aventures

Publié le 30 Janvier 2018

KIRA B - ONDE DE CHOC SUR L'OREGON de Steven Belly

Dans le trois centième (!!!) tome publié en France de l’Exécuteur, LE RESEAU PHENIX, Mack Bolan, l’éternel Guerrier, se découvrait une probable descendance, Kira, supposée être sa fille perdue de vue et tombée aux mains d’infâmes réseaux pédophiles.

Notre jeune punkette gothique, pirate informatique sexy tatouée, percée et bisexuelle (forcément) revient se venger dans ses premières aventures en solo, papa ne faisant ici qu’une lointaine figuration en dispensant ses conseils et en aidant, de loin, la demoiselle. Car Kira Bolan, après avoir émasculé un de ses violeurs, se lance dans un nouveau blitz, décidée à exterminer un réseau de trafic d’êtres humains opérant dans les profondeurs insoupçonnées du Dark Web. Se faisant passer pour l’agent spécial d’un prince arabe nanti d’un imposant harem, Kira infiltre l’organisation Witch, spécialisée dans la prostitution et les snuff movie dans le but, bien évidemment, de la démanteler à la manière de papa…

Si Kira B se conforme aux attentes du lecteur (masculin) du roman de gare, elle reste néanmoins un personnage intéressant, fan de rock & roll, de films d’horreur (« Massacre à la tronçonneuse » est son préféré) et de séries télé, bien qu’elle ignore à quoi peut se référer son paternel en parlant de « K2000 », lui préférant la plus contemporaine « Walking Dead ».

On sent l’auteur féru de références et soucieux d’apporter un peu de sang neuf à la saga de L’EXECUTEUR en y injectant davantage d’humour et une forte dose d’érotisme, jusqu’ici quasiment absent des aventures de Mack Bolan. Avec Kira, le charme est là et l’auteur ne se prive pas d’une poignée de scènes chaudes entre filles et même d’une relation hétérosexuelle en mode cyber sexe. L’originalité n’est donc pas vraiment au rendez-vous (Kira ressemble à un décalque de l’héroïne revancharde de la saga MILLENIUM) mais le récit se révèle cependant efficace. L’intrigue braconne un peu sur les terres du techno thrillers avec son jargon technique et ses innovations technologiques sans toutefois risquer de perdre le lecteur, l’essentiel étant, comme toujours, l’action pétaradante et violente, saupoudrée d’un certain sadisme et d’un côté glauque qui rendent KIRA B, toutes proportions gardées, plus sérieuse que L’EXECUTEUR.

Vu la monstrueuse inhumanité de l’organisation Witch (qui dresse dès l’enfance ses prostituées afin de les amener à supporter les tortures infligées par les riches clients recourant à ses services), Kira, adoubée par Mack Bolan, ne peut que réagir de manière radicale en exterminant toutes ces ordures.

Pour les amateurs de L’EXECUTEUR tenté par une intrigue plus « moderne » et un nouveau personnage attachant et sexy, ONDES DE CHOC SUR L’OREGON reste un bon moment de lecture et un plaisant roman de gare : un peu d’humour, une louche d’érotisme, une bonne dose de violences, du sadisme,…que demander de plus pour passer un bon moment ? Dommage cependant que la conclusion soit expédiée en 3 pages...

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Thriller, #Roman de gare, #Gérard de Villiers, #Exécuteur

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Publié le 11 Janvier 2018

STAR WARS - CLONE WARS: TOME 1 et 2

Les récits appartenant au vaste arc narratif de la « guerre des clones » se situent peu après « Star Wars Episode II : L’attaque des clones ». Ils permettent de retrouver les personnages de la prélogie et d’approfondir des événements parfois rapidement survolés par les films. Nous retrouvons ici des visages familiers comme Mace Windu, Maitre Yoda et, bien sûr, Obi Wan et son apprenti Anakin. Pour le côté obscur l’Empereur tire des ficelles dans l’ombre, tout comme le Comte Dooku, tandis que les opérations de terrains sont assurées par Ventress, une ancienne Jedi passée du mauvais côté de la force (avec son look cuir / dominatrice du plus bel effet) et Dirge, une sorte de monstre en armure qui rappelle Jango Fett (il rêve d’ailleurs de lui ravir le titre d’homme le plus dangereux de la galaxie).

