (voire des novellas) toutes situées dans un monde uchronique d’inspiration steampunk (l’auteur lui préfère le terme « voltapunk » puisque l’électricité remplace la vapeur). La France domine le monde sous la direction de Napoleon qui a établi sa capitale à Lyon et impose sa loi grâce aux merveilles de l’électricité domptées par le génial inventeur Victor Frankenstein.

Nouveau venu, Victor Fleury livre ici une authentique fanfiction en maniant avec dextérité l’art délicat du crossover littéraire. On pense à quelques prédécesseurs talentueux comme Xavier Mauméjean (et son LORD KRAVEN), Alan Moore (et ses GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES), Philip José Farmer (et ses TARZAN) ou encore, peut-être le titre le plus proche dans l’esprit, ANNO DRACULA de Kim Newman. Car l’écrivain emprunte à une vingtaine d’auteurs leurs personnages les plus emblématiques et les faits se croiser au gré de son imagination débordante. Ainsi dans « Le Gambit du détective », le fameux Sherlock Holmes, emprisonné pour activité anti-impériales est tiré du bagne pour aider la police à coffrer un redoutable et insaisissable criminel. Il croisera même la route d’un étrange voyageur équipé d’une curieuse machine imaginée par H.G. Wells.

La seconde histoire se révèle un peu moins originale mais tout aussi plaisante en revisitant le mythe de Frankenstein via la vie mouvementée de son petit-fils, Marc, médecin au service de l’Empereur qui croisera la route de la célèbre créature. Et qui rencontrera même, au final, un enthousiaste épigone créé par HP Lovecraft mais n’en disons pas davantage.

Dans le troisième récit nous partons dans le bayou avec le héros masqué Zorro, bien vieillissant mais encore capable d’exploits grâce à une armure de combat conçue par Loveless (des « Mystères de l’Ouest »). Il va aborder, en pleine révolte d’esclave, un homme destiné à finir sa vie la main tranchée et le visage dévoré par des abeilles. Les fans de Clive Barker comprendront.

Pour la quatrième histoire direction l’Australie aux côtés de Gavroche, décidé à s’évader, en compagnie de Cosette, d’un bagne dirigé par une sorte d’ordinateur voltaïque animé de sinistres intentions. Un récit très prenant avec son côté roman feuilleton assumé et sa manière de revisiter les lieux communs du steampunk de manière originale en s’appuyant sur la tradition littéraire française.

Dans « Les Eventreurs » nous irons traquer Jack The Ripper en compagnie de John Watson associé au gentleman cambrioleur Arsène Lupin décidé à empêcher les sinistres expériences médicales du Dr Moreau.

Enfin, la dernière intrigue, plus courte (50 pages), nous emmène « à la poursuite du Nautilus » et d’un capitaine Nemo qui ira au bout de l’océan se confronter à une gigantesque baleine blanche.

Cet épais recueil réinvente habilement le steampunk en changeant la géographie du récit (Lyon plutôt que Londres en « capitale mondiale ») et les divergentes uchroniques, optant pour l’électricité plutôt que la vapeur. Style alerte, rythme soutenu, lecture agréable (on peut lire cet EMPIRE ELECTRIQUE d’une traite ou nouvelle par nouvelle), vocabulaire un brin précieux,…Tout cela est très plaisant bien que l’on puisse y trouver l’un ou l’autre défauts (un côté un peu prévisible dans les récits et leurs conclusions, une orgie de références certes ludiques mais qui donnent parfois une impression de trop plein). Il s’agit néanmoins d’une œuvre fort réussie qui réinvente avec brio la littérature populaire et qui offre un véritable plaisir de lecture dans la lignée des classiques LES VOIES D’ANUBIS ou ANNO DRACULA. Et on poursuivra l’exploration de cet univers « voltaïque » avec la suite, L’HOMME ELECTRIQUE.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 15 Juillet 2019

AUX CONFINS DE L'ETRANGE de Connie Willis

Sorti dans sa version originale en 1993, ce recueil de Connie Willis (couronné par le Locus) succède aux VEILLEURS DU FEU et rassemble, après une préface de Gardner Gozoi, onze titres assortis, à chaque fois, d’une courte présentation. Nous débutons avec le célèbre « le dernier des Winnebago » lauréat du Nebula, du Hugo et du Prix Asimov dans la catégorie des « romans courts ». Il s’agit d’un texte mélancolique sur la fin d’un monde (le nôtre) plus que sur la fin du monde puisque celle-ci se déroule chaque jour et voit disparaitre diverses espèces. L’auteur effectue ainsi un parallèle entre la fin des caravanes Winnebago, symbole d’une Amérique disons post-soixante-huitarde et l’extinction de certains animaux comme les chiens.

On continue avec une nouvelle récompensée par le Nebula, le Hugo, le Locus et le Asimov (!) : « Même sa majesté », texte humoristique anti féministe écrit par une femme, une belle réussite souvent très drôle.

« Ado » est un autre excellent texte court humoristique, une des histoires les plus mémorables imaginées par Connie Willis au sujet de la censure des œuvres littéraires par diverses associations bien pensantes style Social Justice Warriors et autres abrutis. Immanquable et terriblement actuel.  

Le court roman « Pogrom spatial », récompensée par le prix Asimov, ne m’a pas spécialement convaincu mais n’est pas mauvais pour autant juste (à mon sens) un peu longuet. « Temps mort » et ces abracadabrantes théories sur le voyage temporel assorties de romance (on pense parfois à la très chouette rom-com science-fictionnel « About time ») fonctionne de plus belle manière mais peut apparaitre un peu confuse au lecteur. Le début semble également un peu long à se mettre en place (voire laborieux) et il faut attendre les dernières pages pour que la construction narrative de Willis se déploie réellement.

« A la fin du crétacé » constitue une autre nouvelle humoristique, ou plutôt satirique, qui vise les Universités américaines. Malgré quelques notes amusantes elle risque de laisser sur le carreau les lecteurs moins familiers avec cet univers et apparait comme anecdotique. « Conte d’hiver » et « Hasard », plaisants, pâtissent de la comparaison avec l’excellent « Rick ». Situé dans le cadre de Londres durant le blitz, un univers bien connu de l’écrivaine puisqu’elle le revisitera dans son fameux diptyque BLACK OUT / ALL CLEAR (BLITZ), cette longue nouvelle (80 pages) revisite avec brio un thème classique du fantastique. Prenant son temps pour aborder le « genre », le récit montre que, durant la dernière guerre  mondiale, certains trouvèrent leur vocation, de la jeune fille soudainement entourée de soupirants au sauveteur cachant une créature bien connue du « bestiaire ».

Enfin, « Au Rialto », gagnant du Nebula, termine ce recueil sur une nouvelle note humoristique en effectuant un parallèle entre deux mondes incompréhensibles : la physique quantique et Hollywood. Les théories des physiciens paraissent aussi délirantes que les tentatives d’apprentis réceptionnistes / comédiens de percer dans la cité des Anges. Cette nouvelle, dans lequel le lecteur se sent logiquement perdu, permet de passer un bon moment et termine sur une note positive un recueil forcément inégal mais dans l’ensemble très plaisant. A noter que les trois textes primés se retrouveront logiquement dans l’anthologie « best of » LES VEILLEURS.

Voir les commentaires

Repost0