aventures

Publié le 22 Mars 2019

ELRIC A LA FIN DES TEMPS de Michael Moorcock

Comme bien des auteurs avant lui (cf. Asimov et ses robots fondateurs), Moorcock s’est laisse tenter par le crossover entre ses deux plus fameuses créations, Elric le Necromancien et la saga des Danseurs de la Fin des Temps. Notre empereur albinos atterrit donc dans un futur incroyablement lointain dans lequel s’ennuie des immortels blasés qu’il identifie aux Seigneurs du Chaos.

Rédigé en 1981 cette « ultime » (rire) aventure d’Elric s’avère très agréable mais nécessite une bonne connaissance des deux sagas précitées pour être pleinement appréciée. Longue nouvelle (ou roman court), ELRIC A LA FIN DES TEMPS constitue un divertissement amusé à l’humour très anglais : les immortels de la Fin des Temps s’amusent des combats du Loup Blanc, de son souci d’équilibrer la Loi et le Chaos mais, au final, le trouvent un peu raseur, comme tous les voyageurs temporels égocentriques. Moorcock se joue des clichés qu’il a lui-même contribué à établir et offre un récit alerte découpé en une suite de courts chapitres, le tout s’achevant par une pirouette ironique. Nous sommes clairement proche de l’auto-parodie et il est possible de rejeter le récit en le taxant de bouffonnerie mais, avec un peu d’ouverture d’esprit (et en sachant à quoi s’attendre), ELRIC A LA FIN DES TEMPS est plutôt une réussite. L’autre nouvelle, beaucoup plus courtes, consacrée à Elric, « Le dernier enchantement », se laisse lire sans déplaisir mais reste totalement dispensable. Le recueil est complété par une très courte nouvelle, « la chose dans la pierre » (pas lue) et un roman de jeunesse, écrit par un Moorcock adolescent, SOJAN, une fantasy qui annonce apparemment Elric et qui est également incluse dans le gros volume consacré au GUERRIER DE MARS. J’y reviendrais donc (ou pas) à ce moment mais les avis disponibles n’encouragent guère à franchir le pas.

En résumé, ELRIC A LA FIN DES TEMPS constitue un recueil composé en dépit du bon sens dans lequel on lira en priorité le court roman intitulé lui aussi « Elric a la fin des temps » qui en constitue l’élément essentiel (et, à n’en pas douter, l’argument de vente principal). Un texte plaisant (également disponible dans l’énorme omnibus consacré à Elric) qui ne justifie en rien cette édition fourre-tout aux limites de l’arnaque pure et simple.

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Publié le 20 Mars 2019

ELRIC - LES BUVEURS D'AMES de Fabrice Colin et Michael Moorcock

Débuté au tout début des sixties, le cycle d’Elric reste un monument incontournable de la Fantasy et, bien des années après ses dernières aventures, il est toujours agréable de retrouver le Loup Blanc, cette fois sous la plume de Fabrice Collin en collaboration, bien sûr, avec son créateur Michael Moorcock.

Dans ce récit Elric n’est plus empereur. Il vient de tuer sa bien-aimée et a juré de ne plus jamais se servir de sa vampirique épée, Stormbringer. Accompagné de son fidèle ami Tristelune, Elric part à la recherche d’une plante aux propriétés magiques, l’Anémone Noire, capable de lui redonner ses forces vacillantes. Et voici les deux compagnons partis pour une nouvelle aventure en direction d’une cité perdue dans la jungle.

Nous sommes ici dans la droite ligne des aventures d’Elric contées dans ELRIC LE NECROMANCIEN : de l’action, des rebondissements, du fantastique et de la fantasy (avec magie, démons, seigneurs du chaos et autres créatures légendaires) et, comme toujours, la personnalité mélancolique et dépressive d’Elric, ce héros maudit qui s’impose comme une des plus belles créations des littératures de l’imaginaire.

