lovecraft

Publié le 30 Août 2019

NIGHT OCEAN d'Howard P. Lovecraft

Ce recueil édité en 1986, sans équivalent en langue anglaise, s’apparente à une collection de « fond de tiroirs » mais reste intéressant pour l’inconditionnel de Lovecraft qui y trouvera de nombreuses curiosités jusque là difficilement accessibles. Sunand Tryambak Joshi, considéré comme le plus grand spécialiste mondial de HPL, offre donc une introduction explicative concernant Lovecraft avant une série de récits d’intérêt divers. De nombreux textes constituent des collaborations : Robert H. Barlow et HPL proposent ainsi l’atmosphérique « L’Océan de la nuit » ainsi que « Bataille au fond des siècles » et « Cosmos effondrés ». Ce-dernier constitue une autre curiosité littéraire bâtie sur le principe du cadavre exquis, Robert H. Barlow et HPL ayant alterné les paragraphes (sous le pseudonyme commun de Hammond Eggleston). Sur le même principe, « Le défi d’outre-espace » mérite l’attention par sa collaboration exceptionnelle entre HPL, Catherine L. Moore, Abraham Merritt, Robert E. Howard et Frank Belknap Long. Toutefois, tout cela n’est pas franchement transcendant.

Henry S. Whitehead propose « Piège », un court récit science-fictionnel, aujourd’hui très classique (mais probablement original à l’époque de sa rédaction) sur un étrange miroir maudit (de Loki) et sur la possibilité de s’y retrouver coincer. Pas mal.

Les autres textes se caractérisent par leur brièveté, certains ne faisant que deux pages (« Souvenir ») tandis que les plus longs comme « Le peuple ancien » s’étendent sur une douzaine. On retient aussi la fameuse « Histoire du Necronomicon » véritable pierre sur lequel s’est construit le mythe de Cthulhu et quelques récits mineurs mais plaisants comme « Les chats d’Ulthar » ou « Nyarlathotep »

Enfin, « Le livre de raison » consiste en une suite de notes brèves et d’idées de nouvelles rédigées par Lovecraft : 45 pages susceptibles d’inspirer les épigones du maitre (ils ne se sont pas privés pour y puiser, en particulier Derleth, justifiant ainsi de prétendues « collaborations » posthumes) et quelques conseils pour écrire du fantastique.

Pour le grand public, NIGHT OCEAN risque de paraitre anecdotique voire d’un intérêt discutable : peu de textes vraiment majeurs et beaucoup de fragments ou de récits inachevés qui font office de documents ou de testaments. Pour les inconditionnels de Lovecraft, par contre, ce recueil se montre indispensable afin de mieux cerner la variété des thèmes abordés par l’écrivain : fantastique, horreur, fantasy, science-fiction, humour, histoire, essai, etc.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 27 Août 2019

LE LIVRE NOIR présenté par Ramsey Campbell

Ramsey Campbell rassemble ici diverses nouvelles d’inspirations lovecraftiennes et d’un intérêt variable, sans doute intéressantes pour les inconditionnels du « mythe » mais d’une lecture accessoire pour les moins familiers de l’univers de HPL.

Appliqué, Stephen King ne parvient guère à faire trembler avec son très moyen « Crouch End », hommage sans doute sincère mais manquant de conviction. « Les étangs des étoiles » de A.A.Attanasio, « Le second souhait » du spécialiste Brian Lumley et le « Sombre Eveil » du vétéran Frank Belknap Long fonctionnent de meilleure manière sans qu’aucune d’entres elles ne se montrent réellement transcendantes. « Le puit N°247 » de Basil Copper ne convainc pas réellement tandis que la palme de l’inutilité revient à Martin S. Warnes qui termine un fragment inachevé de Lovecrat, « le livre » (publié dans le recueil DAGON) sous la forme d’un court texte, « Le livre noir », qui se contente d’aligner les références mythologiques (et permet aussi, n’en doutons pas, de placer bien en évidence le nom de Lovecraft sur la couverture). T.E.D Klein livre sans doute le meilleur récit de cette anthologie avec « L’homme noir à la trompe » qui déplace le mythe en Afrique. Le héros, un écrivain influencé par HPL, découvre progressivement la réalité des créations de Lovecraft. Après un plus classique et moins intéressant « Plutôt que de maudire les ténèbres », Ramsey Campbell lui-même termine cette anthologie avec « les visages de Pine Dunes », une histoire de sorcellerie transposée à l’époque actuelle (enfin les 70’s) et adroitement menée en dépit d’une conclusion attendue.

