aventures

Publié le 10 Janvier 2020

ROSEE DE FEU de Xavier Mauméjean

Etrange roman que ce ROSEE DE FEU, écrit par un Mauméjean féru d’histoire. Le romancier s’attaque ici à la guerre du pacifique et décrit les défaites successives des Japonais après leurs premières victoires, notamment à Pearl Harbour. Les Nippons ont alors recours aux kamikazes, ces fameux pilotes lancés dans des missions suicides pour tenter de couler les navires américains.

Xavier Mauméjean aurait pu tirer de cette fascinante histoire un roman historique « de guerre » traditionnel sur le sens du sacrificie mais il a choisi une approche différente. Le romancier livre, en effet, une étrange uchronie et remplace les avions japonais par des dragons. Ce sera, étrangement, le seul élément fantasy introduit dans l’histoire (ou l’Histoire), d’ailleurs assez peu développé quoique l’auteur s’attarde sur le lien qui unit les créatures à leur pilote, un peu à la manière de la BALLADE DE PERN. On aurait aimé davantage de divergence entre cette Histoire et la notre suite à la présence des dragons mais, dans l’ensemble, il n’y a pas d’altérations majeures.

Au-delà de cet aspect fantastique, beaucoup de faits historiques sont donc présents et peu (ou pas) romancés, certains connus, d’autres nettement moins. Le livre revient ainsi sur l’anecdote du soldat ne sachant pas que la guerre est terminée depuis des décennies. Mauméjean décrit aussi le massacre de Nankin (immortalisé au cinéma dans « City of life and death » mais aussi dans le très déviant « Black Sun »), les exactions de la fameuse Unité 731 (vue dans les films d’exploitations « Men behind the sun »), la création des kamikazes, etc. Les grandes figures historiques de l’époque répondent également présentes à côté de personnages fictifs, ROSEE DE FEU suivant les points de vue de trois protagonistes principaux : un jeune soldat idéaliste qui découvre la guerre dans toute sa violence, son jeune frère, resté au pays et plein d’admiration pour lui et, enfin, un gradé qui lance le projet kamikaze. Ils représentent, comme nous le dit l’auteur dans la postface, les trois éléments (terre, air, feu), rejoints par le quatrième (l’eau) à la toute fin du roman, en signe d’harmonie retrouvée.

L’inclusion des éléments fantasy dans ROSEE DE FEU produit, au final, une impression étrange. D’un côté le lecteur peut les trouver superflus. De l’autre, il peut aussi avouer que sans la présence de dragons sur la magnifique couverture il serait passé à côté d’un roman historique instructif et réussi. A découvrir en sachant à quoi s’attendre…

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Historique, #science-fiction, #Uchronie

Repost0

Publié le 20 Décembre 2019

LE RETOUR DU BANNI (LE CONCLAVE DES OMBRES TOME 3) de Raymond E. Feist

Ce troisième tome, toujours inscrit dans la gigantesque saga de « La guerre de la faille » ou « Krondor », conclut la trilogie du « Conclave des Ombres » d’une manière quelque peu surprenante. En effet, au lieu de continuer à suivre Ser Fauconnier, héros des deux précédents volumes, LE RETOUR DU BANNI nous place aux côtés de son adversaire, le « méchant » Kaspar, duc d’Olasko, exilé par un magicien à l’autre bout de l’univers.

La première moitié du roman, probablement la plus intéressante, originale et adulte, décrit ainsi les tentatives de Kaspar pour revenir chez lui, ce qui s’accompagne d’une prise de conscience de ses actes passés. Peu à peu, ses ambitions lui paraissent futiles et il bascule, si on peut dire, dans le côté lumineux de la force, fréquentant par exemple de simples fermiers (une mère et son enfant) loin des fastes de la Cour. Avec son mélange de regret, de nostalgie et de fatalisme, cette première moitié trouve son ton, mâture et convaincant.

