LA MOITIE D'UN ROI (LA MER ECLATEE TOME 1) de Joe Abercrombie
Publié le 4 Juin 2020
Récompensé du Locus dans la catégorie « Jeunesse », LA MOITIE D’UN ROI constitue le premier volet d’une trilogie de Joe Abercrombie, nouveau venu déjà fort célébré de la fantasy, option grimdark (une branche plus violente et réaliste recourant assez peu aux éléments magique). Le style d’Abercrombie se montre pour sa part très efficace avec un côté page turner prononcé : des chapitres courts (quelques pages) qui donnent envie de poursuivre la lecture, une pagination très raisonnable (environ 350 pages), des dialogues nombreux qui sonnent justes,…
Le prince Yarvi, affligé d’une main difforme, se destine au ministère…A la mort de son père et son frère il doit pourtant assumer la charge royale dont il n’a jamais voulu. L’estimant trop faible pour devenir roi, Yarvi sera trahi par son oncle. Laissé pour mort il se retrouve enchainer sur une galère mais, contre toutes attentes, survit à cette épreuve, se trouve de nouveaux amis et compagnons et jure de se venger.
Abercrombie n’est pas un grand styliste mais il est indéniablement efficace. On pourrait le rapprocher d’un Gemmell par sa capacité à offrir un divertissement rythmé et sans temps mort, ponctué de répliques qui font mouche et de quelques considérations « philosophiques » (au sens très large) sur le devoir, l’héroïsme et la destinée personnelle. L’univers développé dans cette nouvelle saga s’avère classique mais appréciable, sorte de décalque du notre agrémenté d’un soupçon de surnaturel (les Elfes) afin de proposer un roman historique « d’une époque n’ayant jamais existé » si j’ose dire. Les querelles religieuses entre le polythéisme et la Déesse Unique ajoutent un piment supplémentaire à cette toile de fond d’inspiration scandinave où l’on retrouve combats entre rois rivaux, marchands d’esclave, galériens, etc. En dépit de la violence et du côté tragique (à l’antique dirait on pour faire culturé) du récit, un certain humour noir sous-tend ce premier tome fort agréable qui se lit (et même se relit !) avec plaisir.
Si LA MOITIE D’UN ROI ne se montre guère surprenant durant la majorité de son déroulement, le rebondissement final est étonnant : sans doute un peu « gros » mais tout à fait réjouissant et plaisant. Cela relance le récit, jusque là assez linéaire (la vengeance d’un roi dépossédé de son trône), et le dirige dans une autre voie, donnant envie de poursuivre la trilogie pour découvrir où l’auteur va nous conduire. Une bonne pioche !