En résumé voici un énième recueil de récits lovecraftien alternant logiquement le médiocre et le très bon (deux nouvelles vraiment réussies sur neuf, le bilan est cependant maigre) avec une majorité de textes passables ou simplement moyens. Le tout se lit néanmoins sans déplaisir à condition de savoir à quoi s’attendre et d’être un amateur vorace du mythe de Cthulhu.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 29 Juin 2019

LE GUIDE LOVECRAFT de Christopher Thill

Comme tous les bouquins de cette collection, ce GUIDE s’impose rapidement comme un incontournable pour les novices mais aussi pour ceux qui connaissent bien le sujet et désirent en apprendre davantage. Seuls les « encyclopédies vivantes » n’y apprendront pas grand-chose mais même eux pourraient se laisser séduire par une présentation sympathique qui, en deux cent pages, cerne agréablement l’univers de HPL. Le livre n’ayant pas l’ambition de l’exhaustivité (« il ne se veut pas un ouvrage d’érudition approfondi et complet » nous apprend la préface) inutile de relever l’absence de tel livre, de tel épigone de HPL, de tel film ou de tel obscur disque inspiré par Cthulhu. Toutefois, LE GUIDE LOVECRAFT réussit son pari d’aborder toutes les thématiques associées à Lovecraft : on commence par une courte (mais suffisante) biographie d’une dizaine de pages (évidemment nous sommes loin d’une somme comme le récent JE SUIS PROVIDENCE mais le grand public en apprendra suffisamment quitte à se tourner ensuite vers des biographies plus fouillées) accompagnée d’une quinzaine de pages supplémentaires revenant sur les diverses idées reçues ayant fait de l’écrivain un (au choix) reclus initié mystique raciste dépressif excentrique. Ce qu’il n’était pas, du moins pas autant que certains l’ont ensuite prétendu au point de forger à Lovecraft une véritable « légende noire » qui s’accordait (un peu trop) bien avec ses écrits.

Le point central du GUIDE reste toutefois l’œuvre elle-même, qui occupe plus de 120 pages : les différents genres abordés (essais, nouvelles, lettres, poèmes,…), un chapitre sur les « 20 textes à lire » qui ne se veut pas un best of mais plutôt un panorama diversifié des thèmes abordés par l’écrivain, allant de la fantasy inspirée par Lord Dunsany à l’horreur à la Edgar Poe en passant par la science-fiction, l’humour, la poésie, le gore de RE-ANIMATOR et, au final, les « Grands Textes consacrés aux Grands Anciens ».

Le GUIDE y ajoute dix suggestions de lecture supplémentaires comme par exemple son LIVRE DE RAISON (catalogue d’idées à exploiter et de conseils pour les écrivains novices), son essai EPOUVANTE ET SURNATUREL EN LITTÉRATURE, son cycle poétique FUNGI DE YUGGOTH et, enfin, quatre « collaborations » qui assurèrent son maigre salaire à un Lovecraft chargé de réviser les textes de ses collègues. Chaque notice (en moyenne de deux pages) précise le moment de rédaction du texte, l’édition la plus célèbre et la plus récente, résume l’intrigue, apporte un éclairage court mais pertinent et se termine par quelques pistes de lecture supplémentaire. Là encore, les incollables auraient aimés que le GUIDE aille plus loin mais la majorité y puisera de quoi découvrir Lovecraft.

Le GUIDE analyse ensuite les clichés « lovecraftiens », ceux que l’on retrouve effectivement dans les textes et d’autres qui, souvent, ne s’y trouvent pas mais ont été assimilés comme tels par le lecteur,  souvent sur base d’écrits apocryphes plus ou moins légitimes. D’ailleurs, les successeurs de HPL sont ensuite envisagés, que ce soit le « premier cercle » (Clark Asthon Smith, Robert Bloch, Lin Carter,…), le « second » (Brian Lumley, Ramsey Campbell,…) et les plus modernes (Kij Johnson, Karim Berrouka). Un univers en expansion.

Le chapitre suivant quitte les livres pour brosser un tableau certes schématique mais intéressant des influences d’HPL dans les films, la musique, les jeux de rôles, etc. Là encore, les pistes proposées sont suffisamment nombreuses pour susciter l’envie du lecteur d’en explorer une partie.

