L'EFFROI SURGI DES MERS d'Edward Jarvis

Publié le 1 Avril 2021

L'EFFROI SURGI DES MERS d'Edward Jarvis

Edward Jarvis, quasiment inconnu au bataillon, a proposé deux romans d’agressions animales chez Hamlyn : « pestilence » et « maggots ». Le premier fut traduit chez gore sous le titre L’EFFROI SURGI DES MERS mais ne restera pas dans les classiques de la collection, loin de là. Tout ici, n’est que clichés, à tel point qu’une volonté quasiment parodique semble poindre (un des héros se nomme quand même Kalmar !) dans cette intrigue voyant le monde envahi par des lamproies géantes de plus en plus agressives.

La construction suit la tradition de James Herbert (période LES RATS mais aussi LE SOMBRE ou FOG) déjà reprise de manière encore plus tapageuse par Shaun Hutson (LA MORT VISQUEUSE) ou Guy N. Smith (CRABS, BATS OUT OF HELL, etc.) et la seule originalité réside dans l’utilisation de coupures de journaux pour donner un certain vérisme à l’ensemble. Cela aurait pu marcher (on pense au found footage « The Bay » vraiment bien ficelé tourné 30 ans plus tard) mais ça ne fonctionne que très (trop) rarement.

Le premier tiers du bouquin tente de construire une certaine atmosphère et y parvient par intermittence mais, par la suite, la crédibilité s’étiole de plus en plus et le roman s’écroule comme un château de cartes. Tout devient trop gros et pas seulement les lamproies ! Celles-ci peuvent provoquer quelques frissons lorsqu’elles mesurent 2 ou 3 mètres mais que dire lorsqu’elles atteignent la taille mammouth (c’est le terme employé !) puis le stade « lamproie suprême » (470 mètres !). Bref, pour contrebalancer cette invraisemblance il eut fallu un socle solide. Mais peine perdue : alors que les attaques se multiplient tout le monde continue ses occupations (régates, shopping,…). La femme du héros voyage même de l’Angleterre à Boulogne pour faire ses emplettes…au lieu de ça elle se fait boulotter par une lamproie géante. Du coup notre héros, manifestement chagrin, se console immédiatement entre les fesses d’une demoiselle pour la scène érotique gratuite indispensable à ce genre de livre. Facepalm power !

Et que font les états du monde ? Rien du tout, ils attendent, alors que les survivants fuient de manière désordonnée pour gagner les hauteurs, à croire que chacun se trouve à proximité d’un plan d’eau…L’auteur passe d’un pays à un autre sans transition, aucun personnage ne possède un minimum de personnalité, rarement aura-t-on vu protagonistes plus transparents. Les dialogues, eux aussi, sont affligeants. Oui, ça fait beaucoup !

Le final atteint, de son côté, des sommets : l’armée parvient à se débarrasser de toutes les lamproies sauf une… épargnée suite à une erreur d’estimation (dix pages plus tôt on expliquait pourtant que tout était précis au millimètre). Il reste donc une seule bestiole sur une île et la seule solution, apparemment, consiste à bombarder cette île ce qui la détruit totalement et tue, accessoirement, un bon million de citoyens. Mais tout le monde semble content et satisfait de l’opération. A ce niveau, on peut, il est vrai s’en amuser et considérer cet EFFROI SURGI DES MERS comme une parodie complètement débile du genre…En le prenant ainsi, le lecteur peut éprouver un certain plaisir. Difficile, en outre, de blâmer une traduction tronquée, le bouquin original fait 158 pages et n’a donc aucunement souffert de la transposition aux formats « Gore ». Le lecteur, lui, souffre…le seul refuge reste, celui, facile du second degré. Une porte d’échappatoire pour un bouquin si mauvais qu’il en devient, quelque part, mémorable. On oublie les centaines de livres « moyens » ou « sympas » pour ne retenir que les « excellents » et les « exécrables ». L’EFFROI SURGI DES MERS appartient clairement à la seconde catégorie.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Gore, #Horreur, #Roman de gare

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