Alors, bien sûr, l’intrigue s’avère assez ténue et son déroulement se montre à la fois linéaire et classique. Fabrice Colin développe la novella « Black Petals » de Michael Moorcock et accouche d’un roman rythmé qui ne perd guère de temps en route. Nous sommes dans de la pure fantasy de divertissement, sans la profondeur que pouvait avoir les textes ultérieurs de Moorcock comme LA QUETE DE TANELORN ou STORMBRINGER. Alors, forcément, pour qui a lu jadis les innombrables romans consacrés aux différentes déclinaisons du Champion Eternel, LES BUVEURS D’AME pourra sembler moins pertinent, plus anecdotique même. Il n’apporte pas de grands changements à ce que l’on connait déjà, n’offre pas d’innovations foudroyantes remettant en question Elric et ses compagnons et, quelque part, on devine la fin du récit puisqu’on en connait les développements ultérieurs. Mais, malgré tout, on passe un bon moment, dans une ambiance parfois très jeu de rôle où ne manque que les lancers de dés. Et on referme le bouquin satisfait d’avoir retrouvé un vieux héros qui, lui aussi, nous manquait depuis pas mal d’années. Allez, Arioch, encore un peu de sang et d’âme pour le Loup Blanc !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Fantasy, #Michael Moorcock

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Publié le 15 Mars 2019

UNE HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION, TOME 1: LES PREMIERS MAITRES de Jacques Sadoul

Ecrivain de polars humoristiques (on recommande TROP DE DETECTIVES), éditeur, anthologiste (notamment l’indispensable série « les meilleurs récits »), essayiste (sa monumentale HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION demeure une référence), Jacques Sadoul se livre ici à l’exercice délicat de parcourir l’histoire de la SF en s’attardant sur ses textes fondateurs. Mais au lieu de proposer « L’histoire de la SF », Sadoul offre plus modestement « Une histoire de la SF ». Dès lors inutile de pinailler en disant que tel auteur devrait y être ou que tel autre n’a pas sa place…de toutes façons les 8 nouvelles sélectionnées ici demeurent d’un intérêt certain, même un siècle après leur publication.

Le recueil s’ouvre sur un incontournable, « les êtres de l’abîme » d’Abraham Merritt, compromis entre les aventures mystérieuses à la Burrough, la fantasy et la weird fiction à la Lovecraft, un récit classique dans son déroulement (normal, il date de 1918) mais efficace, précédemment disponible dans LES MEILLEURS RECITS D’AMAZING et le recueil LA FEMME DU BOIS de Merritt.

On poursuit avec le très court et bien connu « Dagon » de Lovecraft, évidemment un indispensable et un des fondements du mythe de Cthulhu.

Gros morceau avec l’excellent « Les chiens de Tindalos » de Frank Belknap Long, un texte superbe fréquemment publiés (LES MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES, LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU, ŒUVRES DE LOVECRAFT) pour ce qui reste une des meilleures adjonctions au Mythe. Incontournable.

Robert E. Howard propose « Les miroirs de Tuzun Thune », une aventure contemplative (osons l’oxymore) du Roi Kull déjà éditée à de nombreuses reprises (LES MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES, KULL LE ROI BARBARE, etc.) mais que l’on (re)lira avec plaisir.

Beaucoup moins connu, Stanley Weinbaum livre une intéressante « Odyssée martienne » qui montre un « premier contact » avec une race extraterrestre totalement différente de l’Homme. Le récit avait déjà connu quelques publications (notamment dans HISTOIRES DE MONDES ETRANGES et LES MEILLEURS RECITS DE WONDER STORIES) et il a forcément été plus récemment repris dans l’intégrale des nouvelles de Weinbaum, L’ODYSSEE MARTIENNE. Toujours pertinent.

