hard science

Publié le 10 Février 2020

TERRE ERRANTE de Liu Cixin

Né en 1963, Liu Cixin est considéré comme une des étoiles montantes de la SF bien qu’il écrive depuis longtemps (son premier roman, CHINE 2185 est sorti en 1989 !). Révélé en occident par sa trilogie débutée par LE PROBLEME A TROIS CORPS (Prix Hugo 2015), poursuivie par LA FORET SOMBRE et terminée avec LA MORT IMMORTELLE (prix Locus), son œuvre antérieure se voit aujourd’hui redécouverte.

Bonne manière de se familiariser avec l’auteur, le roman court (environ 80 pages) TERRE ERRANTE mélange science-fiction apocalyptique et hard-science. L’expansion du soleil s’accélère, menaçant d’anéantir toutes les planètes du système solaire d’ici quatre siècles. Mais l’Humanité ne se résout pas à cette disparition programmée. Deux projets rivaux sont donc envisagés : emmener les Hommes explorer l’univers à bord d’arches stellaires ou transformer la Terre elle-même en vaisseau. Cette dernière option étant retenue il faut à présent mener à bien ce titanesque chantier afin d’envoyer la planète vers Proxima du Centaure au terme d’un voyage de deux mille ans.

L’auteur ne lésine pas sur les scènes spectaculaires et la démesure (rappelant certains romans d’Arthur C. Clarke) en nous montrant l’arrêt de la rotation terrestre, les brusques changements de température, les tsunamis aux vagues gigantesques, les torrents de magma qui détruisent les villes refuges souterraines, la traversée de la dévastatrice ceinture d’astéroïde,…Du véritable blockbuster littéraire où tout parait « bigger than life ». Liu Cixin envisage aussi (très – trop – brièvement) les changements psychologiques induits par la situation : la disparition des religions (peu crédible), la fin des passions amoureuses (on pourrait penser qu’elles seraient, au contraire, exacerbées), la crainte du Soleil, etc. La complète soumission populaire apparait (à nos yeux) comme très symptomatique du régime chinois et la situation parait, dans l’ensemble, acceptée. On peut penser que les comportements humains seraient beaucoup moins rationnels dans pareille situation, suscitant l’apparition de sectes bizarres et d’explosion de violence gratuite. En terme de psychologie apocalyptique on peut préférer l’excellent DERNIER MEURTRE AVANT LA FIN DU MONDE ou le très réussi et méconnu film « Seeking a friend for the end of the world ».

Toutefois, malgré ces bémols, TERRE ERRANTE reste une novella très efficace et réussie qui parvient, par un habile habillage hard-science (heureusement pas trop pesant) à crédibiliser une histoire qui parait totalement fantaisiste. Car, Liu Cixin, malgré des personnages sans émotion et un discours politique volontiers dictatorial, déverse en une centaine de pages un flot de « sense of wonder » rafraichissant qui convoque des images dantesques de planète s’arrachant à l’attraction solaire pour s’élancer dans l’espace. Vers l’infini et au-delà !

Adapté au cinéma en 2019, TERRE ERRANTE souffre de défauts évidents mais les compense par un véritable appel au merveilleux scientifique retrouvant, redisons le, la magie des Asimov, des Clarke et des autres enchanteurs de la SF. Et, au final, la balance penche largement vers le positif !

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 9 Janvier 2020

ACADIE de Dave Hutchinson

Dave Hutchinson, né en 1960, a déjà quatre recueils de nouvelles et plusieurs romans (dont la tétralogie « Fractured Europe ») sous le coude mais ACADIE, nommé au Locus, est son premier texte publié en français. Comme tous les titres de la collection « Une heure lumière » il s’agit d’un roman court (compter environ 80 minutes de lectures).

Depuis cinq siècles la légendaire et apparemment immortelle généticienne Isabel Potter a quitté la Terre et continue ses travaux sur une Colonie située dans un lointain système solaire. Mais les Terriens, rancuniers, continuent de traquer Potter et envoient des sondes explorer l’espace pour la retrouver. Or, une de ses sondes vient de pénétrer dans le système de la Colonie, ce qui nécessite l’intervention de John Wayne Farrady, dit Duke, président essentiellement honorifique.