Par la suite, Kaspar rencontre trois marchands accompagnés d’une étrange armure qui s’avère un Talnoy, un être maléfique venu d’une autre dimension. Les marchands et Kaspar se trouvent dès lors sous l’influence d’un sort lié à l’armure qui les oblige à voyager en direction du Port aux Etoiles. Ils vont rencontrer différents personnages, dont des dieux, pour finir par retrouver les membres du Conclave : Ser, devenu restaurateur, et l’inévitable Pug, effrayé à l’idée d’une nouvelle guerre dévastatrice.

Cette seconde partie se conforme davantage aux conventions de la High Fantasy : failles dimensionnelles, créatures maléfiques, sortilèges, magiciens, elfes, objets enchantés, etc. Ce n’est pas désagréable, c’est même bien ficelé et bien écrit en dépit de passages un peu longuets et verbeux (les explications données à Kaspar sur la nature du Mal paraissent parfois redondantes et Feist semble alors tirer à la ligne pour relier les différents fils de son intrigue « bigger than life ») mais cette deuxième moitié, certes plaisante, ne retrouve pas le ton nostalgique et mélancolique des premiers chapitres.

Si LE RETOUR DU BANNI souffre de ce léger déséquilibre et d’un final expédié (annonçant cependant la prochaine trilogie, « La guerre des ténèbres », via un épilogue sous forme de cliffhanger attendu mais à la redoutable efficacité) il demeure un bon exemple de Fantasy divertissante et réussie. Bref, une lecture abordable par tous, sans grande aspérité ni d’une originalité fracassante, mais à l’écriture solide (on sent le métier d’un écrivain qui arpente cet univers depuis des décennies), aux personnages attachants et aux dialogues qui sonnent souvent justes.

Tant pis pour ceux (dont un site bien connu consacré à la Fantasy) qui persistent à ne voir que « stéréotypes », « clichés » et « formatage », les romans de Feist appartiennent certes à ce qu’il est convenu d’appeler, de manière (un peu trop) péjorative de la Big Commercial Fantasy mais ils ressuscitent aussi, avec bonheur, la fougue du roman feuilleton et apportent le dépaysement indissociable de la bonne littérature d’aventures fantastiques.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy

Repost0

Publié le 19 Décembre 2019

L'EXECUTEUR: SANGLANT ELDORADO de Mike Newton

Notre infatigable Exécuteur Mack Bolan change d’environnement et part pour la jungle, Mike Newton marchant sur les traces d’Indiana Jones pour cette aventure mouvementée. Mack va découvrir, en compagnie d’une jeune demoiselle, une ancienne cité Maya dont l’or approvisionne une organisation criminelle.

Voici un récit original qui change de la sempiternelle « Guerre contre la Mafia » quoique Mack doive une fois de plus stoppé des terroristes. Mais le changement des jungles urbaines vers les réelles jungles encore inexplorées rend cet énième EXECUTEUR fort efficace.

On peut bien sûr chipoter en pointant les facilités du scénario ou les quelques invraisemblances mais honnêtement elles sont bien moins nombreuses que dans la majorité des blockbusters d’action actuels. On pardonnera donc ces quelques fautes mineures pour se laisser porter par l’histoire qui développe des personnages secondaires bien typés afin d’aider Mack dans sa mission.

Pour du roman dit « de gare », SANGLANT ELDORADO s’avère correctement écrit, ce n’est pas du Prix Goncourt en puissance mais c’est très professionnel, très américain : bon sens du rythme, de l’efficacité, scènes d’action (plus rares et plus courtes que de coutumes) judicieusement placées à intervalles réguliers, rebondissements relançant l’action lorsque celle-ci s’enlise. Du bon boulot d’écrivain qui ne se fiche pas de son public et lui offre deux ou trois heures de divertissement, certes sans prise de tête mais pas idiot pour autant.

