LES ENTRAILLES DE L'HORREUR de Violaine de Charnage
Publié le 21 Novembre 2023
Après plusieurs recueils de nouvelles et un court roman (SCREAMING BOYS) dans la collection Karnage, Violaine s’attaque au format long avec ce bouquin de 300 pages. C’est une œuvre étrange, qui débute de manière rationnelle (la situation de départ rappelle vaguement MISERY) avant de dévier vers une horreur plus déjantée, volontiers « bizarro », souvent très organique façon body-horror.
Nous avons quatre personnages principaux. Tout d’abord Mandy, jeune femme désireuse d’avorter en route vers la clinique. Puis un couple, Cherry et Terence, militants pro-vies dont on découvrira peu à peu le passé, les relations compliquées et le côté moins gratuitement cinglés qu’ils ne paraissaient de prime abord. Ils vont kidnapper et séquestrer Mandy afin de la contraindre à mener sa grossesse à terme. Enfin, nous avons Josh, rebelle suicidaire tenté par les tueries de masse et père du bébé de Mandy. Il interviendra surtout dans la seconde moitié du roman, ce qui permet un changement de point de vue et une ouverture hors du huis-clos initial. C’est dans cette deuxième partie que le roman prend toute sa dimension étrange et horrible, cauchemardesque et bizarre, quittant peu à peu la rationalité des débuts pour plonger dans un trip délirant.
LES ENTRAILLES DE L’HORREUR joue la carte de l’horreur extrême mais évite la gratuité (parfois réjouissante, parfois fatigante) de moult « splatterpunk ». Ici, nous sommes davantage dans le bizarre dérangeant que le simplement vomitif et c’est très bien comme ça. Ce qui ne veut pas dire que le lecteur n’a pas droit à son quota de scènes perturbantes, gore et rentre-dedans. Simplement, elles sont amenées plus intelligemment que de coutume (parce que bon le splatterpunk à base de bimbo violée par un Dobermann tout en étant égorgée par un sadique ça va cinq minutes).
L’intrigue est ici originale et bien menée, évoquant parfois, vaguement, des films comme « Frissons » de Cronenberg (et son horreur parasitaire), « Basket Case » (et les autres films d’Henenlotter comme Sex Addicts ou Elmer), « Eraserhead » (et le cinéma Lynchien en général). On retrouve également un peu de la folie du Gore LES LARVOIDES de Shaun Hutson. Mais tout cela est diffus et le roman est loin d’être un catalogue d’influences et de références, au contraire il s’agit d’un titre original qui aborde des thèmes sérieux de manière sérieuse. Comme quoi, même dans le cadre de l’horreur crade et sanglante il est possible d’élever le propos. A lire pour ceux qui ont l’estomac bien accroché.