Enfin, avant une courte conclusion, LE GUIDE nous offre un amusant lexique lovecraftien qui nous permettra de pouvoir replacer (via une définition et une citation) quelques mots aussi peu usités que polypeux, atavique, cacodémoniaque, fongoïde, Georgien, gibbeux, imposte, non euclidien, etc. Original et bien pensé.

Bref, ce GUIDE LOVECRAFT constitue un résumé instructif et très plaisant qui donne envie de lire ou de relire HPL. En ce sens il a parfaitement réussi sa mission.

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Publié le 20 Juin 2019

HPL / CELUI QUI BAVE ET QUI GLOUGLOUTE de Roland C. Wagner

Ce petit recueil comprend deux textes de Roland C. Wagner. Le premier, « HPL », se veut la biographie fictive et uchronique de Lovecraft, lequel vient de décéder à l’âge respectable de 101 ans. Wagner nous dresse donc un résumé de la carrière et de la vie de cet HPL (1890-1991), ses romans les plus célèbres, ses revirement politiques, etc. En une petite trentaine de pages (auquel s’ajoute la version traduite en anglais), Wagner réussit son pari d’offrir au reclus un hommage facétieux, distancié mais respectueux récompensé par le prix Rosny Ainé de la meilleure nouvelle en 1997.

On enchaine avec une novella jadis éditée chez Les Trois Souhaits (et précédemment dans le recueil FUTURS ANTERIEURS), « celui qui bâve et qui glougloute », un texte purement steampunk débridé avec toutes les caractéristiques du genre : univers foisonnant, aspect fun, intertextualité assumée, etc. On y croise Nat Pinkerton, Jesse James, le chasseur de prime Kit Carson, Calamity Jane, les Dalton, Buffalo Bill, etc. L’intrigue ? Les Indiens reçoivent l’aide inattendue de créatures venues d’ailleurs dans leur lutte contre les Visages Pâles. Du coup ça défouraille dans l’Ouest et on y cherche le Necronomicon (à ne lire que défoncé à l’opium sous peine de perdre la raison) pour contrer cette invasion déjantée. On s’amuse beaucoup durant ces 90 pages menées tambour battant (et on aurait aimé que Wagner développe cet univers sur un roman entier…hélas ce n’est plus possible aujourd’hui).

Bref, voici deux hommages semi parodiques réjouissants à lire d’une traite et compléter par une courte interview d’époque avec l’auteur qui explique sa démarche. Recommandé.

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Publié le 17 Mai 2019

L’OCEAN CANNIBALE de Christian Vila

Ecrivain prolifique ayant œuvré dans quasiment tous les genres populaires (fantasy, romans pour adolescents, science-fiction, thriller, fantastique) depuis ses débuts en 1977 avec le (forcément) très punk SANG FUTUR, Christian Vila a aussi donné trois romans à la collection Gore dans les années 80. L’OCEAN CANNIBALE est souvent considéré comme le plus faible des trois bien qu’il se lise (et même se relise !) avec plaisir. Vila a manifestement décidé de s’éloigner autant que possible du trip « horreur bas de plafond » souvent (mais pas toujours) prisé par ses collègues francophones pour proposer un roman d’ampleur cosmique et apocalyptique. Si bien des romans « Gore » furent adaptés au cinéma, nul n’aurait songé à porter à l’écran un récit de cette envergure dans lequel nous croisons une bande d’aventuriers à la recherche d’un trésor. La fine équipe est menée par un archéologue handicapé, Nordin, et une héritière nymphomane, Gladys. Ils réveillent par inadvertance une force maléfique nichée au fond des eaux et s’emparent d’un paquebot de croisière, le Sunpearl. Ces pirates d’un nouveau genre massacrent les pauvres vacanciers et déchainent l’horreur dans les eaux du Pacifique. Ils s’apprêtent à déclencher l’apocalypse et le seul recours réside, peut-être, dans les visions d’un vieux sage atteint d’une maladie mortelle.