Autre auteur oublié, Harl Vincent nous présente « Le rodeur des terres incultes », une curiosité (déjà présente au sommaire des MEILLEURS RECITS D’ASTOUNDING) efficace et plaisante à lire qui a d’ailleurs plutôt bien vieilli. A découvrir.

« La mort d’Ilalotha » combine pour sa part fantasy historique et épouvante sous la plume inspirée de Clark Ashton Smith, un texte bien connu mais toujours d’une indéniable efficacité malgré le poids des ans.

Enfin, « Helen A’lliage » s’éloigne de la Fantasy et des Planet Stories pour un pur conte de science-fiction romantique d’une grande modernité en ces temps où l’on s’interroge sur l’intelligence artificielle et ses limites.

Avec ce petit recueil vendu à faible prix, Sadoul nous offre un joli panorama de l’Age d’Or, chaque nouvelle étant accompagnée d’une courte mais suffisante présentation. Un voyage chronologique que l’on poursuivra avec plaisir dans les trois prochains tomes de ce qui constitue une formidable anthologie de la SF du XXème siècle.

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Publié le 27 Février 2019

CEUX QUI SAURONT de Pierre Bordage

Vétéran de la SF française, Bordage s’essaie ici au genre populaire (mais casse gueule) de l’uchronie, lequel nécessite, pour être réussi, une belle imagination mais également de solides connaissances historiques. Il décrit un monde dystopique dans lequel la Révolution Française a échoué, creusant les inégalités entre les nantis et le reste du peuple. Les premiers possèdent richesses et technologies (un réseau proche d’Internet, les voitures, les avions, etc.) ainsi que l’accès à la connaissance, les autres, surnommés « Cous Noirs » sont des travailleurs privés de l’éducation et qui travaillent pour des sommes dérisoires. Le roman va donc alterner la description de ces deux univers antagonistes en se centrant sur deux adolescents que tout oppose. D’un côté Clara, jeune fille issue de la noblesse et promise à un mariage d’intérêt qui s’ennuie en écoutant son précepteur et rêve de voyages. De l’autre Jean, travailleur manuel suivant des cours dans une école clandestine.

Bordage possède indéniablement du métier et du talent. Il use ici d’une structure classique (alternance entre deux protagonistes qui se rejoindront au final) pour dynamiser un récit intéressant développant une uchronie originale. Bien sûr on peut parfois tiquer sur la complète crédibilité du monde proposé (notamment en ce qui concerne le reste de la planète à peine évoqué quoique le Califat moyen-orientaux ait récemment privé l’Occident de son pétrole) mais l’ensemble tient la route. Bordage énumère les principaux événements de cette histoire alternative dans laquelle une Seconde Restauration ramène la monarchie au pouvoir avant que Jules Ferry ne soit exécuté sous la poigne inflexible de Philippe VII avec la bénédiction du clergé.

Le récit lui-même donne plus volontiers dans le feuilletonnesque et privilégie l’aventure avec sa demoiselle en détresse enlevée à son futur mari, son jeune homme capturé après l’exécution publique de son père, ses guerres de gangs et de territoires, ses tempêtes, ses péripéties nombreuses et variées. Si on devine l’auteur désireux d’offrir une parabole sur la société actuelle et une réflexion politique sur la place de l’instruction il n’en oublie pas, heureusement, de proposer un vrai bon bouquin. On se souviendra, en effet, des laborieux livres de SF francophones engagés (à gauche cela va sans dire) qui tenaient davantage du pamphlet destiné aux réunions des cocos anonymes (espèce heureusement en voie d’extinction si ce n’est disparue) que de réels récits d’anticipations. Un travers dans lequel ne tombe pas un Bordage qui parviendrait presque à nous convaincre des bienfaits de la grande boucherie de 1789. Presque.