Voici une novella fort bien ficelé qui embarque le lecteur dans un monde très convaincant, une sorte d’utopie futuriste hippie peuplée, notamment, de personnages de STAR TREK ou du SEIGNEUR DES ANNEAUX et ce par un mélange bien dosé de manipulations génétiques et de technologies. Bref, une ambiance quelque peu cyberpunk pour un planet / space opera qui ne néglige pas d’injecter une bonne dose de sense of wonder dans son univers hard-science.

Hutchinson déroule son intrigue à cent à l’heure et sans temps morts là où beaucoup d’auteurs auraient allongé la sauce sur un épais roman. Le lecteur doit donc s’accrocher pour assimiler tout cet univers fort bien construit et une narration habile avec des flashbacks bien amenés. Bref, c’est un court roman parfaitement réussi qui conduit à un twist vertigineux à la Philip K. Dick, cerise sur le gâteau d’une œuvre magistrale à découvrir toutes affaires cessantes.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 11 Septembre 2019

LES CHRONOLITHES de Robert Charles Wilson

L’enfant prodige de la hard science abordable (mais si c’est possible) Robert Charles Wilson livre ici un roman au postulat vertigineux. Nous suivons Scott Warden qui, en Thaïlande, assiste à l’arrivée d’un immense obélisque, un chronolithe de 100 mètres de haut expédié depuis le futur pour commémorer la victoire du seigneur Kuin…une victoire qui ne se produira que vingt ans plus tard. Peu à peu d’autres chronolithes surgissent un peu partout dans le monde, annonçant la venue de plus en plus imminente de Kiun…tyran, extra-terrestre, divinité, sauveur du monde ? Qui est ce Kiun et à quoi servent réellement ces chronolithes indestructibles ? Comment songer à combattre ce conquérant de l’avenir lorsque l’on a devant soi les symboles de sa toute-puissance ?

Robert Charles Wilson jongle ici avec des postulats scientifiques et philosophiques de pointe sans pourtant égarer le lecteur. Le futur est ici écrit ? Doit on combattre ce Kiun alors que sa victoire semble acquise ? Divisé en trois parties, le roman se veut ample mais sans se perdre dans les sous-intrigues, l’auteur réussissant à garder une intrigue resserrée et haletante en se focalisant sur un protagoniste principal confronté à l’avènement attendu de Kiun. Ce héros ordinaire devra d’ailleurs aller sauver sa fille tombée sous l’emprise d’une secte kuiniste et suicidaire.

Contrairement à de nombreux auteurs assimilés à la hard science, Robert Charles Wilson ne perd jamais de vue ses personnages : ce sont eux qui restent au cœur du récit et l’aspect science-fictionnel, assorti des hypothèses incroyables sur les paradoxes temporels, demeurent au second plan. Les amateurs de SF pur et dur pourraient se sentir frustrés mais cette approche s’avère beaucoup plus gratifiante pour le lecteur tant l’écrivain parvient à rendre attachants ses protagonistes et en particulier son narrateur qui tente de vivre une existence heureuse tout en étant plongé dans des bouleversements planétaires inimaginables.

Nominé au Hugo, LES CHRONOLITHES est un fantastique roman de science-fiction qui annonce par sa construction et certains de ses questionnements le chef d’œuvre de l’auteur, SPIN. A ne pas manquer.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #science-fiction

Repost0

Publié le 21 Août 2019

GUIDE DES GENRES ET SOUS GENRES DE L’IMAGINAIRE d'Apophis

Ce guide, disponible gratuitement en ebook, constitue la version remaniée de treize articles parus sur le blog d’Apophis. Le bonhomme s’est donc lancé dans un projet un peu fou : créer une taxonomie des littératures de l’imaginaire cohérente et érudite en environ 200 pages. Pari un peu fou car selon les pays les définitions varient…et les spécialistes éprouvent également les pires difficultés à s’accorder. Mais ce n’est pas grave car l’important est de permettre aux lecteurs débutants d’avoir un panorama des littératures de l’imaginaire.

