recueil de nouvelles

Publié le 28 Avril 2020

QUAND LES TENEBRES VIENDRONT d'Isaac Asimov

La longue nouvelle qui donne son titre à ce recueil, écrite en 1941, reste une des plus connues et célébrées de la science-fiction, souvent considérée comme la meilleure d’Asimov et même une des 2 ou 3 meilleures nouvelles de SF de tous les temps. Inutile donc de s’appesantir sur cette exceptionnelle réussite d’une très grande originalité thématique et qui se déploie jusqu’à sa chute vertigineuse. Ceux qui l’on déjà lu dans une des nombreuses publications l’ayant republiée la relirons avec plaisir, ceux qui ne la connaissent pas vont découvrir un joyau de la science-fiction.

« Les taches vertes », au sujet d’une race extra-terrestre parasitaire, s’avère plus classique mais reste une belle réussite, agréable et rythmée jusqu’à sa conclusion.

« Hôtesse » se montre également très originale avec cette rencontre entre deux terriens et un émissaire extraterrestre venu se renseigner sur les particularités de l’Humanité tandis que toutes les autres espèces intelligentes connues développent une « mort par inhibition » qui, lorsqu’elle se déclenche, les tue en une année. Mais la résistance des Humains au phénomène a une explication qui pourrait conduire à un conflit galactique.

Soucieux de traiter de l’énergie atomique dont on venait de mesurer le potentiel destructeur, « Y a-t-il un homme en incubation… » s’intéresse à la problématique de l’attaque et la défense, les deux devant fatalement s’équilibrer pour maintenir un équilibre guerrier acceptable…avec la découverte de la bombe atomique il importe donc de finaliser un champ de force atomique capable de s’en protéger.

Une courte nouvelle (« Taches vertes ») et trois novellas d’environ soixante pages forment donc un excellent recueil de 220 pages de haute qualité. Quatre textes qui datent des années 40 au début des années 5O et qui, globalement, non pas pris une ride. Bonne pioche pour les fans du Docteur Isaac !

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Publié le 23 Avril 2020

SERPENTINE de Mélanie Fazi

En dix nouvelles, Mélanie Fazi nous convie, pour ce premier recueil, à un tour d’horizon d’un fantastique quasiment quotidien et réaliste, loin du tape-à-l’œil de nombreux récits courts.

Nous explorons ainsi des lieux à l’apparence banale, comme ce salon de tatouage où l’on utilise des encres aux propriétés spéciales (« Serpentine ») ou cette aire d’autoroute (« Nous reprendre à la route ») où se croisent quelques fantômes égarés. « Elégie » parle d’une mère, d’enfants disparus et d’un arbre bizarre, le thème rappelle un peu le sous-estimé « La Nurse » de William Friedkin mais le traitement, pour sa part, s’avère complètement différent et bien plus intimiste. Une caractéristique qui s’applique d’ailleurs à chacune de ces histoires, pour la plupart racontées à la première personne et de manière pudique, sans effets de peur facile et sans « jump scare », mais, au contraire, de façon apaisée en donnant la priorité au climat et à l’atmosphère. Nous faisons également connaissance avec cette étrange chanteuse, « Mathilda » qui revient donner un concert de reformation exceptionnelle de son groupe des années après sa dissolution. Et nous pénétrons, en compagnie d’Achille, dans le restaurant grec tenu, à notre époque, par Circée. Par la suite nous suivons le jeune Anton, dévoré par sa culpabilité depuis l’assassinat de Rebecca. Ou nous explorons le petit théâtre de la vie quotidienne du métro avec ses personnages étranges, ses jeunes filles à la dérive, ses clochards et ses fantômes. Rare nouvelle non racontée à la première personne, « Le faiseur de pluie » traite des dernières vacances de deux enfants dans une maison italienne promise à la vente prochaine…des vacances constamment pluvieuses pour une rencontre avec un esprit triste.

Dix nouvelles efficaces, douces-amères, tristes, prenantes,…autant de plongées dans le fantastique, l’étrange et la magie,…Dix réussites (pour la plupart inédites, certaines ayant été publiées dans des anthologies antérieures) pour un premier recueil de très grande qualité, à découvrir pour les amateurs de récits courts fort joliment ciselés.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Recueil de nouvelles

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Publié le 21 Avril 2020

DEMAIN LES CHIENS de Clifford D. Simak

Grand classique de la SF, ce recueil « unifié » de nouvelles (ou de « contes ») brosse un tableau de l’avenir de l’Humanité jusqu’au départ de la quasi-totalité des Humains vers Jupiter où, transformés pour s’adapter aux conditions de vie apparemment impossibles, ils accèdent à une vie paradisiaque. Qui va donc hériter de la Terre si ce n’est les Chiens après une série de mutations ?