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Publié le 20 Février 2019

LA MORT DU TEMPS d'Aurélie Wellenstein

Avec ce roman, Aurélie Wellenstein ne perd guère de temps puisqu’elle nous plonge directement au cœur du récit. Nous sommes en compagnie de Callista, une adolescente qui émerge d’un long coma consécutif à un accident de voiture. A son réveil, le monde a changé, quelque chose s’est produit et le temps s’en trouve déréglé. Le lecteur, désorienté, se retrouve ainsi au cœur d’une apocalypse causée par un phénomène inconnu surnommé le « flash ». Cette sorte d’énergie destructrice nait à Paris et s’étend, tel une ondulation dans une mare. Le « flash » avance en ravageant la France, renvoyant à néant tout ce qu’il « touche ». Dès lors que faire si ce n’est avancer pour tenter de mettre la plus grande distance possible avec ce « flash » ? Mais ce n’est pas tout car le temps semble brisé, le continuum s’est fracassé et des portions d’hier voisinent avec notre époque. Des villes se transforment en monuments biscornus où s’entassent différentes époques et des ptérodactyles rodent autour de Notre Dame. Pour aggraver la situation des êtres composites sont arrachés à leur temps comme Roland, ce chevalier moyenâgeux ayant fusionné avec sa monture pour devenir une sorte d’invraisemblable centaure. Au cours de son périple, Callista rencontre également Gascogne, un chasseur devenu mi-homme mi-loup. L’objectif de l’adolescente, avant la désintégration, reste de retrouver Emma, la jeune fille dont elle est amoureuse et avec laquelle elle a fugué voici quelque mois. Une jeune fille à présent paralysée suite à l’accident de voiture qui a laissé Callista dans le coma. Quelle peut donc être leur avenir sous la menace du « flash », que peut devenir cette relation condamnée à brève échéance ? Callista veut pourtant, à tout prix, rejoindre Emma…jusqu’à ce que la fin du monde les sépare.

Entre fantastique horrifique, « young adult », science-fiction et drame, LA MORT DU TEMPS s’impose comme une belle réussite qui tient parfaitement en haleine le lecteur durant trois cents pages. La construction, efficace, s’appuie sur les rencontres, à la façon d’un « road movie » littéraire dans lequel les protagonistes découvrent le monde dévasté par les catastrophes temporelles. Ce contexte donne lieu à des visions dantesques de temps imbriqués et rappelle certaines œuvres de Philip K. Dick (en particulier LE TEMPS DESARTICULE et UBIK) pour cette exploration « d’un univers à l’envers ». Mais la grande réussite d’Aurélie Wellenstein consiste à s’appuyer sur des personnages crédibles et attachant, en particulier son héroïne rongée par la culpabilité et Roland son chevalier mutant.

Autre point positif, la révélation finale se révèle surprenante et bien amenée. Le lecteur ne s’y attend pas et, pourtant, les indices sont semés au fil du page pour nous y préparer, ce qui la rend forcément crédible. Cette fin grandiose et quasi métaphysique achève de transformer ce roman en grande réussite appréciable non seulement par les adolescents mais également par un public plus large. Très bonne surprise de l’imaginaire francophone !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #science-fiction, #Jeunesse

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Publié le 13 Février 2019

TELLUCIDAR (TOME 1) de Jean-Luc Marcastel

Lucas, jeune homme friand d’aventures sous forme de romans ou de jeux de rôles, espère le retour de son père, un géologue disparu depuis des années. Il travaillait pour une grande société, la Tellcorps, dont la découverte d’un minerai aux incroyables propriétés, le Tellurium, a révolutionné l’humanité. Un soir, Lucas reçoit un message Internet envoyé par son père. Il se rend au lieu indiqué, le stade de la ville, pour voir surgir une énorme machine venue du centre de la Terre. Lucas rencontre ainsi Koré, une jeune fille étrange qui serait la princesse d’un monde niché au cœur de notre planète. Elle est accompagnée par une créature semblable à un dinosaure et a besoin de l’aide de Lucas et de son oncle pour sauver son monde mis à mal par la Tellcorps.