L’OCEAN CANNIBALE n’est certes pas exempt de nombreux défauts mais possède une énergie recommandable et une dimension planétaire bien au-delà des romans proposés, par exemple, par Eric Verteuil. Ici, le fantastique se veut sérieux, la menace palpable, réelle et immense. L’intrigue, mêlant visions mystiques, érotisme débridé et cruautés, s’apparente à une sorte de perversion, aux normes de la collection Gore, d’une novella de Lovecraft. Le dieu marin cannibale pourrait bien être Cthulhu et ceux des profondeurs prennent les atouts d’une blonde bisexuelle assoiffée de sexe et de sang accompagnée d’une panthère dressée pour tuer. D’où une suite de scènes horrifiques et érotiques plutôt poussées sans aller dans le vomitif de Necrorian ou le malsain de Corsélien. Il y a donc, en dépit des carnages proposés, un côté ludique à ce récit conçu comme une grande aventure dans laquelle surgit l’horreur sanglante.

Dommage que le rythme ne soit pas toujours bien géré : on sent l’auteur gêné par le format imposé, ne pouvant développer certains passages (l’épisode de la piraterie semble expédié) ou forcé de surenchérir dans le gore pour contenter le lecteur. Néanmoins, malgré tout, Vila démontre qu’il maitrise son sujet et livre une intrigue alerte, cohérente, efficace et rarement gratuite. On peut donc gouter avec plaisir aux charmes de cet océan cannibale…

L’OCEAN CANNIBALE de Christian Vila

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Erotique, #Fantastique, #Gore, #Horreur, #Lovecraft

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Publié le 9 Mai 2019

L'HORREUR DU METRO de Thomas F. Monteleone

Thomas Francis Monteleone n’est pas le plus célèbre des romanciers de littérature fantastique mais il bénéficia de l’engouement pour l’horreur en étant édité à quatre reprises dans la collection “J’ai lu Epouvante”. Il reçut aussi le Prix Bram Stocker pour LE SANG DE L’AGNEAU en 1992.

Typique du fantastique horrifique des années ’80, L’HORREUR DU METRO en possède les défauts et les qualités. Pour les réussites citons un rythme soutenu (en dépit de quelques longueurs, les 300 pages auraient sans doute pu être élaguées), une intrigue certes linéaire mais bien construite, cohérente, crédible et efficace, des personnages attachants, des références lovecraftiennes (le Necronomicon, les pierres-étoiles, les goules rodant dans les couloirs du métro, le final cosmique,…), une énigme ancienne (une rame de métro disparue de la circulation au début du XXème siècle) qui soutient le récit et donne envie d’en connaitre les tenants et aboutissants,…On ajoute le mélange de réalisme, d’enquête sordide (avec un mystérieux tueur en série), de descriptions de la vie nocturne new yorkaise et de fantastique « bigger than life ». Ce qui n’est pas si mal.

Au rayon des bémols on pointe par contre le côté très stéréotypé des protagonistes (le flic opiniâtre, la journaliste jeune et jolie, l’expert en occultisme avec ses vieux grimoires, etc.), l’inévitable romance assaisonnée d’une touche d’érotisme (avec la toute aussi inévitable nuit de passion « absolument renversante » où ils atteignent au moins de 8ème ciel), le côté prévisible du récit, les scènes chocs quelques peu plaquées (l’auteur nous présente une poignée d’individus destinés à finir en chair à saucisse) pour fournir le quota de violences sanglantes. Et puis le style relativement passe-partout de Monteleone, fonctionnel mais pas transcendant, le style du « bon faiseur » appliqué mais qui manque un peu de hargne ou de folie pour vraiment plonger le nez dans l’épouvante pure et dure. Ce qui n’était sans doute pas le but de ce roman d’horreur très « grand public » qui vise à donner un petit frisson mais pas à empêcher le lecteur de dormir.

Bref, on pense beaucoup, dans ses défauts comme dans ses qualités, aux romans de James Herbert première manière (façon LES RATS ou FOG), à certains récits de Graham Masterton (ceux rendant un hommage plus ou moins flagrant à HPL) et aux romans (parfois) interchangeables de Dean Koontz dans sa période la plus commerciale (un tiers romance, un tiers thriller, un tiers épouvante). Ou à des films comme C.H.U.D. ou « Le métro de la mort ». Finalement il existe pires références.

