Publié le 6 Mars 2021

TERREUR RAMPANTE de Peter Tremayne

Né en 1943, l’Anglais Peter Tremayne s’est imposé comme une des valeurs sures du policier historique via sa saga consacrée à sœur Fidelma qu’il débute en 1994 avec Absolution par le meurtre et qui compte à présent 31 volumes ! Mais, précédemment, l’auteur s’était déjà essayé à l’écriture, parfois sous pseudo, avec une trilogie consacrée à Dracula, une demi-douzaine de polars et, surtout, une quinzaine de romans d’horreur aux titres évocateurs (THE CURSE OF LOCH NESS, KISS OF THE COBRA, THE ANTS, TROLLNIGHT) dont seul un fut traduit en français, chez Gore, ce « Morgow rises ! » de 1982 alias TERREUR RAMPANTE.

L’intrigue s’avère tellement classique qu’elle frise l’hommage et même la parodie en se référant aux classiques films de grandes bestioles irradiés des années 50 comme « Des monstres attaquent la ville ». Ici ce sont des vers de mers que les radiations ont rendus gigantesques au point de les voir assimilés au légendaire Morgow, une créature du folklore celte proche du monstre du Loch Ness. Pour les combattre : l’inévitable héros d’à peu près tous les bouquins de ce style dans les années ’80, le romancier solitaire mais séduisant aussi malin que prêt à en découdre façon Rambo avec les animaux géants. Une romance attendue, des dialogues amusants, quelques scènes d’angoisse (mais, au final, peu de réel gore) et un déroulement très linéaire, emballé en 200 pages dans sa version originale et en 150 chez Gore. Autrement dit, peu de place pour le développement des personnages, tous très schématiques, ou des sous-intrigues, le bouquin filant tranquillement vers son climax attendu. A la manière des bouquins de James Herbert qui restent la référence (en particuliers LES RATS), Tremayne aligne les scènes de manière quelque peu disparate, présentant des personnages pour simplement les tuer sous les coups des vers géants. Le tout se lit cependant sans déplaisir : c’est rythmé, efficace, agréable, tranquille (l’horreur reste, au final, « familial » sans les excès immondes d’un Shaun Hutson). L’originalité est proche du néant et le lecteur peut avoir l’impression d’avoir déjà lu cette histoire trop souvent, y compris dans la collection Gore (de VRILLES à LA MORT VISQUEUSE en passant par LA NUIT DES VERS VORACES) mais, dans l’ensemble, le contrat de divertissement est rempli y compris par sa scène finale (au cinéma nous dirons post-générique) pessimiste et prévisible.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Horreur, #Roman de gare

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Publié le 3 Mars 2021

LA CHOSE DES TENEBRES de H.P. Lovecraft, A. Derleth, etc.

Les anthologies consacrées au Mythe de Cthulhu sont souvent de véritables casse-têtes pour l’amateur. On plaint d’ailleurs le lecteur d’avant Internet qui devait se retrouver dans ce fatras. LA CHOSE DES TENEBRES, « présentée » par Lovecraft et Derleth fut ainsi également publiée sous le titre LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU TOME 2. Mais ce n’est que le début du dédale car les nouvelles qui composent ce recueil se sont également retrouvées dans de nombreux bouquin. A tout saigneur tout horreur, nous commençons avec Lovecraft lui-même et son hommage amusé à Robert Bloch, « La Chose des ténèbres ». Le récit figura dans les recueils LE CAUCHEMAR D’INNSMOUTH, PAR DELA LE MUR DU SOMMEIL, LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU, LE CYCLE DE NYARLATOTHEP, CTHULHU LE MYTHE et LA MAISON MAUDITE, sans oublier, forcément, la volumineuse INTEGRALE LOVECRAFT de chez Laffont. Pour compliquer les choses la nouvelle (« The haunter of the dark » en VO) fut tour à tour affublée des titres suivants : « la chose des ténèbres », « L’habitué des ténèbres », « La créature de la nuit », « celui qui hante les ténèbres » et « celui qui hante la nuit ».

La « réponse » donnée par Robert Bloch, « The shadow from the steeple », eut pratiquement autant de succès puisqu’on la retrouve non seulement dans LA CHOSE DES TENEBRES mais également dans les recueils AUX PORTES DE L’EPOUVANTE, HUIT HISTOIRES DE CTHULHU, LES YEUX DE LA MOMIE, LES MYSTERES DU VER et L’INTEGRALE LOVECRAFT. On reste avec Robert Bloch et son « manuscrit trouvé dans une maison abandonnée », là aussi maintes fois publié : HUIT HISTOIRES DE CTHULHU, HISTOIRES D’HORREUR, LES YEUX DE LA MOMIE, ENFANTS ROUGES, LES MYSTERES DU VER et L’INTEGRALE LOVECRAFT. Une histoire classique mais convaincante.

« Epouvante à Salem » de Harry Kuttner se retrouva également dans HUIT HISTOIRES DE CTHULHU, dans LE LIVRE DE IOD et bien sûr dans L’INTEGRALE LOVECRAFT qui, décidément, fut une bénédiction pour le déchiffreur du Mythe. Cette nouvelle efficace reprend les thématiques classiques de la maison maudite absorbant, tel un vampire, la force vitale de ses habitants et l’influence pernicieuse exercée par une sorcière jadis exécutée.

« La Chose dans le cimetière » de John Vernon Shea se retrouva également dans HUIT HISTOIRES DE CTHULHU et L’INTEGRALE LOVECRAFT. Pareil pour le « Sueurs froides » de Ramsey Campbell et « La cité sœur » de Brian Lumley (auquel on peut ajouter une publication dans COMPARTIMENT TERREUR) et « Le rempart de béton » du même Lumley (également trouvable dans COMPARTIMENT TERREUR et RECITS CTHONIENS). La plus-value de ce recueil était donc le plus rare « Ceux des profondeurs » de James Wade et « Le retour des Lloigors » de Colin Wilson…qui se retrouveront, par la suite, dans L’INTEGRALE LOVECRAFT. Le présent recueil ne sera donc indispensable qu’à ceux qui ne possède pas cette brique (en trois tomes !) sur H.P.L. ou les collectionneurs maladifs. Mais les nouvelles sont, pour la plupart, plaisantes et méritent bien une relecture, « Ceux des profondeurs » bien que classique fonctionne efficacement et « Le retour des Lloigors », une novella de 80 pages bien tassée s’élève au-dessus de la mêlée. Wilson, très intéressé par l’occultisme, y combine divers thèmes mystérieux : le manuscrit Voynich (qui serait en réalité le Necronomicon originel), la disparition du continent de Mu, les anciens astronautes (venus des étoiles et ayant réduits l’Homme en esclavage), les légendes galloises (déjà évoquées par Machen), sans oublier des considération philosophiques et ésotériques. Une réussite qui, en se basant sur des thèmes classiques déjà évoqués par HPL, renouvelle habilement l’épouvante cosmique chère à Lovecraft.

Dans l’ensemble un très bon recueil de textes relativement variés (thèmes, longueurs, modernisme ou récits à l’ancienne) inspirés par les écrits de Lovecraft. Recommandé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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