Bien avant LA PLANETE DES SINGES, Simak envisageait lui aussi que l’Homme finirait par être supplanté comme espèce dominante. Mais, ici, le legs de la Terre aux canidés se fait doucement et au terme de plusieurs milliers d’années. L’auteur en profite pour livrer des réflexions philosophiques (au sens large) pas spécialement optimiste : « pour l’Homme la seule voie menait à l’arc et à la flèche ». Ou, autrement dit, au meurtre, à la guerre et à la bombe atomique. Mélancoliques, les contes proposés (on privilégiera l’édition Omnibus qui offre la version la plus complète en ajoutant un ultime neuvième conte, « Epilogue »), constituent une de ses fameuses « possibles Histoires du futur » prisée des auteurs de SF. Nous suivons également la trajectoire d’une famille, les Webster, qui jouera un rôle majeur dans l’évolution humaine au point que les Chiens finiront par nommer les Hommes des webster (sans majuscule). Simak lie d’ailleurs ces récits relativement indépendants par des commentaires retraçant les querelles d’experts canins qui se demandent si l’Homme a bel et bien existé ou si tout ça ne forme qu’un vaste mythe. Et que dire alors des Fourmis ?

Ecrit à partir de 1944 (pour la première nouvelle, « La cité »), ce recueil / roman reste très moderne et actuel dans ces thèmes. Si certaines avancées technologiques sont forcément battues en brèches, les questionnements de Simak ont, eux, gardés toute leur pertinence : l’Homme va-t-il laisser place à une autre espèce, la Terre berceau sera-t-elle abandonnée pour conquérir l’espace, une société sans guerre ni meurtre est-elle envisageable, que se passerait-il si on réduisant le nombre d’Hommes aux habitants d’un gros village ou si au contraire la surpopulation devenait ingérable…

Dans ce monde menés par les Chiens (qui guident les autres espèces comme les ours ou les loups sur le « bon » chemin) et « surveillé » par des robots (dont beaucoup sont retournés à la vie sauvage faute de maître à servir), l’Homme n’est plus qu’une légende dont les haut-faits sont devenus de simples contes racontés au coin du feu.

Un incontournable ! On peut d’ailleurs se demander combien de romans de SF actuels accuseront aussi bien les années après trois quart de siècle !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Recueil de nouvelles, #science-fiction

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Publié le 18 Mars 2020

HISTOIRES MYSTERIEUSES d'Isaac Asimov

Réédité en un seul épais volume, les deux tomes des HISTOIRES MYSTERIEUSES d’Asimov rassemblent les textes du Docteur mêlant science-fiction et policier. Les plus intéressantes donnent la vedette à Wendell Urth, spécialiste des extraterrestres n’ayant jamais, par peur des moyens de transport, quitté son petit chez lui. Asimov pousse ici à son paroxysme le principe du « armchair detective » des romans whodunit de l’âge d’or puisque notre héros résout toutes les énigmes insolubles sans bouger de sa maison.

D’autres nouvelles fonctionnent sur l’humour et se moquent gentiment des milieux scientifiques (« La cane aux œufs d’or ») ou se basent sur des calembours (« Cache-cash »). « Le patronyme accusateur », histoire purement policière mais basée sur la science, annonce les solutions à la fois astucieuse, évidente (une fois la chute dévoilée) et amusante du Club des Veufs Noirs tandis que « A port Mars sans Hilda » se veut un pastiche gentiment coquin (ça reste ultra soft, Asimov oblige) de James Bond mais ne réussit pas à convaincre. Comme dans les classiques du policier, Asimov joue « fair play » et offre aux lecteurs la possibilité de résoudre les énigmes proposées…bien peu y arriveront évidemment !

On retrouve également une historie de pure sf, « Au large de Vesta », qui ne comporte pas d’élément policier (mais reste construite comme un puzzle à résoudre). Explication à cette inclusion ? Asimov reviendra en guise d’hommage à ce texte de jeunesse 20 ans plus tard avec « Anniversaire » dans lequel un trio d’astronautes (les survivants miraculés de la nouvelle précédente) se lance sur la piste d’un mystérieux objet de grande valeur disparu dans la destruction de leur vaisseau. Technologiquement bien daté (même si Asimov avait imaginé un Internet très primitif avec son omniscient ordinateur Multivac) mais plaisant. Deux nouvelles (Le très réussi « Mortelle est la nuit », le plaisant « La poussière qui tue ») traitent de sujets similaires : un individu pense commettre un crime parfait mais un détail révélateur accuse le criminel. Dans les deux cas ce sont les habitudes, liées aux voyages spatiaux, qui incriminent le coupable. Dans « Le carnet noir » un homme invente le voyage temporel et en profite pour « simuler » sa mort à des fins publicitaires en profitant de la création d’un « double » temporel. Amusant en dépit d’un côté très prévisible un peu gênant.

« La clé » donne à nouveau l’occasion à Wendell Urth de résoudre une énigme d’apparence insoluble (la localisation d’un artefact extraterrestre) tandis que la « Boule de billard » utilise les théories de la physique pour permettre à un chercheur revanchard de commettre le crime parfait.

Dans l’ensemble, ce recueil s’avère une très plaisante lecture avec des textes certes parfois un peu datés (dans leur construction), obsolètes par les progrès scientifiques (Asimov s’en excuse avec humour), peu convaincants (encore une fois, « A port Mars sans Hilda » s’impose comme le texte le moins réussi) ou quelque peu prévisibles mais, dans l’ensemble, voici une anthologie divertissante et astucieuse combinant policier d’énigme et science-fiction.