Une très belle surprise pour cet EXECUTEUR atypique particulièrement convaincant et réussi.

L'EXECUTEUR: SANGLANT ELDORADO de Mike Newton

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Exécuteur, #Roman de gare

Repost0

Publié le 13 Décembre 2019

MEILLEURS VOEUX DE LA JAMAÏQUE de Ian Fleming

Recueil de trois nouvelles consacrées à James Bond publié à titre posthume en 1966, MEILLEURS VŒUX DE LA JAMAIQUE débute avec « Octopussy » (traduite, vu le jeu de mot intraduisible de l’original, par « Meilleur vœux de la Jamaïque »). James Bond y rend visite au Major Dexter Smythe, retiré à la Jamaïque depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Gros buveur, gros fumeur, passionné par les poissons mais n’ayant plus guère le goût de vivre, Smythe vit de sa fortune. En réalité celle-ci provient de deux lingots d’or nazi dérobé à la fin de la guerre après avoir abattu son guide, Hannes Oberhauser. Smythe les a fait fructifier en s’appuyant sur la pègre chinoise locale. Or, le cadavre d’Oberhauser vient d’être retrouvé. Et il était instructeur de ski et ami de Bond…

Une nouvelle très bien ficelée ou le style brut de Fleming fait merveille pour illustrer la célèbre maxime sur la vengeance, ici un plat qui se mange très froid pour Bond…et encore vivant pour la pieuvre qui donne son titre original à la nouvelle ayant servi de base, lointaine, pour certains passages du film « Octopussy ».

« The Property of a lady », la deuxième nouvelle du recueil, fut, elle aussi, remaniée pour s’intégrer au film « Octopussy ». Il s’agit d’un récit d’espionnage au sujet d’un Œuf de Fabergé servant de payement à une espionne russe. Un texte plaisant, avec la coolitude nécessaire, qui se déroule essentiellement lors d’une vente aux enchères devant permettre à Bon d’identifier ses adversaires.

« Bons Baisers de Berlin (The Living Daylight) » servit, pour sa part, de pitch à « Tuer n’est pas jouer » et constitue un jeu du chat et de la souris entre Bond et un sniper russe, le tout assorti d’un flirt à distance entre l’agent anglais et une musicienne berlinoise. Quelque peu prévisible mais fort bien mené.

Au total, MEILLEURS VŒUX DE LA JAMAIQUE rassemble trois récits efficaces qui se sont aujourd’hui parés d’une patine agréable. En effet (et forcément) les politiques-fictions d’actualité à l’époque de la sortie du bouquin sont aujourd’hui devenu des textes historiques au sujet d’une période à la fois très proche et déjà lointaine, celle de la guerre froide, de Berlin divisée, des chassés-croisés d’espions, etc.

Très divertissant !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #Recueil de nouvelles, #James Bond

Repost0

Publié le 20 Novembre 2019

LES AVENTURIERS DU NIL de Christophe Lambert

1798. Les Français débarque en Egypte sous le commandement de El Kebir, autrement dit Bonaparte. Un jeune Egyptien, Omar, espère pouvoir approcher le plus grand conquérant depuis Alexandre. Il va rencontrer Hubert de Saint Vincent, un scientifique membre de l’expédition accompagnant l’armée française. Devenus amis, les deux hommes vont tenter de parvenir, avant les Anglais, au trésor enfoui d’Alexandre le Grand et ainsi empêcher les Britanniques de financer la guerre.  

