LA SOCIETE PROTECTRICE DES KAIJUS
Publié le 12 Août 2024
John Scalzi est devenu en quelques années une des valeurs sures de la SF du XXIème siècle, notamment grâce à son excellent LE VIEIL HOMME ET LA GUERRE. Mais, à côté de ses romans plus sérieux, souvent orientés space-opéra (comme sa trilogie de L’EFFONDREMENT DE L’EMPIRE), Scalzi écrit aussi des romans humoristiques. Sa parodie de « Star Trek », RED SHIRTS gagna ainsi un Hugo (mais ne m’avais guère convaincu), dernièrement il a produit SUPER MECHANT DEBUTANT et, durant le Covid, il a rédigé LA SOCIETE PROTECTRICE DES KAIJUS. Dans sa postface il explique qu’il travaillait alors sur un bouquin sérieux mais en raison de la pandémie, de l’insurrection sur Washington, des mauvaises nouvelles généralisées et des deux mois où il a lui aussi été malade il voulait écrire quelque chose de léger. D’où ce roman qui se présente un peu comme un blokbuster des années ’80 et un hommage assumé à Godzilla, « Pacific Rim », « Jurassic Park » etc. Le soucis ? Le bouquin se présente ainsi mais se révèle surtout très bavard. Alors que les USA s’enferment dans le confinement et que de nombreux travailleurs perdent leur emploi, le narrateur, Jamie, reçoit une offre qu’il ne peut refuser : travailler à la protection des animaux. De gros animaux. En fait des Kaijus, des bestioles se nourrissant d’énergie nucléaire vivant sur un monde parallèle et ayant inspiré les créateurs de Godzilla.
Voilà une bien intéressante idée mais le résultat n’est pas aussi amusant que prévu. L’intrigue est assez prévisible et manque d’action : quitte à jouer la carte du blockbuster divertissant on aurait aimé voir les kaijus surgir sur terre et écraser des citoyens effrayés. Mais non. Au contraire on a droit à d’interminables bavardages qui paraissent souvent artificiels, avec leurs références obligées mais insistantes à la pop culture (l’auteur se sent ainsi forcés de mentionner les titres des films évoqués au cas où l’un des lecteurs aurait manqué le clin d’œil). Leurs chamailleries très adolescentes rappellent certes les gros budgets hollywoodiens mais sans vraiment amuser. A vrai dire on a plus l’impression de lire un décalque désargenté qu’un vrai blockbuster…c’est presque comme si Scalzi nous offrait un mockbuster à la Asylum : au lieu de montrer les monstres en action on se retrouve entre quatre murs à écouter les protagonistes en parler. Scalzi se sent aussi malin d’intégrer un « iel » dans la bande, ce qui donne des dialogues à coup de points médian et de iel assez pénibles.
Vendu comme un bouquin fun, LA SOCIETE PROTECTRICE DES KAIJUS tourne assez vite en rond (tout comme le précité RED SHIRTS) et une fois les sourires engendrés par les 100 premières pages dissipés il ne reste pas grand-chose pour maintenir l’intérêt…