Avec ce roman Karnage, notre "écrivenimeuse" Violaine de Charnage reste fidèle à ses obsessions érotico-morbides, saignantes et humoristiques
Dixième livraison de la collection Karnage, successeuse de Gore, Maniac et Trash, ce bouquin est signé de Violaine de Charnage, une "écrivenimeuse" strasbourgeoise ayant déjà publié plusieurs anthologies de nouvelles sous l'appellation de la "vilainologie". Elle se lance cette fois dans l'aventure du roman mais reste fidèle à ses obsessions érotico-morbides et bien saignantes, toutefois tempérées par un humour grinçant qui rend l'ensemble très digeste. On trouve ainsi sur l'île un Jason, un Freddy, un Victor et un Michael, sans oublier une Lorie.
Nous avons donc une bande de beaux mecs musclés embarqués dans une émission de téléréalité où, bien sûr, rien ne va se passer comme prévu. Bon déjà pour ces accros aux réseaux sociaux le programme implique l'obligation de se délester de leur téléphone portable, un truc pour eux aussi indispensable que leur bite. Mais bon c'est une clause éliminatoire donc ils s'y plient, appâtés par la promesse de beaucoup d'argent à la clé. En revanche, bonne nouvelle, pas de mecs parmi le personnel de l'île. Une histoire de malédiction qui éloigne le mâle et laisse le champ libre aux femelles, pour la plupart bombasses chaudasses. Ca va troncher puis ça va trancher. Ou vice-versa.
Bref, l'autrice déroule un slasher quasiment parodique qui multiplie les chapitres courts et enlevés introduits par des titres de chansons emblématiques. De "Cruel summer" de Bananarama à "Boys" de Sabrina en passant par "Somebody watching me" de Rockwell et "Come out and play" de The Offspring, le roman se découpe en 28 courts chapitres (pour 180 pages). Autant dire que la lecture est rapide et le lecteur rapidement emporté par les abominations imaginées par l'autrice, laquelle ne se donne aucune limite et profite des libertés offertes par la collection pour bousculer le politiquement correct. Et pas gentiment! Screaming Boys c'est un peu le remède à tout ce lissage gnan-gnan, un coup de pied au cul merdeux des "sensitive readers" et un "trigger warning" dans la chatte des emmerdeuses adeptes de la censure de l'imaginaire, qu'il soit littéraire ou cinématographique.
Violaine de Charnage ne lésine donc pas sur les éléments attendus, à savoir le gore et les scènes porno, lesquels sont dispensés en quantité. Ca baise et ça charcle à quasiment toutes les pages. Si le déroulement de la première moitié reste relativement classique dans son énumération teintée d'humour des conventions du slasher, Screaming Boys se montre plus délirant dans son dernier acte qui multiplie les rebondissements, les passages déjantés et les outrances. Pas toujours de manière complètement crédible mais qu'importe, l'important réside davantage dans l'amusement du lecteur emporté dans un tourbillon de sang et de foutre.
Un nouveau roman plaisant et fort divertissant pour les fans de la collection à qui l'achat est, comme d'habitude, vivement recommandé.