policier

Publié le 6 Août 2020

L'EPOUSE MAL REVEILLEE de Erle Stanley Gardner

Et voici de nouveau Perry Mason occupait sur une complexe affaire ! Les bases juridiques sont d’ailleurs assez complexes à appréhender (bon, le droit c’est jamais facile) mais l’intrigue, elle, reste basique : Scott Shelby a décidé de réaliser une bonne affaire immobilière au détriment d’un millionnaire. Ce-dernier l’invite cependant sur son bateau afin d’en discuter. Perry Mason, intéressé à l’affaire, se retrouve également présent à cette petite ballade fluviale normalement sans histoire. Or Shelby tombe à l’eau, apparemment abattu d’une balle de révolver. Son corps disparait dans l’eau tandis que son épouse est surprise une arme à la main. Perry Mason flaire une entourloupe : pour lui Shelby a maquillé sa mort dans le but de disparaitre avec sa maitresse. Il enquête avec sa secrétaire Della Street et son ami le détective Paul Drake. Le trio semble sur une bonne piste mais celle-ci, au final, ne mène nulle part, si ce n’est à accuser une jeune femme d’être la maitresse et complice de Shelby. Cette dernière contre-attaque et réclame à Mason 250 000 dollars de dommages et intérêts…

Encore un récit plaisant concocté par un romancier étiqueté « de gare » et qui, pourtant, s’était attiré les louanges de Raymond Chandler en son temps. Et c’est vrai que Gardner possède une forme de génie, celle de toujours donner envie de continuer la lecture : chapitres ultra courts, prédominance des dialogues, format resserré (moins de 200 pages), rebondissements nombreux,… la forme ne change guère d’un bouquin à l’autre : une première partie consacrée à présenter l’affaire, une deuxième à l’enquête et un troisième acte au tribunal où notre détective / avocat favori se lance dans ses effets de manche coutumiers interrompus de vigoureuses « objection votre honneur ! ».

Gardner se sert de sa propre expérience juridique pour cuisiner ses récits et livre une nouvelle fois un roman divertissant, facile, bien rythmé et efficace, avec suffisamment de twists pour maintenir l’intérêt jusqu’à sa conclusion. Bref, de la bonne vieille littérature estivale à savourer sur la plage ou dans son jardin.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Roman de gare, #Whodunit

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Publié le 30 Juillet 2020

ZIGZAG MOVIE d'Elmore Leonard

Elmore Leonard propose ici une comédie policière réjouissante centrée sur un producteur de films d’horreur, Harry Zimm, traqué par Chili Palmer, le genre de gros bras qui casse les jambes des mauvais payeurs. Or Zimm en est un et il a donc logiquement les chocotes. Cependant c’est également un malin et un beau parleur. Avec l’aide de son ex, Karen, comédienne plus réputée pour sa poitrine que pour son talent, Zimm va donner des idées à Chili Palmer, lequel se verrait bien scénariste et producteur de films à succès. Mais pour ça il faut des histoires ? Pas de problème, en utilisant son expérience personnelle pour nourrir ses scripts Palmer est sûr de réussir. Ne reste plus qu’à trouver le gros paquet de pognon nécessaire, quitte à ne pas tout à fait respecter les lois…

ZIGZAG MOVIE constitue un très plaisant roman, mi polar mi comédie, situé dans le cinéma hollywoodien où, selon l’auteur, règnent des règles similaires à celles ayant cours dans la pègre. Bref, le romancier brosse une série de portraits acides du monde du cinéma : producteur de séries Z en quête de reconnaissance critique, actrice dont le seul talent réside dans son tour de poitrine, escrocs divers, etc.

Le genre de roman qui se lit comme on regarde un Tarantino, d’ailleurs ce-dernier eut certainement aimé le réaliser si Barry Sonnenfeld ne l’avait pas devancé en rassemblant, en 1995, une distribution prestigieuse : John Travolta, Gene Hackman, Danny DeVito, Rene Russo, etc.