Les récits (trois à cinq par tomes) tournent, évidemment, autour de l’armée de clones commandée par la République, avec diverses missions, notamment sur Kamino, afin de la défendre. Les Jedi se voient également forcés de prendre une part plus active dans le conflit et d’assurer le rôle de généraux, ce qui n’est pas au goût de tous les Chevaliers. Un schisme (titre de la troisième – et meilleure – histoire du premier volume) se prépare d’ailleurs au sein de l’Ordre : le vénérable Sora Bulq se place au service de Dooku et tend un piège à Mace Windu. De son côté, Anakin se pose de plus en plus de questions (et il n’est pas le seul) sur l’implication des Jedi et sur la manière de concilier son enseignement avec la guerre totale qui s’annonce. Le jeune homme prend également la défense des clones et notamment des soldats Arc surentrainés mais traités comme de la simple chair à canon sacrifiable par la majorité des Républicains. De plus en plus de Jedi prennent en outre conscience de la corruption qui règnent au sein de la République et se demandent comment la défendre sans succomber, à leur tour, à cette corruption.

STAR WARS - CLONE WARS: TOME 1 et 2

Dans le deuxième tome, au cours d’une mission sur Naboo, planète où vit sa bien-aimée Amidala, le jeune Anakin va découvrir les atrocités permises par « le nouveau visage de la guerre ». Un récit qui effecture un parallèle assez évident avec les combats de tranchées et des attaques au gaz de la Première Guerre Mondiale. Au fil des pages, les frontières entre le Bien et le Mal se brouillent : « moins certains les choses sont » comme le dit Maitre Yoda alors que les actions des Jedi les mènent dangereusement proches du côté obscur : « Je me demande ce que cette guerre change en nous, en tant que Jedi. La guerre change toujours ceux qui la font et nul ne peut prévoir comment. »

En dépit du caractère inégal des histoires proposées, ces deux tomes, servi par un beau dessin, se révèlent très plaisants à lire et permettent de mieux connaitre une période très intéressante de la mythologie « Star Wars », celle du basculement de la République et de l’avènement du pouvoir impérial.  

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Publié le 8 Janvier 2018

SAS A ISTANBUL de Gérard De Villiers

En ces temps frileux où la moindre parole sexiste prend des proportions effarantes il est rafraichissant de se plonger dans le machisme satisfait de la plus célèbre des sagas d’espionnage. Car si SAS c’est tout d’abord un personnage, le prince hongrois Malko Linge, autrement dit Son Altesse Sérénissime, SAS c’est également – et surtout - une institution du roman de gare francophone et de l’espionnage. Créé en 1965 par Gérard de Villiers qui écrivit deux cents aventures de son héros jusqu’en 2013, soit près de cinquante ans de bons et loyaux services à la cause d’une espionnite réactionnaire et globalement divertissante.  

Que l’on aime (ou pas) le héros ou son controversé auteur, SAS A ISTANBUL reste une œuvre historique puisqu’il s’agit de la première aventure de Malko, lequel se voit défini comme un aristocrate désargenté acceptant de dangereuses missions afin d’amasser suffisamment de ressources monétaires pour restaurer son château décrépi. L’aristocrate aventurier possède un charme indéniable dont il use abondamment, à la manière de James Bond (si Malko fait plusieurs conquête la série n’a pas encore sombré dans le porno envahissant des titres ultérieurs et demeure sobre au rayon de l’érotisme) et une mémoire fabuleuse qui lui permet de retrouver facilement une information lue bien des années auparavant. Cette aptitude originale, elle aussi, sera rarement mentionnée par la suite. Dans cette première aventure, Malko n’est d’ailleurs pas vraiment un homme d’action, plutôt un stratège qui enquête, rassemble des faits, et laisse ses hommes de main accomplir le sale boulot. La série, là aussi, évoluera pour se conformer davantage aux normes du roman d’action / espionnage durant les décennies ultérieures où le prince fera le coup de poing à intervalles réguliers.