TELLUCIDAR…Le titre, référentiel, évoque immédiatement Edgar Rice Burroughs et son Pellucidar, le fameux monde situé au cœur de la terre adapté à l’écran dans le sympathiquement suranné CENTRE TERRE SEPTIEME CONTINENT. Pour rester chez Burroughs, Marcastel n’oublie pas d’ajouter à son récit une bonne rasade de fantasy dans l’esprit de John Carter de Mars et une touche d’aventures exotiques à la Tarzan. Mais l’auteur ne se limite pas à rendre hommage au créateur du Seigneur des Singes, il cligne également de l’œil vers Jule Vernes et son VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE, sans négliger tous les précurseurs de la science-fiction, notamment les auteurs américains des pulps à la Weird Tales. Et c’est effectivement une véritable « histoire bizarre » que nous conte Marcastel, lequel prend son temps pour poser son récit, définir ses enjeux et brosser une poignée de personnages bien typés amenés à vivre de futures grandes aventures. On devine déjà les enjeux de la suite car ce premier livre, aussi réussit soit-il, se contente de lever le voile sur un univers d’une grande richesse que l’on n’a pas encore réellement exploré.

Le récit, très efficace, ne laisse aucunement le temps de souffler : Marcastel est un formidable conteur et les pages se tournent à une vitesse folle, entre rebondissements bien amenés, scènes intimistes impeccables et séquences d’action à grand spectacle.

De plus, le livre est saupoudré de références geek, de piques amusantes (notamment aux séries télé à la « Plus belle la vie ») et d’humour. L’édition est en outre enrichie de nombreuses illustrations évocatrices de grande qualité. La couverture a davantage divisé (un site bien connu de Fantasy la trouvant « rebutante »)…pour ma part elle m’a plutôt encouragé à tenter la lecture parce qu’une fille en bikini et un dinosaure ne se refuse pas.  

TELLUCIDAR constitue donc une belle réussite des littératures de l’imaginaire, entre aventure, « young adult », fantasy et « retro science-fiction ». Et le tout donne envie de rapidement se plonger dans le deuxième tome.

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Publié le 1 Février 2019

LE PASSAGE de Justin Cronin

La première chose qui frappe devant le bouquin c’est, forcément, son épaisseur. Une brique ! Même au sein d’une science-fiction souffrant de plus en plus d’éléphantiasis, le roman de Justin Cronin détonne avec (en poche) ses 1260 pages bien tassées. Et il s’agit seulement du premier tome d’une trilogie apocalyptique accumulant les superlatifs et s’étendant sur près de 3 000 pages.

Une fois la lecture entamée, on constate également que l’auteur semble totalement imprégné des codes de la série télévisée. Si on a souvent dit des auteurs de best-sellers de la fin du XXème siècle qu’ils écrivaient « à la manière d’une superproduction hollywoodienne » dont ils avaient intégré la narration alors Cronin propose peut-être la première « série télé » sur papier. Pas étonnant d’ailleurs que les droits aient été acquis (avant même la publication du livre !) par Ridley Scott qui songeait à en tirer trois films…avant qu’une adaptation pour les petits écrans soit lancée début 2019.

Au programme : multiplication des personnages, abondance des lignes narratives destinées à se rejoindre à mi-parcours, temporalité étirée avec plusieurs bonds temporel (l’intrigue se déroule sur plus d’un siècle !),…

Tout débute dans un futur très proche. Tandis qu’un commando militaire traque des individus atteints d’une étrange maladie, au Texas un condamné à mort et onze autres prisonniers sont choisi pour participer à une expérience médicale révolutionnaire. Mais, bientôt, un virus est libéré, se propage sur la planète entière et aboutit à un effondrement total de la civilisation, dévastées par des hordes d’infectés avides de sang. Un siècle plus tard, une petite communauté survit face à ces « vampires ». Surgit alors une « fille de nulle part », apparemment âgée de 14 ans mais en réalité né un siècle auparavant…Elle possède peut-être la clé permettant de relancer la civilisation.

