aventures

Publié le 23 Novembre 2018

ANTi-GLACE de Stephen Baxter

Roman steampunk et uchronique, ANTI-GLACE débute de belle manière : en pleine guerre de Crimée les Anglais utilisent une nouvelle arme de destruction massive, l’anti-glace, laquelle met un terme brutal au conflit à la manière d’Hiroshima un siècle plus tard. Après cette démonstration dévastatrice, le fabuleux matériau n’a plus connu d’utilisation militaire mais suffit à assurer la suprématie de l’Angleterre sur le reste du monde. Cependant, d’autres conflits ne peuvent être évités. La Prusse s’apprête ainsi à entrer en guerre contre la France. De son côté, Ned Vickars, jeune diplomate anglais, se voit chargé de couvrir l’exposition universelle de Manchester, en 1870. Il y rencontre Françoise, une jeune Française dont il tombe amoureux, puis part pour la Belgique où il fait la connaissance de Sir Traveller, grand spécialiste de l’anti-glace et inventeur de génié. Hélas un attentat mené par un révolutionnaire franc-tireur le précipite aux côtés de l’inventeur, dans un vaisseau spatial, vers la lune et sans espoir de retour.

Délaissant (en partie) la hard-science, Stephen Baxter se lance dans l’aventure uchronique mais sans se départir de tous ses tics. Ainsi, il explique de manière scientifique (ou du moins plausible) une rocambolesque intrigue rendant un hommage appuyé à Jules Verne et H.G. Wells, là où les auteurs précités restaient flous sur les moyens d’atteindre la lune (le célèbre boulet de canon de Verne), Baxter tente de crédibiliser son récit.  Malheureusement, tout cela n’est pas toujours très passionnant : les discussions pseudo savantes alourdissent cet ANTI-GLACE qui eut gagné à verser plus volontiers dans le merveilleux.

L’auteur y ajoute en outre des palabres politiques, notamment des considérations sociales ou des discours sur l’anarchisme, qui paraissent tomber comme des cheveux dans une soupe parfois indigeste. Le rythme reste cependant soutenu (le bouquin fait moins de 300 pages) mais ne parvient pas toujours à maintenir l’intérêt…Paradoxalement, le cœur du livre (le voyage spatial qui en occupe une bonne moitié des pages) s’avère beaucoup moins intéressant que l’introduction et la conclusion, lesquelles possèdent une ampleur plus importante et se montrent plus imaginative dans leur recréation uchronique.

Au final, cette anti-glace s’avère un simple prétexte pour permettre un voyage vers la lune alors qu’on eut aimé voir Baxter développer davantage le côté uchronique et les avancées technologiques rendues possibles par ce nouveau matériau fabuleux.

Un titre relativement divertissant et facile d’accès (loin des gros pavé hard SF ultérieurs de Baxter) mais malheureusement seulement à demi convaincant.

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Publié le 19 Novembre 2018

LA VAPEUR DU PASSE d'Henri Vernes

Pour sa soixante-deuxième aventure, publiée au début des 60’s, Bob Morane se retrouve, cette fois, en Sibérie, en reportage en compagnie de l’inévitable Bill Ballantine. Leur avion passe au travers d’une étrange brume verdâtre et une créature volante le percute, ce qui provoque son écrasement et la mort du pilote. Devenus piétons par la force des choses, les deux amis finissent par rejoindre une équipe d’archéologues, menés par une charmante Russe, qui explorent une antique cité. Peu après une mystérieuse « vapeur du passé », probablement d’origine extra-terrestre, ramène à la vie une poignée de dinosaures…Et voilà la petite bande menée par Bob contraint d’affronter ces créatures venues de la nuit des temps.

Voici un roman tout à fait plaisant et réussi, dans la grande tradition de Bob Morane, à savoir qu’il comprend tous les éléments nécessaires à une bonne aventure : de l’action, du fantastique / science-fiction, un bon rythme, des innovations (ici une brume bizarre qui ramène des dinosaures à la vie) et de bonnes valeurs positives. Bien sûr, on y retrouve aussi un côté gentiment naïf et suranné loin des standards actuels de la littérature jeunesse (qui n’hésite plus à parler de sexe ou de violences) mais qui rend, finalement, le tout attachant.

