UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHEQUE d'Agatha Christie
Publié le 17 Octobre 2022
Douze ans après L’AFFAIRE PROTHEROE qui marquait la première apparition de Jane Marple, la vieille dame revient pour une deuxième enquête écrite en 1941. Comme le précise Christie dans sa préface, la découverte d’un cadavre dans une bibliothèque constituait, déjà, un cliché éculé du roman policier. L’auteur s’attaque à cette convention en plaçant un corps dans la propriété du riche Arthur Bantry. La victime est inconnue de tous et Miss Marple se voit invitée à résoudre l’énigme. Bientôt, il apparait qu’il s’agit de Ruby Keene, danseuse au cabaret Majestic. Un certain Conway Jefferson s’en était récemment entiché au point de la considérer comme sa fille adoptive… au désespoir du gendre et de la belle-fille de Conway.
Classique, UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHEQUE reste un des Christie les plus connus, justement par son jeu sur les clichés du whodunit, et apparait fréquemment dans les « top » consacrés à Marple. Pourtant, le roman possède quelques défauts évidents : la solution du mystère et le truc utilisé par le meurtrier apparaissent relativement évident pour les amateurs du genre (il a déjà été – et sera par la suite encore – fréquemment utilisé) tandis que les méthodes de Marple laissent perplexes avec sa manière de toujours se référer à des événements survenus dans son village. Ses techniques sont plus intuitives et moins mécaniques que celles de Poirot même si le déroulement de l’enquête, avec ses indices successifs et ses retournements de situation, fonctionne de belle manière. Comme souvent dans les « Marple », l’héroïne n’apparait qu’au début et à la fin du récit, laissant l’essentiel de l’investigation à la police officielle qui, bien sûr, patauge dans la semoule. C’est donc, après de nombreux tâtonnements, à Marple de boucler l’enquête (et le récit) dans les dernières pages. Les personnages secondaires, eux, manquent un peu d’épaisseur et apparaissent souvent stéréotypés, sans doute en partie pour se conformer aux conventions du whodunit, ici proches du pastiche.
Les révélations finales, évidemment tarabiscotées à souhait, ne sont pas toujours pleinement convaincantes en raison de la complexité de la machination élaborées mais participent, quelque part, au charme de ces romans d’énigme constituant de véritables « jeux » avec le lecteur. Pour finir, UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHEQUE manque un peu de nerf ou de réelle originalité pour être une vraie réussite mais l’ensemble reste plaisant et hautement divertissant si on accepte les règles du genre. Pas le meilleur « Marple » mais une lecture toutefois fort agréable.