Avec SAS A ISTANBUL nous sommes encore en pleine guerre froide : après la destruction d’un sous-marin américain dans le détroit du Bosphore, un submersible non identifié est coulé en représailles. Peu après, le corps d’un marin russe est découvert sur la plage d’Izmir. Les services secrets de divers pays vont alors tenter de récupérer des documents compromettants. Une poignée de personnages jouent double jeu tandis que d’autres sont simplement éliminés au fil des pages, abattus par des agents rivaux. SAS Malko Linge débarque en Turquie pour enquêter sur cette affaire qui pourrait compromettre la paix mondiale.

Avec ses clichés mais aussi son rythme enlevé et son intrigue relativement complexe, SAS A ISTANBUL (un titre qui évoque immédiatement les longs-métrages d’espionnite de la fin des sixties) constitue un bon moyen de passer trois ou quatre heures de son temps. Le héros s’y révèle plutôt sympathique et attachant, loin de l’image du surhomme « sex machine » qu’il deviendra quelques années plus tard. De Villiers, pour sa part, évite les conventions et n’a pas encore sombré dans sa propre caricature à la manière des romans ultérieurs, plaisants mais bien trop mécaniques pour passionner : un quart d’ultra violence, un quart de sexe, un quart de péripéties façon guide du routard et un quart de considérations géopolitiques que ses détracteurs trouveront toujours « nauséabondes ».

Dans les limites de la littérature de gare, SAS A ISTANBUL fonctionne agréablement et s’appuie sur une écriture simple mais fluide et efficace, soucieuse de ne pas générer de temps morts mais, au contraire, de proposer des rebondissements et quelques touches humoristiques au sein d’un récit bien balancé. De quoi donner envie de poursuivre la lecture des titres ultérieurs, du moins ceux parus jusqu’à la fin des sixties, avant le grand basculement dans le sexe balisé et la violence outrancière.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Roman de gare, #Gérard de Villiers, #Erotique, #Espionnage

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Publié le 23 Décembre 2017

LE CLUB de Michel Pagel
LE CLUB de Michel Pagel

Les romans du Club des Cinq (les Famous Five dans la langue de Lennon) ont été rédigés par Enid Blyton et publiés entre 1942 et 1963. L’auteur en écrira 21 avant que la traductrice française Claude Voilier en propose 24 supplémentaires, présentés de manière étrange avec du texte sur une page et une bande dessinée en vis-à-vis. Bien sûr, les histoires furent adaptées pour le public français. Dans l’édition originale les personnages principaux vivent en Angleterre tandis que dans la version traduite ils passent leurs vacances en Bretagne. Georgina Kirrin devient Claude Dorsel, Julian Kirrin est renommé François Gauthier et le chien Tim s’appelle Dagobert.

Claudine, la chef de la bande, a onze ans. Ce garçon manqué préfère se rebaptiser Claude et adore son chien, le brave Dagobert aussi intelligent qu’affectueux. Les Gauthier, pour leur part, comprennent le très raisonnable et responsable François, archétype du garçon sérieux qui, à 13 ans, veille sur son frère Mick et sa sœur Annie, la gentille « sosotte » de presque 10 ans. Aux côtés des Cinq, on trouve les parents de Claude, le savant travailleur Henri et son épouse attentionnée Cécile, aidés par leur cuisinière Maria. D’autres enfants voisinent les héros : la jeune gitane Jo, le rigolo Pierre-Louis Lagarde, dit Pilou, qui adore imiter le bruit des voitures et Jean-Jacques, un jeune pêcheur amoureux de Claude.

Nous retrouvons ces personnages une trentaine d’années plus tard, après le « cataclysme », alors que l’innocence de l’enfance s’est envolé. Car si les héros des livres sont évidemment demeurés éternellement jeunes (les « enfants parfaits et ennuyeux » que souhaitent les parents qui achètent encore les aventures du Club) leurs contreparties « réelles » ont beaucoup changé : Pilou, toujours casse-cou et devenu pilote, multiplie les conquêtes, François – quarante ans toujours puceau – est un flic solitaire obsédé par son métier, Claude vit avec sa compagne Dominique mais ne dédaigne pas coucher avec Jean-Jacques, Annie a vécu trois divorces, s’est empâtée, à sombrer dans l’alcool et rejette les ratés de son existence sur sa fille. Tante Cécile est grabataire. Et Dagobert ? Il est, bien sûr, mort depuis longtemps.