La première partie, la plus prenante, propose une série d’expériences top secrètes menées par l’armée américaine. Le mystère est prenant, les personnages bien caractérisés, le background étoffé sans devenir envahissant. Impossible de ne pas penser à Stephen King engagé pour écrire un épisode de X Files (comment ça il l’a fait ? Bref…).

La suite se déroule après un bond de près de cent ans. L’apocalypse a eu lieu, l’humanité a tenté de survivre, la Californie a quitté l’union, l’Europe a fermé ses frontières mais rien n’a pu empêcher l’effondrement. Du coup, au début du XXIIème siècle, les hommes survivent dans des petites colonies retranchées comme des forteresses féodales. Le retour à l’âge des ténèbres s’annonce puisque tout va bientôt s’éteindre… « Mad Max » dans « La Nuit des morts vivants » ou « Je suis une légende ». Des infectés, des « vampires », des viruls (dénomination officielle),…la fin du monde est là et bien là. Bref, on entre dans le survival horrifique post-apocalypse façon blockbuster hollywoodien. Cette partie reste intéressante mais n’évite pas quelques baisses de rythme, le romancier se perdant parfois dans ses (trop) nombreux protagonistes certes habilement brossés mais qui n’évitent pas toujours les lieux communs (romance contrariée, infidélité,…). Avec les gardes protégeant la colonie LE PASSAGE s’apparente parfois à une relecture de certains chapitres du TRONE DE FER dans l’univers de « Walking Dead ».

Les plus critiquent dirons même que le bouquin s’apparente parfois à un de ces romans de gare des années ’80 (souvenez-vous des collections « Apocalypses » ou « Le Survivant » avec leurs titres tapageurs comme LES MURAILLES DE L’ANGOISSE ou ENFER CANNIBALE) à la différence que Justin Cronin étire son récit non pas sur 200 pages mais sur 1200. Mais ne faisons pas trop la fine bouche : en dépit de sa longueur et de certaines longueurs (comme dans une série il y a fatalement des intrigues et des personnages moins intéressants – de manière subjective), la lecture de ce roman reste fluide et agréable, quoique certains passages puissent exaspérer par leur lenteur. On peut donc se permettre de les survoler…

Si certains, qui « binge watch » des séries, voudront s’enfiler ce pavé d’une traite les plus raisonnables peuvent opter pour une lecture fractionnée en trois ou quatre fois, histoire de raviver l’intérêt pour un roman sans doute plaisant mais incontestablement trop long d’au moins 300 pages.

Loin d’égaler le classique LE FLEAU de Stephen King qui demeure le mètre étalon du post apocalypse littéraire, LE PASSAGE demeure efficace et trouvera certainement son public. Mais, maintenant que la boucle est bouclée et que le bouquin est devenu une série peut-être serait il plus judicieux de passer directement à l’adaptation télévisuelle.

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Publié le 23 Janvier 2019

LA GUERRE DES MONDES N'AURA PAS LIEU de Johan Heliot

Romancier français déjà auteur de belles réussites comme FAERIE HACKERS ou LA TRILOGIE DE LA LUNE, Johan Heliot compose ici un très plaisant récit de science-fiction, normalement destiné aux jeunes adultes mais qui peut s’apprécier à tout âge.