Lecture plutôt orientée « jeunesse » (dès 10 ans à mon avis) mais parfaitement appréciable par les plus âges, LES AVENTURIERS DU NIL bénéficie d’un décor très original, celui de la campagne égyptienne de Napoléon. Christophe Lambert creuse donc le contexte historique d’une période post révolutionnaire troublée à travers les yeux d’un adolescent égyptien admiratif de Napoléon mais dont l’opinion à l’égard du « grand homme » sera modifiée par la réalité des massacres. Entre l’idolâtrie vouée au glorieux conquérant et la tuerie finale d’innombrables prisonniers dont Napoléon ne veut pas s’encombrer, Omar aura surtout vécu une grande aventure à une époque de découvertes scientifiques : utilisation des montgolfière, recherche d’un trésor légendaire (le final nous dire de quoi il s’agit), capture et évasion, combat, complot, trahison,…Il y a dans ce roman le parfum de l’aventure avec (au choix) un peu de Tintin, de Bob Morane ou d’Indiana Jones dans ce périple au cœur du désert. Très rythmé, LES AVENTURIERS DU NIL se lit d’une traite en une soirée et le seul reproche réside dans le côté parfois « à 100 à l’heure » du récit. Si les plus jeunes apprécieront la rapidité du voyage, les plus âgés pourront regretter que l’auteur n’ai pu davantage développer ses protagonistes et son background car le cadre est passionnant, comme en témoigne les quelques notes explicatives placées en fin de volume. Quoiqu’il en soit voici un excellent divertissement dépaysant à souhait.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Historique, #Jeunesse

Repost0

Publié le 15 Novembre 2019

JAMES BOND: BROKENCLAW de John Gardner

L’écrivain britannique John Gardner se fait connaitre dans la seconde moitié des sixties avec sa série parodique du LIQUIDATEUR puis reprend le personnage de Moriarty dans trois romans (seul le premier fut traduit). Au début des années ’80, Gardner accepte de succéder à Ian Flemming pour relancer les aventures de James Bond avec le plaisant PERMIS RENOUVELLE. Prolifique, Gardner en écrira quatorze au total (seize si on y ajoute les novélisations de PERMIS DE TUER et GOLDENEYE) au rythme d’un par an mais seul sept seront traduits.

BROKENCLAW poursuit la saga de manière assez standard et tente, comme les autres « continuations » de combiner le héros littéraire et le héros cinématographique (lesquels sont, on le sait, relativement éloignés) en un tout harmonieux. John Gardner essaie aussi de prendre en marche le train du thriller technologico-politique à la Tom Clancy mais sans parvenir à convaincre. L’intrigue, tout d’abord, reste légère et peine à se mettre en place : il faudra au lecteur une solide dose de bonne volonté pour passer le premier tiers, aussi confus que languissant, voyant Bond rencontrer sa nouvelle alliée chinoise, Chi-Chi, afin de contrecarrer les plans du nouveau grand méchant, Brokenclaw. Comme toujours la demoiselle souhaite être traitée à l’égale des hommes mais lorsque le danger menace elle se précipite dans les bras virils de Bond. Rien de neuf.

Les romans Bond post-Flemming écrits par Gardner obéissent tous à une formule similaire (assez calquée sur le septième art au point de ressembler à des scénarios abandonnés plus qu’à des bouquins). Parfois cela fonctionne, parfois cela parait simplement plat et sans vie, avec un Bond ressemblant finalement si peu à Bond que l’on pourrait l’échanger contre SAS ou OSS117 sans guère modifier l’intrigue. Ici, le tout ressemble à un ersatz de GOLDFINGER avec son grand méchant voulant provoquer un écroulement généralisé du système monétaire. En gros…parce que tout ça n’est pas franchement limpide et on peine un peu à voir les motivations des différents protagonistes.

BROKENCLAW constitue donc un Bond « Canada Dry » qui a la couleur de Flemming, parfois le goût de Flemming mais qui ne possède décidément pas la qualité brute des meilleurs Flemming. On sauve cependant les derniers chapitres où, pour prouver leur virilité, Bond et Brokenclaw se lancent dans la version « coutumes tribales indiennes » du concours de bite façon « Un homme nommé cheval ». Suspendus par des crochets, condamnés à courir les jambes lacérées et à s’affronter au tir à l’arc, nos deux mâles plongent, et le bouquin avec eux, dans l’exploitation façon série B. Pas très crédible mais, au moins, cela sort le lecteur de sa torpeur.

