LA PEAU DES HEROS de Dean Koontz
Publié le 15 Juin 2020
Ce court roman (180 pages) a d’abord été publié sous le titre de LA PEAU DES HEROS a la Série Noire et sous le pseudonyme de K.R. Dwyer. Ecrit en 1972, il fut ensuite révisé et republié sous le nom de Dean Koontz, étant notamment inclus dans le recueil français DEMONS INTIMES dans la collection « Terreur ». L’intrigue s’avère très classique : un vétéran du Vietnam, Ben Chase, héros de guerre décoré, souffre d’un syndrome post-traumatique sévère. Eprouvant des difficultés à communiquer et à socialiser, en particulier avec les femmes, Chase vit de sa pension d’invalidité, se rend chaque semaine chez son thérapeute et passe ses journées à écluser du Jack Daniel’s en regardant des vieux films à la télévision. Un quotidien pas glorieux mais supportable pour Chase qui, un jour, intervient pour sauver une jeune fille d’un psychopathe qui vient d’assassiner son petit ami. Mis sous les feux des projecteurs une fois de plus, Chase reçoit ensuite des appels téléphoniques du cinglé, lequel se surnomme le Juge alors qu’il entame une croisade contre les « pêcheurs ». La police ne le croyant pas, Chase va mener sa propre enquête afin de coincer ce Juge de plus en lus menaçant.
Si LA PEAU DES HEROS parait aujourd’hui classique, il devait être plus novateur en 1972, une époque où l’on parlait probablement moins du Vietnam et de ses conséquences. C’était avant RAMBO, L’EXECUTEUR et d’innombrables films sur le sujet. Ben Chase apparait donc comme un personnage torturé, entouré d’autres protagonistes intéressants (la jeune documentaliste dont il tombe amoureux, son psy qui exploite sa notoriété, etc.) au cœur d’un récit quelque peu prévisible et linéaire. On devine rapidement où Koontz nous conduit et il n’y aura pas de grand twist pour relancer l’intérêt, l’auteur se reposant quasi uniquement sur son héros. Heureusement, celui-ci s’avère suffisamment bien typé pour maintenir l’intérêt. Il est évidemment ancré dans son époque, à la croisée des détectives purs et durs du polar noir des décennies précédentes et des futurs justiciers précédemment cités (Rambo, L’exécuteur, etc.). L’enquête n’est donc pas particulièrement complexe mais elle reste bien menée : Chase (qui porte bien son nom), chasse le Juge en remontant patiemment sa piste, interrogeant de nombreux individus avant de découvrir son identité. Le bouquin touche aussi, outre le Vietnam et les séquelles de la guerre, à différents sujets « sensibles » comme le vigilantisme et les groupuscules néo-nazis américains qui se développent après la fin de l’utopie des sixties, annonçant une décennie beaucoup plus brutale symbolisée, à l’écran, par des personnages comme l’Inspecteur Harry, le Justicier dans la ville, etc.
Sans être un incontournable de Koontz, LA PEAU DES HEROS constitue donc une lecture plaisante, divertissante mais également éclairante sur son époque. Vu sa longueur et son rythme élevé, le bouquin se dévore en trois heures, parfait pour un après midi d’été (ou une soirée d’hiver !).