L'AFFAIRE PROTHERO d'Agatha Christie

Publié le 23 Juillet 2018

L'AFFAIRE PROTHERO d'Agatha Christie

Le désagréable et riche colonel Prothero a été assassiné dans le bureau du pasteur de St Mary Mead. Il vivait avec une femme beaucoup plus jeune, se montrait odieux, tenait à vérifier la comptabilité de l’église en soupçonnant un détournement de fonds… En résumé, il n’était guère aimé et chacun se réjouit quelque peu de sa mort. Mais de là à passer à l’acte…Le pasteur Leonard Clement et son épouse Griselda s’interrogent sur l’identité du coupable tandis que l’inspecteur Landormy (au nom prédestiné) mène l’enquête. L’affaire, complexe, sera pourtant démêlée par la vielle célibataire Jane Marple qui effectue la première de ses douze apparitions romanesques.

Pour cette première enquête, Miss Marple n’apparait guère, se contentant de se montrer épisodiquement afin de relancer les déductions des principaux protagonistes, à commencer par le pasteur et narrateur de l’intrigue, accompagné de son épouse. Deux personnages qui reviendront d’ailleurs dans deux romans ultérieurs d’Agatha Christie. Toutefois la présence de Marple se révèle indispensable à la résolution de l’énigme : elle utilise sa méthode coutumière, estimant que chaque événement en rappelle forcément un autre semblable même  beaucoup plus anodin. Par divers rapprochement il lui est ainsi possible de débroussailler la situation et de découvrir le coupable. Cependant, elle ne peut rien prouver, ce qui l’obligera à tendre un piège au meurtrier afin de le contraindre à se dévoiler. Un truc qu’elle réutilisera à plusieurs reprises.  A la manière classique des détectives de l’âge d’or, Miss Marple aime laisser les enquêteurs errer dans le brouillard, suggérant par exemple qu’il existe sept suspects possibles mais sans préciser davantage sa pensée. Bien évidemment le lecteur éprouve, lui aussi, toutes les peines du monde à isoler le véritable coupable.

Quoiqu’elle en soit encore à ses débuts, le style de la romancière se montre déjà bien rodé avec sa galerie de suspects, ses fausses pistes, sa touche d’humour, ses commentaires sociaux gentiment désuets, ses indices trompeurs (une horloge trafiquée rend impossible la détermination de l’heure du crime, une note manuscrite a visiblement été altérée), etc.

Si L’AFFAIRE PROTERO n’est pas le meilleur « Christie » ni le meilleur « Marple » (il lui manque quelques rebondissements, notamment un second meurtre par exemple), ce roman policier très classique dans son déroulement reste une lecture agréable pour les amateurs de whodunit rétro. Miss Marple, pour sa part, attendra douze ans pour effectuer son deuxième tour de piste dans le similaire (mais plus réussi) UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHQUE.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Agatha Christie

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