Reconnaissons toutefois que le bouquin n’est pas trop ennuyeux…à condition de passer outre une traduction abominable et une présentation désastreuse de l’éditeur Lefrancq. Comment a-t-on pu passer un tel nombre de coquilles, de fautes de frappes, d’expressions traduites littéralement (et donc ne voulant rien dire), de phrases dont les mots semblent avoir été mélangés, de grammaire approximative et de néologismes comme « ils voyèrent »

De quoi couler n’importe quel roman, on se croirait presque devant une traduction pirate de THE KILLING ZONE des années 2000. Avec cette édition consternante, BROKENCLAW perd au moins un point et il faut beaucoup d’abnégation pour le lire jusqu’au bout. A quand une traduction révisée ?

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Espionnage, #James Bond

Repost0

Publié le 7 Novembre 2019

LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L'INCONNUE de Howard Philip Lovecraft

Cette novella (également connue, lors de sa première publication française, sous le titre de « A la recherche de Kadath ») constitue le point culminant du « cycle des rêves », un ensemble de textes écrits par Lovecraft entre sa première période (celle des « histoires macabres » proches de Poe) et la fin de sa vie, époque à laquelle il s’intéresse au Mythe de Cthulhu. Ici, ce texte énumère les périples conduisant Randolph Carter jusqu’au légendaire Plateau de Leng, à la recherche de la merveilleuse cité de Kadath. On retrouve ce protagoniste dans trois autres nouvelles : « Le témoignage de Randolph Carter », « La clé d’argent » et, finalement, « A travers les portes de la clé d’argent » écrit en collaboration avec E. Hoffman Price en 1933. Ces quatre nouvelles furent rassemblées dans l’indispensable recueil, sans équivalent en langue anglaise, « Démons et merveilles » publié en France en 1955. Ces récits, maintes fois réédités et retraduits par la suite, demeurent la porte d’entrée idéale pour découvrir le versant onirique de Lovecraft ; une sorte de réécriture de « l’Odyssée » d’Homère à laquelle se mêlent les contes orientaux des « Milles et une nuit ».

Publiée de manière posthume par Arkham House en 1943 et longtemps négligée, LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L’INCONNUE constitue aujourd’hui un des récits les plus célébrés de l’auteur, réussissant à combiner une fantasy onirique et merveilleuse à un fantastique plus sombre et horrifique. Double littéraire de Lovecraft, Randolph Carter s’y enfonce dans les royaumes du rêve pour découvrir la légendaire Kadath. Mais Nyarlathotep, le Chaos rampant, multiplie les obstacles pour l’arrêter. Carter va ainsi croiser différentes peuplades, des êtres étranges comme des vampires ou les fameuses Maigres Bêtes de la nuit. La route est longue jusqu’à la ville merveilleuse, tout comme elle sera longue pour les Hobbits s’en allant au Mont du Destin, pour le Guerrier Eternel recherchant Tanelorn ou pour Roland désireux de trouver sa Tour Sombre. Bref, Lovecraft inaugure pratiquement la « dark fantasy à quête » dans ce court roman qui, au départ, peut sembler austère. Pas de dialogues, beaucoup de descriptions, voilà le programme de ce récit dans lequel le ressenti parait plus important que la narration proprement dite, parfois décousue. En effet, Lovecraft aura rarement été aussi hyperbolique dans l’utilisation des termes évocateurs. Dès les premières pages, l’écrivain nous convie « dans cet ultime abîme du plus grand désordre où les chimères et les blasphèmes sont le centre de toute infinité », là où « Azathoth se goinfre au milieu des battements sourds et insensés d’abominables tambours et des faibles lamentations monotones d’exécrables flutes ». L’écrivain multiplie les adjectifs : tout est « horrible », « monstrueux », « obscène », « blasphémateur », etc. Son style emphatique trouve ici son apogée, à la plus grande joie des laudateurs de l’écrivain et à la consternation de ses critiques. Quoiqu’il en soit, Lovecraft reprend des éléments de divers récits antérieurs : la ville d’Ulthar où les félidés sont sacrés, l’Anglais Kuranès régnant avec nostalgie sur la cité merveilleuse de Celephaïs, les divinités Nyarlatothep et Azathot, les Grands Anciens, les Manuscrits Pnakotiques et le Necronomicon, etc. Une véritable synthèse de ses thématiques revisitées durant une aventure épique, véritable Odyssée inspirée des grands auteurs mythologiques. Une réussite exceptionnelle, plus proche de la poésie en prose que d’un véritable roman. Parfois ardu mais doté d’une force d’évocation exceptionnelle LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L’INCONNUE multiplie les images fulgurantes.