Pas la peine d’en dire davantage, les amateurs de l’aventurier trouveront largement leur compte avec cette VAPEUR DU PASSE : un roman très divertissant d’ailleurs fréquemment cité lorsqu’il s’agit de lister les meilleurs « Bob Morane ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Jeunesse, #science-fiction, #Bob Morane

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Publié le 14 Novembre 2018

DERNIER HOLOCAUSTE de Sapir & Murphy

Le meurtre de deux Israéliens, dont les corps découpés ont été assemblés pour former un swastika, attire l’attention de l’organisation Cure. Remo et Chiun (très excité à l’idée de fouler un sol que nul maître de Sinanju n’a parcouru depuis l’époque d’Hérode le calomnié) débarquent en Israël et tentent d’empêcher un groupe d’ancien Nazi d’atomiser le pays.

Moins délirant que de coutume, ce volume de L’IMPLACABLE propose quelques commentaires politiques étonnants pour une série ayant toujours privilégié l’humour et l’aventure, loin des considérations à la SAS. Cependant, l’essentiel reste ici l’action avec le schéma classique de la menace atomique, la poursuite des criminels nazis et la résurgence d’un hypothétique quatrième Reich.

L’humour reste donc bien présent, parfois grinçant (« on a balancé son corps au-delà des lignes ennemies ce qui n’est pas difficile puisqu’Israël est entourée d’ennemis »), parfois déjanté, avec les habituelles réparties entre Chiun et Remo. Le vieux maître se désole une nouvelle fois de rater les derniers épisodes de son interminables soap de fin d’après-midi (« Quand tournent les planètes »). Il rappelle aussi que « le petit Allemand moustachu » a mal fini parce qu’il a oublié de régler le maitre de Sinanju (du coup, mort de trouille il s’est suicidé avec sa compagne !) et, bien sûr, ne perd pas une occasion de railler le mode de vie occidental et le manque de concentration de son « stupide disciple » avant, au final, de se trouver des affinités avec les Juifs.

Bref, DERNIER HOLOCAUSTE constitue un divertissement très plaisant pour les inconditionnels de cette interminable saga d’aventures.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Gérard de Villiers, #Roman de gare, #Implacable

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Publié le 9 Novembre 2018

DOC SAVAGE - UP FROM EARTH’s CENTER de Lester Dent

Cette ultime aventure de Doc Savage (la 181ème!) envoie carrément l’Homme de Bronze au centre de la terre pour y découvrir, non pas Pellucidar, mais bien l’Enfer…au sens chrétien du terme. L’intrigue débute par la découverte, par le psychiatre Kark Linningen, d’un géologue disparu depuis des mois, Gilmore. Ce-dernier est descendu dans une caverne menant au cœur de la terre avant de découvrir la porte de l’enfer. Décidé à l’aider, Karl propose d’organiser une expédition afin de découvrir la vérité. Bien sûr, Doc Savage, accompagné de Monk Mayfair et Ham Brooks, se joint à l’aventure. Peu après, Gilmore disparait d’une pièce close et, à sa place, se tient le mystérieux Mr Wail, lequel prétend être un démon ayant ramené Gilmore en enfer.

Après cette mise en place intrigante (en dépit de quelques longueurs et ce malgré la brièveté du roman), Lester Dent expédie sa petite équipe dans un univers sous-terrain fantastique habité par des créatures surnaturelles. Le roman effectue ainsi une plongée étonnante dans le monde de la fantasy horrifique à la Lovecraft quoique l’auteur laisse la porte ouverte à une (peu credible) explication rationnelle avant une ultime pirouette relançant la thèse du surnaturelle.

Déstabilisant et fort éloigné des premières aventures de Doc Savage, ce roman n’en est pas moins original et fort divertissant avec un mélange d’aventures et de fantastique très pulp fort plaisant.

Merci à Russel pour m’avoir envoyé sa traduction personnelle, le livre étant toujours inédit en français.