Le bouquin se déguste donc avec plaisir : on y retrouve des personnages déjantés, une intrigue tarabiscotée mais aisée à suivre, des rebondissements, une bonne ambiance, un humour efficace dans un style semi-parodique et distancé qui ne sombre pas dans la gaudriole. Elmore Leonard démontre son métier et livre un récit alerte qui ne traine jamais en longueurs.

Bref, un bon moment.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Polar, #Policier, #Humour, #Thriller

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Publié le 12 Juin 2020

LE CAS DE L'INSPECTEUR QUEEN d'Ellery Queen

Agé de 63 ans, l’inspecteur Richard Queen a atteint l’âge de la retraite et son célèbre fiston, Ellery, effectue un tour du monde. Pourtant, difficile de lâcher les enquêtes et il est bien temps que le vénérable flic bénéficie, après toutes ces années, d’une enquête bien à lui et rien qu’à lui ! Alors qu’il séjourne chez un de ses amis, chef de la police d’une petite localité, il est amené à l’aider sur une sale histoire survenue dans la petite ile privée de Nair Island où réside la riche famille Humphrey. Ces derniers viennent d’adopter un bébé souvent confié aux bons soins de Jessie Sherwood, leur nurse. Or, de retour dans la maison après une journée de congé, Jessie découvre le petit mort étouffé dans son lit. Un accident en apparence. Mais Jessie affirme avoir vu, sur le coussin ayant causé le décès, l’empreinte d’une main…Il ne s’agirait donc pas d’un accident mais bien d’un meurtre. Personne ne croit la nurse, excepté Richard Queen qui va mener l’enquête.

Situé dans les années ’50, juste après la guerre de Corée, LE CAS DE L’INSPECTEUR QUEEN se situe à la croisée des genres, entre les romans d’énigme très complexes élaborés par les cousins cachés sous le pseudo collectif d’Ellery Queen au début des années ’30 et le polar plus moderne et musclé (relativement bien sûr, nous ne sommes pas chez Mickey Spillane) de leur seconde partie de carrière. Nous suivons donc les investigations de l’inspecteur retraité qui noue, en prime, une romance avec la seule témoin. L’improbable couple remonte donc la piste des criminels jusqu’à un dénouement quelque peu attendu en dépit des nombreuses circonvolutions qui y mènent et de plusieurs retournement de situation.

Bien ancré dans son époque, celle des fifties américaines, riche de rebondissements et servi par un style fluide et prenant, LE CAS DE L’INSPECTEUR QUEEN constitue un bon whodunit qui a tout du classique dans le bon sens du terme.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit

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Publié le 8 Juin 2020

LE BESTIAIRE DE SHERLOCK HOLMES de René Reouven

L’amateur n’est pas sans ignorer que Conan Doyle laissa volontairement dans l’ombre de nombreuses enquêtes de Sherlock Holmes, mentionnant ainsi, au détour d’un récit, des cas mystérieux qui restèrent méconnus du lecteur. Le rat géant de Sumatra, l’étrange affaire du cormoran, le ver qui rendit fou Isadora, etc. Du pain béni pour les épigones en mal d’idées et les pasticheurs de tout poils (et plus ou moins doués !).

John Dickson Carr, avec LES EXPLOITS DE SHERLOCK HOLMES, avaient déjà levé le voile sur plusieurs de ces affaires et offert, dans l’ensemble, de jolies réussites.

Cette fois c’est le Français René Reouven, spécialiste de littérature populaire et auteur des CRIMES APOCRYPHES, qui s’attaque à Holmes en utilisant l’intertextualité et le jeu des références qui s’imposeront, par la suite, dans les romans steampunk. En quatre nouvelles (liées entre elles par le fil conducteur « animalier » qui caractérise les différents récits), Reouven s’amuse mais soigne son pastiche par son évidente érudition, loin du simple clin d’oeil.

