j'ai lu epouvante

Publié le 6 Mars 2024

LE SANG DU MATADOR de Dale Pierce

Voici un petit « J’ai lu Epouvante » passé inaperçu ou, en tout cas, oublié. Il bénéficie pourtant d’une belle couverture incitative (qui n’a rien à voir avec le contenu du livre mais qu’importe). Dommage que le titre soit un peu passe-partout, l’original, plus mystérieux et « poétique », étant plus efficace : « Play me the song of death ».

Bref, un journaliste, Phil, décide de s’installer dans la maison supposée hantée d’un ancien matador, Jaime Sublaran. Ce-dernier a été une star adulée de la tauromachie avant de sombrer dans la déchéance après avoir poussé un de ses rivaux à la mort. Sublaran, lui aussi, est décédé mais, après deux décennies, son souvenir reste vivace. Phil se prend d’intérêt pour cette histoire, qu’il imagine pouvoir servir de base à une biographie à succès avec tous les éléments indispensables : richesse, pouvoir, rivalité, soupçons de satanisme, morts violentes, etc. Mais est-il prudent de déranger les défunts ?

L’auteur a écrit de nombreux livres sportifs sur le catch et la tauromachie. Dès lors il combine ces deux « passions » en faisant du héros un écrivain obsédé par un toréador décédé dont le beau-frère est un des « nombreux champions du monde de catch ». Le bouquin, lui, avance à bon rythme. Nous étions à la grande époque des romans d’épouvante emballé en moins de 250 pages, façon pulp et loin des briques actuelles (souvent peu digestes). Car l’auteur ne tire pas à la ligne : son intrigue est  simple, efficace et classique (on peut remonter à L’AFFAIRE CHARLES DEXTER WARD pour un des premiers exemples d’influence nocive par-delà la tombe…et même surement dans des nouvelles antérieures).

LE SANG DU MATADOR ne nourrit pas d’ambitions démesurées et son auteur ne cherche pas à révolutionner la littérature de terreur. Il ne se frotte pas aux cadors de l’époque (King, Straub, Barker, Masterton, Koontz et compagnie) mais livre, quasiment dans son coin, son petit livre fantastique teinté de quelques passages un peu sexy ou horrifiques dans la tradition des années ’80. Une lecture nostalgique au final plutôt plaisante.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #J'ai lu Epouvante

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Publié le 13 Novembre 2023

L'OMBRE DE LUCIFER de Daniel Rhodes

On le sait, le mal ne meurt jamais. Il peut dormir pendant des siècles, puis se réveiller pour semer l'horreur dans la vie de gens ordinaires et « modernes » pour qui le surnaturel est, au mieux, un hobby inoffensif.  

En 1307, le chevalier templier Guilhem de Courdeval a été brûlé vif pour ses pratiques magiques au cours desquels il offrait des sacrifices au démon Bélial et buvait le sang de ses victimes. Près de sept siècles s’écoulent…Un couple (un écrivain, le professeur John McTell, et son épouse Linden) s’installe dans un petit village tranquille du sud de la France, non loin de Cannes. La chaleur, étouffante, pousse le sourcier local à tenter de localiser une ancienne source souterraine qui pourrait alimenter la piscine des touristes. Mais l’esprit de Courdeval est libéré et commence à exercer sa sinistre influence…

Roman assez classique et linéaire, L’OMBRE DE LUCIFER déroule une intrigue un brin longuette tant les péripéties se montrent prévisibles. Daniel Rhodes (alias Neil McMahon) a écrit de nombreux livres dans les genres les plus divers (horreur, thriller, érotisme) mais, surtout, pas mal d’œuvres sur l’histoire, l’archéologie et même la poterie. Il a également cosigné avec James Patterson un bouquin d’espionnage / SF, TOYS. On devine donc ce qui a pu l’intéressé dans cette histoire de templier maléfique revenu à la vie puisqu’on y trouve du fantastique, beaucoup de digressions (plus ou moins) historiques, une touche d’érotisme et un environnement intéressant, à savoir un petit bled pratiquement oublié du temps surplombé par les ruines d’une forteresse médiévale.