Avec une  connaissance irréprochable de la saga littéraire dont il s’inspire, Michel Pagel se permet divers clins d’œil (ainsi seules les aventures écrites par Blyton sont considérées comme canoniques, les autres, écrites par la traductrice après l’arrêt de la série originale « n’ont jamais existé »). Il compare aussi les personnages « traduits » aux « originaux » qui vivent, eux, de l’autre côté de la Manche, dans le Dorset. Eux n’ont pas changés et n’ont pas eu à subir le point des ans (ni les remaniements de leurs aventures pour s’inscrire davantage dans le politiquement correct), bref ils sont restés les héros éternels des enfants d’hier. Et les autres ? Les traductions, les François et les Claude ?  Ils ont mal vieillis, la plupart ont même mal tournés et sont devenus des adultes au bout du rouleau qui regardent parfois avec nostalgie ce qu’ils étaient jadis. Car ils savent qu’ils furent jadis les membres du Club et qu’ils ne sont plus, aujourd’hui, que des adultes ennuyeux. La puberté est arrivée et a détruit leur innocence, les enfants se sont changés en adolescents dévorés par leurs désirs et leurs envies. Seul François a refusé le changement, a refusé de s’incarner. Ne s’étant pas fait chair il est resté, du moins en partie, un être de papier, un être imaginaire.

Pagel plante son court récit deux jours avant Noel, dans une Bretagne déjà enneigée où un crime est commis : qui a assassiné la tante Cécile ? Le Club, une nouvelle fois, mène l’enquête façon Cluedo en huis-clos. Mais le whodunit intéresse peu l’auteur, le lecteur comprenant rapidement qui est le coupable et quelles sont ses motivations. Davantage préoccupé par la confrontation entre l’imaginaire et la réalité, Pagel livre un roman complètement sombre, une entreprise de destruction – aussi virulente que paradoxalement respectueuse – d’un mythe de la littérature jeunesse. Une éclatante réussite au style prenant et rythmé, bouclé en environ 160 pages par un romancier au meilleur de sa forme.

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Publié le 15 Décembre 2017

LE SOUS-MARIN DE LA DERNIERE CHANCE de Patrick Robinson

Patrick Robinson se lance, à la fin des années ’90, sur le marché du techno thriller maritime et militariste, suivant ainsi les pas de Tom Clancy, Michael DiMercurio ou Clive Cussler. Après NIMITZ en 1997 voici donc la deuxième aventure de l’Amiral Morgan. Nous sommes, comme avec les auteurs précités, dans une sorte d’univers alternatif, une histoire parallèle située dans un très proche futur, ce qui permet évidemment de s’affranchir d’un complet réalisme pour embrasser une anticipation spéculative basée sur le principe du « et si on disait que ».

Et que dit on cette fois ? L’auteur imagine l’acquisition, par la Chine, d’une dizaine de sous-marins de classe « Kilo », de petits engins quelque peu déclassés mais cependant silencieux et capables, à eux seuls, de « tenir » la mer aux environs de Taiwan et, par conséquent, de renverser l’équilibre des forces dans cette partie du monde. Les Américains décident donc de couler les « Kilo » en se disant que personne n’y trouvera rien à redire et que détruire sans la moindre provocation ni raison deux poignées de navires chinois ne provoquera aucune répercussion. Bien sûr, comme Robinson, quoique britannique, salue la bannière étoilée matin et soir ce plan hautement peu crédible fonctionne…Comme il s’agit d’une « opération noire » chacun regarde ailleurs et fait semblant de ne pas voir à quel point les actes américains constituent une déclaration de guerre qui, dans la réalité, pourrait tout droit mener à un affrontement mondial entre la Russie, les USA et la Chine. Mais les Chinois sont surtout, on le sait, préoccupé de ne pas perdre la face donc ils laissent couler (au propre comme au figuré).

En dépit d’une intrigue peu vraisemblable, LE SOUS MARIN DE LA DERNIERE CHANCE se veut précis au point de vue technique et militaire. L’auteur, d’abord journaliste sportif, trouve sa voie en rédigeant une biographie de Sandy Woodward, chef de guerre anglais lors du conflit des Malouines. Patrick Robinson plonge alors (hum !) dans le thriller militariste : il rédige une quinzaine de romans maritimes (la moitié ont été traduits) et d’autres récits guerriers, notamment LE SURVIVANT qui donne au cinéma « Du sang et des larmes » de Peter Berg.

