LA CINQUIEME SORCIERE de Graham Masterton

Publié le 5 Février 2020

LA CINQUIEME SORCIERE de Graham Masterton

Avec ce roman, Masterton ne se renouvelle guère mais plonge avec délice dans un fantastique très bis qui rappelle ses premières œuvres comme LA MAISON DE CHAIR ou LE JOUR J DU JUGEMENT. Autrement dit, le romancier jette la subtilité pour se vautrer dans son cocktail coutumier de magie noire et de démonologie agrémentée de nombreuses scènes d’horreur à grand spectacle et d’une dose d’érotisme. Dire que nous sommes loin des plus belles (et nombreuses) réussites de l’auteur (LE PORTRAIT DU MAL, TENGU, LE MIROIR DE SATAN, DEMENCES, etc.) tient donc de l’euphémisme et confirme la mauvaise passe de Masterton confirmée avec les décevants WENDIGO et PEUR AVEUGLE. Il n’est donc pas étonnant que Masterton ne fut ensuite plus traduit en France pendant une dizaine d’années (jusqu’à GHOST VIRUS).

Dans LA CINQUIEME SORCIERE, le lecteur retrouvera les recettes habituelles, notamment une scène liminaire spectaculaire et sanglante, un héros classique (veuf, rongé par la culpabilité et titillé du slip par une jeune femme qui se révèle – surprise – une sorcière et donc la seule ligne de défense contre les forces du mal comme on dit à Poudlard), un partenaire destiné à connaitre un sort tragique, des visions opportunes permettant de faire avancer l’intrigue, une présence fantômatique, des références à des mythes et croyances (l’enochian, langue des anges « découverte » par l’occultiste John Dee) et beaucoup de passages poussant très loin la suspension d’incrédulité. Car l’horreur, ici, se veut « bigger than life » et Masterton ne lésine pas sur la boucherie, décrivant par exemple l’extermination d’une centaine de policiers d’élite par des créatures maléfiques. Toutefois, en dépit des excès gore, Masterton ne cherche plus à choquer comme il pouvait le faire du temps de RITUEL DE CHAIR et le roman verse surtout dans un Grand Guignol inoffensif.

Tout cela s’avère divertissant mais, hélas, terriblement prévisible dans son déroulement (aucune surprise, même le twist final se devine à des kilomètres), fort linéaire et parfois même répétitif (les combats contre chaque sorcière dans les derniers chapitres), sans oublier une tendance de l’auteur à recycler des idées antérieures (la cécité surnaturelle rappelle PEUR AVEUGLE, le héros parait calqué sur bien des protagonistes déjà croisés chez Masterton, l’intrigue mixe les saga MANITOU et le côté fantastique spectaculaire des Jim Rook). Le tout traine également en longueur (près de 400 pages pour une intrigue assez légère)

Sans la moindre subtilité mais avec un métier suffisant pour passer un (relatif) bon moment, LA CINQUIEME SORCIERE apparait comme un Masterton très moyen, une sorte de « splatter » littéraire distrayant mais très oubliable. On peut s’en contenter en se disant que le contrat est globalement rempli ou se désoler qu’un auteur de ce calibre puisse proposer un bouquin finalement tout juste passable.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur

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