En résumé, L’HORREUR DU METRO n’est pas un incontournable (loin de là !) mais demeure un divertissement horrifique très correct et plaisant. Publié par J’ai Lu il aurait pu (amputer d’un tiers et remanié avec davantage de sexe et de sang) finir chez Gore. Dans les limites de ses modestes ambitions, le bouquin de Monteleone permet de passer un bon moment

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft, #J'ai lu Epouvante

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Publié le 3 Mai 2019

LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU - TOME 1: L'APPEL DE CTHULHU de Lovecraft & Derleth

Considéré comme le « continuateur officiel » des légendes imaginées par Lovecraft, August Derleth a proposé de nombreux pastiches de HPL dans divers recueils d’intérêt divers. Il dirige cette fois une anthologie où se retrouvent les épigones les plus fameux de Lovecraft. Après une introduction générale sur le sujet, Derleth débute ses légendes avec le texte fondateur de Lovecraft, « L’appel de Cthulhu » qui reste un de ses meilleurs et qui a véritablement lancé tout ce qui va suivre : romans, nouvelles, jeux de cartes, jeux de rôles, jeux de plateau, films, etc.

On commence cet héritage littéraire avec deux bonnes histoires signées Clark Aston Smith, « Talion » et « Ubbo-Sathla », deux très estimables contributions à l’univers de Lovecraft, tout comme « La pierre noire » de Robert Howard. On peut faire beaucoup de reproches au créateur de Conan mais il possédait réellement un style épique, évocateur, puissant (quoique simple) qui transcendait ses sujets pour donner d’excellents récits (un peu comme Gemmell).

« Les chiens de Tindalos » est un classique, un incontournables, déjà publié maintes fois aussi s’attardera t’on davantage sur l’autre contribution de Frank Belknap Long, « les mangeuses d’espace », hélas moins convaincant mais cependant agréable.

Derleth lui-même s’invite deux fois au sommaire avec « L’habitant de l’ombre » et « Au-delà du seuil »…Le problème de Derleth est qu’il a rarement apporté un regard neuf sur le mythe (excepté sa vision plus chrétienne d’un combat cosmique du Bien contre le Mal) et que ces récits semblent tous bâtis sur le même modèle : grimoires maléfiques, héritages diaboliques, litanies de citations et références,… Ajoutons toutefois que Derleth fait de Lovecraft lui-même un initié et de ses œuvres des histoires authentiques, clin d’œil sympathique quoique parfois un peu plaqué sur ses nouvelles en guise de « caution ». Ce n’est pas désagréable, voire plutôt plaisant, mais au final on a peu l’impression de lire toujours la même chose. Mieux vaut donc ne pas en abuser.

Enfin, Robert Bloch amuse avec « le rodeur des étoiles », également connu sous le titre « le tueur stellaire » ou « le visiteur venu des étoiles ». Un classique des « à la manière de HPL » et une excellente réussite.

Au final, voici un recueil plutôt convaincant avec quelques belles réussites (Bloch, Howard, « les chiens de Tindalos », Lovecraft lui-même évidemment), deux textes efficaces de Clark Asthton Smith, un correct « les mangeuses d’espace » et deux récits très moyens mais pas désagréables de Derleth. Pour les amateurs c’est donc tout à fait recommandable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 2 Mai 2019

LES MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES - TOME 2

Ce second recueil consacré à la revue « Weird Tales » couvre une période plus restreinte (cinq ans). Après une petite introduction, Jacques Sadoul nous propose « La mort d’Ilalotha » de Clark Ashton Smith (ensuite repris dans son HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION) et une nouvelle d’Hazel Heald et Lovecraft, « Hors du temps » (alias « Surgi du fond des siècles ») tirée de L’HORREUR DANS LE MUSEE. Lovecraft lui-même est au sommaire avec son poème « Psychompopos ».

J.Paul Suter, inconnu au bataillon, propose de son côté un plaisant « Le juge suprème » tandis d’Edmond Hamilton, vétéran du space opera, livre le très court « Les graines d’ailleurs » sur le thème des « belles plantes »…au sens propre.

En disciple de Lovecraft, Robert Bloch amuse avec « le rodeur des étoiles », également connu sous le titre « le tueur stellaire » ou « le visiteur venu des étoiles ». Ce récit hommage est devenu un classique des « à la manière de HPL » puisqu’on le retrouve au sommaire de HUIT HISTOIRES DE CTHULHU, LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU, L’APPEL DE CTHULHU, LES MYSTERES DU VER, LES YEUX DE LA MOMIE et dans l’Omnibus consacré à Lovecraft.