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Publié le 6 Mars 2020

OEUVRES TOME 3 de Howard Phillips Lovecraft et August Derleth

Si cette dernière anthologie rassemble les textes de Lovecraft concernant les « Contrées du Rêve » (avec quelques classiques comme « la quête de Kadath »), le gros morceau de ce recueil se consacre aux « collaborations » entre HPL – August Derleth. Soit plus de 600 pages en (très) petits caractères qui permettent une vue globale de l’évolution du mythe de Cthulhu à la suite du décès de HPL.

Outre des récits tirés des précédents recueils disponibles en français (L’OMBRE VENUE DE L’ESPACE, le roman LE RODEUR DEVANT LE SEUIL, LE MASQUE DE CTHULHU, LA TRACE DE CTHULHU), l’anthologie offre des textes moins facilement accessibles rassemblés sous l’intitulé LES VEILLEURS HORS DU TEMPS, une traduction de l’ultime recueil de Derlteth, « The Watchers out of time » jusqu’ici inédit en français. Si le célèbre « La chambre condamnée » était proposé dans le recueil L’AMULETTE TIBETAINE (et précédemment dans « Histoires insolites ») « Le pêcheur du Falcon Point », « Le trou des sorcières », « L’ombre dans la mansarde », « Les frères de la nuit », « L’horreur de l’Arche centrale », « L’argile bleue d’Innsmouth » et « Les veilleurs hors du temps » seront autant de découvertes pour l’amateur.

« La chambre condamnée » est typique de Derleth, une séquelle lointaine de « L’abomination de Dunwich » de Lovecraft. Guère original mais plutôt efficace. Nous sommes à Dunwich et nous retrouvons un certain Abner Whateley ayant hérité (bâillement) des papiers de son grand-père Luther et d’un vieux moulin transformé en lieu de résidence. Rien de franchement transcendant pour les lecteurs de Lovecraft qui devinent la suite des événements mais la nouvelle, très linéaire, se lit sans déplaisir. Elle fut assez médiocrement portée à l’écran sous le titre « La malédiction des Whateley ».

« Le pêcheur du Falcon Point », beaucoup plus courte, traite, une fois de plus, des amours contre nature entre les humains et ceux des profondeurs. Derleth réussit une sorte de plaisant « conte de fées » macabre plutôt agréable à lire.

Le problème de Derleth, dans ses pastiches lovecraftien, a souvent été de tourner autour des mêmes thématiques, reprenant des éléments tirés du fameux « Livre de raison » de Lovecraft (pour justifier le principe de la « collaboration » post mortem) en les incluant dans des « remakes » déguisés des histoires les plus connues du Maitre. « Le trou des sorcières » n’échappe pas à ce travers mais demeure une des plus belles réussites de l’écrivain. Un jeune professeur débarque dans une école rurale d’Arkham et se confronte à un jeune garçon manifestement « différent », Andrew Potter. Peu à peu le narrateur arrive à la conclusion que la famille d’Andrew est sous l’influence d’une force maléfique provenant des étoiles (Hastur probablement) et, avec l’aide d’un collègue et des fameuses pierres portant le sceau de R’lyeh, il tente de combattre cette influence nuisible. Si, de prime abord, « Le trou des sorcières » ne se distingue aucunement des nombreuses autres « collaborations » entre Derleth et Lovecraft en ressassant des thématiques déjà abordées par HPL (l’histoire mélange des éléments du « Monstre sur le seuil » et de « La couleur tombée du ciel »), le tout fonctionne parfaitement. On y retrouve un Derleth à son meilleur, plus terre à terre que son mentor, plus bis sans doute, plus classique aussi (avec l’opposition du Bien et du Mal et les talismans permettant de s’en protéger) mais rudement efficace.

De son côté, « L’ombre dans la mansarde » débute de manière conventionnelle : le narrateur, Adam Duncan, hérite de son grand-oncle (bâillements à nouveau) à la réputation sinistre (sorcellerie, grimoires maudits, disque de Gims,…on connait la chanson) une maison à Arkham, la ville aux « toits en croupe ». Bref, rien de franchement original : Derleth reprend sa bonne vieille technique du « mash up littéraire » en combinant des éléments venants de « La maison de la sorcière », « L’affaire Charles Dexter Ward », « Le monstre sur le seuil », etc. Le tout se lit sans déplaisir ni passion. A noter cependant un discret soupçon d’érotisme habituellement absent des récits de Derleth.