L’ensemble possède donc le côté parfois un peu guindé de l’horreur grand public des années 80, à une époque où le genre triomphait partout, des supermarchés aux halls de gare. Pour le meilleur et pour le pire, pas mal de romanciers se sentirent à l’époque pousser des ailes (de chauve-souris ?) pour écrire des livres assez littéraires, plutôt lents, centrés sur des personnages assez intéressants et bien décrits (et écrits). L’atmosphère est donc bien là, l’intérêt est éveillé mais, malheureusement, tout ça manque un peu de folie ou de nervosité. C’est du fantastique « pépère », psychologique, avec une dose d’épouvante et une pincée de sexe pour donner le change et satisfaire le lecteur.

Dans l’ensemble, on ressort mitigé de ce récit, on se dit durant toute sa lecture « c’est quand même pas mal mais si ça pouvait réellement décoller »…et, au final, ça ne décolle pas vraiment. On termine le bouquin frustré, un peu déçu mais sans avoir passé un mauvais moment…et prêt, malgré tout, à donner une chance à la suite, LE BANQUET DE LUCIFER.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #J'ai lu Epouvante

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Publié le 3 Juillet 2023

LA NUIT DES SPECTRES de Stephen Laws

Stephen Laws a écrit un paquet de romans d'horreur lors du grand boom du genre dans les années '80. Une demi-douzaine ont été traduits chez nous et, pour la plupart, sont de belles petites réussites. TRAIN FANTOME, LE VEUR, GIDEON et MACABRE se révèlent ainsi très plaisants et seuls DARKFALL ne parait pas à la hauteur des titres précités.

De son côté, LA NUIT DES SPECTRES traite d'une malédiction avec un petit côté CA. Une bande d'amis se retrouve, dix ans après leur séparation, dans la ligne de mire d'une créature mythologique meurtrière. Ils formaient, durant leurs années universitaires, un cercle comprenant six hommes et une femme, Pandora. La seule règle? Ne jamais sortir avec Pandora, sous peine de rompre l'équilibre amical et de voir leur cercle se désintégrer. Toutefois les copains se perdent classiquement de vue une fois leurs études terminées (nous sommes 30 ans avant les réseaux sociaux). Mais, au milieu des années '80, l'un des six hommes meurt de manière étrange. Plus bizarre encore, il disparait de la photo de groupe des membres du cercle.

Prototype du roman horrifique des années '80, LA NUIT DES SPECTRES est issue de l'école anglaise, celle des Graham Masterton ou Guy N. Smith, celle qui n'hésite jamais à aller trop loin et à sacrifier la vraisemblance sur l'autel de la scène choc.

LA NUIT DES SPECTRES joue la carte du saugrenu, un peu à l'image de "Poltergeist", avec son pantin de bois animé de mauvaises intentions, des sculptures qui prennent vie, diverses créatures agressives, etc. Le terme de "spectres" doit, en effet, être ici pris au sens large puisque, pour les membres du club amical, il désigne tout ce qui peut vous faire du tort ou vous mettre des bâtons dans les roues. Les passages effrayants et sanglants s'enchainent donc de belle manière, avec une énergie appréciable, l'auteur bouclant son roman en tout juste 300 pages là où d'autres en aurait usé le double.

Si la première moitié, plus mystérieuse, fonctionne davantage que la deuxième partie, plus convenue et prévisible, l'utilisation d'une créature surnaturelle peu employée en littérature (et au cinéma), les références à la pop culture et les clins d'œil à la Hammer et à Peter Cushing font de LA NUIT DES SPECTRES un très plaisant page turner horrifique à redécouvrir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #J'ai lu Epouvante, #Fantastique, #Horreur

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Publié le 28 Juin 2023

LA NUIT DU SANG de Thomas Tessier

Romancier peu connu de part chez nous, Thomas Tessier a pourtant été traduit à cinq reprises lors du grand « boom » de l’horreur avec les collections J’ai lu Epouvante et Terreur.

Son premier roman dans le registre fantastique, LA NUIT DU SANG, s’avère assez déstabilisant. Nous y suivons, quelques années avant « Le loup-garou de Londres », un vétéran du Vietnam qui perd pied. Bobby Ives a pourtant tout pour être heureux à Londres en compagnie de sa petite amie. Il semble tout d’abord souffrir d’une sorte de stress post-traumatique qui le conduit à rester chez lui, sans travailler ni faire grand-chose. Mais, peu à peu, il développe des pulsions meurtrières qu’il ne peut s’expliquer, si ce n’est par une étrange « maladie » contractée en Guadeloupe. Cette malédiction vaudou le change en une créature semblable au loup-garou (avec un côté zombie en prime). Dès lors, Bobby se met à tuer et devient un véritable serial killer qui terrorise Londres.