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Publié le 2 Novembre 2018

LES GUERRIERS DE L'HIVER de David Gemmell

Nouvelle aventure située dans la grande saga « Drenaï », LES GUERIERS DE L’HIVER se situe environ trois siècles après LEGENDE. L’empereur Skanda est au pouvoir, marié à la princesse ventriane Axiana, ce qui a permis de rétablir la paix entre les deux peuples ennemis. N’ayant plus besoin d’une armée aussi nombreuse, Skanda renvoie dans leur foyer ses soldats vétérans, comme Nogusta, Bison et Kebra. Une nouvelle accueillie différemment selon les militaires : certains apprécient de pouvoir enfin goûter aux joies de la retraite et d’une existence pacifique, d’autres se désolent d’être considérés comme inutiles à l’empire. Dans le même temps apparaissent des démons, menés par Anharat le Seigneur démoniaque. Ce-dernier désire tuer trois rois afin d’accomplir une antique prophétie. En effet, ce triple régicide permetta aux forces du mal de déferler sur le monde. Deux des monarques ont déjà succombés et seul l’enfant à naitre d’Axiana empêche encore le règne des démons…A l’hiver de leur vie, les anciens héros de l’empire vont se dresser pour combattre cette puissance maléfique.

Avec LES GUERRIERS DE L’HIVER, Gemmell retrouve le ton de son fabuleux LEGENDE mais au lieu d’un héros unique comme Druss il partage cette fois le récit entre une poignée de protagonistes bien campés. Nous avons tout d’abord l’archer Kebra, âgé de 56 ans, dont la vue commence à baisser et qui accepte, avec une relative sérénité, que son temps soit bientôt révolu : il doit passer la main et laisser aux plus jeunes la défense de l’empire.

Nogusta, de son côté, reste un des meilleurs combattants du pays. Il possède un don de clairvoyance qui lui fait comprendre l’imminence d’un immense péril et tente encore d’exorciser le massacre de sa famille commis bien des années plus tôt.

Bison, la soixantaine bien tassée, n’accepte pas son âge : il ne pense qu’à se battre, à se montrer vulgaire, dragueur, rude et brutal, bref à se conduire comme un « homme, un vrai ». La perspective de la retraite l’épouvante et la possibilité d’une mort glorieuse au cours d’une bataille sans espoir lui semble bien plus appréciable qu’une fin de vie dans une ferme.

A eux trois ils vont défendre la reine Axiana contre un Seigneur démoniaque qui rêve de dévaster l’empire et de le réduire en cendres. Bien évidemment tous n’en sortiront pas indemnes.

Avec les GUERRIERS DE L’HIVER nous sommes au cœur de la High Fantasy épique, grandiose et barbare que maîtrisait si bien Gemmell. L’intrigue semble stéréotypée, les personnages classiques, les péripéties attendues et pourtant le romancier n’a aucun mal à écraser la concurrence. Ses héros, apparemment caricaturaux, dévoilent au fil des pages une réelle profondeur, son intrigue évite le manichéisme en proposant des protagonistes bien campés dans les deux camps et ses dialogues sont à la fois très simples et porteurs d’une philosophie de vie bien amenée. On retrouve également dans ce roman cette sensation de nostalgie, ce poids du temps qui passe pour ces héros qui savent que, dans peu d’années, ils seront oubliés. A moins que leurs actes ne se transforment en haut faits, racontés par les conteurs et embellis au fil des siècles jusqu’à devenir, une fois encore, légendaires, tout comme les exploits de Druss.

Sans être le meilleur roman de Gemmell, ce livre proche par sa thématique de sa QUETE DES HEROS PERDUS n’en reste pas moins un divertissement hautement conseillé pour les amateurs de Fantasy héroïque qui préfèrent le fracas des épées aux interminables descriptions et les batailles sanglantes aux intrigues de cour tarabiscotées.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Fantasy, #David Gemmell

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Publié le 29 Octobre 2018

LA LEGION DE L'ESPACE - CEUX DE LA LEGION TOME 1 de Jack Williamson

Décédé quasiment centenaire, Jack Williamson (1908 – 2006) a donc parcouru, la plume à la main, un siècle de science-fiction, puisqu’il débute sa carrière à la glorieuse époque du pulp, fin des années ’20. En 1934 il publie CEUX DE LA LEGION, premier tome d’une saga amenée à définir le space opera avec les œuvres d’Hamilton (CAPITAINE FUTUR / FLAM) et Doc Smith (le FULGUR).

Nous sommes au XXXème siècle et la Légion (pas celle de DC comics) protège la galaxie. Le cadet John Star doit protéger une jeune femme noble, Aladoree, seule détentrice du secret de l’Akka, une arme fabuleuse capable d’arrêter la progression des Méduses, des envahisseurs belliqueux. Mais l’oncle de Star trahit l’humanité et s’associe aux extra-terrestres, enlevant également Aladoree. Star, aidé de trois légionnaires, part à sa rescousse.