Avec LE SOUS MARIN DE LA DERNIERE CHANCE, le lecteur n’échappe pas au jargon technique et au blabla, lequel parasite quelque peu l’action sans que cela soit réellement problématique. Les moins férus de tactiques militaires pourront se contenter de survoler certains passages rébarbatifs pour se concentrer sur l’action et l’aventure. Malheureusement celle-ci est incroyablement verbeuse. Alors que le roman débute de manière agréable la suite s’enlise rapidement en dépit des commentaires élogieux de Sandy Woodward, lequel affirme que le livre « se lit d’une traite » et qu’il est à la fois clair, documenté et passionnant.

On peut ne pas être d’accord. Certes, à la manière d’un James Bond, le romancier nous emmène sur le vaste monde, de Washington à la Russie en passant par la Chine ou le cercle polaire. Certes quelques passages surnagent et réactivent l’intérêt défaillant du lecteur. Mais que de longueurs, que de situations étirées au-delà des limites acceptables, que de palabres entre personnages caricaturaux et inintéressants. Le tout pourrait néanmoins divertir à la manière d’un blockbuster des années 80 (dans le genre des production Cannon) si Robinson se souciait davantage de divertir au lieu d’engluer son intrigue au rythme léthargique. Et puis plus de cinq cent pages est-ce bien raisonnable ? La moitié aurait sans doute suffit. L’honnêteté me pousse d’ailleurs à dire qu’après avoir péniblement lu 250 pages le bouquin m’est littéralement tombé des mains. Soporifique !

Si l’idée de base semblait prometteuse et la perspective d’un techno thriller maritime avait suffi à motiver l’achat je crains que Robinson ne rejoigne DiMercurio sur ma liste des auteurs imbuvables. Rendez-moi Cussler !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #anticipation, #Technothriller

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Publié le 5 Décembre 2017

THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt
THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt

Récit en 50 épisodes, THE SIXTH GUN se déroule dans un univers « western » fantastique, dans une réalité alternative située peu après la fin de la Guerre de Sécession. Un pistolero, Drake Sinclair, cherche à rassembler six révolvers aux pouvoirs magiques. Ces armes ont existés de tout temps, quoique sous des formes différentes. Elles exercent un attrait irrépressible sur le Général Hume, un militaire zombifié qui a légué quatre des armes à ses « cavaliers de l’apocalypse », et son épouse, laquelle possède l’un des six révolvers, celui qui confère l’immortalité.

Drake porte secours à une jeune femme, Betty Montcrief, en possession de la sixième arme, hérité de son père adoptif, un pasteur récemment abattu par les hommes de Hume. Le révolver de Betty lui permet d’entrevoir l’avenir et la jeune femme décide de se rendre vers un fort mystérieux surnommé le Maw. Accompagnée par Drake et quelques autres, Betty y apprend la véritable nature des six révolvers.

THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt

THE SIXTH GUN constitue une excellente bande dessinée qui mélange adroitement western, fantasy et horreur en assumant complètement ses côtés « pulp ».  Nous sommes dans un univers riche, avec comme fil conducteur la quête de six artefacts maléfiques aux pouvoirs redoutables (ramener les morts à la vie, cracher une maladie mortelle, tirer avec la puissance d’un canon, etc.) et des personnages intéressants. La troupe disparate est menée par Drake Sinclair : ambigu, comme tout bon pistolero de l’Ouest, cet anti-héros en quête d’argent ou de rédemption (la suite nous éclairera sur ses motivations) appartenait jadis à la bande de Hume. Au terme de divers péripéties, le rapport de force s’inverse et Drake entre en possession de quatre des six révolvers bien qu’il n’ait guère envie de s’encombrer d’un tel fardeau. Betty, elle non plus, ne se montre pas enchantée à l’idée de garder son arme. Toutefois, tel Frodon et son Anneau, la jeune femme devra le garder hors de portée des forces ténébreuses qui souhaitent s’en emparer.

THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt

Le récit est alerte, fort rythmé, et ne perd pas de temps en route : plutôt qu’une longue présentation, l’auteur nous plonge directement au cœur de l’action . Il parsème l’intrigue de flashbacks ou d’explications, toujours brèves, qui ne ralentissent pas le déroulement de l’histoire mais approfondissent les relations entre les différents personnages. Quoique de nombreuses questions restent sans réponses, le récit se termine sur une conclusion provisoire mais satisfaisante qui boucle efficacement ce premier arc narratif de qualité.  