Tout d’abord, Apophis distingue science-fiction, fantastique et fantasy en utilisant la « parabole du chat » pour expliquer clairement aux néophytes ce que sont ces genres majeurs de l’imaginaire. Jusque là tout est simple et abordable par tous.

La suite se montre plus pointue et s’adresse davantage aux connaisseurs ou à ceux qui souhaitent élargir leur horizon. On explore ainsi les différentes branches de la fantasy (high, heroic, grim,…), de la SF (militaire, anticipation, space opera, etc.). On aborde aussi les récents développements de la Fantasy qui viennent (enfin !) mettre un peu de nouveauté dans un genre dominé par le médiéval fantastique d’inspiration européenne en situant leur intrigue dans des époques différentes (renaissance par exemple) ou dans des contrées peu communes (Afrique, Inde,…réelle ou fantasmée voire imaginaire).

Les innombrables dérivés du « punk » littéraire sont évidemment couverts : l’ancêtre cyberpunk, le très riche et populaire steampunk, les émergeants biopunk, nanopunk, solarpunk, etc.

A chaque fois Apophis aborde le sous-genre en donnant ses principales caractéristiques : sciences dures vs sciences molles, complexité des personnages, richesses de l’écriture, ancrage spatio temporel, etc.

Tout cela donne parfois l’impression de vouloir couper les cheveux en quatre (ce n’est pas la faute de l’auteur mais bien des romanciers eux-mêmes souvent contents de catégoriser leur œuvre dans un nouveau sous-genre dont ils seraient l’unique représentant…comme le superbe EMPIRE ELECTRIQUE qui se définit comme « Voltapunk ») mais les listes de lecture proposées s’avèrent bien pratiques. D’une part elles aident à situer un sous-genre en proposant des titres connus et, d’autres part, elles offrent une multitude de pistes de lecture pour ceuw qui souhaitent approfondir la « fantasy à mousquets inspirées des TROIS MOUSQUETAIRES » ou « la science-fiction de terre mourante ».

En résumé un guide pratique, complet, ludique et gratuit…Que demander de plus ?

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 12 Août 2019

BLIND LAKE de Robert Charles Wilson

Monde clos peuplé de scientifique, la station de Blind Lake permet, grâce à une technologie quantique quasiment incompréhensible par l’Homme, d’observer la vie sur une lointaine planète extraterrestre. Les savants observent ainsi un certain « Sujet », créature alien rebaptisée péjorativement « homard » par les locaux. Mais, soudain, la belle routine se grippe : pour une raison inexpliquée le complexe est placé en quarantaine. Bien sûr chacun pense que la situation ne durera guère mais lorsque celle-ci commence à s’éterniser l’ambiance se dégrade. De plus des individus cherchant à quitter Blind Lake sont abattus par des drones militaires. Que s’est-il passé à Blind Lake ? Que justifie cette quarantaine ?

BLIND LAKE témoigne indéniablement de la « manière » de Robert Charles Wilson : un groupe de personnes diverses soudain confronté à l’étrange et l’inexplicable, plusieurs lignes narratives (la plupart intimistes) qui se développent en parallèle puis se croisent et finissent par se mêler avec l’intrigue science-fictionnelle proprement dite. Cette dernière propose une hard science que l’on pourrait qualifier (risquons l’oxymore!) de « légère » ou du moins d’abordable. En effet, en dépit des hypothèses scientifiques souvent ardues abordées par l’auteur, ce côté technique n’est jamais pesant, sans doute parce qu’il n’étouffe jamais les relations humaines. Cela différencie Robert Charles Wilson de bien des écrivains du même style pour qui le jargon savant devient pratiquement une fin en soi. Dans cette « manière » de l’écrivain citons encore une conclusion vertigineuse (mais toujours « ouverte » et donc - fatalement - un poil décevante), des questionnements sur le développement de l’intelligence artificielle et une réflexion plus globale et philosophique sur la place de l’Homme dans l’univers.