Peut-être la plus originale des nouvelles, « Les frères de la nuit » voit le narrateur, Arthur Phillips, rencontrer, à Providence, Edgar Allan Poe…puis plusieurs Poe…Forcément cela cache quelque chose. Voici un récit divertissant qui, pour une fois, ne semble pas décalqué une nouvelle antérieure de Lovecraft. Certes, tout n’est pas toujours réussi (le plan général des extraterrestres parait aussi folklorique que le fameux « Plan 9 » de Ed Wood) mais la bizarrerie de voir une série de clones d’Edgar Poe hanter Providence en invoquant les Grands Anciens démontre un talent certain pour l’humour absurde et le twist final constitue une belle réussite. De plus, les clins d’œil à HPL sont ici bien intégrés sans paraitre plaqués sur l’intrigue ou envahissants. « Les frères de la nuit » mérite vraiment l’attention, quel dommage que Derleth n’ait pas signé davantage de textes de ce style.

Avec « L’horreur de l’Arche centrale » nous retrouvons le Derleth le plus classique, le plus critiqué (et le plus critiquable) qui, en partant d’une courte notice de Lovecraft dans son « Livre de raison » ressort la grosse artillerie. Ambrose Bishop a hérité d’une maison située à Dunwich qui appartenait jadis à son grand- oncle Spetimus (et re bâillements) disparu depuis 1929 suite aux événements mystérieux mais bien connus contés par HPL. Et on repart pour l’hostilité des villageois, les « choses maléfiques » revenant à la vie, etc. Une recette déjà éprouvée dans « La chambre condamnée » et « L’ombre de la mansarde » dont cette nouvelle constitue une simple resucée. Autant dire qu’on est content d’arriver au bout.

« L’argile bleue d’Innsmouth » s’inspire apparemment d’une note du « livre de raison » de Lovecraft mais son thème n’est guère original et remonte à la mythologie et aux croyances ancestrales (façon Golem) avec ce jeune artiste qui, après divers rêves érotiques au sujet d’une déesse aquatique, soupçonne une statue façonnée dans une argile venue d’Innsmouth de prendre vie. Rien d’original mais un petit récit plaisant et gentiment sexy qui se lit sans ennui. C’est déjà pas mal.

« Les veilleurs hors du temps », publié initialement par Arkham House en 1974, demeure la dernière nouvelle de Derleth. La mort empêcha d’ailleurs le romancier de la terminer et nous sommes par conséquent en présence d’un texte incomplet…et donc à réserver aux complétistes (hum !).

Près de 400 (!) pages supplémentaires terminent cette somme avec des articles divers qui font de ce troisième volume un nouvel incontournable pour les fans de l’écrivain et, plus généralement, de fantastique « old school ».

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Publié le 25 Février 2020

OEUVRES VOLUME 2 de Howard Phillips Lovecraft

Deuxième volet d’une somme considérable (ne parlons pas d’intégrale mais on s’en rapproche) consacrée à Lovecraft, ce deuxième tome contient lui aussi son lot de classiques : « de l’au-delà », « je suis d’ailleurs », « Herbert West, réanimateur », « La peur qui rôde », « Air froid », etc. Des textes que l’on trouvait déjà dans de précédents recueils consacrés à l’auteur mais que l’on apprécie de voir rassemblé ici aux côtés des fameuses « révisions » effectuées par HPL.

Cependant le lecteur sera ravi de retrouver quelques textes aujourd’hui difficiles à dénicher. Ainsi, « L’horreur venue des collines », un court roman de Frank Belknap Long, a jadis été publié dans la revue Weird Tales et, en France, dans « Crépuscule » de Richard D. Nolane. Frank Belknap Long (1901 – 1994) a écrit de nombreuses nouvelles, rassemblées dans deux recueils, LE GNOME ROUGE et LE DRUIDE NOIR chez Marabout. On lui doit aussi un des plus fameux pastiches de Lovecraft, « les chiens de Tindalos ». Il livre ici un récit maitrisé quoiqu’un peu bavard, effectuant un surprenant flashback au temps de la Rome antique pour assister aux célébrations impies des adorateurs des Anciens Dieux. L’écrivain introduit d’ailleurs un nouveau membre de ce panthéon noir avec Chaugnar Faugn. Avec la permission de Lovecraft il incorpore d’ailleurs un rêve de ce-dernier, relaté dans une lettre, dans sa narration. Voilà, sans hésiter, une bonne raison de se procurer ce recueil pour les admirateurs de HPL et de ses disciples.

Une grande partie du recueil est ensuite consacré aux révisions de HPL, des textes que Lovecraft va remodeler, réviser, améliorer, voire réécrire. « Dépanneur du fantastique », Lovecraft se fait donc nègre littéraire pour de nombreux auteurs qui seraient, aujourd’hui, complètement oublié sans le coup de pouce du maitre. La plupart de ces récits furent compilés dans deux anthologies très plaisantes : L’HORREUR DANS LE CIMETIERRE et L’HORREUR DANS LE MUSEE et d’autres étaient proposées dans DAGON ou encore NIGHT OCEAN. Cependant les archéologues de Laffont y ajoutent des textes jusqu’ici inédits en français