L’idée de faire d’Herbert George Wells le héros de ses propres récits n’est certes pas neuve (on se souvient de l’excellent film « C’était demain ») mais l’aventure fonctionne ici avec une belle énergie. La première partie présente la réalité, pas très reluisante, des conditions de vie à la fin du XIXème siècle alors que Wells, déçu de voir son roman, consacré au voyage temporel, refusé par son éditeur, part en compagnie de sa fiancée pour le Nouveau Monde. Son objectif ? Rejoindre Icarie, une communauté libertaire utopiste fondée par le philosophe communiste Etienne Cabet. Après un voyage en bateau dans des conditions pénibles, Wells finit par adopter les enfants d’un couple, rencontré sur le navire, et décédé lors d’un accident. Hélas, en Californie, la désillusion continue : l’utopie des « Français fous » a vécu et Icarie n’existe plus. Mais bientôt, Wells se voit entrainé dans la plus grande des aventures et, en compagnie du célèbre John Carter, il tente d’empêcher une absurde guerre des mondes entre la Terre et Mars.

Dans cette aventure uchronique (Wells a abandonné l’écriture) teintée de steampunk, le romancier multiplie les de références aux « Grands Anciens » de la science-fiction (Wells, Verne, Burrough), à des personnages historiques (Edison) encore à des lieux emblématiques comme Roswell. Destinant son livre aux jeunes adultes, Heliot est soucieux de garder l’attention et ne ménage ni les retournements de situations ni les sous-intrigues. Il mène son histoire à un rythme élevé et entrelace habilement des thèmes comme le voyage temporel à sa relecture personnelle de LA GUERRE DES MONDES. Il convie également le héros de Burroughs, le fameux John Carter (pas encore « de Mars » quoiqu’il obtienne ce titre à la fin du roman), pour aider Wells à repousser les forces d’invasions martiennes. Sous l’influence revendiquée du pastiche LA MACHINE A EXPLORER L’ESPACE de Christopher Priest, le Français délivre un roman hautement divertissant qui ne laisse aucunement souffler le lecteur en dépit d’un nombre important de personnages et de péripéties en cascade. Le récit s’emballe ainsi dans un tourbillon d’événements pouvant mener à l’apocalypse planétaire. Un bon moment qui plaira autant aux connaisseurs de l’âge d’or de la SF qu’aux néophytes qui apprécieront l’inventivité du romancier

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Jeunesse, #Uchronie, #science-fiction, #steampunk, #Johan Heliot

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Publié le 21 Janvier 2019

LA LIGUE DES HEROS de Xavier Mauméjean

En 1969 un vieil homme amnésique est ramené chez lui. Des souvenirs lui reviennent peu à peu, l’amenant à penser qu’il fut peut-être, au début du siècle, Lord Kraven, défenseur de l’empire britannique en bute aux créatures du Pays de Nulle Part menées par Peter Pan.

Mauméjean propose ici un roman extrêmement touffu qui devrait enchanter ceux qui se sont délectés des « délires » de Philip José Farmer (un des inventeurs du crossover littéraire avec ses nouvelles aventures de Tarzan, Doc Savage, etc.), du superbe cycle uchronique de Kim Newman (ANNO DRACULA) ou, plus récemment, des œuvres d’Alan Moore puisque le Français accomplit une sorte d’hommage destructeur aux super-héros à la manière des Watchmen ou de La ligue des Gentlemen Extraordinaires. On passe ainsi de Burrought (Tarzan) à Stan Lee et aux Marvel Comics en effectuant quelques détours par le Sherlock de Conan Doyle revisité par la science-fiction « new wave » à la Michael Moorcock sous le patronage de Jules Verne. C’est donc la foire d’empoigne de la pop culture, l’orgie pulp et les références en pagaille. Oui mais, là où Mauméjean n’aurait pu livrer qu’un simple divertissement truffé de clin d’œil, LA LIGUE DES HEROS démontre son ambition par son style prenant et déstabilisant. Car l’auteur use de chapitres courts, passent d’une période à une autre, ne laisse guère le temps au lecteur de souffler et parcourt plusieurs décennies à grande vitesse, le roman s’apparentant à une suite de vignettes intimistes ou spectaculaires qui racontent, en laissant en creux bien des périodes, une série d’événements survenus à Londres et dont furent témoins ces super-héros oubliés. Lord Kraven est ainsi entouré de Lord Africa (un Tarzan mâtiné d’Allan Quatermain), English Bob (le side kick inévitable), Le Maître des Détectives (un émule de Sherlock en provenance de Neverland),…Leurs ennemis se nomment Dr Fatal, Spada mais aussi Peter Pan. Le temps passe, la première guerre mondiale arrive et balaie une partie de la Ligue, ensuite reformée par ses survivants tandis que la monarchie anglaise est renversée.