Bref on retrouve dans BLIND LAKE tout ce qui faisait la réussite des formidables SPIN et LES CHRONOLITHES, y compris une construction millimétrée proche du techno-thriller qui transforme le roman en page-turner certes exigeant mais surtout terriblement addictif. Avec son huis-clos étouffant, sa violence larvée (qui finira évidemment par éclater) et son mystère, Robert Charles Wilson s’inscrit dans la tradition des auteurs soucieux de donner envie au lecteur d’avancer dans le roman pour découvrir le fin mot de l’histoire.

De plus, l’écrivain a le bon goût de toujours œuvrer sur une longueur adéquate : en dépit de thématiques vertigineuses pouvant nourrir plusieurs tomes (ce que certains de ses collègues n’auraient pas manqué d’accomplir quitte à tirer à la ligne), il reste confiné dans une pagination des plus raisonnables (la plupart de ses bouquins tournent autour des 400 pages) ce qui évite les longueurs et, par conséquent, l’ennui.

Thriller science-fictionnel aussi intéressant qu’efficace, BLIND LAKE constitue donc une bien belle réussite de la part d’un des auteurs majeurs de la SF actuelle. S’il reste sans doute un poil inférieur à SPIN et aux CHRONOLITHES ce bouquin n’en demeure pas moins fortement recommandé.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Technothriller, #science-fiction

Repost0

Publié le 25 Juin 2019

HELSTRID de Christian Leourier

HELSTRID signe le retour d’un vétéran de la SF française, Christian Leourier, accueilli dans la prestigieuse collection « Une heure lumière » qui rassemble les meilleures novellas (autrement dit les « courts romans ») de l’imaginaire. A l’heure des gros pavés de milliers de pages il est agréable de pouvoir découvrir ces textes à la pagination nettement plus raisonnable (entre 90 et 150 pages) mais souvent tout aussi intéressants et maîtrisés que les interminables sagas. HELSTRID, planet opéra façon survival spatial en témoigne à nouveau.

Direction donc la planète Helstrid et ses conditions climatiques plus qu’inhospitalières : vent très violents, atmosphère irrespirable, température glaciale,…Mais l’Homme est décidé à exploiter ses ressources et des prospecteurs y partent donc et aboutissent sur Helstrid au terme d’un long voyage en hibernation. Une manière commode, pour certains, de laisser leur passé derrière eux à l’image de Vic qui tente de surmonter un chagrin d’amour. Le jeune homme se retrouve ainsi dans une sorte de camion d’exploitation supervisé par l’Intelligence Artificielle Anne-Marie. Hélas, sur le chemin du retour, le voyage normalement sans histoire devient une véritable lutte pour la survie en milieu hostile.

Leourier a débuté avec LES MONTAGNES DU SOLEIL, édité chez Robert Laffont en 1972, déjà un « planet opera » tout comme ce HELSTRID, roman d’aventures spatiales teinté de hard science ou, du moins, scientifiquement plus rigoureux que la plupart des romans de ce style. L’intrigue, assez simple, laisse la part belle à l’aventures proprement dite (et à la manière dont le héros va tenter de survivre dans un environnement très hostile) tout en proposant des réflexions sur la mortalité, le travail de deuil (un voyage de 25 ans en hibernation est ici envisage comme le meilleur moyen d’oublier un chagrin d’amour) et les rapports entre l’Homme et l’Intelligence Artificielle.

Par son cadre, ce court roman fait parfois penser au film « Seul sur Mars » ou à la série télévisée « Lost In Space » (dans son incarnation de 2018) en jouant sur l’ingéniosité humaine pour se sortir d’une situation apparemment sans espoir. Une jolie réussite qui offre ce qu’on attend de cette collection : deux petites heures (ou une seule pour les lecteurs allant à la vitesse de la lumière) de divertissement intelligent.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 20 Mai 2019

LES SABLES DE MARS d'Arthur C. Clarke

Voici le tout premier roman d’Arthur C. Clarke, daté du début des fifties et originellement publié au Fleuve Noir. Nous sommes aux prémices de cette science-fiction spéculative et anticipative basée sur un scientisme rigoureux qui sera, par la suite, appelée la « hard science ». Clarke offre donc la description relativement minutieuse et précise d’un voyage spatial et d’une possible terraformation de la planète rouge. Idée reprise par la suite par plusieurs épigones de Clarke, notamment Kim Stanley Robinson, Ben Nova ou Stephen Baxter.