Dans « le cormoran », situé en pleine Guerre Mondiale en 1916, le limier de Baker Street doit résoudre une complexe affaire d’espionnage dans laquelle intervient son frère Mycroft. Avec « le rat », c’est la plus fameuse des énigmes oubliées qui ressurgit, celle du monstrueux rat géant de Sumatra, où le détective côtoie le futur écrivain Joseph Conrad. Classique mais efficace et rondement mené. Plus délirant et original, « Le ver » permet à Holmes de rencontrer l’autre grand héros de Conan Doyle, le professeur Challenger, spécialiste des animaux étranges. Au cours du récit, qui implique une série de duel et une vengeance tarabiscotée, Reouven convoque un descendant de Pierre Louis Moreau, mathématicien ennemi acharné de Voltaire, dont les expériences contre-nature inspireront H.G. Wells. Une nouvelle enthousiasmante sur laquelle plane également l’ombre du Chien des Baskerville et de la Bête du Gevaudan, bref, le meilleur texte du recueil.

Enfin, dans l’ultime nouvelle, Sherlock se confronte à une redoutable sangsue géante logiquement assoiffée de sang (« la sangsue ») et à son homonyme, un certain Holmes, considéré comme l’un des premiers serial killers dont le palmarès (une centaine de crimes !) renvoie Jack l’éventreur au rang des amateurs.

Après son roman L’ASSASSIN DU BOULEVARD publié en 1985, Reouven poursuit donc avec bonheur ses pastiches holmesiens (ensuite regroupés dans le très épais volume HISTOIRES SECRETES DE SHERLOCK HOLMES) et livre quatre longues nouvelles tout à fait réussies et divertissantes à savourer pour les fans du plus célèbre des enquêteurs.

 

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Publié le 14 Mai 2020

LA TORCHE ARDENTE de Paul Doherty (Paul Harding)

Nouvelle enquête pour le débrouillard et humanistes Frère Athelsan, toujours accompagné de l’emporté et colérique John Cranston, coroner de Londres. Nous sommes ici au début de l’année 1381, par un très froid hiver. L’augmentation des impôts, ordonné par le Régent Jean de Gand, entraine de plus en plus de mécontentement et chacun anticipe une révolte sanglante. Ainsi, dans la taverne de la Torche Ardente, des collecteurs d’impôts sont assassinés de manière incompréhensible : les gardes sont morts mystérieusement et ceux qui s’étaient réfugiés dans une pièce close y ont péri de façon encore plus inexplicable. Un tueur justicier inspiré par Beowulf est-il l’auteur du massacre ?

Pour leur treizième enquête, Athelsan et Cranston sont confrontés à une énigme des plus retorses et un nombre particulièrement élevé d’assassinats (une douzaine !) dont beaucoup difficilement explicables. Absence de témoin et chambres closes sont au programme, ces dernières se révélant assez classiques (des variations sur des procédés bien connus des amateurs) mais bien menées avec suffisamment de misdirection pour égarer le lecteur…lequel pourrait cependant deviner l’identité de l’assassin avec un minimum de réflexion. Toutefois, ce n’est pas le seul intérêt d’un bouquin qui nous emmène au cœur du XIVème siècle anglais, période évidemment peu connue, que l’on découvre de manière très (peut-être trop ?) approfondie avec ses coutumes, ses mœurs, ses modes de vie, sa cuisine même,…Bref, Doherty se la joue historien et le contexte ne constitue pas une simple toile de fond, nous avons davantage affaire à un roman historique complexe et détaillé (avec des machinations politiques et d’espionnages emberlificotée) auquel s’ajoute une enquête policière qu’un « simple » polar historique. La nuance est importante, d’autant que si le roman se lit assez facilement, le style qui use d’un vocable moyenâgeux et désuet, associé à un monde peu connu (Londres en 1381 n’étant pas enseigné à l’école !) nécessite toutefois une attention soutenue pour ne pas se perdre dans la multiplicité des personnages et leurs relations troubles. Les explications finales, nécessaires à résoudre les nombreux mystères, prennent cependant près de 70 pages afin de démêler une situation apparemment inextricable.

