L'HORREUR DANS LE MUSEE de H.P. Lovecraft et autres auteurs

Publié le 19 Avril 2019

L'HORREUR DANS LE MUSEE de H.P. Lovecraft et autres auteurs

Ce très intéressant recueil constitue la première partie d’un diptyque consacré aux « révisions » d’Howard Philipps Lovecraft, soit une vingtaine de récits révisés, remaniés, corrigés ou même réécrits complètement par Lovecraft. Un texte de Derlerth et un long (et très instructif) article de Francis Lacassin reviennent d’ailleurs sur ces « collaborations » dans lesquelles HPL est souvent le « nègre littéraire » d’auteurs débutants. Lacassin classe d’ailleurs ces récits, en trois catégories, la première plaçant Lovecraft en « simple » correcteur s’appliquant à polir le style et à améliorer le récit. La seconde transforme Lovecraft en véritable co-auteur généralement non crédité. Enfin, la dernière catégorie s’applique aux textes qui sont quasi entièrement de Lovecraft, celui-ci allant parfois (comme pour « Le tertre » publié dans le deuxième volume, L’HORREUR DANS LE CIMETIERRE) jusqu’à rédiger un court roman à partie d’un simple canevas tenant en un paragraphe !

Ce premier volume, L’HORREUR DANS LE MUSEE, comprend treize nouvelles. Sonia Green, qui fut l’épouse de HPL, a droit à deux histoires : le « Monstre invisible » (également connue sous le titre de « horreur à Martin beach ») et le très court « Quatre heures ». Le premier récit s’intéresse à une créature marine agressive et donc invisible : un texte intéressant qui s’inscrit dans le mythe de Cthulhu. Le second est plus banal.

Elisabeth Neville Berkeley nous offre « En rampant dans le chaos » et « la verte prairie », deux textes d’ambiances élaborés par Lovecraft à partir des idées de la poétesse. Il ne s’agit pas réellement de nouvelles narratives, plutôt de tranches de climat macabres auxquels on peut se montrer sensible…ou pas.

Dévouée secrétaire de Weird Tales, Hazel Head a droit à quatre nouvelles (on en trouve encore deux autres dans le second volume de ces révisions) : « L’homme de pierre », « la mort ailée », « l’horreur dans le musée » et « surgi du fond des siècles ». Le premier conte la vengeance d’un homme, aidé par le Livre d’Eibon, à l’égard de son épouse et de son amant. Mais tel est pris qui croyait prendre dans un récit sympathique très proche des futurs « Tales from the crypt ». Apparemment, l’apport de Lovecraft a surtout consisté à obliger Miss Head à retravailler, sur ses conseils, son texte et à y glisser quelques clins d’œil à sa mythologie. « La mort ailée » constitue une autre histoire de vengeance du même tonneau…Mais étirée sur plus de trente pages elle parait bien trop longue pour un récit dont on devine la fin dès les premières lignes. « L’horreur dans le musée » constitue une grosse pièce plutôt convaincante sur la thématique classique du défi lancé à un sceptique de passer une nuit entière dans un musée renfermant de monstrueuses collections. Cependant, le récit parait là encore tiré en longueur (40 pages !) et aurait mérité diverses coupes pour rendre plus effective sa chute, attendue mais adroitement amenée. Cela reste plaisant. On peut en dire autant de « Surgi du fond des siècles », longue nouvelle découpée en cinq chapitres (le troisième parait rébarbatif et inutile) au sujet d’une momie vivante. En dépit de ses défauts, ce texte se montre cependant efficace. Il connut d’ailleurs les honneurs d’une transposition à l’écran dans le cadre de la série télévisée « Night Gallery ».

Clifford M. Jr Eddy bénéficie, lui, de trois nouvelles : « le nécrophile », « sourd, muet et aveugle » et « le mangeur de spectres ». La première est la plus efficace et la plus originale, la deuxième s’avère trop classique pour passionner, la troisième est potable sans être renversante. Mais leur longueur (une douzaine de pages chacune) est adéquate et leur lecture agréable.

Enfin, Robert Barlow propose le très descriptif « Jusqu’à ce que toutes les mers… », pas franchement passionnant, et William Lumley un efficace mais très classique dans son déroulement  « journal d’Alonso Typer ».

Au final, ce recueil alterne le bon et le sympathique, rien de vraiment mauvais mais rien d’exceptionnel non plus, aucune nouvelle ne tutoie l’excellence de « La couleur tombée du ciel » ou de « Celui qui chuchotait dans les ténèbres ». Pour les inconditionnels de Lovecraft il s’agit toutefois d’une  lecture instructive et donc conseillée.

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