Trois textes d’Henry S. Whitehead sont inclus. Le premier, « Piège », était disponible dans un précédent recueil, le très « fond de tiroirs » NIGHT OCEAN. Il s’agit d’un court récit science-fictionnel, aujourd’hui très classique (mais probablement original à l’époque de sa rédaction) sur un étrange miroir maudit (de Loki) et sur la possibilité de s’y retrouver coincé. Le second, « Cassius », figurait au sommaire d’un recueil consacré à Whitehead, LA MORT EST UNE ARAIGNEE PATIENTE. Une belle variation sur le thème du jumeau maléfique, assez proche dans son déroulement d’un film comme « Basket Case », dans lequel un esclave se voit persécuté par un étrange homoncule. Très efficace. Whitehead a composé sa nouvelle sur la base d’un plan fourni par Lovecraft, lequel avait une vision complètement différente de l’intrigue au point qu’il envisageait d’ailleurs d’écrire sa propre version alternative, ce qu’il n’a pas fait. Le dernier, « Bothon », était inédit mais n’est guère convaincant puisqu’il reprend le schéma classique de la vie antérieure dont se remémore le protagoniste ayant jadis vécu sur le mythique continent de Mu. Pas désagréable mais pas transcendant.

Trois nouvelles de Clifford M Jr Eddy avaient déjà été proposées au lecteur francophone, le recueil en ajoute une supplémentaire, « Cendres », une petite histoire pas désagréable qui fonctionne sur le cliché de la machine à désintégrer cher à la science-fiction d’antan. Déroulement et chute prévisible mais plaisant.

Deux textes de Duane W. Rimel complètent l’anthologie au rayon des inédits : « le déterré » et « L’arbre sur la colline ». Le premier constitue une excellente variation sur le thème du zombie (au sens Vaudou du terme, donc créé à partir d’une poudre simulant la mort) et fonctionne de belle manière jusqu’à sa chute effective. Le second traite d’une sorte d’univers parallèle pouvant être visualisé par le héros mais reste anecdotique.

Le court récit de Richard F. Searight (« le coffre scellé ») n’était jusqu’ici disponible que dans une anthologie consacrée à Weird Tales, on apprécie donc son inclusion, tout comme celle du plaisant « Les serviteurs de Satan » disponible dans le recueil hommage de Robert Bloch EMBARQUEMENT POUR ARKHAM.

Enfin, le recueil ajoute l’article de HPL « Horreur et surnaturel en littérature », de très nombreuses poésies et une quinzaine d’articles divers pour un total de 1350 pages.

Nouvelles connues mais rassemblées de manières pratiques, raretés difficiles à se procurer, y compris chez les bouquinistes, et inédits…que demandez de plus ? Une anthologie indispensable.

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Publié le 20 Février 2020

OEUVRES de Howard Phillips Lovecraft

La bibliographie de Lovecraft a longtemps été éparpillée au fil des nombreuses publications francophones, ce qui rendait difficile la constitution d’une réelle une intégrale. Les Omnibus de Laffont rendent aujourd’hui cette tâche bien plus simple, sans être totalement exhaustive (mais est-ce possible, notamment sur le sujet des continuateurs ou des réécritures).

Mais, dira le lecteur avare, si on possède déjà tout quel est l’intérêt ? Et bien il est possible, voire même probable, que l’on n’avait pas tout en réalité. Ainsi, dans le premier tome, se trouve, outre les récits de Lovecraft lui-même, des nouvelles provenant des anthologies LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU, LA CHOSE DES TENEBRES et HUIT HISTOIRES DE CTHULHU rédigées par des épigones du maîtres. Bref, un culte en expansion comme le souligne Francis Lacassin. Même si on possède les différents recueils précités, cet épais tome peut intéresser le « complétiste » pour quelques récits non pas inédits mais plus difficile à dénicher et opportunément rassemblés ici.

Ainsi « la chose ailée sur le toit » de Robert E. Howard, court mais efficace petit conte fantastique jadis disponible dans le recueil L’HOMME NOIR de Howard (ou, chez Bragelonne, dans LES OMBRES DE CANAAN consacré aux histoires d’horreur d’Howard). Howard toujours avec le réussi « Le feu d’Asshurbanipal”, dans lequel, en une vingtaine de pages, le créateur de Conan nous emmène au coeur du désert à la recherche d’une gemme mythique cachée dans une cite maudite protégée par les Djinns. Un mélange d’aventures (on y trouve même un parfum à la Indiana Jones avec son “aventurier aux nerfs d’acier”), de fantasy, de conte orientaux et d’épouvante lovecraftienne. De la belle ouvrage, tiré du recueil LE PACTE NOIR et plus récemment republié dans LES DIEUX DE BAL SAGOTH.

 « L’Héritier des ténèbres », une nouvelle traitant de la peur de la mort, de la crainte de servir de nourriture aux goules et de la nécessité de la crémation (dans le désordre) constitue une autre belle réussie de Clark Ashton Smith à découvrir pour ceux qui ne possèdent pas le recueil LES ABOMINATIONS DE YONDO. On retrouve aussi dans ce recueil phénoménal l’excellent « Chiens de Tindalos » de Frank Belknap Long, « Horreur à Salem » de Kuttner, « L’habitant de l’ombre » de Derleth, « Le visiteur venu des étoiles » de Bloch, « Sueurs froides » de Campbell, etc.