En résumé une lecteur instructive et plaisante dans la lignée des précédents romans de Doherty.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Impossible Crime, #Meurtre en chambre close, #Policier

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Publié le 30 Avril 2020

NEMESIS d'Agatha Christie

Miss Marple revient pour son ultime tour de piste (LA DERNIERE ENIGME a été écrit bien des années plus tôt) au tout début des années ’70 dans un récit qui se veut, en quelque sorte, la suite du MAJOR PARLAIT TROP. Le vieux Mr Rafiel, rencontré par Marple lors de son tragique voyage aux Antilles un an auparavant, est décédé des suites d’une longue maladie. Etonnamment, il lègue à Miss Marple, qu’il avait surnommé Némésis en l’identifiant à la déesse de la Justice et de la Vengeance, une forte somme d’argent à condition que cette dernière accepte de corriger une « erreur judiciaire ». Sans en savoir davantage, la détective accepte cette mission particulière et s’embarque dans un voyage en autocar pour démêler une ancienne énigme. Elle rencontre également trois sœurs qui semblent personnifier les Parques de la mythologie.

Quoique diminuée physiquement et ne sachant guère où tourner le regard, la vieille demoiselle se montre toujours aussi sagace. Toutefois, elle avance dans le brouillard durant une partie du roman, se demandant où le défunt voulait la conduire. L’originalité du récit est, en effet, de rester longtemps vague sur l’enquête à mener, le défunt Rafiel ne communiquant les informations qu’au compte-goutte…par-delà la mort. Au final, Miss Marple comprendra bien sûr qu’elle a été conduite à la résolution tandis que le lecteur comprendra, pour sa part, qu’il a une fois de plus été mené par le bout du nez. Bien sûr, le bouquin date des dernières années de Christie et s’avère donc moins réussi que les meilleures enquêtes publiées, pour la plupart, durant son « golden age ». N’empêche, si l’histoire parait parfois en pilotage automatique (avec des « facilités » déjà utilisées à maintes reprises dans le roman policier) et que les hasards et coïncidences se montrent plus présents que de coutume pour permettre à l’intrigue d’avancer aux moments opportuns, l’ensemble tient bien la route et assure parfaitement le divertissement du lecteur.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit

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Publié le 29 Avril 2020

LE VINGT-SIXIEME ROUND de Peter Lovesey

Deuxième enquête du sergent Cribb et deuxième roman pour Peter Lovesey, toujours dans la veine du policier historique « sportif ». Après les courses d’endurance de LA COURSE OU LA VIE, l’auteur nous emmène dans le milieu des pugilistes, autrement dit la boxe à poings nus. Notre détective, après avoir repêché un cadavre décapité bien bâti, se lance dans une enquête dans le cercle fermé des combats « sans gant », interdits depuis une vingtaine d’années en cette fin du XIXème siècle mais toujours prisés des amateurs qui n’hésitent pas à parier des fortunes sur ces lutteurs s’en prenant plein la gueule. Motivé par les dernières méthodes de la police française, Cribb envoie un de ses hommes, le champion de boxe Jago, en infiltration dans ce milieu étrange. Jago tombe sous la coupe et pratiquement sous le charme de l’organisatrice des combats clandestins qui se propose de le faire combattre contre un colosse noir surnommé l’Homme d’ébène.

Si le premier livre consacré à Cribb mélangé avec bonheur intrigue policière, whodunit, description des mœurs victoriennes et approfondissement d’un cercle sportif peu connu et dangereux, ce deuxième volet s’avère quelque peu différent. L’intrigue policière initiale sert surtout de prétexte à l’exploration de l’univers des combats à poings nus, ce qui reste intéressant bien que l’énigme soit reléguée à la portion congrue. A la page 125 (sur 156), Lovesey offre au lecteur un nouveau meurtre avec un petit whodunit classique mais franchement trop vite expédié pour convaincre, à croire qu’il s’agissait d’un passage obligé pour justifier ce qui demeure, essentiellement, un roman sur le sport (même illégal), avec également ses passages obligés comme ce match « truqué » devant rapporter un paquet d’argent à ses organisateurs.