Le dessin, pour sa part, se montre classique, efficacement classique même, proche de l’école européenne dans le découpage, assez sobre, et la caractérisation des personnages, bien typés.

Une bande dessinée enthousiasmante qui supporte très bien la relecture. Hautement conseillé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Aventures, #Comic Book, #Horreur, #Western

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Publié le 29 Novembre 2017

BOB MORANE - LES SEMEURS DE FOUDRE d'Henri Vernes

Datant du tout début des sixties voici un « Bob Morane » complètement dédié à l’aventure et au dépaysement, le tout saupoudré d’une touche de science-fiction bienvenue. La recette magique de cette époque où l’imagination emporter le lecteur pour deux ou trois heures de complet divertissement.

Bob, Bill et le professeur Clairembart partent en expédition, à la recherche d’une ancienne cité perdue, dans les Monts Madidi, au-delà des redoutables Murailles Rouges. Pourtant, à Puerto dos Tigres, personne ne veut venir en aide à nos aventuriers. Tous tentent de les dissuader de se rendre dans cette région inhospitalière, hantée par de redoutables Indiens que l’on surnomme Los enemigos del Christiano. Après avoir échappé à une tentative de meurtre commises par deux indigènes de la tribu des Yorongas, Bill et Bob se rendent compte que ceux-ci ont la langue coupée afin de ne pouvoir trahir leur commanditaire. Aidé par un guide, Manca, les aventuriers décident toutefois de se rendre dans les Montagnes Rouges afin d’en percer le secret.

LES SEMEURS DE FOUDRE est un roman touffu, riche, qui brasse quantité de lieux communs de l’Aventure pour aboutir à une décoction toujours enthousiasmante : des passages secrets activés par la mélodie d’une flute, des Indiens fanatisés à la langue coupée, d’anciens Nazis décidés à conquérir le monde, une terrifiante arme secrète, une cité perdue,…

En 150 pages, Henri Vernes n’a pas de temps à perdre, il doit accrocher le lecteur et ne plus le lâcher. C’est finalement peut-être préférable à ces épais techno thrillers modernes qui usent de scénarios similaires mais étalés sur le triple de pages en se prenant terriblement au sérieux. Ici, pas de longues descriptions, juste quelques phrases bien choisies qui créent l’ambiance ou brossent un protagoniste. L’action reste privilégiée et les rebondissements nombreux quoique la trame générale demeure prévisible et que l’issue ne fasse aucun doute.

Pour les amateurs de Bob Morane, LES SEMEURS DE FOUDRE constitue sans nul doute un divertissement efficace à lire ou à relire.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Aventures, #Jeunesse, #Bob Morane

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Publié le 13 Novembre 2017

CLONE CONNEXION de Christophe Lambert

Dans un futur proche seuls les déclassés de la technologie continueront à surfer sur l’Internet. Le vrai réseau c’est l’Intersphère, créé par la société Amalgam, un champ d’énergie invisible qui ceinture la terre et où circulent les données. Pour en bénéficier, il faut posséder une connexion cérébrale, autrement dit être un « plugged ». Cependant, l’accès à cette Intersphère nécessite l’intervention d’humains aux capacités spéciales, les connecteurs. L’un d’entre eux, Frédéric Lorca, se voit engager par Amalgam et mène rapidement la grande vie, passant son temps de travail dans un caisson d’isolement et son temps libre auprès de la Jet set. Mais Lorca découvre qu’Amagalm dissimule bien des secrets : contacté par une jeune femme appartenant à une brigade de contrôle éthique, notre héros réalise qu’il est peut-être un clone. Pour en avoir le cœur net, il s’enfuit vers l’Ecosse en compagnie d’une employée d’Amalgam, Sarah Klein. Son objectif ? Demander des comptes au grand patron, Willy Van der Braden, vivant reclus dans son castel des Highlands en véritable Maitre du Haut Château…