En ce qui concerne Lovecraft lui-même, voici une bonne occasion de lire ou relire certains de ses textes les plus célèbres et réussis comme « Dagon », « L’appel de Cthulhu », « La couleur tombée du ciel », « L’abomination de Dunwich », « Celui qui chuchotait dans les ténèbres », « Le cauchemar d’Innsmouth » et les courts romans « L’affaire Charles Dexter Ward » et « Les Montagnes hallucinées ».

Des lettres, des contes de jeunesse, des notes, des brouillons, des articles, etc. complètent le sommaire, sans oublier de nombreux textes de présentation sur les différents sujets abordés.

Bref, voici un ouvrage indispensable si on souhaite découvrir HPL ou parfaire ses connaissances sur l’auteur phare du fantastique du XXème siècle.

Une somme !

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Publié le 18 Février 2020

AXIOMATIQUE de Greg Egan

Voici un copieux recueil pour l’un des fers de lance de la SF « hard science » actuelle, Greg Egan. Précédemment publié dans une version française très tronquée composée de seulement quatre nouvelles (ouch !), AXIOMATIQUE a été republié intégralement en 2006. Ces 17 récits offrent donc un bon panorama de l’œuvre d’Egan et constituent la première partie d’une « intégrale raisonnée » de ces nouvelles, poursuivie avec RADIEUX et OCEANIQUE.

Nous détaillons ici ces textes, au minimum intéressants et pertinents par leur questionnement, souvent très bons voire excellents.

« L'Assassin infini » suit un tueur parcourant les univers parallèles pour supprimer des drogués dont les expériences “psychédéliques” menacent le continuum lui-même. Un bon récit, complexe mais pas trop ardu, pour débuter en douceur

« Lumière des événements » constitue un des meilleurs textes de ce recueil, basé sur un postulat vertigineux et très hard science. En résumé, une découverte astronomique permet d’envoyer des messages dans le passé. Un homme sait donc qu’il va rencontrer sa future épouse à telle date, un autre qu’il se fera casser le bras en se rendant à un mariage, etc. Mais que reste-t’il du libre arbitre dans ces conditions ? Et n’est-on pas tenté de faire mentir le futur lorsqu’un événement particulièrement déplaisant survient ? De la grande SF spéculative, aux questionnements riches, un excellent texte ciselé en une vingtaine de pages et fourmillant de plus d’idées que bien des pavés 30 fois plus long !

Encore de la bonne SF d’idées, « Eugène » est un exemple d’anticipation (très) proche au sujet d’un couple ayant gagné à la loterie et décidé à s’offrir l’enfant parfait grâce aux manipulations génétiques.

« La Caresse » traite d’un art dévoyé mis au service d’un individu tellement riche qu’il oublie toute morale pour créer des créations artistiques littéralement chimériques, autrement dit de merveilleuses / horribles créatures mi-homme mi-animal en hommage à différents artistes d’antan. Et notamment au Belge Fernand Khnopff et ses “Caresses”. Etrange !

Greg Egan se fait ensuite humaniste avec l’histoire de deux « Sœurs de sang » atteintes d’une maladie potentiellement mortelle. L’une se croit à l’agonie aux Etats-Unis mais finit par entrer en rémission, l’autre décède en Afrique. En filigrane, Egan s’interroge sur les méthodes de l’industrie pharmaceutique et les fameux tests en double aveugle médicament / placebo.

Très réputée, « Axiomatique » questionne les choix d’un homme pour qui la vie humaine a toujours été sacrée. Cet axiome peut cependant être neutralisée dans cette société future à l’aide d’implant permettant de remodeler, pour un temps, certaines caractéristiques personnelles. Certains choisissent ainsi de s’injecter une croyance religieuse ou une perversion sexuelle inédite. Le narrateur, pour sa part, va s’en servir afin d’ôter ses hésitations à se venger du meurtrier de sa femme, abattue stupidement dans un braquage.

On poursuit avec « Le coffre-fort », un texte réussi au sujet d’un homme ayant le pouvoir (qui s’apparente à une sorte de malédiction), d’occuper le corps d’autrui et de changer de « peau » chaque jour. Comment rester un individu, un être unique, lorsque sa vie se voit ainsi morcelée ?

Passons sur « Le point de vue du plafond » et son expérience de décorporation qui, paradoxalement, manque sans doute d’un point de vue (hum !) et ressemble à un exercice de style à vrai dire hermétique. Le point faible du recueil.

Autre sujet de questionnement abordé par « L’enlèvement » :ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, une réflexion classique mais toujours pertinente de la littérature d’anticipation. Si on crée un « scan » d’un individu celui-ci va t’il accéder à l’immortalité ou n’est ce qu’une vulgaire copie ? Et si des criminels s’en emparent et menacent de torturer cette copie peut-on objecter qu’il s’agit simplement d’une simulation sans réelle existence ? Egan invite à la réflexion au travers d’un texte à la fois abordable et exigeant dans ses concepts philosophiques et psychologiques.

