ARSENE LUPIN: LE DIADEME DE LA PRINCESSE DE LAMBALLE de Morita Takashi et Maurice Leblanc
Publié le 7 Octobre 2022
Premier tome publié chez nous des adaptations en manga du personnage de Maurice Leblanc, cet épais récit (250 pages) transpose la pièce de théâtre du début du XXème siècle, « Le diadème de la princesse de Lamballe » censé présenter Lupin à un plus large public. L’intrigue se déroule donc quasi exclusivement en huis-clos avec un Lupin dissimulé sous l’identité du Duc de Charmerace. Ce-dernier s’est absenté durant sept ans pour voyager en Antarctique et, une fois revenu, apparait quelque peu différent. Forcément puisque Lupin a pris sa place. Il va menacer Gournay-Martin, un milliardaire parisien, en le menaçant de lui voler sa plus précieuse possession, un diadème de grande valeur. Comme Lupin ignore où le bijou est caché, il espère pousser Gournay-Martin à lui dévoiler sa cachette afin de mettre le diadème en lieu sûr. Mais Lupin trouve un adversaire acharné avec l’inspecteur Ganimard, qui attaque le gentleman cambrioleur en essayant de lui faire révéler sa réelle identité pour protéger une jeune voleuse prise la main dans le sac.
Voici une aventure plaisante mais évidemment capilotractée, Lupin jouant avec son ennemi de manière saugrenue. Le vol semble moins important pour lui que le plaisir de faire tourner en bourrique les forces de l’ordre. On retrouve donc dans cette transposition fidèle les outrances de ce type de récit avec un Lupin insaisissable qui use des identités d’emprunts et des grimages pour continuellement échapper à la police. Epoque oblige on n’échappe pas à une naïveté parfois pénible des protagonistes : les demoiselles en détresse sont vraiment candide, Lupin vraiment très séduisant et sûr de lui, les flics se laissent abuser encore et encore,… Les dialogues en rajoutent dans la guimauve et les jeunes filles larmoyantes se pâment devant le trop sexy cambrioleur.
L’intrigue avance toutefois à bon rythme, permettant d’oublier les invraisemblances. Le côté théâtral est flagrant et le manga reproduit, dans sa mise en page, les mécanismes dramatiques scéniques : les personnages entrent et sortent du récit pour « jouer » leur scène et permettre au récit d’avancer. Les dessins, de leur côté, sont réussis bien que caricaturaux sur certains personnages dessinés de manière un peu trop cartoonesque pour un manga réaliste.
Malgré le côté vieillot de l’histoire et des rebondissements un peu attendu, le lecteur passe un bon moment avec cette transposition bien gérée d’un classique de la littérature policière.
Ce tome fut réédité en 2022, devenant le sixième dans la nouvelle numérotation, au risque de compliquer les efforts du collectionneur.