LE RETOUR DES DAMNES de Mario Pinzauti (Harry Small)

Publié le 2 Février 2018

LE RETOUR DES DAMNES de Mario Pinzauti (Harry Small)

Née en 1959 et achevée en 1981, les RACCONTI DI DRACULA constituent une vaste collection de romans d’horreur « pulp » italiens peu connus du public francophone. Tout juste a-t-on eu droit, dans les sixties, à douze traductions (parait-il bâclées) sous le titre LES AVENTURES DE DRACULA. Spécialiste du bis et de la littérature populaire, Patryck Ficini a décidé, pour le compte de Sueurs Froides via Hantik Books, de traduire avec respect ce petit bouquin.

Ecrit en 1973 par Harry Small (pseudonyme de Mario Pinzauti, décédé en 2010) en six jours (2 pour l’intrigue, quatre pour la rédaction proprement dite) LE RETOUR DES DAMNES s’intéresse au cas de la célèbre Erzébeth Bathory, personnage historique ayant pris l’habitude, pour préserver sa jeunesse, de se baigner dans du sang de vierges. La Hammer en a livré une version réussie sous le titre COMTESSE DRACULA et, plus récemment, Julie Delpy nous a offert le splendide LA COMTESSE sur le même thème. Ici, le « présent » et le passé se mêlent adroitement jusqu’à une conclusion quelque peu attendue mais efficace d’où le happy end est absent.

Joliment présenté par Sin’Art dans une belle édition agrémentée d’illustrations sobres et évocatrices, LE RETOUR DES DAMNES s’étale sur environ 120 pages, divisé en seize courts chapitres, et suit le journaliste américain Jezorlavy Istok dans un périple surnaturel. Décidé à rédiger un reportage sur le sataniste Sat Astar, grand maître autrichien d’une branche de la Rose-Croix, Istok tombe sous le charme vénéneux de Lamia, la secrétaire très particulière d’Astar. Par la suite, le reporter va vivre messes noires et autres orgies qui le ramènent également quelques siècles plus tôt, aux temps de la comtesse sanglante Bathory. Il découvre ainsi sa précédente incarnation, alors qu’on le surnommait « Tête de Fer » et qu’il assistait Bathory dans ses rites impies.

Prolifique écrivain (des dizaines de « séries B » littéraires) mais aussi cinéaste (AVEC RINGO ARRIVE LE TEMPS DU MASSACRE ou WHITE EMMANUELLE, BLACK EMMANUELLE) Mario Pinzauti mène adroitement sa barque et offre un pur roman de gare horrifico- érotique. Sans perdre son temps en palabres ou descriptions inutiles, l’auteur préfére avancer, de manière très linéaire (principal défaut que l’on pourrait lui reprocher) dans son récit aussi simple qu’efficace, ponctué à intervalle (très) réguliers de scènes sexy, sadiques ou sanglantes. Voire les trois à la fois. « A l’origine de tant d’atrocités il y avait l’indicible perversion sexuelle de la comtesse » nous dit l’auteur qui aurait pu être publié par une collection telle « Angoisse » ou même « Gore ».

Concis, rythmé, d’une lecture facile et plaisante, LE RETOUR DES DAMNES ne prétend pas s’inscrire dans la « grande littérature » et, comme le souligne la postface de Patryck Ficini, ne peut rivaliser avec les œuvres de Lovecraft ou Robert Howard.  Mario Pinzauti se situe davantage dans la lignée des seconds couteaux de l’épouvante en reprenant des thématiques classiques mais en donnant au lecteur ce qu’il est venu chercher : deux heures d’évasion au royaume de l’horreur païenne, des orgies sataniques et du fantastique rétro. Bref, ce court récit qui puise dans l’attirail du gothique pour mieux le pervertir par le sexe et le sang constitue une jolie découverte, limitée à 60 exemplaires et destinée aux fans. Espérons que le succès soit au rendez-vous et encourage l’éditeur à poursuivre avec d’autres traductions de cette collection des RACCONTI DI DRACULA.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Roman de gare, #Gore, #Erotique

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