Considéré par Stephen King comme un roman « important » et même « un des meilleurs livres de loup-garou de ces dernières années », LA NUIT DU SANG apparait toutefois un peu décevant. Le principal protagoniste n’est pas très aimable et les personnages secondaires sont souvent unidimensionnels. L’ambiguïté sur la nature de Bobby (véritable loup-garou ? Type maudit ? Fou ? Tueur en série sans remords ?) confère cependant un intérêt au récit qui rappelle certaines productions horrifiques (comme « La nuit du loup-garou » ou « Legend of the Werewolf ». Relativement court et donc suffisamment rythmé pour éviter d’ennuyer le lecteur, LA NUIT DU SANG est un honnête roman fantastique pour les amateurs de monstres poilus.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #J'ai lu Epouvante

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Publié le 6 Juin 2023

L'ENFANT QUI GROGNAIT de John Coyne

Romancier spécialisé dans l'horreur, John Coyne a été peu traduit chez nous (quatre romans dont la novélisation de "Psychose Phase 3") mais L'ENFANT QUI GROGNAIT démontre une imagination assez délirante. L'intrigue se situe dans une typique petite ville de banlieue américaine dans laquelle, normalement, il ne se passe jamais rien. Or des meurtres d'enfants surviennent et une séduisante médecin célibataire, Sara, mène l'enquête. Par la suite, elle est attaquée par une force surnaturelle qui lui donne des orgasmes dévastateurs (!), lesquels deviennent de plus en plus violent au point de menacer de la tuer. Sara se rend compte que la plupart des femmes de la ville connaissent de semblables…expériences. Se pourrait-il que tout soit lié à la présence d'une jeune fille autiste qui "grogne" de manière menaçante?

John Coyne mêle ici plusieurs thématiques assez originales: outre les "orgasmes tueurs venus d'ailleurs", nous avons une autiste transformée en ordinateur vivant par des extra-terrestres, un temple druidique enterré et des théories pseudoscientifiques où intervient la télékinésie et les Anciens Astronautes. Le tout se montre plutôt plaisant et souvent divertissant. Bien sûr, l'auteur part dans tous les sens, ne semble pas toujours sûr de la manière dont il va retomber sur ses pattes (et parfois n'y arrive pas vraiment) mais avance tout de même sans se démonter, adoptant parfois une attitude "plus c'est gros plus ça passe" pour faire clopiner son récit, bon gré mal gré. Pressé par le temps (et les 250 pages reglementaires), il accélère pied au plancher dans les 50 dernières pages et fonce vers sa conclusion science-fictionnelle quasi apocalyptique. Pratiquement du X-Files avant l'heure et une classique fin ouverte sous forme de "watch the skies! Watch the skies!".

Avec L'ENFANT QUI GROGNAIT, Coyne ne cherche pas à pondre un chef d'œuvre mais simplement à livrer un divertissement rondement mené entre épouvante, science-fiction et thriller, sans oublier l'inévitable romance. Très agréable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #J'ai lu Epouvante, #Fantastique, #Horreur, #science-fiction

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Publié le 22 Mai 2023

DARKFALL de Stephen Laws

Apparu sur la scène fantastique durant les glorieuses eighties, le Britannique Stephen Laws a publié de nombreux romans dont une demi-douzaine furent traduits chez nous. Des bouquins classiques mais efficaces et rondement menés, entre thèmes traditionnels et passages gore, tels LE VEUR ou TRAIN FANTOME. Situé durant la nuit de Noel, DARKFALL place une poignée de protagonistes dans un immeuble pour une soirée de festivités et de beuveries. Mais, suite à une étrange tempête, nos fêtards disparaissent. Que leur est-il donc arrivé ? C’est la question à laquelle une équipe de spécialistes des phénomènes paranormaux va tenter de répondre.