Le lecteur intéressé poursuivra son exploration des contrées du rêve avec quelques nouvelles très réussies comme « Les chats d’Ulthar », « Le témoignage de Randolph Carter » ou « La clé d’argent » qui nous conte les entreprises d’un Carter vieilli pour redécouvrir le chemin des univers oniriques. Les passionnés se procureront également le magnifique « Kadath, guide de la cité inconnue » dans lequel quatre nouvelles voisinent avec de nombreuses illustrations pour proposer une véritable cartographie de l’imaginaire lovecraftien. 

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 6 Novembre 2019

LE CONCLAVE DES OMBRES TOME 2: LE ROI DES RENARDS de Raymond E. Feist

Raymond Feist poursuit l’histoire du jeune Ser, devenu Serwin Fauconnier, un bretteur exceptionnel toujours décidé à venger le massacre de son peuple. Mais Serwin doit également obéissance au Conclave des Ombres: le voici donc obliger d’entrer au service du duc Kaspar d’Olasko, le responsable de la mort de sa famille. Un duc lui-même tombé sous l’influence du redoutable sorcier Leso Varen.

Après un premier tome aussi classique qu’efficace, la saga de Feist prend de l’ampleur en envoyant son jeune héros dans la Haute Société féodale. Là, évidemment, se joue la destinée du royaume, entre complots et trahisons, avec les manigances de nombreux personnages. Moins manichéen que le premier volet, ce deuxième tome prouve qu’il y a peu de place pour l’héroïsme dans cet univers : certains « gentils » usent de moyens discutables pour parvenir à leurs fins tandis que l’on se surprend à trouver quelques « méchants » honorables, voire attachants. Bien sûr, Ser reste peu crédible, étant passé de « gamin perdu » au début du premier épisode à un véritable homme de cour à l’habileté exceptionnelle après un entrainement assez bref. On pourrait presque rapprocher cette progression de ces films de kung-fu dans lesquels un gamin naïf et incapable de se battre devient, après quelques jours chez un grand maître, un combattant invincible.

La construction générale de l’intrigue reste, elle-aussi, très traditionnel, reprenant des fondamentaux bien connus de l’épopée de cape et épée à la façon du COMTE DE MONTE CHRISTO qui semble une inspiration majeure de ce deuxième volume. Néanmoins, les relations entre les personnages sont bien gérées, les dialogues sonnent souvent justes, la plume de Feist est professionnelle, parfaitement rodée et addictive, ménageant ses coups de théâtres aux bons moments et alternant avec adresse l’intimiste et le spectaculaire.