Reprenant des éléments des 3 MOUSQUETAIRES (inspiration revendiquée par Williamson) dans un contexte science-fictionnel assez proche des œuvres spatiales d’un Burrough, ce premier tome a plutôt bien vieilli en dépit de sa naïveté. Certes, certains éléments semblent indiscutablement datés mais l’ensemble tient bien la route après plus de 80 ans. Pas sûr que beaucoup de bouquins SF récents encensés par la critique supportent aussi bien le poids des ans.

Une belle princesse en péril, des légionnaires impitoyables mais respectant le code de l’honneur, des vaisseaux qui sillonnent l’espace, des combats spatiaux, des aliens belliqueux, des planètes étranges et hostiles,…nous sommes en plein space opéra militariste à l’ancienne et le tout se révèle rafraichissant, d’autant que, pulp oblige, l’ennui ne pointe jamais son nez. Williamson case un maximum de péripéties sur un minimum de pages et délivre une fresque spatiale épique alors que certains de ses épigones récents présentent encore leur univers à la cinq-centième pages de leur récit en dix tomes. Bref, autre temps, autre méthode de narration ! CEUX DE LA LEGION n’est pas de la hard science ni de la SF complexe, plutôt de l’imaginaire en roue libre avec des personnages attachants, à l’exception d’un Gilles Habibula irritant par son ivrognerie et ses monologues…

Malgré ses défauts, CEUX DE LA LEGION demeure une lecture plaisante, enlevée et globalement divertissante quoique l’on regrette une conclusion bâclée. Après avoir présenté les Méduses comme des ennemis tout puissants et quasiment invincibles toute leur flotte se voit, en effet, balayée par l’invention (littéralement fabriquée avec un bout de ferraille et de la ficelle) d’une jeune fille…Une fin trop facile et expédiée pour que le lecteur ne se sente pas floué mais ce bémol n’affecte pas trop le jugement sur ce space opéra distrayant et relaxant à conseiller en priorité aux plus jeunes ou aux nostalgiques de la SF de grand papa.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Golden Age, #Jeunesse, #Space Opera, #science-fiction

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Publié le 26 Octobre 2018

BIGGLES DANS LA BALTIQUE de William Earl Jones

L’aviateur James Bigglesworth, dit Biggles, et ses amis Ginger, Algy et Bertie ont vécus de très nombreuses aventures, durant la Première Guerre Mondiale puis la Seconde Guerre Mondiale, sans oublier des missions effectuées en temps de paix. Créé par William Earl Jones, Biggles vit ses premiers vols en 1932 et ne s’interrompt qu’avec la mort de son auteur en 1968. Entretemps, l’aviateur ne vieillira guère, traversant les bouleversements politiques en restant toujours jeune, tel Buck Danny. Il sera également adapté en bandes dessinées et aura les honneurs d’un long-métrage en 1986.

Typique d’une littérature « pulp » ou populaire, Biggles est un héros, un vrai, qui n’aime pas tuer (sauf en cas d’absolue nécessité) et qui ne souffre d’aucun défaut. Biggles n’aime pas la guerre mais, puisqu’il faut la mener, l’aviateur usera de tout son courage pour défaire l’ennemi. Dans cette aventure, pas beaucoup de subtilité, pas de place pour la réflexion, seule compte l’action et cette dernière s’avère frénétique : combats aériens, attaques diverses, destructions des engins ennemis,…Le roman ne laisse jamais au lecteur le temps de souffler. Un univers forcément très manichéen quoique, parfois, William Earl Jones se laisse tenter par un soupçon d’humanisme en présentant des soldats allemands pas spécialement pressés d’aller mourir pour la patrie.

BIGGLES DANS LA BALTIQUE, en deux cent pages, synthétise tous les rebondissements possibles, toutes les péripéties attendues d’un roman de guerre et d’aventures : Biggles et ses amis défendent une petite île inhabitée, se lancent dans des missions périlleuses (pour ne pas dire suicides), détruisent des dépôts de munitions allemands, volent à l’ennemi son livre de codes secrets, s’emparent d’un avion et reviennent sains et saufs après avoir vaincu, une fois de plus, Von Stalhein, l’as des aviateurs germaniques et, accessoirement, l’éternelle Némésis de Biggles. Qui finira par devenir plus tard son ami. Mais ce sera pour plus tard, bien après la guerre.