Christophe Lambert propose ici un avenir crédible où la fracture technologique s’est élargie au point qu’elle divise l’humanité en deux : d’un côté les « plugged » capables de surfer sur l’Intersphère, de l’autre les laisser pour compte « unplugged » condamnés à la lenteur exaspérante de l’Internet. Si les nantis semblent mener une vie agréable, le monde a poursuivi sa décrépitude : la pollution s’est accrue (les eaux de la Seine sont à ce point polluées qu’y plonger vous tue en quelques secondes), les animaux ont mutés, le tunnel sous la Manche a été détruit par un attentat,… Les véritables dirigeants ne sont plus les hommes politiques mais les patrons de multinationales, à l’image de Van der Braden, mélange (assumé) entre Bill Gates et Ozymandias (des Watchmen). Ce-dernier veut le bien du peuple mais à n’importe quel prix,  ce qui le conduit à transgresser les lois et à se lancer dans le clonage humain, pourtant interdit.

Voici une nouvelle réussite de Lambert dans le domaine de la littérature jeunesse (quoique les adultes y trouveront, eux aussi, largement leur compte) : un mélange de suspense, d’aventures et de questionnements éthiques et philosophiques. Ceux-ci sont dispensés avec efficacité, sans jamais ralentir le rythme de cette course poursuite dans les Highlands. L’auteur se permet également quelques clins d’œil envers son lectorat plus âgés, notamment à son homologue « qui fut acteur au siècle dernier ». Car, comme souvent, Lambert ponctue le récit de références discrètes (Star Wars, le cinéma de Spielberg, etc.). On sent aussi, plus nettement, l’influence de Philip K. Dick et cette intrigue renvoie aux questionnements du Blade Runner Rick Deckard sur sa propre humanité mais aussi, plus généralement, aux intrigues de Dick basées sur des faux semblants et une réalité toujours quelque peu fluctuante. L’interrogation finale du héros en témoigne d’ailleurs : à qui peut on se fier ?  Qui est réellement humain ?

Contrairement à de nombreux romans de SF très épais mais vides, CLONE CONNEXION est un roman aussi court (200 pages) que riche et passionnant. A lire ou relire d’urgence !

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Publié le 7 Novembre 2017

LA GUERRE DE DARKSEID de Geoff Johns et Jay Fabok

Régulièrement, les deux éternels concurrents du comic-book américain, à savoir DC Comics et Marvel, se lancent dans d’énormes récits qui impliquent la plupart de leurs personnages et s’étalent sur des dizaines de numéros.  Ces crossovers impactent, forcément, toutes les séries phares de leurs éditeurs respectifs et, malgré des qualités souvent discutables, exercent sur les fans un pouvoir d’attraction non négligeables qui se traduit par conséquent par un accroissement des ventes. La recette fonctionne si bien (du moins commercialement) que Marvel vit à présent en état de crossover quasi permanent, proposant un ou deux « events » chaque année. DC Comics n’est pas en reste, évidemment comme en témoigne ce copieux DARKSEID WAR.

LA GUERRE DE DARKSEID de Geoff Johns et Jay Fabok

Le dernier grand crossover en date (2014), FOREVER EVIL, s’était imposé comme une jolie réussite pour l’éditeur en proposant un concept solide et un récit haletant. Deux ans plus tard, la Ligue de Justice est au cœur d’un nouvel événement d’importance, la « Guerre de Darkseid », divisée en trois chapitres.

Le premier commence en France dans le N°1 du magazine « Justice League Universe » publié chez Urban et concerne la guerre que se livrent Darkseid et le tout puissant Anti Monitor. Ce premier chapitre se conclut par la défaite de Darkseid et l’accession au statut divin de la plupart des membres de la Ligue. Batman devient ainsi le dieu de la connaissance et s’empare du fauteuil de Moebius tandis que Flash, possédé, devient le dieu de la mort.

Un second chapitre présente les conséquences, pour nos héros, de ces nouveaux pouvoirs, ce qu’approfondissent six one shot sur les différents protagonistes déifiés. La fin épique de cette guerre s’étend sur une quarantaine de pages riches en action mais aussi en surprises et en révélations : l’identité du Joker dévoilée à Batman, l’accession au pouvoir de Lex Luthor, un secret lié à Wonder Woman, etc. 