Sans rien inventer, ce ROI DES RENARDS s’avère particulièrement efficace et sa lecture, aisée, procure un vif plaisir. Alors certes les dédaigneux catégorisent ce roman dans la catégorie fourre-tout de la « Big Commercial Fantasy » mais qu’importe : lorsque c’est aussi bien ficelé il n’y a pas de mal à se faire du bien.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy

Repost0

Publié le 5 Novembre 2019

LE MYSTERIEUX Dr XHATAN d'Henri Vernes

Ce personnage haut en couleurs (hum !) de Xhatan était apparu dans le précédent OPERATION WOLF à la tête d’étranges canidés « truqués ». On le retrouve régnant en despote dans une contrée perdue de Haute Birmanie avec l’aide de divers gadgets dont une étrange lumière verte mortelle qu’il manipule à sa guise. Bien évidemment notre mégalomane super vilain (pléonasme) va trouver sur sa route Bob et Bill qui, capturés, vont feindre de rejoindre les rangs du tyran.

Souvenir ému de Bob Morane, relecture toujours plaisante des années plus tard, il y a peu à ajouter à ce petit roman qui mélange adroitement aventures et science-fiction à la manière d’un serial d’antan. Super vilain, inventions maléfiques, poursuites, captures et évasions,…Sans oublier un Xathan assez bête pour penser pouvoir convertir Bob et Bill à ses plans de domination mondiale.

Rien de novateur mais Henri Vernes cuisine habilement ce récit divertissant à souhait qui s’inscrit sans nul doute parmi les classiques de Bob Morane.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Bob Morane, #Jeunesse, #science-fiction

Repost0

Publié le 22 Octobre 2019

Simon R. Green - Les jeux sont faits (Hawk & Fisher tome 2)

Simon Green poursuit sa saga de fantasy policière avec un deuxième tome dans lequel nous retrouvons nos gardes Hawk & Fisher, mari et femmes, bretteurs émérites et seuls guerriers incorruptibles dans cette ville pourrie de Haven. Ville d’ailleurs en ébullition puisque les élections approchent. Outre quelques candidats mineurs et folkloriques le duel semble se dessiner entre le Conservateur Hardcastle et les Réformateurs menés par James Adamant. Ce-dernier demande la protection de nos deux gardes tandis que les attaques, physiques et magiques, se multiplient à son encontre.

Après avoir vu mourir Blackstone, le précédent chef de l’opposition, Hawk & Fisher sont plus que jamais décidé à laisser les élections se dérouler sans encombre quoiqu’ils aient peu d’espoir de voir la situation réellement évolué à Haven. La politique ça reste quand même une affaire de magouilles, quelque soit le camp qui l’emporte.

Ecrivain britannique né en 1955, Simon R. Green s’est fait une spécialité du mélange des genres, notamment dans sa série de l’Histoire secrète parodiant les James Bond ou ses polars paranormaux du NightShade. Hawk & Fisher constitue une autre de ses sagas au long cours, entamée en 1990 et entretenant des liens étroits avec une autre série de l’auteur, la Lune Bleue.

Ce second volet des aventures de nos deux gardes de Haven est paru en 1991 et se veut une continuation directe du précédent dont on retrouve l’environnement, les protagonistes et plusieurs événements qui auront une grande importance dans ces JEUX SONT FAITS. Toutefois, si le premier volume constituait un pur récit d’enquête « cosy » dans un univers fantasy, celui-ci s’oriente davantage vers l’action et prend des allures de buddy-movie médiéval fantastique. L’intrigue est donc nettement plus simple mais reste plaisante à suivre : pas de temps à perdre, l’aventure avance à cent à l’heure entre complots, machinations, retournements de situation (attendus) et romance. Pas vraiment le temps de détailler les protagonistes ou de complexifier l’univers décrit (dans lequel se glisse des références à la cocaïne ou au christianisme quelque peu incongrues), l’important étant d’aller vite, avec un ton cynique et humoristique qui frôle souvent l’autoparodie. On peut préférer l’enquête complexe du premier volet mais ce roman façon polar hardboiled rigolard dans un contexte fantasy s’avère suffisamment divertissant pour ne jamais ennuyer le lecteur. Dommage que le combat final contre le sorcier maléfique soi-disant super puissant soit expédié en quelques lignes…

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Polar

Repost0