loup-garou

Publié le 5 Juillet 2022

LE VILLAGE DU BOUT DU MONDE (LOUIS LE GALOUP TOME 1) de Jean-Luc Marcastel

Premier volet de la saga du « gars loup » (ou galoup, ou garou), LE VILLAGE AU BOUT DU MONDE nous conduit dans la région d’Aurillac pour une uchronie fantastique. Une brèche est apparue au royaume de France : elle change les hommes et les bêtes, les transformant en Malbestes. A Mandaille, petit village isolé, vivent deux frères, Louis et Séverin, qui vont se confronter à la bête monstrueuse, découvrir la vérité sur leurs origines, rencontrer la sorcière la Roussote, etc.

Ecrit dans une langue très vivante, qui use des métaphores et des redondances volontaires, dans une sorte d’ancien français qui joue sur la sonorité des mots, le récit s’apparente à un conte qu’un troubadour aurait pu déclamer au coin du feu. L’intrigue, elle, reprend la formule de l’apprentissage chère à la Fantasy : découverte par le héros de sa marginalité et de ses véritables origines, obligation de quitter son havre de paix pour partir à l’aventure, etc. C’est classique, quelque peu linéaire parfois, mais réussi et fort agréable à lire.

En prenant son temps, Marcastel pose le décor de sa saga, à mi-chemin du roman historique (uchronique), du fantastique et de la Fantasy, le tout à destination d’un large public. Attention toutefois, si le roman se veut « jeunesse », le vocabulaire est soutenu et la langue riche. C’est travaillé, avec ce mélange d’ancien français (plus ou moins authentique), de patois, de termes inventés…tout cela est immersif et bien pensé, quelque peu déstabilisant au début mais rapidement prenant et convaincant. Le lecteur entre ainsi dans l’histoire et, en quelque sorte, « écoute » cette légende.

On retrouve aussi dans ce VILLAGE DU BOUT DU MONDE un côté régionaliste car l’auteur veut nous faire découvrir sa région (ce que les notes en fin d’ouvrage nous permettent d’ailleurs) à travers ses spécialités culinaires, etc. Cela change agréablement des Fantasy invariablement situées dans de grandes villes : nous sommes du côté des petits nobliaux et des curés, pas des rois et des évêques.

Bref, un premier tome réjouissant qui donne envie de poursuivre les aventures de ce sympathique Galoup.

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Publié le 16 Août 2017

HURLEMENTS de Gary Brandner

Réalisé par Joe Dante en 1980, « Hurlements » s’est imposé comme un des classiques modernes du film de loup-garou. Il est donc intéressant de se replonger dans le roman l’ayant inspiré. Si la trame générique se montre similaire, le roman et le long-métrage diffèrent cependant sur plusieurs points. Notons d’ailleurs que le film « Hurlements IV », entre séquelle et remake, suit plus fidèlement le premier roman. Quoique publié dans la collection Gore, le livre de Gary Brandner se montre avare en scènes horrifiques ou érotiques et se conforme davantage à la tradition du fantastique en proposant une angoisse feutrée et une épouvante allusive. Brander (1930 – 2013) écrivit environ vingt-cinq romans horrifiques mais, comme souvent, nous n’avons pu découvrir qu’une partie restreinte de sa production : outre la trilogie HURLEMENTS (publiée chez Gore) on citera CARRION et la novelisation du remake de « La Féline » (paru chez J’ai lu) et, enfin, MASSACRES D’OUTRE-TOMBE édité dans la collection Maniac.

Après avoir été violée dans sa maison de Los Angeles, Karyn ne supporte plus le contact de son mari, Roy. Pour tenter de surmonter le traumatisme, le couple déménage dans un petit village campagnard, Drago, où ils louent une maison isolée dans les bois. Roy doit effectuer de fréquents déplacements pour son travail et Karyn reste souvent seule à Drago. Elle constate différentes bizarreries comme l’absence d’enfants et le climat de méfiance des habitants à son égard. Diverses rumeurs circulent également concernant de mystérieuses disparitions de campeurs. De plus de sinistres hurlements, attribués à un coyote, retentissent chaque nuit et le petit chien du couple est tué par une bête mystérieuse. Une amie de Karyn évoque même la légende du loup-garou, créature maudite issue d’Europe qui se change en animal pour dévorer ses victimes. Roy ne prend guère toutes ces fadaises au sérieux mais se montre, par contre, fortement attirée par Marcia, la tenancière d’un petit magasin de Drago. Alors que les relations entre Karyn et son époux s’enveniment, la jeune femme se tourne vers son ami Chris afin qu’il vienne l’emmener loin de Drago.

L’intrigue, connue, suit grosso modo celle du long-métrage de Joe Dante. On pourrait, bien sûr, s’amuser à comparer ou à lister les différences mais cela n’aurait guère d’intérêt. Disons simplement que même en connaissant l’adaptation cinématographique on prend plaisir à lire ce petit bouquin agréablement troussé. L’écriture, sans fioriture, s’avère pourtant limpide et Brandner possède un certain talent pour les chapitres courts et les phrases accrocheuses. Nous sommes dans le « page turner » typique, aidé par le format ramassé de la collection (150 pages bien tassées au lieu des 215 de la version originale) : un prologue annonce immédiatement la couleur, une progression rapide des événements et un climax fort réussi sur le modèle habituel mais toujours efficace du « récit de siège ». Tout comme le film, le roman ne peut éviter un certain manque de crédibilité et, évidemment, ce qui passe relativement bien à l’image (lorsque le spectateur, pris par l’action, s’abandonne à la désormais célèbre suspension d’incrédulité) s’avère plus problématique sur papier. Ainsi les personnages, présentés comme rationnels et totalement ignorants des légendes consacrées à la lycanthropie (confondues avec le vampirismes), acceptent bien trop facilement l’existence des loup-garous. Le personnage de Chris, le bon copain qu’on appelle en cas de coup dur, en constitue l’exemple le plus frappant : après un coup de fil de l’héroïne (dépressive et traumatisée par son viol), il se précipite vers l’armurerie la plus proche, commande une douzaine de balles d’argent et se lance à la chasse au loup debout. Dur à avaler tout comme la transformation un peu trop brutale de Roy, lequel passe d’époux aimant à crétin agressif afin de consommer son adultère auprès d’une lycanthrope sexy.

Excepté ses scories finalement excusables (on peut même les considérer, à leur manière, comme charmantes et dans la tradition de la série B horrifique), HURLEMENTS demeure un roman prenant et hautement divertissant qui se dévore (hum !) en une soirée. De préférence de pleine lune. Brandner écrivit d’ailleurs deux séquelles, toutes deux publiées au Fleuve Noir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore, #Loup-garou

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