LA LIGUE DES HEROS constitue donc une uchronie steampunk teintée d’urban fantasy, de science-fiction, d’action « pulpe », de fantastique et d’aventures rétro. Une œuvre foisonnante, parfois à la limite du digeste de par sa construction narrative éclatée et bordélique, mais indéniablement originale et ambitieuse. En décloisonnant les genres, Mauméjean s’imposait déjà comme une des nouvelles plumes les plus intéressantes de l’imaginaire français.

Le lecteur peut se sentir parfois perdu ou se demandait où l’auteur veut en venir (c’est le cas, probablement volontairement), mais, qu’on se rassure, le final retombe sur ses pattes et le dernier chapitre offre une conclusion satisfaisante et plus cartésienne à l’apparent délire des deux cents premières pages.

S’il n’est pas exempt de défaut, LA LIGUE DES HEROS se révèle une lecture au final plaisante et intelligente doublée d’un pastiche savoureux d’un siècle de « para culture » littéraire, cinématographique et dessinée.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Fantasy, #Superhéros, #Uchronie, #science-fiction

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Publié le 28 Novembre 2018

L'EXECUTEUR: SANG POUR SANG A SAN SALVADOR de Chuck Rogers

Mack Bolan part pour le San Salvador afin de stopper les agissements d’un redoutable gang mafieux. Mais la situation est encore pire que prévue puisque les criminels se sont associés avec des terroristes arabes d’Al Quaida afin d’infecter les Etats Unis avec le virus de la variole. La course contre la montre débute pour empêcher l’apocalypse bactériologique promise !

Datant de 2006, le roman, comme bien d’autres « EXECUTEUR » de cette époque illustre le changement de paradigme de la série (du moins en ce qui concerne les romans américains et non pas les « adaptations » françaises): Bolan n’est plus seulement le tueur de mafieux des premiers volumes, il est à présent un agent du gouvernement décidé à contribuer à la « guerre contre la terreur » en zigouillant du terroriste arabe à tour de bras.

Toujours emballé en environ deux cents pages, l’ensemble se veut un classique divertissement « pour hommes » focalisé sur une action toujours soutenue et souvent très violente. Le prolifique auteur Chuck Rogers, une fois de plus inspiré, déroule son intrigue à cent à l’heure et multiplie les passages explosifs à la manière d’un blockbuster hollywoodien (le roman donnerait certainement un film super excitant) qui ne laisse aucunement le temps de souffler au lecteur, lequel pardonne ainsi certaines invraisemblances ou passages un peu trop tirés par les cheveux. Mais qu’importe, n’est-ce pas une constance du genre depuis la glorieuse époque de la Cannon, compagnie qui eut surement rêvé de porter à l’écran les aventures de Bolan. Comme dans « Delta Force » ou « Invasion USA », notre invincible héros surgit toujours là où le terrorisme menace le mode de vie américain afin d’en découdre avec tous les ennemis du monde libre.

On note aussi quelques clins d’œil typiquement bis puisque le grand méchant se nomme Jess Franco et qu’il est aidé dans ses œuvres par la séduisante et dangereuse Soledad Miranda Korda. Les connaisseurs apprécieront le clin d’œil. Bref, du divertissement rondement mené et l’assurance d’une lecture tout à fait plaisante pour les fans de l’Exécuteur.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Exécuteur, #Gérard de Villiers, #Polar, #Thriller, #Espionnage

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