LE SPECTRE INSATIABLE de Guy N. Smith

Publié le 30 Octobre 2017

LE SPECTRE INSATIABLE de Guy N. Smith

Né en 1939, Guy N. Smith est une institution du roman populaire horrifique anglais. Passionné par la chasse il se lance dans l’écriture au milieu des années ’70 et propose son premier roman, WEREWOLF BY MOONLIGHT bientôt suivi de son œuvre la plus réputée, NIGHT OF THE CRABS. Il s’agit d’un bouquin plaisant, très rythmé, court (150 pages) mélangeant érotisme, aventure et nombreuses scènes gore. Le titre résume l’ambition de ce sympathique récit (porté à l’écran en 1980 sous le titre « Island Claws ») qui aurait mérité, justement, d’être publié dans la collection « Gore ». Smith donna à cette œuvre pas moins de six séquelles, répétant à l’envie la formule et se spécialisant dans les « agressions animales » en variant la nature de la menace : mutant amphibien dans le très divertissant THE SLIME BEAST (hommage à peine voilé à « L’étrange créature du lac noir »), serpents dans SNAKES, fauve dans MANEATER et chiroptères meurtriers dans BATS OUT OF HELL, belle réussite du romancier qui rédigea également de nombreux guides destinés aux chasseurs, des romans pornos et, plus étonnant, des novelisations de quatre films Disney.

Malgré plus de 70 romans d’horreur publiés (dans un style – assumé – proche de la série B des années ’50 revisité avec davantage de sexe et de sang), Guy N. Smith reste quasiment inconnu en nos contrées. Seul « Gore » publia trois de ces romans, ce qui s’explique aisément puisqu’ils semblent tailler pour la collection, tant en termes de contenu que de longueur, les bouquins de l’auteur excédant rarement les 150 pages.  Nous eûmes ainsi droit à NEOPHITE, SABBAT N°1 (mais pas aux cinq séquelles) et à ce SPECTRE INSATIABLE combinant les qualités et les défauts habituels de l’écrivain.

Le récit débute de manière très classique par le meurtre d’une jeune fille, Isabelle Mainwaring, dans le petit village de Gabor, en 1775. Elle est noyée par le simplet local, Bémorra, dans une mare. Son assassin est ensuite pendu et, bien sûr, il lance une malédiction sur Gabor. L’histoire effectue alors un bond de deux siècles et se concentre sur un écrivain horrifique venu s’installer dans le village en compagnie de son épouse et de sa fille sourde, Amanda. Un autre vagabond, Béguildy, hante les bois mais, malgré ses braconnages, la police le considère comme inoffensif. Pourtant, il s’intéresse beaucoup à la jeune Amanda.

LE SPECTRE INSATIABLE se montre avare en scènes érotiques ou sanglantes et préfère soigner son atmosphère pesante faite de légendes locales, de superstitions et de suspicions, notamment envers une bande de gitans établis dans le village. La trame générale, basée sur un meurtre ancien, une malédiction et une hantise durable, n’est guère originale et rassemble la plupart des clichés inhérents à l’épouvante. Un défaut récurent de Guy N. Smith qui se contente souvent d’exploiter des recettes déjà cuisinées à maintes reprises. Mais, heureusement, on retrouve également dans LE SPECTRE INSATIABLE ses qualités de conteur : le récit avance sans temps mort, le climat est bien rendu et les personnages, quoique schématiques, sont habilement brossés. L’édition originale faisant 176 pages on peut supposer, en outre, que le livre n’a pas souffert de trop grosses coupes pour sa traduction française (de 150 pages comme tous les titres publiés chez Gore). Alors, certes, il ne s’agit pas de grande littérature mais simplement d’une honnête livraison d’un bon artisan (besogneux diraient sans doute les mauvaises langues) de l’horreur, soucieux de divertir son lecteur durant trois petites heures. Dans l’ensemble, le pari est rempli, ce qui n’est déjà pas si mal.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore

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