LA GUERRE DE DARKSEID de Geoff Johns et Jay Fabok

Bien des crossovers sont inutilement complexes (pour ne pas dire incompréhensibles aux non-initiés) mais, en dépit de ses nombreux personnages et de sa longueur, DARKSEID WAR reste très digeste et étonnamment fluide. Servi par des dessins d’une constante (grande) qualité de Jay Fabok ce run est déjà un véritable plaisir visuel.

Nous sommes ici, en effet, dans l’aspect le plus destructeur de DC, dans le blockbuster dessiné qui ne recule devant aucune surenchère pour maintenir l’attention : révélations distillées à intervalles réguliers, cliffhangers, action frénétique,…La patte Geoff Johns pour un récit d’ampleur tout simplement gigantesque dans lequel tous les personnages principaux de l’éditeur viennent effectuer un petit tour de piste.

Une belle réussite pour DC Comics et à coup sûr un comic extrêmement bien ficelé et plaisant. Pour ceux qui ont raté sa publication kiosque et sa réédition sous forme de deux tomes cartonnés, Urban Comics ressort une nouvelle fois la bête à l’occasion de ses cinq ans sous la forme d’un omnibus grand format riche en bonus de près de 500 pages. Il vous en coutera 39 euros mais, franchement, ça les vaut !

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Publié le 25 Octobre 2017

LA DERNIERE ODYSSEE de Fabien Clavel

Comme son titre l’indique, ce romain de Fabien Clavel raconte une histoire parallèle à celle contée par Homère. Ulysse n’est, en effet, pas l’unique héros à avoir combattu durant la Guerre de Troie. Le prince Niréus, par exemple, est venu avec une flotte modeste de trois navires. Après dix ans de combats, dégoutté de la guerre, il embarque pour retrouver son royaume. Lorsqu’une tempête menace de couler son navire, Niréus demande à ses hommes de jeter le butin par-dessus bord pour alléger le bateau. Evidemment, ceux-ci refusent et se révoltent. Après avoir échappé à la noyade, Niréus rencontre divers personnages destinés à l’accompagner dans sa quête. En chemin vers son île, le prince croise la route des Gorgones, affronte les Amazones et se voit confier la mission de supprimer une redoutable hydre pour récupérer son trône tombé aux mains d’un régent usurpateur.

La malheureusement éphémère collection « Royaumes perdus » de chez Mango (15 titres parus) débutait de bien belle manière avec ce roman revisitant à sa manière l’Odyssée et, plus généralement, la mythologie grecque. La collection se voulait, en effet, dédiée à « fantasy, aux mythes et légendes qui nourrissent l’imaginaire mondial » et, quoique présentée comme destinée à la jeunesse, elle mentionnait un plus adapté « tout lecteur ».

Fabien Clavel nous propose ici de la belle fantasy historique et légendaires, un roman « grand public » (dans le bon sens du terme) qui, en 220 pages, nous permet de voyager aux côtés des héros de la Guerre de Troie. Enfin, héros… le terme est peut-être mal choisi comme le constate Niréus, défiguré par une vilaine blessure, au début du récit : « Je suis venu avec trois navires remplis chacun de cent vingt jeunes gens, il ne m’en reste plus qu’un seul (…) et pas même cinquante hommes. J’ai tout perdu : ma beauté, ma jeunesse, mes amis ». Mentionné par Homère sans que son destin ne soit explicité, Niréus, lui aussi, désire rentrer chez lui. Clavel nous conte ce retour dans un récit épique dont la linéarité se voit brisée par quelques sous intrigues réussies. Car l’auteur s’intéresse non seulement à Niréus et ses compagnons mais également aux dieux de l’Olympe qui observent les actes des hommes après la chute de Troie. Et aussi à un étrange Chasseur Noir, mystérieux personnage désirant se venger de notre héros tourmenté qui, chaque nuit, « retrouve ses victimes et se réveille en sursaut le corps baigné de sueur ».

Adroitement dosé, le mélange entre action, aventure et merveilleux alterne l’intimiste et le grand spectacle avec les rencontres vécues par les compagnons sur le chemin du retour : les Gorgones, les Amazones, l’hydre, les Ichthyocentaures mi-hommes mi-poissons, les lycaons (proches des loups-garous), la Sybille et ses prophéties, Hermès le messager des dieux, etc.

Un roman d’évasion hautement recommandable dont la conclusion en demi-teinte pour Niréus annonce une suite, LES GORGONAUTES.

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Rédigé par hellrick

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