A la fin du bouquin, le lecteur - pratiquement lessivé - se demande comment Biggles pourrait accomplir des exploits plus incroyables encore dans le prochain. Nul doute que, magie de la littérature, il y parvienne pourtant. Bref, BIGGLES DANS LA BALTIQUE reste l’assurance d’un divertissement viril des plus plaisants pour quiconque (et surtout les plus jeunes) apprécie un mélange de guerre, d’aventures aériennes et d’espionnage. Biggles c’est un peu l’ancêtre de Bob Morane, James Bond et Buck Danny en un seul personnage, l’archétype du héros invincible et immaculé de la littérature jeunesse militariste et propagandiste du début du XXème siècle. Une vraie « tête brûlée » comme papy toujours prêt à lancer son avion au milieu des coucous pilotés par les adversaires du monde libre. Et, étonnamment (ou pas ?), le tout tient encore très agréablement la route après 80 ans.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Biggles, #Aventures, #Espionnage, #Jeunesse, #Guerre

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Publié le 19 Octobre 2018

LA VENUS ANATOMIQUE de Xavier Mauméjean

Etrange et brillant roman que celui-ci, signé par un auteur qui semble se spécialiser dans les uchronies. Mauméjean plonge cette fois dans un XVIIIème siècle revisité. En 1752, en pleine période des Lumières et du triomphe de la Raison, Frédéric II lance un concours dans le but de créer un homme nouveau, un nouvel Adam. Convoqué dans un Berlin futuriste transformé en « panopticon », une série de scientifiques disposant des ressources et connaissances du Mundaneum (pas celui de Mons mais il y ressemble grandement) vont tenter l’impossible. Dans cette histoire revisitée, Vaucanson accepte la proposition de Frédéric II : génial créateur d’automate (le roman rappelle son œuvre célèbre du « canard digéreur ») et se rend à Berlin en compagnie de La Mettrie, médecin et philosophe auteur de « L’homme machine ». On y croise aussi Diderot qui réfléchit à son Encyclopédie, l’anatomiste Fragonard, le Chevalier d’Eon Charles Geneviève à l’identité sexuelle ambigüe, Louis XV, la Pompadour et l’infatigable (mais malade) libertin Casanova.

Mauméjean prend La Mettrie comme narrateur de son intrigue des plus touffue et débute son récit comme une fantaisie historique de cape & épée où se croisent société secrète au service du Roi, mousquetaires noires et hommes politiques rivaux. Le style est vif, précieux, recherché, adoptant un ton adapté à ce XVIIIème siècle fantasmé mêlant réalité et inventions uchroniques.

La seconde partie du roman, plus posée, se veut aussi plus philosophique avec la création de ce nouvel Adam, ou plutôt de cette nouvelle Eve. Nous sommes dans un univers pratiquement steampunk avant l’heure (electricpunk peut-être ?) dans un Berlin totalitaire où Frédéric II tente de créer un monde nouveau en s’entourant des plus brillants savants et personnalités de son temps.

Les dernières pages, situées à la fin du siècle et après la Révolution, s’achèvent sur un double clin d’œil aux trois lois d’Asimov et au FRANKENSTEIN de Mary Shelley.

Entre aventure, capes & épées, fantasy historique, uchronie d’inspiration steampunk, rétro science-fiction et œuvre philosophique ponctuée de dialogues brillants et de questionnement sur ce qui définit l’Humain, LA VENUS ANATOMIQUE s’avère un divertissement original et intelligent à conseiller aux curieux. Une réussite.