Néanmoins, l’ensemble reste divertissant par son côté historique et ses aspects étonnants comme ces hordes d’amateurs de boxe illégale se rendant en masse à un combat clandestin pour assister à un interminable combat prévu en…26 rounds. Bref, un bouquin historico-sportif agréable mais un roman policier un brin décevant, à lire malgré tout pour les amateurs de Lovesey.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Roman court (novella)

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Publié le 17 Avril 2020

LA COURSE OU LA VIE de Peter Lovesey

Enseignant anglais, Peter Lovesey écrit ce premier roman pour un concours de livre policier, remportant d’ailleurs le premier prix. Il y invente un de ses personnages récurrents, le sergent Cribb, enquêteur à l’époque victorienne qui reviendra dans sept autres récits et sera adapté à la télévision britannique dans les années 80. Il écrira de nombreux autres « policiers » qui, tous, ressortent du whodunit traditionnel inspiré par le « golden age » du roman d’énigme. Lovesey va récolter, durant sa carrière, la quasi-totalité des distinctions « policières » : Silver Dagger (3 fois), Gold Dagger, Grand prix de littérature policière, Prix du roman d’aventures, etc. En 2018, il est intronisé Grand Master par la Mystery Writers of America.

LA COURSE OU LA VIE se déroule en 1879 dans le monde particuliers des courses d’endurances durant lesquelles les athlètes doivent courir durant six jours, quasiment jusqu’à l’épuisement, pour le plaisir des parieurs. On achève bien les chevaux, pourquoi pas les coureurs, se dit le sergent Cribb lorsque le favori meurt subitement. Accident ? Meurtre, évidemment. Le brave Cribb va dès lors enquêter dans le panier de crabes des coureurs professionnels, entre ringards rêvant de gloire, noble qui courent sur une piste réservée pour ne pas se mêler à la plèbe et, bien sûr, femme fatale délaissée par un sportif trop occupé à s’entrainer.

Le récit, très court (128 pages), égrène les six jours de la compétition pour multiplier fausses pistes, meurtres et faux semblants jusqu’à l’inévitable dénouement au cours duquel Cribb démasque le coupable. Bref, un whodunit de très bonne cuvée qui à le mérite de ne souffrir d’aucune longueurs et de se dérouler dans un milieu très particuliers (et authentique !), celui des courses d’endurance. Lancées dans années 1870 (avec des championnats du monde en 1879), les « courses de six jours » tombèrent en disgrâce dès 1890, remplacées par les courses cyclistes, avant qu’elles ne soient relancées un siècle plus tard. Un roman policier instructif, amusant et fort bien mené, avec un mystère solide, une très bonne entrée en matière pour Lovesey qui s’imposa rapidement comme un des maitres du whodunit.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Roman court (novella), #Whodunit

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Publié le 15 Avril 2020

LE TRAIN DE 16h50 d'Agatha Christie

Septième roman mettant en scène Miss Marple, celle-ci n’a plus, ici, qu’un rôle très secondaire. Devenue trop âgée pour participer pleinement à l’action, elle laisse le travail d’investigation à une certaine Lucy Eyelessbarrow.

Lorsqu’une connaissance de Marple, Elspeth McGillicuddy, est témoin du meurtre d’une femme dans un train, la plupart pense qu’il s’agit de l’hallucination d’une vieille toquée. Mais Marple, elle, est persuadée de la valeur de ce témoignage. Par recoupement, elle arrive à la conclusion que le crime n’a pu se produire que près de la propriété de Rutheford Hall. La détective délègue alors Lucy Eyelessbarrow pour mener l’enquête.

Situé en 1958, le roman traduit le passage du temps en Angleterre. La propriété de Rutheford Hall tombe quasiment en ruine, la famille Crackenthorpe qui y vit n’a plus beaucoup de fortune, la Seconde Guerre Mondiale a laissé des traces et chaque page ou presque montre que les temps changent. Par contre l’appât du gain reste présent, les petits (ou plus gros) secrets sont toujours légions dans ces familles aristocratiques à la dérive et, surtout, les Hommes sont bien partout les mêmes, ce qui permettra à Miss Marple de démêler une de ses énigmes les plus complexes. Sans beaucoup intervenir puisque si Lucy Eyelessbarrow se montre fort présente, Marple n’apparait que dans une poignée de chapitres, en particulier à la fin pour démasquer l’insoupçonnable coupable en lui tendant, comme toujours, un piège fort élaboré qui l’amène à se révéler.