Alors qu’il n’est que débutant, l’auteur s’invite pratiquement dans son œuvre sous l’apparence de Gibson, écrivain ayant beaucoup traité de Mars dans des romans à présents dépassés d’un point de vue scientifique comme son célèbre « Poussière martienne ». Il est autorisé à se rendre sur la planète afin d’en rapporter un compte rendu de ses voyages.

Dans le vaisseau, Gibson a une intéressante discussion concernant les romans de Verne ou Wells s qui, 70 ans plus tard, s’applique également à ces SABLES DE MARS : pourquoi lire encore de la science-fiction lorsque les postulats des romans se révèlent périmés ? La SF d’anticipation proche est-elle condamnée à une rapide obsolescence et faut-il que les écrivains se tournent vers le futur le plus lointain ou la Fantasy la plus débridée? Autrement dit LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE ou LA GUERRE DES MONDES doivent-ils être oubliés au seul profit de LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS pas encore dépassé par les avancées scientifiques ? On laissera les personnages (et le lecteur) en débattre. LES SABLES DE MARS lui aussi apparait anachronique (toutefois Clarke fut parfois visionnaire en datant vers 1970 l’alunissage) et l’auteur se trompa aussi lourdement, notamment sur tout ce qui concerne l’informatique quasi inexistante dans son livre. Néanmoins, malgré ses approximations scientifiques, l’histoire reste suffisamment intéressante pour que le lecteur oublie ses incohérences. Nous rencontrerons même des plantes martiennes et de petites créatures proches des marsupiaux terrestres qui aideront finalement les humains dans leur grande entreprise de terraformation de Mars. Le roman n’en aborde que les premières phases (avec, entre autres, la transformation du satellite Phobos en un second soleil capable de hâter la production d’oxygène).

Clarke maitrise sa narration et alterne grand spectacle (voyage spatial, création d’un second soleil…annonçant 2010 ODYSSEE 2), péripéties (le périple des héros dans les sables martiens et leur découvertes des natifs de la planète rouge) et discussions quasi philosophiques sur le devenir de l’humanité. Clarke y ajoute les relations compliquées entre le héros et un jeune homme, en réalité son fils (bien qu’il l’ignore). Le style, comme toujours chez l’écrivain, se montre précis, relativement simple sans verser dans le simpliste, le vocabulaire bien choisi et le métier est déjà là dans la construction de l’intrigue, les dialogues et les descriptions réussies sans devenir encombrantes (un travers qui empoisonne bien des livres hard science récents).

Roman de jeunesse de Clarke (précédé, dans l’édition ressortie chez Milady, d’une intéressante préface le remettant en perspective), LES SABLES DE MARS n’est pas le meilleur bouquin de l’auteur mais, pour un coup d’essai, on peut dire – sans parler de coup de maître - qu’il reste sacrément efficace et divertissant près de 70 ans après sa première publication.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Arthur C. Clarke, #Hard Science, #anticipation, #science-fiction

Repost0

Publié le 16 Avril 2019

RETOUR SUR TITAN de Stephen Baxter

Ce roman court (cela change des récents pavés de l’auteur) s’inscrit évidemment dans le courant hard-science en suivant une expédition lancée vers Titan. A bord du vaisseau d’exploration Bernard-l’ermite, en route vers le satellite de Saturne, se trouve Jovik Emry, spécialiste de la sentience. Son rôle consiste à empêcher l’exploration des mondes abritant la vie. De son côté, le capitaine du Bernard-l’ermite, Michael Poole, désire explorer Titan et tirer parti de ses richesses. Il a donc besoin de l’aval de Jovik, chargé de confirmer l’absence de sentience. L’idée de Poole est, en effet, de rentabiliser un trou de vers proche de Saturne qui permettrait de visiter la galaxie. Mais l’exploration de Titan va réserver bien des surprises à l’équipage.