DARKFALL emprunte plusieurs chemins : polar, thriller parano-conspirationniste, action en huis clos, science-fiction et horreur indicible, sans oublier une pincée de romance. Une sorte de croisement entre X-Files et Lovecraft qui rappelle quelque peu le film « Philadelphia Experiment » ou les bouquins SPECTRES de Dean Koontz, BRUME de Stephen King et DEMENCES de Graham Masterton. Il y a pire références.

Malheureusement, si la première moitié fonctionne très plaisamment, la seconde partie du roman parait beaucoup plus routinière. Les réponses ne sont pas toujours à la hauteur des questionnements esquissés dans les précédents chapitres et les personnages semblent trop caricaturaux et clichés pour convaincre complètement.

DARKFALL est une belle réussite durant environ 200 pages puis le roman perd don énergie, son rythme et, pour tout dire, une bonne part de son intérêt. Ce qui avait débuté comme un récit d'épouvante angoissant et tendu devient une sorte de gloubi-boulga science-fictionnel aux frontières de la parodie. Stephen Laws a livré de bien meilleurs romans que ce DARKFALL au final décevant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Fantastique, #science-fiction, #J'ai lu Epouvante

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Publié le 9 Mai 2019

L'HORREUR DU METRO de Thomas F. Monteleone

Thomas Francis Monteleone n’est pas le plus célèbre des romanciers de littérature fantastique mais il bénéficia de l’engouement pour l’horreur en étant édité à quatre reprises dans la collection “J’ai lu Epouvante”. Il reçut aussi le Prix Bram Stocker pour LE SANG DE L’AGNEAU en 1992.

Typique du fantastique horrifique des années ’80, L’HORREUR DU METRO en possède les défauts et les qualités. Pour les réussites citons un rythme soutenu (en dépit de quelques longueurs, les 300 pages auraient sans doute pu être élaguées), une intrigue certes linéaire mais bien construite, cohérente, crédible et efficace, des personnages attachants, des références lovecraftiennes (le Necronomicon, les pierres-étoiles, les goules rodant dans les couloirs du métro, le final cosmique,…), une énigme ancienne (une rame de métro disparue de la circulation au début du XXème siècle) qui soutient le récit et donne envie d’en connaitre les tenants et aboutissants,…On ajoute le mélange de réalisme, d’enquête sordide (avec un mystérieux tueur en série), de descriptions de la vie nocturne new yorkaise et de fantastique « bigger than life ». Ce qui n’est pas si mal.

Au rayon des bémols on pointe par contre le côté très stéréotypé des protagonistes (le flic opiniâtre, la journaliste jeune et jolie, l’expert en occultisme avec ses vieux grimoires, etc.), l’inévitable romance assaisonnée d’une touche d’érotisme (avec la toute aussi inévitable nuit de passion « absolument renversante » où ils atteignent au moins de 8ème ciel), le côté prévisible du récit, les scènes chocs quelques peu plaquées (l’auteur nous présente une poignée d’individus destinés à finir en chair à saucisse) pour fournir le quota de violences sanglantes. Et puis le style relativement passe-partout de Monteleone, fonctionnel mais pas transcendant, le style du « bon faiseur » appliqué mais qui manque un peu de hargne ou de folie pour vraiment plonger le nez dans l’épouvante pure et dure. Ce qui n’était sans doute pas le but de ce roman d’horreur très « grand public » qui vise à donner un petit frisson mais pas à empêcher le lecteur de dormir.

Bref, on pense beaucoup, dans ses défauts comme dans ses qualités, aux romans de James Herbert première manière (façon LES RATS ou FOG), à certains récits de Graham Masterton (ceux rendant un hommage plus ou moins flagrant à HPL) et aux romans (parfois) interchangeables de Dean Koontz dans sa période la plus commerciale (un tiers romance, un tiers thriller, un tiers épouvante). Ou à des films comme C.H.U.D. ou « Le métro de la mort ». Finalement il existe pires références.

En résumé, L’HORREUR DU METRO n’est pas un incontournable (loin de là !) mais demeure un divertissement horrifique très correct et plaisant. Publié par J’ai Lu il aurait pu (amputer d’un tiers et remanié avec davantage de sexe et de sang) finir chez Gore. Dans les limites de ses modestes ambitions, le bouquin de Monteleone permet de passer un bon moment

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft, #J'ai lu Epouvante

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