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Publié le 16 Octobre 2018

LE DIABLE DU LABRADOR d'Henri Vernes

Avec cette aventure publiée originellement en 1960, Henri Vernes rendait hommage aux romans à la Jack London et, plus généralement, aux récits situés dans le Grand Nord. Dans ce quarantième tome, Bob se retrouve seul, décidé à passer un hiver tranquille, à lire, à prendre des photos et à chasser, dans les étendues désertiques du Canada enneigé. A peine arrivé, notre héros doit cependant affronter Rocky, un boxeur amateur (quinze ans avant Stallone !) beaucoup moins sympathique que l’étalon italien puisqu’il martyrise son chien-loup, un superbe mais indomptable animal surnommé le Diable du Labrador. A coup de poings, Bob gagne la liberté du canidé ainsi que le sobriquet de Cogne Dur. Il aura, par la suite, l’occasion de recroiser la route du chien-loup et d’affronter divers ennemis, dont le froid, les loups et des hommes malintentionnés

Charles-Henri Dewisme ayant 100 ans en ce jour (16 octobre 2018), Bob Morane méritait bien un petit coup de projecteur avec ce sympathique roman dans la lignée de CROC-BLANC. Pour une fois, Vernes délaisse le mystère, la science-fiction et les ambiances fantastiques. Le romancier se recentre sur une intrigue très simple dans laquelle Bob ne doit pratiquement compter que sur lui-même, le fidèle Bill étant absent du récit. Linéaire et sans grande surprise, LE DIABLE DU LABRADOR démontre toutefois le talent de Vernes pour composer une histoire efficace qui parvient à tenir agréablement le lecteur en haleine. S’il manque quelque peu de folie, le bouquin assure cependant deux bonnes heures d’évasion et devrait divertir les nostalgiques de l’Aventurier.

Chronique rédigée pour les 100 ans d'Henri Vernes

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Jeunesse, #Bob Morane

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Publié le 26 Septembre 2018

SVASTIKA (LES MONDES DE LA TERRE CREUSE TOME 1) d'Alain Paris

Voici le premier tome d’une monumentale uchronie contée par Alain Paris durant les années ’90. Le thème de la victoire nazie est, depuis (entre autres) FATHERLAND, SS GB, SVASTIKA NIGHT et LE MAITRE DU HAUT CHÂTEAU, un des classiques du genre. Généralement, ces romans se situent quelques années après la victoire du Reich mais ici, intelligemment, Alain Paris débute son récit huit siècles après l’avènement du Premier Empereur et son triomphe contre le Khan Stalline. La technologie s’est écroulée, le monde est retourné à un stade quasi médiéval avec quelques éléments plus « modernes », notamment de majestueux dirigeables qui, immanquablement, confèrent au roman un (très léger) parfum steampunk. Selon les scientifiques, la civilisation vit sous la surface de la terre (ce qui explique le sous-titre général de la saga, « les mondes de la terre creuse ») suite à une apocalypse ayant ravagé la planète. Les événements des siècles passés se sont modifiés, devenant légendaires et s’intégrant à une nouvelle mythologie dans laquelle se mélangent un Hitler déifié et les faits d’armes de chevaliers, comme Siegfrid, vainqueur du dragon. Alors que Manfred IV s’apprête à célébrer le huit centenaire du Reich, les dignitaires attendent le retour du Premier Empereur. Ce véritable messie reviendra d’entre les morts pour reprendre sa couronne et mener ses troupes, terminant un Reich de mille ans avant de lancer une nouvelle ère qui, peut-être, concernera la conquête des « autres terres ». Des mondes que l’on peut atteindre en passant par les pôles selon les explorateurs au service de l’Empire. Pendant que chacun ressasse ces « rêves de violences et de fureur », une délégation se rend au Khelsteinhaus, le nid d’aigle de l’Empereur. Pour avoir refusé les avances de sa belle-mère, Arno von Hagen sera dénoncée par celle-ci comme un traitre. Condamné à la disgrâce il sera dépouillé de ses biens et vendu comme esclave tandis que le reste de sa famille sera massacrée. Bien sûr, Manfred IV n’est pas dupe, il sait que tous ces hommes sont innocents mais il laisse néanmoins la police politique de la Sainte-Vehme accomplir son œuvre afin de briser toutes velléités de révolte.

Dans ce premier tome, Alain Paris plante le décor et annonce une suite qui sera, forcément, marquée par la vengeance. En dépit de cette mise en place (qui occupe donc la quasi-totalité du roman !), SVASTIKA reste passionnant et se dévore rapidement : le romancier développe une belle uchronie mâtinée d’aventures et d’intrigues politiques proches de la Fantasy.

Une belle réussite et un final donnant immédiatement l’envie de poursuivre la lecture avec le second volet de cette immense saga.

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