Se déroulant en 3685, soit juste avant SINGULARITE, RETOUR SUR TITAN appartient au vaste cycle des Xeelee mais peut sans difficulté se lire de manière indépendante. A noter également qu’en dépit d’un titre français un rien trompeur il ne s’agit aucunement d’une suite à l’épais TITAN du même auteur. Avec RETOUR SUR TITAN nous retrouvons un Baxter classique, qui ne brille guère par son intrigue (il s’agit, ici, d’une « simple » exploration spatiale, quelque part entre les récits de monde inconnu et le « catastrophe ») ni par des personnages très fouillés ou attachants. Par contre, comme toujours, l’écrivain prend son temps pour les descriptions complexes, les environnements dépaysant, les notations scientifiques rigoureuses. Il s’agit de hard science pure et dure, certes abordable, mais cependant exigeante. Autrement dit, le roman demande un petit bagage science-fictionnelle, une certaine familiarité avec les concepts coutumiers du genre, quelques connaissances en astronomie, en chimie, en biologie et une attention soutenue. Heureusement tout cela est plus facile sur 160 pages que sur 600 et RETOUR SUR TITAN demeure, par conséquent, très digeste et intéressant avec un minimum de bonne volonté. Si certains éléments restent nébuleux (voire, pourquoi pas, peu compréhensibles), RETOUR SUR TITAN possède suffisamment d’attraits pour maintenir l’attention,  notamment par son utilisation certes un brin mécanique mais cependant appréciable du sense of wonder.

Au final, une très honnête novella et un bon moyen d’aborder cet auteur phare de la science-fiction exigeante sans plonger dans ses romans les plus longs et les plus ardus.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Roman court (novella), #science-fiction

Repost0

Publié le 3 Avril 2019

FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS de Roland Lehoucq

Dans ce petit bouquin érudit, complexe mais globalement abordable, Roland Lehoucq, collaborateur régulier de Bifrost, retrouve le plaisir quelque peu oublié de la vulgarisation scientifique. Autrement dit il aborde des thématiques complexes de manière ludique en prenant pour base un socle commun à tout amateur de science-fiction qui se respecte : l’univers de « Star Wars ».

L’auteur aborde ainsi ce qui relève de la pure imagination, ce qui sera peut-être possible et ce qui restera probablement à jamais un mythe. Tous les grands thèmes de « Star Wars » sont passés au crible de manière scientifique mais avec un ton décontracté et suffisamment d’humour pour rendre tout ça digeste (plus que bien des romans hard science)

Roland Lehoucq s’interroge tout d’abord sur la force : que peut-elle être et comment les Jedi peuvent il la manipuler ?

Ensuite nous passons à l’Etoile Noire et comment déplacer un engin d’une telle taille…d’ailleurs quelle est sa taille et qu’elle peut bien être sa source d’énergie ? Apparemment la seule solution serait de la puiser directement dans un trou noir. Ne reste plus qu’à en trouver un et à parvenir à le « dompter ».

Les sabre-lasers, ces armes si plaisantes à l’œil mais si improbables scientifiquement parlant, sont ensuite décortiquées. A moins d’envisager des sabres au plasma, ce qui est astucieux pour la démonstration et plus plausibles scientifiquement mais pose d’autres problèmes techniques, notamment d’alimentation en énergie.

Tout est-il donc farfelu et improbable ? Non, les petits chasseurs à propulsions ioniques (les fameux Tie) utilisent, eux, une technologie déjà existante (mais rudimentaire).

Se pose ensuite la question des gros vaisseaux capables de dépasser la vitesse de la lumière et, plus généralement, le problème du franchissement de très grande distance dans l’espace.

Pour les vaisseaux terrestres, là aussi, l’ingénieur chargeait de les construire se heurterait à d’énormes difficultés, que ce soit pour construire les dispositifs antigravités permettant de faire léviter le landspeeder ou pour équilibrer la masse énorme des peu maniables quadripodes impériaux AT-AT.