Autre classique incontournable, « La citadelle écarlate » constitue une des nombreuses aventures de Conan signées par Robert E. Howard. On la retrouvera dans les recueils CONAN L’USURPATEUR, LA GRANDE ANTHOLOGIE DE LA FANTASY, CONAN LE CIMERRIEN et, pour les plus fortunés, la monumentale INTEGRALE CONAN. Nous sommes dans la Fantasy épique, hargneuse, sanglante et barbare de bonne facture.

Seabury Quinn, auteur phare de Weird Tales, propose pour sa part une nouvelle enquête de Jules de Grandin, détective du surnaturel, dans le sympathique « La farce de Warburg Tantavul qui, bien que complètement suranné, se lit avec plaisir, par la barbe d’un bouc vert !

Autre réussite, cette fois du complètement oublié, David H. Keller, « le chat tigre » s’avère par contre un récit d’horreur étonnamment moderne rédigé par un écrivain déjà présent au sommaire de la précédente anthologie « Weird Tales » et dont on aimerait pouvoir lire d’autres récits.

Un peu en deçà du premier recueil, ces MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES TOME 2 demeurent hautement recommandables pour les amateurs d’imaginaire rétro qui y trouveront du fantastique, de la science-fiction, de l’épouvante, de la fantasy et du policier surnaturel. Que demandez de plus ?

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Publié le 22 Avril 2019

LES MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES - 1 - 1925 / 1932 de Jacques Sadoul

Après une introduction générale ce recueil débute avec un classique de la Fantasy, « L’Empire des Nécromants » de Clark Ashton Smith, enchainé avec un court mais effectif récit d’horreur anticipant sur les BD à la Tales from the crypt, « La chose dans la cave ».

Ensuite, Frank Belknap Long propose avec « Les chiens de Tindalos » une des meilleures contributions au mythe de Cthulhu, fréquemment rééditée, tandis que Robert Howard livre une nouvelle (elle aussi souvent republiée) « Les mirois de Tuzun Thune », mélange de fantastique et de réflexion philosophique.

On poursuit avec Seabury Quinn. Complètement oublié, il fut pourtant l’un des auteurs les plus populaires de Weird Tales et le créateur du personnage de Jules de Grandin. Ce détective français, spécialisé dans le surnaturel, vécut près d’une centaine d’aventures en prononçant d’étranges sentences comme « par la barbe d’un bouc vert ». La nouvelle ici proposée, « la malédiction des Phipps », semble typique de son style à savoir une enquête rudimentaire, une malédiction ancestrale frappant chaque père au moment de la naissance de leur rejeton, un soupçon de romance,…Totalement suranné mais pas désagréable, à l’image d’un Harry Dickson.

L’inconnu H.F. Arnold démontre en une dizaine de pages son originalité via une « Dépêche de nuit » très moderne et à la chute aussi surprenante que glaçante. Un des joyaux du recueil. Plus anecdotique mais toujours agréable, « Le présent du Rajah » d’Edgar Hoffmann Price constitue un conte oriental pétri de philosophie.

« Le huitième homme vert » de G.G. Pendarves fut, parait-il, un des récits favoris, fréquemment réédité, des lecteurs de Weird Tales. Cette histoire fantastique quelque peu prévisible, y compris dans sa chute, demeure suffisamment agréable pour mériter une relecture et son côté rétro n’est pas désagréable.

Après un second tour de piste de Clark Ashton Smith, véritable pilier de la revue, avec « L’Île inconnue », Edmond Hamilton, célèbre pour ses space opera, propose avec « Le dieu monstrueux de Marmuth » un mélange d’aventures, de fantastique et d’horreur très inspiré par Lovecraft. Dans un registre proche, « Sous la tente d’Amundsen » de John Martin Leahy se montre agréable et annonce pratiquement THE THING. Indispensable à tout recueil consacré à Weird tales, Lovecraft figure au sommaire via son poème « La piste très ancienne » tandis qu’Abraham Merrit clôt l’anthologie avec sa « Femme du bois ».

Forcément inégaux, parfois fort datés (notamment dans leur style un peu pesant, leurs longues description et leurs procédés narratifs antédiluviens), les différents textes ici réunis n’en sont pas moins plaisants à lire ou à relire et constitue une bonne manière de découvrir ce que fut ce mythique magazine américain. Conseillé.