Des questions similaires sous-tendent « En apprenant à être moi » au sujet du cristal Ndoli, un ingénieux dispositif qui réplique les pensées de son porteur et prend le relais lorsque ce-dernier vieillit, lui permettant d’accéder à l’immortalité via le « basculement ». Mais qui est vraiment l’humain dans ce cas ? L’original ou sa copie cristalline ?

Les manipulations génétiques sont au cœur de « Les douves », un texte qui, sur fond de racisme et de réfugiés climatiques, traite de la création, par les élites dominantes, d’une humanité alternative ayant bidouillé son code ADN afin d’être insensible aux maladies.

La thématique très cyberpunk de l’implant (l’Homme est-il encore Homme lorsque ses pensées sont altérées, pour son bien, par un implant ?) transforme le classique face à face entre un tueur à gages et sa victime désignée en science-fiction philosophique dans « La marche ». Sans vraiment convaincre bien que le récit se lise sans déplaisir.

Le thème de l’homme (masculin donc) qui veut enfanter lui-même joue les tire-larmes avec « P’tit mignon ». L’histoire d’un bébé conçu sur commande mais condamné à vivre seulement quatre ans et considéré, par son papa, comme un simple jouet ou, au mieux, un animal de compagnie.

Dans « Vers les ténèbres » les reliquats ratés d’une ingénierie temporelle venu du futur se manifestent sous forme de grands trous de vers qui, tels des trous noirs, empêchent quiconque de s’en échapper. La seule solution pour leur survivre consiste à courir vers leur cœur, un havre permettant de résister à la brusque disparition de ces gouffres temporels. Des sauveteurs spécialisés sont chargés de guider le plus de captifs possibles vers la sécurité…Une nouvelle assez folle basée sur des théories quantiques et utilisant également les probabilités pour rassurer (sans y parvenir, l’humain est ainsi !) ces sauveteurs plongeant dans les ténèbres.

Autre nouvelle à peine prophétique, « Un amour approprié » (précédemment titré « Baby Brain ») questionne ce qui est possible (lorsque la technique est disponible) et ce qui est souhaitable (avec bien sur les questions éthiques sous-jacentes) lorsqu’une femme se voit obligée par les assurances « d’enfanter » le cerveau de son mari accidenté placé dans son utérus dans l’attente d’un corps de substitution.

Plus classique mais non moins glaçant « La morale et le virologue » suit un biologiste décidé à créer une sorte de super sida capable de tuer sélectivement les homosexuels et les adultères. Le final montre bien la folie religieuse poussée dans ses derniers retranchements.

Retour du fameux cristal Ndoli avec « Plus près de toi » qui démontre qu’en matière amoureuse et sexuelle mieux vaut garder une part de mystère. Intéressant mais attendu.

Enfin « Orbite instable dans la sphère des illusions » décrit l’avènement des attracteurs, lesquels vous convertissent instantanément à une religion, une croyance ou à un mode de vie. Pour les « athées » du futur la seule solution est de vivre littéralement en marge des zones géographiquement contaminées… Pas le meilleur récit du recueil mais des interrogations pertinentes.

En dépit de trois ou quatre textes moins réussis ou plus mineurs, AXIOMATIQUE est un véritable condensé de science-fiction spéculative, intelligente et passionnante, une anthologie monstrueuse qui prend place aux côtés de LA TOUR DE BABYLONE de Ted Chiang, JARDINS DE POUSSIERE de Ken Liu, QUAND LES TENEBRES VIENDRONT d’Asimov, PERSISTANCE DE LA VISION de John Varley, AUX CONFINS DE L’ETRANGE de Connie Willis, LE CHANT DU BARDE de Poul Anderson et quelques « best of » de Dick au panthéon des recueils incontournables !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Recueil de nouvelles, #anticipation, #science-fiction

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Publié le 12 Février 2020

UBBO-SATHLA de Clark Ashton Smith

Initialement édité en 1985 chez NéO, ce recueil du poète et nouvelliste Clark Ashton Smith nous permettait de découvrir quelques classiques de la littérature fantastique de l’âge d’or. Depuis, Clark Ashton Smith s’est imposé au lectorat francophone grâce à de nombreuses rééditions : « La mort d’Ilalotha a ainsi été repris par Jacques Sadoul dans ses MEILLEURS RÉCITS DE WEIRD TALES puis dans son HISTOIRE DE LA SCIENCE FICTON.

« Le retour du Sorcier » a, lui aussi, intégré diverses anthologies lovecraftienne et son côté horriblement macabre, dans une tradition ensuite popularisée par les TALES FROM THE CRYPT fonctionne toujours de belle manière. Le récit (adapté en 1972 dans un épisode de la série télévisée « Night Gallery ») est devenu un incontournable de l’horreur inspirée par les univers de Lovecraft.

La nouvelle-titre, « Ubbo-Sathla », se montre elle-aussi lovecraftienne à souhait avec cette quête d’un initié pour retrouver les dieux primitifs dont parle le Necronomicon. Une belle réussite.

On découvre également, dans plusieurs nouvelles, le fameux Livre d’Eibon et la divinité Tsathoggua, sorte de monstrueux crapaud que repris par la suite Lovecraft (en particuliers dans son court roman LE TERTRE) et d’autres continuateurs du mythe.