Rythmé et fort plaisant, voici un excellent whodunit, à l’intrigue particulièrement retorse et alambiquée (un personnage s’exclame que « tout ça ressemble vraiment plus à un roman policier qu’à la vraie vie ») avec usurpation d’identité, disparition mystérieuse, empoisonnement en série, etc.

Le roman donna lieu à deux adaptations cinématographiques, toutes deux assez lointaines et tournées vers l’humour parodique : « Le train de 16h50 » et « Le crime est notre affaire ». Préférons malgré tout le bouquin, sans doute un des meilleurs « Marple ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit

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Publié le 10 Avril 2020

LE MARI de Dean Koontz

Dean Koontz possède un métier solide, ayant débuté sa carrière littéraire à la fin des années ’60 et ayant multiplié les romans sous d’innombrables pseudonymes. Forcément, après quarante ans d’écriture, la formule est impeccablement rôdée bien qu’il n’échappe pas, parfois, à certains tics et facilités (tout comme son rival Graham Masterton à qui on le rapprochera davantage, pour son côté parfois jusqu’au-boutiste, que de King).

Koontz débute directement dans l’intrigue, sans perdre de temps à présenter ses personnages (ils le seront par la suite) ou à laisser souffler le lecteur. Pendant 400 pages qui se lisent très vite et très facilement (chapitres très courts, retournements de situation nombreux, cliffhangers quasi systématiques), le romancier mène son histoire à cent à l’heure, quitte à sacrifier la crédibilité générale (certains passages apparaissent ainsi assez peu vraisemblables), passant d’une première partie (la plus efficace) toute en mystère et suspense à une seconde plus portée sur l’action avec fusillades et courses poursuites. Le tout après un très gros « twist » à mi-parcours que le lecteur ne verra surement pas venir (quitte, ensuite, à se demander si tout cela est vraiment crédible).

La personnalité du personnage principal et les caractéristiques de son enfance sous l’autorité paternelle tyrannique (Koontz a vécu une enfance également problématique) viennent conférer l’originalité nécessaire à un récit sinon classique (le sujet a beaucoup inspiré le cinéma, encore dernièrement avec la saga « Taken ») qui souffre parfois de quelques digressions et descriptions inutiles. Mais c’est la loi du genre et d’une écriture parfois exagérément « feuilletonnesque ».

Bien sûr, il faut souligner certains bémols : un simple jardinier qui ne connait la violence « que par Hollywood » se transforme en simili John Matrix (celui de « Commando ») pour sauver son épouse, laquelle passe un temps fou à préparer son évasion à l’aide d’un clou qu’elle utilisera avec la dextérité d’un ninja,…La suspension d’incrédulité est requise, tout comme le coté très bras cassés des méchants, lesquels anticipent un peu sur une série comme « Fargo », ce qui donne parfois à l’ensemble un second degré plus ou moins volontaire. Par contre les élucubrations mystiques du chef des criminels se révèlent assez intéressantes et justifient sa réaction lors d’un final sachant ménager quelques surprises. On reste plus circonspect sur le personnage pourtant intéressant du flic fin limier dont Koontz ne semble finalement avoir que faire…dommage.

Enlevé, bien rythmé, tout à fait conforme aux standards du page turner à l’américaine, LE MARI constitue un bon thriller « à la Koontz » avec tous les défauts et qualités d’un bouquin que l’on peut qualifier, sans être le moins du monde péjoratif, de pur « pulp violence ». Pas le meilleur roman de l’auteur mais une très plaisante lecture si on accepte d’enclencher à plusieurs reprises la suspension d’incrédulité nécessaire.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Policier, #Thriller, #Dean Koontz

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