LE RETOUR DU BANNI (LE CONCLAVE DES OMBRES TOME 3) de Raymond E. Feist

Publié le 20 Décembre 2019

LE RETOUR DU BANNI (LE CONCLAVE DES OMBRES TOME 3) de Raymond E. Feist

Ce troisième tome, toujours inscrit dans la gigantesque saga de « La guerre de la faille » ou « Krondor », conclut la trilogie du « Conclave des Ombres » d’une manière quelque peu surprenante. En effet, au lieu de continuer à suivre Ser Fauconnier, héros des deux précédents volumes, LE RETOUR DU BANNI nous place aux côtés de son adversaire, le « méchant » Kaspar, duc d’Olasko, exilé par un magicien à l’autre bout de l’univers.

La première moitié du roman, probablement la plus intéressante, originale et adulte, décrit ainsi les tentatives de Kaspar pour revenir chez lui, ce qui s’accompagne d’une prise de conscience de ses actes passés. Peu à peu, ses ambitions lui paraissent futiles et il bascule, si on peut dire, dans le côté lumineux de la force, fréquentant par exemple de simples fermiers (une mère et son enfant) loin des fastes de la Cour. Avec son mélange de regret, de nostalgie et de fatalisme, cette première moitié trouve son ton, mâture et convaincant.

Par la suite, Kaspar rencontre trois marchands accompagnés d’une étrange armure qui s’avère un Talnoy, un être maléfique venu d’une autre dimension. Les marchands et Kaspar se trouvent dès lors sous l’influence d’un sort lié à l’armure qui les oblige à voyager en direction du Port aux Etoiles. Ils vont rencontrer différents personnages, dont des dieux, pour finir par retrouver les membres du Conclave : Ser, devenu restaurateur, et l’inévitable Pug, effrayé à l’idée d’une nouvelle guerre dévastatrice.

Cette seconde partie se conforme davantage aux conventions de la High Fantasy : failles dimensionnelles, créatures maléfiques, sortilèges, magiciens, elfes, objets enchantés, etc. Ce n’est pas désagréable, c’est même bien ficelé et bien écrit en dépit de passages un peu longuets et verbeux (les explications données à Kaspar sur la nature du Mal paraissent parfois redondantes et Feist semble alors tirer à la ligne pour relier les différents fils de son intrigue « bigger than life ») mais cette deuxième moitié, certes plaisante, ne retrouve pas le ton nostalgique et mélancolique des premiers chapitres.

Si LE RETOUR DU BANNI souffre de ce léger déséquilibre et d’un final expédié (annonçant cependant la prochaine trilogie, « La guerre des ténèbres », via un épilogue sous forme de cliffhanger attendu mais à la redoutable efficacité) il demeure un bon exemple de Fantasy divertissante et réussie. Bref, une lecture abordable par tous, sans grande aspérité ni d’une originalité fracassante, mais à l’écriture solide (on sent le métier d’un écrivain qui arpente cet univers depuis des décennies), aux personnages attachants et aux dialogues qui sonnent souvent justes.

Tant pis pour ceux (dont un site bien connu consacré à la Fantasy) qui persistent à ne voir que « stéréotypes », « clichés » et « formatage », les romans de Feist appartiennent certes à ce qu’il est convenu d’appeler, de manière (un peu trop) péjorative de la Big Commercial Fantasy mais ils ressuscitent aussi, avec bonheur, la fougue du roman feuilleton et apportent le dépaysement indissociable de la bonne littérature d’aventures fantastiques.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy

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