Les différents récits nous font également voyager dans la légendaire Hyperborée et Clark Ashton Smith y mélange efficacement une fantasy mythique à la Robert Howard, une horreur morbide à la Edgar Poe et un fantastique teinté de science-fiction cosmique proche de Lovecraft. Bref, tout un univers qu’explorèrent par la suite les épigones de ces récits macabres « à la Weird Tales ».

Avec un style brillant, un vocabulaire précis légèrement archaïque, des phrases ciselées à la perfection et un sens du rythme hérité de la poésie, l’écrivain se révèle, en outre, d’un abord bien plus aisé que Lovecraft et d’une efficacité au moins aussi grande.

Un « grand petit recueil » (180 pages, toutes superbes !) destiné aux amateurs de fantastique de l’âge d’or mais dont les thèmes et l’écriture ont finalement fort peu vieilli. Conseillé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 9 Février 2020

SORCELEUR TOME 1: LE DERNIER VOEU d'Andrzej Sapkowski

Avec le premier volet de cette longue saga, le romancier polonais Andrzej Sapkowski retourne aux romans Fantasy des origines qui constituaient en réalité des « fix-up » de nouvelles comme le cycle des Epées, ou les aventures d’Elric et Conan. Autrement dit, un héros récurrent, Geralt de Riv, vit plusieurs aventures qui s’apparentent un peu aux rencontres avec le “monstre de la semaine”. Car Sapkowski a débuté son Grand Œuvre en 1986 en proposant pour un concours la nouvelle « Le sorceleur » suivi de trois autres textes réunis dans un premier recueil, « Le Sorceleur ». Quelques années plus tard le volume est remanié pour devenir LE DERNIER VŒU édité par Bragelonne au début des années 2000.

La suite, on la connait (ou pas) : un film polonais en 2001, une série télévisée l’année suivante, une adaptation prestigieuse et multi récompensée sous forme de jeu vidéo en 2007, des bandes dessinées, d’autres recueils de nouvelles, cinq romans, un prix David Gemmel, un Grand Master Award de la Fantasy et, en 2019, une très attendue série télévisée sur Netflix. Ce qu’on appelle un univers en expansion…

Ce premier tome (déjà réédité une dizaine de fois depuis 2003), classique et plaisant, nous permet de découvrir le Sorceleur Geralt de Riv, sorte d’exorciste de choc chargé de tuer les monstres qui infestent un monde médiéval fantastique fortement inspiré par les contes de fées. Le personnage est intéressant mais encore peu travaillé, une sorte de croisement entre Conan et Elric (tant physiquement qu’au niveau du caractère quoiqu’il penche plus nettement vers le « barbare » de Howard, ce-dernier étant, on le rappelle, moins monolithique que l’affirme ses détracteurs). Son but : nettoyer la vermine qui infeste le monde, comme un justicier issu d’un western, et il accomplit sa tâche efficacement quoiqu’il soit lui-même un « mutant ».

Le style littéraire, pour sa part, s’avère simple et efficace, proche d’un Gemmell parfois, notamment par les petites touches « philosophiques » (avec de gros guillemets) que l’auteur distille dans ces aventures (mais sans égaler Gemmell justement). La plus intéressante, à ce niveau, reste sans doute « Le moindre mal » qui, comme le titre l’indique, oblige le Sorceleur à effectuer un choix entre deux solutions, toutes deux mauvaises…laquelle représentera donc un moindre mal ? « Le bout du monde » traite, lui, de la fin de l’âge des Elfes et de l’imposition progressive (et non sans douleur façon guerres indiennes et Far West) de l’âge des Hommes. « Le dernier vœu » constitue un autre récit réussi qui s’empare de la légende du génie dans la lampe pour confronter Geralt et une magicienne à un djinn redoutable.

Les intrigues sont donc simples mais plaisantes, transposant généralement des contes de fées bien connus comme « La belle et la bête », « Blanche Neige et les 7 nains » ou « Aladdin » dans des versions subtilement tordues peuplées de vampires et autres créatures maléfiques, la belle étant souvent plus cruelle que la bête.

L’important étant surtout de garder un rythme soutenu pour ne pas ennuyer le lecteur, lequel pourra grappiller à loisir dans ces différentes nouvelles. L’humour est bien présent et chaque petit récit (faisant entre 30 et 60 pages) parvient à divertir en rappelant les « vieux » récits de Fantasy dans lesquels un personnage vivait d’innombrables aventures en étant souvent témoin (et parfois acteur) des grands bouleversements de son temps. L’histoire de liaison, de son côté, n’a qu’un intérêt limité, une sorte de liant pas franchement passionnant qui cherche surtout à transformer un recueil de nouvelles (commercialement moins vendeur) en roman.

On ne criera pas au génie mais ce premier volet d’une saga devenue légendaire reste une plaisante Fantasy à réviser avant d’en visionner la (finalement décevante) transposition à l’écran. Ce premier tome est, en tout cas, suffisamment plaisant pour donner envie d’en découvrir la suite.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Fantasy, #Recueil de nouvelles

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