LA DECADE PRODIGIEUSE d'Ellery Queen
Publié le 3 Janvier 2020
Les deux cousins, dissimulés derrière le pseudonyme collectif d’Ellery Queen, se surpassent à nouveau avec cette construction policière vertigineuse toute en fausses pistes et faux-semblants. Un critique prétendit d’ailleurs un jour qu’Ellery Queen n’écrivait pas de roman policier mais qu’il ETAIT le roman policier (sous-entendu américain) et cette assertion se vérifie encore une fois.
Un jeune sculpteur, Howard Van Horn, craint d’avoir commis des actes répréhensibles dont il n’a plus, aujourd’hui, de souvenir suite à des crises d’amnésie. Il sollicite l’aide d’Ellery Queen mais ce dernier se rend compte, rapidement, que la situation s’avère plus complexe que prévu. Howard entretient, en effet, une liaison avec sa jeune belle-mère, Sally. Bien sûr, un maitre chanteur s’en mêle et Ellery se voit chargé de la transaction, une mission qu’il accepte pour ménager le père de Howard, Diedrich. Aux abois, Howard est même forcé de cambrioler son paternel pour trouver la somme d’argent exigée par le criminel. Evidemment, le maitre-chanteur ne compte pas en rester là et réclame davantage d’argent au pauvre Howard…
Après une première partie de carrière consacrée à l’énigme pure, Ellery Queen (les auteurs) s’oriente vers un policier toujours complexe mais davantage porté sur l’aspect psychologique, notamment avec une série de bouquins se déroulant dans la ville imaginaire de Wrightville. LA DECADE PRODIGIEUSE en constitue une belle illustration avec un Ellery Queen (le détective) en grande forme mettant à jour une incroyable machination criminelle élaborée sur le modèle des Dix Commandements. Un édifice de déductions d’une grande logique et pourtant le lecteur aura droit à de nouvelles révélations surprenantes venant démontrer l’impossible : cette fois Ellery s’est trompé !
Un roman policier d’une grande originalité, à mi-chemin de l’énigme classique type whodunit et du thriller psychologique, servi par une belle plume et dont la patiente construction narrative (prodigieuse, osons le terme !) se dévoile lors des derniers chapitres tout simplement bluffant. Du grand art par les maitres du policer américain.