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Publié le 19 Avril 2019

L'HORREUR DANS LE MUSEE de H.P. Lovecraft et autres auteurs

Ce très intéressant recueil constitue la première partie d’un diptyque consacré aux « révisions » d’Howard Philipps Lovecraft, soit une vingtaine de récits révisés, remaniés, corrigés ou même réécrits complètement par Lovecraft. Un texte de Derlerth et un long (et très instructif) article de Francis Lacassin reviennent d’ailleurs sur ces « collaborations » dans lesquelles HPL est souvent le « nègre littéraire » d’auteurs débutants. Lacassin classe d’ailleurs ces récits, en trois catégories, la première plaçant Lovecraft en « simple » correcteur s’appliquant à polir le style et à améliorer le récit. La seconde transforme Lovecraft en véritable co-auteur généralement non crédité. Enfin, la dernière catégorie s’applique aux textes qui sont quasi entièrement de Lovecraft, celui-ci allant parfois (comme pour « Le tertre » publié dans le deuxième volume, L’HORREUR DANS LE CIMETIERRE) jusqu’à rédiger un court roman à partie d’un simple canevas tenant en un paragraphe !

Ce premier volume, L’HORREUR DANS LE MUSEE, comprend treize nouvelles. Sonia Green, qui fut l’épouse de HPL, a droit à deux histoires : le « Monstre invisible » (également connue sous le titre de « horreur à Martin beach ») et le très court « Quatre heures ». Le premier récit s’intéresse à une créature marine agressive et donc invisible : un texte intéressant qui s’inscrit dans le mythe de Cthulhu. Le second est plus banal.

Elisabeth Neville Berkeley nous offre « En rampant dans le chaos » et « la verte prairie », deux textes d’ambiances élaborés par Lovecraft à partir des idées de la poétesse. Il ne s’agit pas réellement de nouvelles narratives, plutôt de tranches de climat macabres auxquels on peut se montrer sensible…ou pas.

Dévouée secrétaire de Weird Tales, Hazel Head a droit à quatre nouvelles (on en trouve encore deux autres dans le second volume de ces révisions) : « L’homme de pierre », « la mort ailée », « l’horreur dans le musée » et « surgi du fond des siècles ». Le premier conte la vengeance d’un homme, aidé par le Livre d’Eibon, à l’égard de son épouse et de son amant. Mais tel est pris qui croyait prendre dans un récit sympathique très proche des futurs « Tales from the crypt ». Apparemment, l’apport de Lovecraft a surtout consisté à obliger Miss Head à retravailler, sur ses conseils, son texte et à y glisser quelques clins d’œil à sa mythologie. « La mort ailée » constitue une autre histoire de vengeance du même tonneau…Mais étirée sur plus de trente pages elle parait bien trop longue pour un récit dont on devine la fin dès les premières lignes. « L’horreur dans le musée » constitue une grosse pièce plutôt convaincante sur la thématique classique du défi lancé à un sceptique de passer une nuit entière dans un musée renfermant de monstrueuses collections. Cependant, le récit parait là encore tiré en longueur (40 pages !) et aurait mérité diverses coupes pour rendre plus effective sa chute, attendue mais adroitement amenée. Cela reste plaisant. On peut en dire autant de « Surgi du fond des siècles », longue nouvelle découpée en cinq chapitres (le troisième parait rébarbatif et inutile) au sujet d’une momie vivante. En dépit de ses défauts, ce texte se montre cependant efficace. Il connut d’ailleurs les honneurs d’une transposition à l’écran dans le cadre de la série télévisée « Night Gallery ».

Clifford M. Jr Eddy bénéficie, lui, de trois nouvelles : « le nécrophile », « sourd, muet et aveugle » et « le mangeur de spectres ». La première est la plus efficace et la plus originale, la deuxième s’avère trop classique pour passionner, la troisième est potable sans être renversante. Mais leur longueur (une douzaine de pages chacune) est adéquate et leur lecture agréable.

Enfin, Robert Barlow propose le très descriptif « Jusqu’à ce que toutes les mers… », pas franchement passionnant, et William Lumley un efficace mais très classique dans son déroulement  « journal d’Alonso Typer ».

Au final, ce recueil alterne le bon et le sympathique, rien de vraiment mauvais mais rien d’exceptionnel non plus, aucune nouvelle ne tutoie l’excellence de « La couleur tombée du ciel » ou de « Celui qui chuchotait dans les ténèbres ». Pour les inconditionnels de Lovecraft il s’agit toutefois d’une  lecture instructive et donc conseillée.

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