Et les planètes dans tout ça ? Roland Lehoucq s’interroge sur les deux soleils de Tatouine (et ironise sur le fait que les personnages n’ont qu’une seule ombre) et sur l’orbite possible de la planète. Il dissèque aussi la faune de la planète glaciaire Hoth et les énigmatiques boucliers du peuple Gungans (Alerte ! Jar Jar !!) sur Naboo, puis effectue un parallèle entre les anneaux de Geonosis et ceux de Saturne. Il apparait que les anneaux constitués de gros rochers de Geonosis ne peuvent dater que d’un mois ou deux mais, cette fois, la science s’appuie sur les événements pour suggérer que les ingénieurs de l’Etoile Noire ont testé leur turbo laser sur une lune de la planète dont la destruction a créé les fameux anneaux ! CQFD. Kamino la planète océanique et Mustafar la planète volcanique termine ce tour d’horizon des mondes imaginés par George Lucas.

En résumé, un petit livre amusant et bien fichu, agréable et abordable, pour découvrir différentes innovations et théories scientifiques sans se prendre la tête.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Star Wars, #science-fiction, #Essai, #Cinéma

Repost0

Publié le 18 Janvier 2019

DANS LA GUEULE DU DRAGON de Laurent Genefort

Publié au Fleuve Noir, voici un plaisant space opéra de la part d’un Genefort encore relativement débutant (ayant début fort jeune il avait déjà du métier) qui propose un mélange de hard science et de sense of wonder bien équilibré.

Nous suivons un enquêteur d’élite, Jarid Moray, au service d’une gigantesque entreprise, la Semeru. Jarid doit rétablir l’ordre lorsque les troubles menacent et, justement, la situation se détériore sur Muspellsheim, une planète de lave, véritable enfer en fusion. Celui-ci abrite pourtant une colonie humaine établie sur l’île artificielle d’Ymir qui navigue, telle un navire, sur les flots bouillonnants. Deux gouverneurs ont déjà été assassinés et Jarid doit résoudre ce mystère afin d’éviter le pire.

A la manière de certains Brussolo, DANS LA GUEULE DU DRAGON part d’une idée en apparence délirante (une colonie humaine qui vit – ou survit – sur une boule de lave inhospitalière à l’extrême) mais Genefort, contrairement à son confrère aimant s’enfoncer dans l’excès, parvient au contraire à la crédibiliser.

Déjà solidement rôdé et conseillé par des experts (d’ailleurs remerciés en fin de volume) scientifiques, l’auteur s’appuie sur des données scientifiques vraisemblables. Il rend ainsi son récit intéressant et crédible en lui conférant un background rigoureux qui plonge volontiers dans une hard science efficace sans devenir inutilement pesante ou exagérément didactique. Limité par les contraintes du Fleuve Noir, l’écrivain ne peut sans doute pas s’appesantir autant que souhaité sur son univers mais cela lui permet de garder un rythme soutenu et d’éviter les disgressions qui rendent certains romanciers de hard-science parfois peu digeste pour quiconque ne possède pas un doctorat en physique. Genefrot adopte ici une construction façon polar qui maintient l’intérêt du lecteur et soigne la caractérisation de ses protagonistes et les implications géopolitiques. Cependant ce sont surtout les descriptions, assez incroyables et vertigineuses, de cet environnement brûlant qui concourent à l’originalité et à la réussite du livre.

Si Genefort n’avait pas encore donné sa pleine mesure, il prouvait déjà avec ce DANS LA GUEULE DU DRAGON sa maitrise des codes du space opera, du polar science-fictionnel et de la hard science, faisant de lui, à moins de 30 ans, un des grands espoirs de la SF française. Un bon divertissement intelligent et un bon « Fleuve Noir »… même si on n’aurait pas craché sur une version plus longue (pour une fois !) d’une centaine  de pages afin d’explorer davantage ce « dragon ».

Voir les commentaires

Repost0